Les forêts primaires de Haute-Amazonie sont le résultat de centaines de milliers d’années d’évolution, ce qui explique leur très grande biodiversité. La déforestation de ces vastes étendues conduit non seulement à la disparition de milliers d’espèces, mais aussi à un changement climatique qui affectera la planète entière. Ces forêts sont habitées depuis des millénaires par des hommes respectueux de la nature. Loin d’être des prédateurs, ils ont joué un rôle bénéfique sur leur environnement. Ainsi, les parcelles de terrain exploitées puis abandonnées par les Indiens d’Amazonie depuis plus de quarante ans sont deux fois plus riches en espèces sylvestres que la forêt voisine. Leur système de gestion traditionnelle de la forêt est de loin le plus efficace. Une étude menée en 2006 au Brésil montre que la vitesse de déforestation est 17 fois plus élevée dans les zones non indiennes que dans les territoires autochtones. Depuis toujours, les populations ancestrales vivent de la forêt avec en corollaire la durabilité de cette relation. Au fur et à mesure que la forêt primaire disparaît, ce sont ces mêmes peuples premiers d’Amazonie qui disparaissent. Les Indiens Shiwiar et Zapara avec l’association Arutam veulent démontrer, au travers du programme Zéro Déforestation, qu’il ne s’agit pas d’une fatalité.
Ce que disent les scientifiques
Tous les scientifiques le confirment : la plus grande forêt du monde est un régulateur majeur du climat mondial et un efficace rempart contre l’effet de serre à l’origine de cyclones, inondations et sécheresses en chaîne aux quatre coins de la planète. Elle est aussi la principale réserve de la biosphère, source potentielle de nouveaux médicaments. Pourtant, au rythme actuel, l’Amazonie disparaîtra à l’horizon 2070, si nous ne parvenons pas à inverser la tendance.
En Equateur, la situation est encore pire : la déforestation a atteint le taux record de 2 % par an ! A ce rythme, elle ne survivra pas aux hurlements des tronçonneuses en… 2050. Autant dire que nous sommes tous concernés par cette échéance qui affectera sérieusement l’équilibre écologique et social du monde.
Le programme Zéro Déforestation
Face à cette situation alarmante, le programme Zéro Déforestation est une bouffée d’espoir pour la planète et les générations futures. C’est un élan de solidarité en faveur de la préservation de la forêt amazonienne. Il vise à :
- restituer par voie juridique aux Indiens d’Equateur leurs territoires ancestraux d’une superficie totale de plus de 300 000 hectares, soit l’équivalent de toute l’agglomération parisienne ;
- racheter des parcelles de forêt à haute biodiversité et en danger immédiat de déforestation en vue d’en faire des refuges pour la vie animale ;
- enrayer le commerce illégal du bois et sécuriser la faune sauvage de cette partie du monde.
« Garder la forêt vivante »
Le peuple Shiwiar vit depuis toujours au cœur de la forêt primaire amazonienne sur un territoire de 210 000 hectares entre Equateur et Pérou. Il fait partie de l’ensemble des ethnies longtemps désignées sous le nom de Jivaro, rendues célèbre en Europe par le rituel de la Tsansta (tête réduite), aujourd’hui abandonné. Notre monde occidental convoite maintenant le territoire des Indiens Shiwiar qui regorge de ressources naturelles.
La menace la plus forte vient des compagnies pétrolières qui attendent le prochain appel d’offres du gouvernement pour acquérir des concessions d’exploitation au cœur de la forêt. Le bloc 37, lieu de vie des derniers Indiens Shiwiar (1 200 en Equateur), devrait être mis aux enchères d’ici à cinq ans. Depuis cette annonce, une course contre la montre s’est engagée pour éviter ce qui signifiera sans doute l’arrêt de mort de cette ethnie et de leur forêt. Zéro Déforestation est un programme établi conjointement avec les Indiens pour éviter ce désastre.
C’est à la demande de la nationalité Shiwiar d’Equateur, la Nashie, une organisation autochtone reconnue par le gouvernement équatorien, que Zéro Déforestation a lancé en Europe un vaste élan de solidarité visant à réunir les fonds suffisants pour négocier la restitution par voie juridique de cette forêt vierge à la frontière avec le Pérou.
Grâce à cette opération, les Indiens Shuar, Achuar, Shiwiar et Zapara ne seront plus soumis à des décisions arbitraires concernant leur territoire. Après 500 ans de colonisation, ils deviendront enfin les acteurs et maîtres de leur destin. Aujourd’hui, leur plus grand souhait est de préserver leur forêt, berceau de leur peuple. « Garder la forêt vivante », martèlent-ils à chaque conférence ou à l’Onu.
Soucieux des générations futures, ils ont conçu un programme de gestion environnementale respectueux de leur identité et de leur cosmovision, incluant des actions dans les domaines de l’éducation bilingue, des médecines traditionnelles, du commerce équitable. Enfin, grâce à un programme communautaire d’écotourisme solidaire et alternatif, récemment mis en place en partenariat avec Zéro Déforestation, ils nous invitent à découvrir les richesses de leur culture, de leur forêt et à les soutenir dans leur lutte pour la survie de l’Amazonie (1).
La gestion des dernières forêts primaires d’Amazonie par les Indiens eux-mêmes est un droit fondamental reconnu par la Charte des droits de l’Homme inscrit dans la Déclaration des peuples autochtones à l’Onu. Apportez votre bouffée d’oxygène à l’Amazonie et à la planète en participant à leur projet !
La menace pétrolière
En Equateur, toutes les terres frontalières avec le Pérou ont été nationalisées à la suite de la guerre qui opposa ces deux pays en 1945. Plus de quinze ans après l’accord de paix signé en 1995, ces terres sont toujours attribuées au ministère de la Défense. C’est lui qui décide de l’avenir de ces forêts et de leurs habitants.
Riche en pétrole, l’Equateur, étouffé par sa dette extérieure, ne voit qu’une solution pour sortir de la crise : se développer économiquement grâce aux revenus pétroliers. Cela fait plus de trente ans que ce plan de développement fondé sur l’extraction du pétrole est soutenu par la Banque mondiale et le FMI. Les résultats sont désastreux : le pays s’est appauvri. Celui-ci ne touche qu’entre 2 et 20 % des bénéfices (selon les concessions) et doit employer la moitié de son budget annuel pour le remboursement de sa dette : l’industrie pétrolière l’a rendu largement déficitaire.
Au-delà du constat financier, l’exploitation du pétrole en Equateur a aussi de tragiques conséquences écologiques et sanitaires. En trente ans, des millions de tonnes d’or noir ont été accidentellement déversées dans les rivières. Le scandale le plus connu est celui de la compagnie américaine Texaco qui a laissé s’écouler 70 millions de tonnes de pétrole brut contaminant directement plus de 50 000 personnes. Les cancers sont trois fois plus nombreux dans cette région (cinq fois plus chez les enfants). A cela s’ajoute la violence physique à l’encontre des peuples de la forêt, largement utilisée par les compagnies pétrolières et le gouvernement censé les protéger, lorsque ces peuples s’opposent à l’implantation de nouveaux sites d’extraction.
Les Indiens d’Amazonie sont donc largement opposés à l’expansion pétrolière. Pour faire valoir leurs droits, ils peuvent s’appuyer sur la constitution équatorienne qui stipule que les peuples autochtones sont souverains sur leurs terres. Ainsi, posséder un titre de propriété est de loin l’outil le plus efficace.
La restitution des droits fonciers
En 1992, à l’occasion des célébrations des cinq cents ans de la découverte de l’Amérique, une longue marche des Indiens vers Quito (les indiens représentant 45 % de la population équatorienne) a eu pour résultat la restitution partielle de certains territoires autochtones. En 1998, une nouvelle constitution a donné plus de droits aux Indiens. Les Shiwiar et les Zapara ont ainsi réussi à se faire reconnaître par le gouvernement en tant que nationalité autochtone à part entière. De ce fait, ils constituent les deux plus petites nationalités des treize reconnues en Equateur. Ce statut est la reconnaissance d’une identité culturelle, linguistique, historique et politique propre et de leur droit à vivre sur un territoire déterminé selon leurs formes traditionnelles d’organisation sociale, économique, juridique et politique. Cependant, pour asseoir leurs droits, les Shiwiar et les Zapara d’Equateur manquent cruellement de moyens. La restitution de la totalité de leurs droits fonciers reste leur priorité.
Pour prouver à l’Institut national de développement agraire (Inda) que le territoire revendiqué est bien une terre ancestrale, il leur faut effectuer un recensement socioéconomique et une étude scientifique sur la situation écologique du territoire à légaliser. Le coût important de ces études est à la charge des Indiens, d’où l’appel à la solidarité lancé à la communauté internationale par le programme Zéro Déforestation.
Contre l’exploitation illégale du bois
Zéro Déforestation soutient plus particulièrement les Indiens Shiwiar et Zapara qui vivent sur un territoire de 6 000 km² entièrement constitué de forêts anciennes. L’urgence pour eux est de parvenir à autogérer ces forêts afin d’éviter leur exploitation par des colons s’installant illégalement ou des compagnies forestières et pétrolières.
Pour enrayer le commerce illégal du bois et sécuriser la faune sauvage, il est prévu de former vingt écogardiens autochtones. Ils auront pour rôle de sensibiliser les populations locales à la préservation de la biodiversité, de recenser et suivre l’évolution de la faune, notamment certaines espèces emblématiques telles que l’aigle harpie, le toucan, le perroquet royal, le singe-araignée, le singe-paresseux et les dauphins d’eau douce. S’appuyant sur une demande locale forte, cette action permettra de sécuriser 12 % des forêts primaires d’Equateur peuplées de 3 000 habitants seulement.
Des corridors pour les singes…
A Puyo, en Haute-Amazonie, sur les zones récemment colonisées il est devenu urgent de sauver des parcelles de forêts anciennes encore existantes afin d’aménager des corridors de conservation vers les parcs naturels environnants. Une déforestation totale entraînerait des conséquences climatiques et une érosion accélérée des sols, dévastatrices pour les populations locales. Il est d’ailleurs démontré que l’indice de pauvreté est directement corrélé au taux de déforestation…
En partenariat avec des ONG locales, ce projet vise à racheter des forêts à haute biodiversité et en danger immédiat de déforestation, en vue d’en faire des refuges pour la vie animale. Il contribue par ailleurs de manière volontaire au stockage du carbone dans la mesure où il évite l’émission de 130 tonnes de CO2 par hectare de forêt préservé.
Quelques chiffres clés
La vitesse de déforestation actuelle est de 13 millions d’hectares par an, soit l’équivalent d’une agglomération de 100 000 habitants toutes les heures.
Près d’un quart des émissions de CO2 d’origine humaine, responsables du réchauffement climatique, sont dus à la déforestation.
Avec un don de 140 euros au programme Zéro Déforestation, vous protégez par décret la surface de vie d’un Indien Zapara, soit environ 200 hectares de forêt ancienne.
Pour un rachat de parcelle en danger immédiat de déforestation devenant un corridor de conservation de la vie animale, 1 euro = 1 arbre sauvé, sur la base d’un coût moyen de 1 000 euros par hectare.