• Le rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits des Peuples Indigènes, James Anaya, à la suite de sa visite en Argentine fin novembre dernier, a fait part de ces premières observations, et insiste sur la nécessité pour le gouvernement de faire respecter la loi par les institutions nationales et régionales.


    Au delà des avancées constatées liées notamment à la loi de 2006, et à la ratification de la Convention 169 de l’OIT sur les peuples indigènes, le rapporteur a souligné plusieurs points faibles, à la suite de sa visite en Argentine qui impliquent un engagement plus fort du gouvernement.
    Afin de pouvoir implanter les droits reconnus « il est nécessaire que les institutions nationales et régionales donnent une plus grande priorité aux questions liées aux droits de l’homme des peuples indigènes », souligne d’emblée James Anaya.

    Les institutions du gouvernement doivent être renforcées et capables de mieux répondre aux différents problèmes auxquels font face les peuples originaires en Argentine. Il considère important que soient développés des programmes de formation pour les fonctionnaires du pouvoir judiciaire au niveau national et provincial sur les lois nationales et internationales préservant les droits des peuples indigènes, et leur application dans des affaires liées notamment aux droits sur les terres et les ressources naturelles de ces peuples. De même , le gouvernement argentin et les provinces doivent mieux intégrer dans les politiques publiques et les programmes qui en découlent, les règles prévues dans la Convention 169 de l’OIT, la déclaration des Nations Unies… Et redoubler d’efforts pour coordonner les actions en faveur des dits peuples y compris sur la reconnaissance de la personne juridique des communautés ou peuples indigènes.

    Garantir la sécurité juridique aux peuples indigènes sur leurs terres

    Et de préciser qu’une des préoccupations principales exprimées par les représentants indigènes durant sa visite dans le pays fut le manque de sécurité juridique de leurs droits sur les terres traditionnelles, et en particuliers les problèmes et retards auxquels ils sont confrontés dans les opérations de cadastre. Le rapporteur Anaya exprime aussi son inquiétude quant aux expulsions de membres des peuples indigènes de terres qu’ils revendiquent au nom l’occupation traditionnelle ou ancestrale.

    Plusieurs organisations représentatives des peuples indigènes mais aussi le CELS avaient remis un rapport étayé à James Anaya (voir documents joints) sur les problèmes, notamment juridiques, rencontrés par les communautés indigènes pour faires valoir leurs droits notamment face à de grands propriétaires terriers ou complexes industrialo-miniers. Et les litiges qui s’en suivent.

    La plupart de ces expulsions ont été faites sur ordre judiciaire, souligne t-il, ce qui rend difficile la reconnaissance effective de la propriété communautaire, et ont eu lieu dans le cadre de conflits qui opposent les peuples indigènes à des propriétaires privés ou des entreprises. Or ces expulsions ont été menées ces dernières années malgré la reconnaissance de la propriété communautaire indigène dans la constitution argentine dans la Loi 26.160 et la Convention 169 de l’OIT. « Autre problème lié à l’insécurité juridique des terres traditionnelles des peuples indigènes, l’existence et le développement des projets d’industries extractives dans ou à coté des territoires des communautés indigènes ». De nombreux témoignages lui sont parvenus sur les effets en matière de santé et d’environnement de ces activités, « l’Etat argentin doit davantage prêter attention aux effets et y remédier » poursuit-il

    Promouvoir leur contrôle sur les ressources naturelles

    Et de stigmatiser le manque de consultation réelle avec les peuples indigènes touchés avant même la mise en œuvre de ces projets industriels ou miniers, l’absence de participation dans la prise de décision, et dans les bénéfices économiques qui en dérivent, « il est temps de mettre sur pieds un processus défini » conclut-il. Le rapporteur soulève également les effets générés par la déclaration de certains sites comme étant patrimoine de l’humanité par l’Unesco comme la Quebrada de Humahuaca où habitent des communautés indigènes, et a constaté que ces indiens n’ont pas été intégrés dans le processus de déclaration et de fait n’ont pas été associés, du coup ils se sentent limités dans leurs capacités à maintenir leurs activités traditionnelles et de subsistance sur ces sites.

    Compte tenu des initiatives développées par les peuples indigènes pour exploiter eux-mêmes les ressources naturelles et favoriser leur autosuffisance économique, l’Etat argentin doit promouvoir ces initiatives et créer les conditions pour renforcer le contrôle qu’ont les peuples indigènes sur leur développement économique. En matière d’éducation interculturelle bilingue des progrès doivent être également faits afin de promouvoir les langues et cultures de ces peuples, de même que pour faciliter l’accès à l’université.

    “Ces avancées doivent être consolidées, et pour ce faire le Gouvernement doit donner une plus grande priorité à la question indigène , développer des nouveaux programmes et politiques publiques en ce sens », et s’assurer que ceux soient implantés dans le respect des lois nationales et règlements internationaux. Le gouvernement argentin doit désormais se saisir rapidement de la question, sans tergiverser, sous peine de passer au contraire d’être taxé de mauvaise volonté.


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  • Après l’assassinat d’un leader guarani, des tueurs brésiliens dressent la liste de leurs prochaines victimes Décembre 2011

    Le leader Nísio Gomes, assassiné par des hommes de main.
    Le leader Nísio Gomes, assassiné par des hommes de main.
    © Survival

    Après l’assassinat, la semaine dernière, de Nísio Gomes, des hommes de main brésiliens terrorisent des communautés indigènes avec la liste de leurs prochaines victimes parmi lesquelles figurent les chefs indiens les plus influents.

    A la solde de puissants propriétaires terriens de l’Etat du Mato Grosso do Sul, ces hommes de main font régner un climat de terreur pour déjouer toute tentative des Indiens guarani de retourner sur leur terre ancestrale.

    La tactique employée récemment dans l’assassinat de Nísio Gomes est pratiquement identique. Les tueurs encerclent les véhicules transportant les Guarani, les forcent à s’arrêter, les agressent verbalement et interrogent les passagers sur les noms qui figurent sur leur liste.

    Un chef guarani a déclaré à Survival International : ‘Ils nous ont identifiés et sont prêts à nous tuer. Nous sommes en grand danger. Ici au Brésil, il n’y a pas de justice. Nous n’avons nulle part où nous réfugier’.

    Dimanche dernier, quatre hommes de main ont pris d’assaut une centaine de Guarani revenant d’une réunion dans le district d’Iguatemi. Les témoins guarani ont constaté que l’un d’entre eux était le maire d’une municipalité locale.

    Les Guarani ont rapporté que les tueurs les avaient menacés devant des membres des autorités administratives : ‘Nous allons incendier ces bus plein d’Indiens !’

    Des menaces incessantes ont également forcé le fils du chef Marcos Veron assassiné en 2003 à fuir sa communauté. Son fils Ladio figure sur la liste des prochaines victimes.

    Marcos Veron a été abattu en 2003 lors d'une tentative de réoccupation de sa terre.

    Marcos Veron a été abattu en 2003 lors d'une tentative de réoccupation de sa terre.
    © Joaó Ripper/Survival

      Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Cette nouvelle tragédie s’inscrit dans le cadre d’une campagne délibérée visant à briser toute opposition des Guarani à la spoliation de leurs terres. Les fermiers sont prêts à tout pour protéger leurs intérêts et l’inertie du gouvernement brésilien devant cet état de non-droit est tout simplement scandaleuse’.

      Les assassins de Gomes n’ont pas encore été arrêtés. La semaine dernière, le ministère public brésilien a annoncé que six hommes avaient été inculpés pour le meurtre de deux enseignants guarani en 2009.

    Parmi les accusés figure un puissant propriétaire terrien qui avait retenu en otage la communauté de ces enseignants, ainsi qu’un élu local.


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  • En Ouganda, les rois, l’Etat, la terre
     
    Carte de l'Ouganda avec Bugunda en rouge
    Le Monde Diplomatique | juillet 2011

    Un conflit vieux comme l’indépendance

    Confronté au mécontentement populaire, le président ougandais Yoweri Museveni adopte la manière forte : répression policière, surveillance des médias, intimidation des opposants. En effet, l’augmentation du coût de la vie et les scandales de corruption fragilisent le régime, en place depuis vingt-cinq ans. La crise ravive aussi les tensions avec les monarchies traditionnelles, notamment le royaume du Buganda, qui revendique des droits sur les terres.

    par Alain Vicky

    « Les terres qui nous appartenaient prennent de plus en plus de valeur. Nous aimerions les récupérer afin de pouvoir nous-mêmes les vendre ou les louer, mais le gouvernement ne veut rien savoir : il agit comme s’il était Dieu », dénonce M. Charles Peter Mayiga, porte-parole du Buganda, le plus important des royaumes traditionnels que compte l’Ouganda. Ils seraient six millions de Bagandas, disséminés entre les rives du lac Victoria, Kampala, la capitale, et le centre d’un pays de trente-deux millions d’habitants (voir la carte). Ces populations « ont l’impression que leurs territoires sont inexorablement accaparés par d’autres, explique l’historien Phares Mutibwa, ce qui suscite un profond ressentiment. La tension monte (...). Les expulseurs d’aujourd’hui pourraient bien être les expulsés de demain (1) ».

    L’Ouganda, où se trouvent le tiers des terres arables d’Afrique de l’Est, est devenu l’une des nouvelles frontières des investisseurs étrangers, pour la plupart originaires du golfe Arabo-Persique et du sous-continent indien. Ces quatre dernières années, 800 000 hectares ont été cédés ou loués en baux emphytéotiques [de très longue durée]. Théâtre d’une spéculation immobilière frénétique, Kampala est passé de 2 850 habitants en 1912 à 2 millions aujourd’hui — entassés sur 201 kilomètres carrés. La guerre en République démocratique du Congo (RDC) à la fin des années 1990, celle au Sud-Soudan jusqu’en 2005 et les affrontements postélectoraux au Kenya durant l’hiver 2007 ont amené de nombreux chefs de guerre et hommes d’affaires à investir dans une valeur synonyme de sécurité : le foncier. « Il n’y a pas de moyen plus simple de blanchir de l’argent, commente l’avocat David Mpanga. Additionnez l’argent de la corruption, celui de certains officiers ougandais ayant participé aux prédations de la guerre des Grands Lacs ou le détournement, par exemple, des fonds de l’aide au développement, et vous arrivez à cette flambée du prix des terrains. Sur les collines les plus prisées de la capitale, il faut compter près de 500 000 dollars pour un demi-acre [2 000 m2]. Un cercle vicieux qui attire encore plus d’argent. » Et attise la rancœur séculaire de la population baganda à l’encontre de l’Etat central.

    Avant de devenir, lors de l’indépendance, la capitale de l’Ouganda, Kampala fut celle du royaume du Buganda. A la faveur d’une extrême centralisation du pouvoir et d’un positionnement géographique idéal, cet Etat précolonial, véritable monarchie constitutionnelle fondée au XIVe siècle, s’était imposé à partir de 1890 comme le principal partenaire des colons britanniques. Venus des rives de l’océan Indien, ces derniers avaient alors occupé la région, décrite ultérieurement par Winston Churchill comme la « perle de l’Afrique ». En 1900, un accord entre Londres et le Kabaka (souverain) du royaume fit passer le Buganda sous protectorat anglais. Pour une somme de 500 livres sterling versée au roi, Londres s’appropria 23 300 kilomètres carrés (sur les 50 763 constituant le royaume), dont le territoire de Kampala. Alors qu’une autre parcelle de 906 kilomètres carrés demeurait réservée à l’usage du monarque, les terres communautaires restantes furent allouées aux chefs traditionnels des cinquante-deux clans du Buganda. Appelée mailo, la législation anglo-saxonne permit également à des non-Bagandas d’y prendre pied : « Une simple signature sur un bout de papier suffisait », explique le professeur Mutibwa.

    Alliance de circonstance contre Idi Amin Dada

    Avec l’indépendance, en 1962, les 23 300 kilomètres carrés de terre retournent au royaume. Son souverain, Edward Mutesa II, devient le premier président du nouvel Ouganda. Jusqu’à ce que son premier ministre Milton Obote, originaire du nord du pays, décide en 1966 de mettre un terme à ce véritable Etat dans l’Etat en suspendant la Constitution fédérale : il renverse le Kabaka et assure lui-même la présidence. Le 24 mai 1966, les troupes gouvernementales, emmenées par Idi Amin Dada, mettent à sac le palais du roi, sur la colline de Mengo, à Kampala, causant la mort d’une centaine de ses partisans. Mutesa II s’exile à Londres, où il mourra en 1969. Les 23 300 kilomètres carrés sont confisqués par l’Etat et les royaumes traditionnels abolis. Les vingt années de dictature, d’interventions étrangères et de rébellion qui suivent poussent, dans le chaos des flux migratoires forcés, de nombreux non-Bagandas à s’installer sur les anciennes terres royales, avant de les sous-louer eux-mêmes à des migrants originaires des autres royaumes du pays.

    Lorsque M. Yoweri Museveni prend le pouvoir, en 1986, après cinq années de maquis, le royaume du Buganda se remet à espérer. Le nouvel homme fort de l’Ouganda lui doit sa victoire : sans son soutien, les rebelles de l’Armée de résistance nationale (National Resistance Army, NRA) n’auraient pu porter leur « guerre du bush » jusqu’à Kampala et permettre à l’aile politique, le Mouvement national de résistance (National Resistance Movement, NRM), de s’emparer du pouvoir (2). En 1993, M. Museveni restaure donc les royaumes. Couronné en grande pompe, le nouveau Kabaka du Buganda, le roi Ronald Muwenda Mutebi II, récupère son palais ainsi que les 906 kilomètres carrés réservés à son usage. Mais les 23 300 kilomètres carrés historiques demeurent aux mains de l’Etat central. Leur rétrocession devient alors un enjeu des relations entre le royaume et l’Etat ougandais.

    Depuis la fin des années 1980, les bailleurs de fonds internationaux demandent qu’un système de propriété privée remplace les régimes fonciers coutumiers, jugés obsolètes. Il s’agit d’ouvrir un véritable marché répondant aux lois de l’offre et de la demande. Soucieux d’afficher des signes de « bonne gouvernance », le président Museveni s’est donc engagé dans une politique de privatisation accélérée des terres du pays. En juillet 1998, une loi est votée afin de faciliter ces transactions et de formaliser la propriété des terres. Les conseils d’administration territoriale des districts (District Land Boards), nouvelles courroies de transmission du pouvoir, entament les adjudications de terres. Comme de nombreuses autres réformes menées avec le soutien des institutions financières internationales, la loi de 1998 bénéficie surtout à de puissants investisseurs privés. Principales victimes, les occupants sans titres, souvent installés depuis des générations et pour lesquels la « modernisation » juridique tourne à la spoliation pure et simple.

    Les litiges fonciers s’accumulent devant les tribunaux

    « Le changement de régime légal n’a aidé personne, à l’exception de ceux qui voulaient créer de grandes sociétés foncières destinées à être exploitées commercialement », explique Anne Perkins, journaliste au quotidien britannique The Guardian et l’une des animatrices du blog Katine, qui raconte le quotidien d’un village du nord de l’Ouganda. « Avoir un titre de propriété motive non seulement pour investir, mais fournit aussi un capital qui permet d’emprunter. C’est cela, tout autant que l’enthousiasme de la Banque mondiale, qui a poussé Museveni à faire adopter la loi de 1998 (3). » En 2010, dans le souci apparent d’apaiser les tensions, une nouvelle législation permet aux victimes de saisir la justice. « Si le gouvernement semblait bien intentionné, raconte M. Livingstone Sewanyana, directeur exécutif de la Fondation ougandaise pour les droits humains (FHRI), cette tentative de mettre un semblant de légalité sur des grilles de relations traditionnelles déjà complexes entre propriétaires et occupants n’a fait qu’accroître les conflits fonciers (4). »

    Tirant son budget des publicités programmées sur sa radio commerciale et des impôts levés sur les terres qui lui restent, le royaume du Buganda conteste avec vigueur la loi par l’entremise du Buganda Land Board. De son côté, le gouvernement se défend devant la presse internationale : « Les notables bagandas sont les principaux propriétaires terriens de la région Centre et le Kabaka est le premier d’entre eux. La réforme agraire devrait casser le système de leurs possessions (5). »

    Devant les tribunaux de Kampala, les litiges fonciers s’accumulent. Les plus pauvres des petits exploitants ne peuvent s’offrir les services d’un avocat. On ne compte plus les affaires de faux titres de propriété, obtenus moyennant la corruption d’un fonctionnaire ou d’un cadre dirigeant. Sur les murs des quartiers populaires de la capitale, qui ont poussé comme des champignons parmi les terrains marécageux courant jusqu’au lac Victoria, les avertissements se multiplient : « This house is not for sale » (« Cette maison n’est pas à vendre »). Ils visent à empêcher la vente sauvage de terrains à l’insu de leurs propriétaires.

    Ce sont désormais les bidonvilles de Kampala, couvrant 21 % de son territoire, qui sont convoités par les promoteurs. Les lotissements réservés à la nouvelle classe moyenne poussent déjà en bordure de ces îlots informels de misère, peuplés de migrants acholis du Nord, majoritairement employés par des compagnies privées de sécurité en pleine croissance. Dans cette trouble partie de Monopoly, on retrouve aussi des notables du royaume du Buganda. Installé sur une colline faisant face à celle du palais royal, le gouvernement du Kabaka se trouve divisé en deux groupes : les conservateurs, arc-boutés sur leur demande de restitution des 23 300 kilomètres carrés d’avant 1966, et les jeunes rénovateurs, prêts à composer avec le cercle d’affairistes entourant le président Museveni. Le sort des 906 kilomètres carrés de terres restants, gérés par le Buganda Land Board, fait l’objet d’âpres discussions.

    La Constitution de 1995 stipule que les rois de l’Ouganda — il existe dans ce pays une dizaine de royaumes traditionnels — sont cantonnés à un rôle culturel. « L’article 246 interdit aux chefs traditionnels ou culturels de faire de la politique. Pourquoi ? Parce que, quand ils participaient à la vie politique, non contents de diviser leurs royaumes, ils causaient aussi des soucis au gouvernement central », explique M. Apolo Nsibambi, premier ministre sortant (6). Pourtant, le Buganda a franchi pour la première fois cette ligne rouge en 2007, en mobilisant quelques milliers de personnes à Kampala. Cette manifestation faisait suite à l’attribution par le gouvernement de 7 100 des 30 000 hectares de la forêt de Mabira, considérée comme un sanctuaire traditionnel, au groupe sucrier indien Mehta. L’entreprise comptait y développer une exploitation de bioéthanol. Le Kabaka proposa de lui allouer une partie de ses 906 kilomètres carrés. Mais le gouvernement refusa. A Kampala, les échauffourées firent trois morts, dont un passant indien tabassé par les manifestants. Les autorités décidèrent alors de geler le projet. Entre le Buganda et le régime du président Museveni, c’était désormais la guerre froide.

    Le 10 septembre 2009, une nouvelle manifestation eut lieu dans la capitale. Cette fois, elle concernait la décision gouvernementale d’interdire au Kabaka — officiellement pour des raisons de sécurité — de rendre visite à ses sujets dans un district de son royaume dont le chef traditionnel, non bagandais, avait été nommé par le président Museveni. « Une tactique du “diviser pour mieux régner” dont le chef de l’Etat est coutumier », souligne Yassin Olum, professeur de sciences politiques à l’université Makerere (Kampala). La répression policière fit une trentaine de morts.

    Ces violences pourraient désormais se produire ailleurs. Les Bagandas ne sont en effet pas le seul groupe ethnique concerné par la spoliation. Le foncier ougandais reste régi à 80 % par des systèmes de tenure traditionnelle. Dans le Nord, sur les terres communautaires acholies brutalement débarrassées par l’armée ougandaise de toute trace de l’Armée de résistance du Seigneur (7), on se demande comment loger les deux millions de personnes déplacées. « La guerre dans le nord de l’Ouganda a été l’occasion pour certains d’accaparer les terres de ceux qui avaient été forcés de rejoindre des camps de réfugiés », confirme M. Sewanyana. L’émergence d’un nouveau pays africain, le Sud-Soudan, de l’autre côté de la frontière, renforce les convoitises dont fait l’objet cette région — jusqu’ici enclavée (8). Financée par l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), une route bitumée, véritable corridor économique de près de 600 kilomètres, est en passe d’être achevée entre Kampala et Juba, au Sud-Soudan.

    Mais c’est surtout dans l’ouest du pays, royaume traditionnel du Bunyoro, le long d’un lac Albert faisant office de frontière naturelle avec la RDC, que les risques de tensions semblent les plus élevés. Là, c’est le pétrole, découvert en 2008, qui pourrait bouleverser les données foncières. S’étirant au nord de l’immense vallée du Rift, la zone abriterait l’équivalent de deux milliards de barils. La compagnie britannique Tullow Oil s’est taillé la part du lion : 150 kilomètres carrés de permis d’exploration attenant à la réserve naturelle du parc national de Murchison. Les Français de Total et les Chinois de l’entreprise publique Chinese National Offshore Oil Company (Cnooc) viennent d’acquérir respectivement, après avoir versé 1,5 milliard de dollars chacun, une participation d’un tiers dans les gisements de Tullow Oil. Les Italiens d’Ente Nazionale Idrocarburi (ENI) sont sur les rangs.

    Les ressources devraient commencer à être exploitées d’ici à la fin de l’année 2012. Il est également envisagé la construction d’une raffinerie qui pourrait, à l’horizon 2016, garantir l’indépendance énergétique — 20 000 à 25 000 barils / jour — du pays. Le reste serait exporté vers Mombasa, au Kenya, via un oléoduc dont la construction est pour l’heure gelée : Tripoli contribuait financièrement au projet, et la guerre en Libye pèse sur l’avancement des travaux.

    Soixante kilomètres carrés de terres communautaires appartenant au royaume du Bunyoro auraient été achetées durant l’année 2010 par « des personnalités bien placées (9) ». Les certificats de propriété auraient été obtenus en soudoyant des fonctionnaires de la Commission des terres de l’Ouganda (Uganda Land Commission). Parmi ces notables prévaricateurs, on retrouve une princesse du Bunyoro, ancienne présidente du groupe parlementaire du NRM et ex-ministre de l’information : Mme Kabakumba Masiko. A Kampala, elle promet : « Le pétrole transformera la région. Pour le meilleur. » C’est sans doute pour cette raison que la zone est désormais protégée par l’unité d’élite de la garde présidentielle. A sa tête, M. Muhoozi Kainerugaba, le propre fils du chef de l’Etat.

    « Il n’y a pas beaucoup de lieux dans le monde où l’on développe une exploitation pétrolière au milieu des lions, des éléphants, des buffles et des girafes », note dans son rapport 2009 M. Brian Glover, directeur général de la filiale ougandaise de Tullow Oil. Et l’entrepreneur irlandais de remercier un certain « royaume de Bandura Petar » pour avoir contribué à cette découverte.

    Le problème, c’est que personne au Bunyoro n’a jamais entendu parler d’un souverain portant ce patronyme. A Masindi, l’ingénieur Kiiza Yabezi, « premier ministre (10) » du royaume, n’en revient toujours pas : « Encore un mensonge ! Quand le pétrole a été découvert, nous étions très heureux. Nous pensions que le Bunyoro rattraperait son retard et se sortirait de la situation misérable dans laquelle les colons britanniques l’ont laissé. Aujourd’hui encore, nous ne disposons d’aucune université, et notre hôpital manque de médecins. Puis nous avons découvert que tout avait été signé sans que notre communauté ait eu son mot à dire (11). » « Lorsque le pétrole commencera à couler, prévient M. Henry Ford Mirima, chargé de la communication du royaume, il se peut très bien que la jeunesse du Bunyoro s’attaque aux oléoducs. » M. Yabezi confirme : « Nous ne pensions pas un jour pouvoir connaître les mêmes problèmes que les habitants du delta pétrolier du Niger, au Nigeria (12). Désormais, je m’inquiète. De plus en plus de gens viennent manger à notre table sans que nous y soyons invités. A force de saliver, nous pourrions bien finir un jour par gâter leur repas. »

    Du pétrole au milieu des lions et des éléphants

    Mme Beti Olive Namisango Kamya, candidate baganda défaite à la présidentielle de 2011, pense connaître la manière d’arrêter l’inquiétant tic-tac de la « bombe à retardement » des terres, qui attise les tensions entre le gouvernement et les royaumes traditionnels : « Que l’Ouganda redevienne un Etat fédéral, permettant à chaque région de profiter au mieux de ses ressources minérales ou agricoles, au lieu que celles-ci soient confiées aux gouvernements régionaux mis en place par le régime Museveni. Ce sont de véritables trous noirs. » Le fédéralisme est, avec la restitution des 23 300 kilomètres carrés, une vieille revendication du royaume du Buganda. Le tout est regroupé sous le concept baganda d’afye, « nos choses » en langue vernaculaire. Mme Kamya note que d’autres royaumes cherchent « une solution de rechange à ce système politique que nous avons hérité des colons britanniques et qui a été perpétué pour continuer à servir les intérêts d’une élite ». Son parti se nomme d’ailleurs tout simplement Alliance fédérale pour l’Ouganda. Il a pour emblème une girafe (« un animal qui voit loin ») et pour slogan une citation de… Victor Hugo : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. »

    Le 18 février dernier, M. Museveni a été réélu à la tête de l’Etat ougandais pour un quatrième mandat de cinq ans. Depuis, à Kampala, les manifestations contre la vie chère et de soutien à l’opposition se sont multipliées. Pour l’éditorialiste politique Ibrahim Asuman Bisiika, « la masse critique du mécontentement n’a toutefois pas encore été atteinte. La génération Museveni, née dans la seconde moitié des années 1980, alors qu’il venait de prendre le pouvoir, ne veut pas renouer avec les tragédies passées. Mais la question foncière pourrait très bien faire monter le niveau de sa colère et la généraliser à l’ensemble du pays ».

    Alain Vicky    Journaliste.

    (1) Phares Mutibwa, The Buganda Factor in Uganda Politics, Fountain Publishers, Kampala, 2008.

    (2) Le 27 juillet 1985, le régime autoritaire d’Obote est renversé par un coup d’Etat militaire orchestré par Tito Okello. Cependant, opposant de toujours, M. Museveni s’allie à la NRA afin de poursuivre sa guérilla. Invoquant la violation des droits fondamentaux par le nouveau président, il lance une vaste offensive sur Kampala. Le 29 janvier 1986, il prête serment comme président de l’Ouganda.

    (3) «  The politics of land reform  », The Guardian, 25 février 2009.

    (4) www.fhri.or.ug

    (5) Jean-Philippe Rémy, «  En Ouganda, des émeutes sanglantes fragilisent le président Yoweri Museveni  », Le Monde, 15 septembre 2009.

    (6) Un nouveau gouvernement a été investi le 24 mai 2011. M. Amama Mbabazi en est le premier ministre.

    (7) Cf. Tim Allen et Koen Vlassenroot (sous la dir. de), The Lord’s Resistance Army : Myth and Reality, Zed Books, Londres, 2010.

    (8) Lire Gérard Prunier, «  Le régime de Khartoum bousculé par la sécession du Sud  », Le Monde diplomatique, février 2011.

    (9) «  Ouganda. A l’assaut des terres en zone pétrolière  », La Lettre de l’océan Indien, Paris, n° 1299, 18 décembre 2010.

    (10) C’est un titre honorifique, mais chaque royaume dispose d’une sorte de gouvernement.

    (11) Les citations non sourcées sont issues d’entretiens avec l’auteur.

    (12) Lire Jean-Christophe Servant, «  Au Nigeria, le pétrole de la colère  », Le Monde diplomatique, avril 2006.
     
     

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  • Julia Gillard, Première ministre australienne, a annoncé jeudi le franchissement d’une nouvelle étape en vue de parvenir à une reconnaissance officielle et constitutionnelle des peuples premiers de ce pays, et en premier lieu les aborigènes.
    Mme Gillard a fait cette annonce après avoir reçu le rapport final d’un comité d’experts chargés spécifiquement de fournir des recommandations quant à la faisabilité pratique de prochains amendements à la Constitution australienne.

    Les travaux de ce comité, composé de parlementaires, mais aussi de juristes et autres experts constitutionnels, a mené au cours des douze derniers mois une série de consultations publiques (un total annoncé de plus de deux cent cinquante réunions dans quatre vingt quatre lieux différents) afin de réunir des éléments lui permettant de formuler des recommandations en ce sens concernant un statut spécial des peuples premiers d’Australie, à savoir les Aborigènes et les Insulaires du Détroit de Torrès (extrême Nord du pays, tout près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée).
    Au cours de ce processus, les dirigeants indigènes ont eu aussi l’occasion de s’exprimer et de formuler leurs propositions.
    Parmi les recommandations de ce rapport ([www.youmeunity.org.au, on peut notamment trouver un article stipulant que les Aborigènes et les insulaires de Torrès furent les premiers occupants de l’île-continent.

     

    Un pas de plus vers la reconnaissance constitutionnelle des Aborigènes

    Dans l’histoire récente de la région, l’Accord de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) signé en mai 1998 entre le gouvernement français et les deux principaux blocs politiques locaux (l’un pro-France et l’autre indépendantiste) et qui est souvent décrit comme un Constitution de fait pour cette collectivité française d’Océanie, avait inscrit en préambule un paragraphe relatif à la reconnaissance du fait que ce territoire, lors de la prise de possession de a France, « n’était pas vide » (voir lien vers le texte de cet Accord).
    Le contenu du rapport australien devrait faire l’objet d’un référendum, conditions préalable incontournable à tout amendement à la Constitution.

    Au plan historique, l'Australie n'a reconnu que tardivement l'existence officielle du peuple aborigène : il a fallu attendre 1992 pour qu’un verdict rendu par la Haute Cour renverse l'ancienne notion de "terra nullis" qui ignorait l'existence d'un peuplement aborigène avant l'arrivée des premiers Européens.
    Cette affaire, connue sous le nom de "Mabo" (du nom de l'Aborigène, Eddie Mabo, qui l'avait porté en justice) avait, à l'époque, marqué un tournant dans le combat des Aborigènes pour leur reconnaissance et ouvert la voie à l'élaboration de lois portant sur la gestion foncière des terres reconnues comme étant indigènes.

    Tous les 26 janvier : Australia Day

    Tous les 26 janvier, l’Australie observe son jour national, l’ « Australia Day ».
    Au cours des versions précédentes de cette journée censée commémorer l’arrivée des premiers européens, un 26 janvier 1788, plusieurs figures de la communauté aborigènes avaient été distinguées, dont, en 2009, l’universitaire Mick Dodson, qui s’est illustré par son combat de plusieurs décennies en faveur d’un mouvement de réconciliation nationale entre le peuple premier et les autres ethnies qui composent la population de ce pays.
    Ces cinq dernières années, après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement à majorité travailliste, d’abord dirigé par Kevin Rudd puis, depuis juin 2010, par Julia Gillard, un accent particulier a aussi été placé sur une volonté de réconciliation et de « destin commun » au-delà des clivages ethniques, pour la population australienne.
    En février 2008, cette volonté avait pris le devant de la scène, à l’occasion d’un Australia Day marquant alors le 220ème anniversaire de l’arrivée des premiers Européens.

    Les excuses de Kevin Rudd

    M. Rudd avait alors prononcé, au Parlement fédéral, pour la première fois, des excuses à la communauté aborigène, notamment au regard de ce qu’il a été convenu d’appeler la « génération volée », résultat d’un programme gouvernemental d’intégration forcée des aborigènes et qui passait par le placement de jeunes enfants indigènes soit dans des familles d’accueil, soit dans des institutions spécialisées.

    "Sorry Day" contre "terra nullis"

    Depuis 1998, l’Australie observe aussi, fin mai de chaque année, la « Journée Nationale des Excuses» (National Sorry Day), censé commémorer et rendre hommage aux enfants aborigènes (ou métis aborigènes) qui, entre le début du 19ème siècle et les années 1970, ont été confisqués à leurs familles biologiques.
    Ce « Sorry Day » annuel a été institué à la suite des recommandations d’une commission d’enquête, en 1997.

    Jusqu’ici, néanmoins, la Constitution australienne ne consacre aucun article particulier à un éventuel statut spécial de ces populations, précisait jeudi Mme Gillard, qui insiste sur la nécessite de renforcer le processus national de « réconciliation ».
    « Les excuses nationales aux Australiens indigènes ont contribué à jeter des ponts de respect entre les indigènes et les non-indigènes (australiens) », a-t-elle déclaré.
    « Elles ont permis de créer un climat de confiance de manière à ce que nous puissions travailler ensemble en vue de s’attaquer aux indigènes défavorisés. La reconnaissance des peuples indigènes dans la Constitution est une étape de plus dans ce voyage, une étape critique pour nos efforts en vue de réduire la fracture », a-t-elle ajouté.

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    ***Le rapport (environ trois cent pages, en Anglais) du panel d’experts à l’adresse suivante :
    www.youmeunity.org.au..


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  • Un enfant indien brûlé vif par les bûcherons en Amazonie  (10 janvier 2012)

    awaonloggersroad_article_columnDes Awá voyagent le long d'une route ouverte par les bûcherons
    © Uirá Garcia

    Des bûcherons ont envahi le territoire des Indiens awá isolés en Amazonie, l'un d'entre eux aurait été brûlé vif.

    Selon l'ONG brésilienne CIMI (Conseil indigéniste missionnaire), des Indiens guajajara qui vivent également dans la région, ont découvert le corps brûlé d'un enfant awá dans la forêt après une attaque de bûcherons. Clovis Guajajara, qui rencontre parfois des Awá lorsqu'il chasse dans la forêt, ne les a pas revus depuis l'attaque et pense qu'ils ont fui.

    La FUNAI, le département des affaires indiennes du gouvernement brésilien, a annoncé à Survival qu'elle avait ouvert une enquête sur ces faits, mais n'a pas encore confirmé le décès de l'enfant.

    On estime qu'une soixantaine d'Awá isolés vivent dans cette partie du nord-est de l'Amazonie brésilienne – ils sont l'un des derniers groupes de chasseurs-cueilleurs nomades du Brésil. Les Awá dépendent étroitement de leur forêt pour survivre. Mais leurs territoires, qui subissent l'invasion massive et illégale des bûcherons, connaissent actuellement le taux de déforestation le plus élevé d'Amazonie. Plus de 30% de l'un d'entre eux a déjà été détruit.

    Luis Carlos Guajajara a déclaré à Survival aujourd’hui : "Les Awá isolés de la région subissent la pression constante des bûcherons. Leur présence est très dangereuse et les Indiens sont terrifiés".

      Les Awá ont récemment été victimes d’une série d’attaques brutales et les bûcherons ont menacé les Indiens de les tuer s’ils retournaient dans la forêt. Par exemple, en septembre 2011, un Indien awá, a été brutalement attaqué par des bûcherons qui ont envahi son territoire. L'Indien était en train de chasser dans la forêt lorsque les bûcherons l'ont ligoté, masqué, frappé et tenté de le décapiter. Ils ont ensuite tiré des coups de feu sur sa femme qui courait pour demander de l'aide, mais elle n'a pas été touchée.

    Ces actes de violence font suite à une opération gouvernementale visant à fermer les scieries alimentées par le bois illégalement abattu sur le territoire awá et dans laquelle deux bûcherons ont été arrêtés.

    Bien que les Awá vivent dans des territoires indigènes officiellement reconnus, la déforestation à laquelle se livrent les bûcherons illégaux représente un réel risque pour leur vie. Par ailleurs de nombreux colons et éleveurs de bétail se sont installés illégalement sur leur terre, abattant leurs forêts à un rythme effréné. Plus de 30% de l'un des territoires awá a déjà été rasé. Les Awá ne peuvent pratiquement plus trouver de gibier dans la forêt.

    Pirei Ma'a, un Awá, a déclaré à un représentant de Survival : "Nous allons tous mourir de faim, nos enfants auront faim, ma fille aura faim et moi aussi. Il ne restera plus rien dans la forêt... Les bûcherons viennent ici avec leurs camions et emportent les arbres avec eux".

    Survival fait pression sur les autorités brésiliennes pour expulser les bûcherons des territoires awá avant que la déforestation ne mette davantage leur vie en danger.

      Auteur   Survival International


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  • L'actualité de la fin de l'année 2011 au Canada a été entre autres marquée par le cri du cœur d'Attawapiskat, cette petite communauté autochtone du nord de l'Ontario qui a déclaré l'état d'urgence car une bonne partie de ses habitants vivent dans des conditions dignes du tiers-monde, comme l'a rappelé il y a une dizaine de jours le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits des peuples indigènes.

    Ce cas fait écho au triste sort que connaissent une bonne partie des autochtones au pays, tout particulièrement ceux qui vivent dans les réserves. C'est sans compter les préjugés tenaces entretenus à l'égard des Premières Nations, qui minent souvent leurs efforts pour améliorer leur situation: leur supposée paresse, leur dépendance aux deniers publics, les exemptions d'impôt et de taxes ainsi que la gratuité pour tout plein de services... Des préjugés alimentés par l'ignorance, par la relation souvent orageuse entre les peuples autochtones et les non-autochtones depuis près de 500 ans.

    La série documentaire 8e feu, un projet conjoint de Radio-Canada et de la CBC, souligne à gros traits «l'urgence» (c'est le mot utilisé dans le communiqué de présentation) de changer les bases de cette relation difficile, car, comme l'explique l'acteur et animateur Charles Bender, lui-même Huron-Wendat, dans l'introduction du premier épisode, la population autochtone est celle qui croît le plus rapidement au Canada actuellement et elle sera majoritaire dans certaines villes de l'ouest du pays sous peu.

    Il ne sera plus possible alors de s'ignorer, de s'éviter, de faire comme si l'autre n'existait pas...

    Cette série en quatre épisodes, dont le titre fait référence à une prophétie amérindienne et symbolise «un temps où nous vivrons dans l'égalité et le respect», se veut un appel à la réconciliation, mais aussi un antidote aux préjugés en les bousculant avec des exemples d'autochtones qui réussissent, qui innovent, qui se prennent en main, qui revendiquent leur place dans cette société qui les a longtemps marginalisés (et le fait encore). On nous avertit en ouverture de chaque émission que le but de l'exercice n'est pas de nous culpabiliser, mais force est d'admettre que nos ancêtres ont fait d'immenses erreurs: la Loi des Indiens, les réserves, mais surtout le drame des milliers d'enfants arrachés à leurs parents pour être «parqués» dans des pensionnats où on tentera en vain de les assimiler.

    Le 8e feu se promène donc d'un bout à l'autre du pays afin de nous faire découvrir des personnes qui transcendent les idées préconçues sur «l'Indien»: écrivain, professeur d'université, humoriste, musiciens, artistes, avocats, médecins, étudiants et même un vigneron,

    tous ces autochtones expliquent à la caméra leur appartenance à leur peuple, leur volonté de faire progresser les choses, leur désir que les leurs se réapproprient ce qu'on leur a enlevé depuis des générations. Le ton n'est jamais hargneux, même si les intervenants ne cachent pas la colère qui parfois les habite, et on ne magnifie rien, même si la plupart des histoires de vie qu'on nous raconte s'avèrent positives et porteuses d'espoir. Certains seront peut-être agacés par le ton un peu didactique du premier épisode, qui pose les enjeux, mais il faut croire qu'une petite introduction à saveur scolaire est nécessaire pour plusieurs, ceux pour qui la question autochtone n'est pas familière.

    L'épisode de ce vendredi montrera à bien des téléspectateurs que les membres des Premières Nations sont bien plus présents dans nos villes que ce que l'on peut croire, et que ceux-ci ne perdent pas nécessairement leur identité autochtone parce qu'ils n'habitent pas dans des réserves et qu'ils ne vivent pas de chasse et de pêche... Les réalités autochtones sont multiples, complexes, et méritent que les citoyens d'autres origines s'y attardent, ne serait-ce que pour favoriser un rapprochement qui fera peut-être éclater les barrières qui nous séparent afin qu'on puisse se réunir autour de ce fameux 8e feu si souhaitable.


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  • Une commission du parlement brésilien a dénoncé mercredi un "ethnocide" contre les communautés guarani kaiowa de l'Etat de Mato Grosso do Sul (centre-ouest) qui veulent récupérer leurs terres colonisées par de grands propriétaires terriens.

    "Les 'pistoleros' (hommes de main armés) sont à l'origine d'un ethnocide des kaiowa", affirment dans un rapport les députés de la Commission des Droits de l'homme et des Peuples indigènes qui se sont rendus dans les villages les plus menacés.

     

     


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  • Un envoyé des Nations Unies spécialisé dans les droits humains des peuples autochtones surveille de près la façon dont le Canada gère la crise à Attawapiskat dans le Nord de l'Ontario.

    James Anaya, qui est le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, affirme qu'il a été en contact avec le gouvernement fédéral pour exprimer sa « profonde préoccupation au sujet de la désastreuse condition sociale et économique de la Première Nation d'Attawapiskat, qui illustre les conditions de nombreuses communautés autochtones dans le pays. »

    La Croix-Rouge a récemment porté secours à 165 résidants de la réserve crie qui vivent dans des cabanes, sans électricité ni eau courante.

    Le gouvernement fédéral enverra 22 maisons mobiles à Attawapiskat pour résoudre la crise du logement, mais elles ne seront pas livrées avant la mi-janvier lorsque les routes d'hiver seront carrossables. Les représentants du gouvernement aménagent actuellement un pavillon de ressourcement, dans le but de fournir un abri dans l'intervalle.

    Le gouvernement a également placé la collectivité sous la gestion d'un tiers, malgré les cris de protestation de partis d'opposition et de la chef de la communauté.

    Le représentant de l'ONU estime qu'Attawapiskat « semble représenter l'état de nombreuses collectivités des Premières Nations du Canada et rappelle les conditions de vie des pays du Tiers-Monde. »

    James Anaya a souligné dans un communiqué à quel point les collectivités autochtones font face à des niveaux de pauvreté des conditions en santé, en éducation et en emploi qui sont nettement inférieurs à la qualité de vie dans les communautés non autochtones.

    « Je vais surveiller de près la situation de la Première Nation d'Attawapiskat et d'autres communautés autochtones au Canada, en gardant un dialogue ouvert avec le gouvernement et toutes les parties prenantes afin de promouvoir les bonnes pratiques, y compris de nouvelles lois, des programmes gouvernementaux, et des ententes constructives entre les peuples autochtones et les États », a-t-il dit.

    Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a nommé M. Anaya pour la première fois en 2008 et a renouvelé son mandat pour trois autres années en 2011.

    Plus tôt ce mois-ci, l'Assemblée des Premières Nations (APN) a adopté une résolution demandant à l'ONU de surveiller la réponse du gouvernement fédéral concernant l'hébergement d'urgence à Attawapiskat.

    Le chef national de l'APN Shawn Atleo a déclaré que les « conditions effroyables » et le sous-financement chronique dont souffrent de nombreuses collectivités des Premières Nations comme Attawapiskat, sont une « honte nationale ».


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  • Au Kenya, un procès s'est ouvert la semaine dernière. Une tribu de quelques milliers de personnes se plaint de violence de la part de la police. Elle aurait, en fait, été chassée de ses terres, après que le domaine ait été racheté par deux ONG américaines de défense de la nature. Robin Cornet. C'est une région luxuriante, près du Mont Kenya. Un territoire qui abrite une grande variété d'animaux, comme certaines espères rares de zèbres ou de rhinocéros. C'est aussi le territoire traditionnel de la tribu Samburu. Le district de Laikipia attire des touristes qui viennent y faire des safaris. Le Kenya est bien conscient de l'importance de préserver la nature pour continuer à développer le secteur touristique (importante source de revenus). Mais le Kenya a aussi une longue histoire d'accaparement des terres par hauts responsables, explique le Guardian. A l'époque du président Daniel Arap Moi (24 ans à la tête du pays, et 11 ans comme vice-président), quantité de ressources naturelles ont été pillées. La terre des Samburu appartenait officiellement à l'ancien président. Jusqu'à ce que deux ONG américaines l'achètent pour 2 millions de dollars. Leur objectif est de créer, là-bas, un parc naturel. Un parc dont la gestion a été confié aux pouvoirs publics kenyans. Peu de temps après cette transaction, les Samburu aurait été brutalement chassé de cette terre, subissant intimidations puis véritables violence de la part de la police. C'est ce que dénonce l'organisation britannique Survival International. Les membres de la tribu, auraient été forcés de quitter leurs villages, après de cases aient été brulés, du bétail saisi. Les Samburu affirment aussi que des femmes ont été violées et qu'un ancien a été tué. Il y a eu une stratégie continue pour créer la peur et pousser les Samburu à fuir, dénonce Survival. L'organisation de défense des peuples indigènes, affirme qu'aujourd'hui 2.000 familles Samburu vivent à la lisière du territoire dans des camps de fortune. Un millier d'autres ont trouvé refuge ailleurs. Ces gens ont généralement tout perdu, c'est une situation humanitaire critique, dit encore Survival. Les Samburu ont saisi la justice pour se plaindre des violences et faire valoir leur droit sur les terres face aux ONG américaines et à l'ancien président Moi. En attendant de statuer sur l'affaire, le tribunal a gelé le projet. Contactées par le Guardian, les deux organisations de défense de la nature disent ne pas pouvoir faire de commentaire sur une affaire judiciaire en cours, mais elles assurent qu'elles collaborent toujours étroitement avec les communautés locales. 


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    EXCLUSIF - MEMORANDUM SUR L’ACCAPAREMENT DES TERRES DANS LA COMMUNAUTE RURALE DE FANAYE : REVELATIONS AUTOUR D’UN DEAL DE 20000 HECTARES

    PiccMi.Com - Après le retrait définitif (?) du projet SENETHANOL, si l’on se fie aux déclarations du chef de l’Etat et de son Premier ministre, les populations de Fanaye ont fait parvenir aux autorités compétentes et à certaines chancelleries un Mémorandum. Piccmi.com a pu se procurer ce document explosif. Nous le publions dans son intégralité.

    Préambule

    La Communauté Rurale de Fanaye, située dans l’Arrondissement de Thillé Boubacar, Département de Podor, couvre une superficie totale de 185.100 ha répartie comme suit :

    • Terres du walo (tout confondu) : 20.361 ha (soit 11%) ;
    • Terres du jeeri : 164.739 ha (soit 89%).

    L’ensemble de ces terres est structuré ainsi :
    • terres cultivables et parcours bétail: 62.934 ha (soit 34 %) ;
    • forêts réservés: 122.166 ha (soit 66%).

    Les populations ne vivent que de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. La Communauté Rurale renferme un nombre très important de cheptel. On dénombre plus de 106.000 têtes bovines et plus de 76.000 ovins caprins.

    Introduction

    Les populations de la communauté rurale de Fanaye sont confrontées depuis quelques mois à un sérieux problème d’accaparement de leurs terres. Il s’agit d’une attribution, par le PCR, de terres d’une superficie de 20.000 ha à des privés étrangers. Ces terres ont été cédées à 2,5 FCFA le m², dans le but de produire du biocarburant et des denrées destinées à l’exportation par une société dénommée SENETHANOL. Face à ce désastre, les populations se sont mobilisées et ont mis en place un Collectif pour la Défense des Terres de la Communauté Rurale. Les populations de la Communauté Rurale de Ndiayene/Pendao, voisine de la Communauté Rurale de Fanaye, se sont également mobilisées pour apporter leur soutien et ont intégré le Collectif. L’entêtement du Président du Conseil Rural et des responsables de la société SENETHANOL ainsi que le silence assourdissant des autorités administratives, malgré les appels incessants des populations, ont abouti à des violences ayant entraîné des pertes en vies humaines et des blessés. Ce mémorandum a pour objectif de faire comprendre le problème de l’accaparement de terres à Fanaye à travers des délibérations abusives et illégales, de monter l’impertinence, l’opacité qui entoure le projet SENETHANOL et la démarche douteuse de ses responsables, ainsi que les diverses actions du Collectif en vue de faire valoir le droit des populations et de faire régner la paix.

    Des délibérations abusives et illégales

    Un groupe de conseillers ruraux a fait savoir que dans le courant du mois de juin, le PCR de Fanaye – M. Karasse Kane – leur a fait parvenir des convocations en vue de délibérer sur l’attribution d’un terrain d’une superficie de 20.000 ha à la société SENETHANOL. Cette société devrait utiliser ces terres pour la réalisation d’un projet de production d’Ethanol à partir de la culture de la patate douce.

    Dans sa démarche, le PCR a mis les conseillers et les populations devant les faits accomplis. En effet, les convocations ont été envoyées moins de 24 h avant le jour de la réunion de délibération et le PCR avait déjà réussi à créer sa petite majorité et a pu faire voter le projet avec 23 voix pour et 21 contre. Malgré l’opposition d’une bonne partie des conseillers ruraux pour vice de forme et pour nécessité de se concerter avec les populations et les chefs de villages (qui sont des membres de droit de la commission domaniale), il n’a pas été possible de faire revenir à la raison le PCR. Il convient de noter que le PCR fut pendant tout le temps assisté par le Sous Préfet de Thillé Boubacar Ameth Diop, présent le jour de la délibération, le 15 juin 2011. Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé à approuver la décision d’attribution de 300 ha à SENETHANOL seulement 5 jours après la réunion délibération (le 20 juin 2011) sans attendre le délai de contestation légal requis.

    Une coalition de dix huit (18) chefs de villages avait aussitôt écrit au Président de la République (avec ampliation au Sous-préfet, au Préfet et au Gouverneur) pour dire leur opposition au projet. Ils sont actuellement au nombre de quarante trois (43) chefs de village à s’opposer au projet. Le Collectif pour la défense des terres de Fanaye est alors mis sur pied, avec des représentants de chaque village de la communauté rurale en plus du chef de village. Les populations de la Communauté Rurale se sont fortement mobilisées pour dénoncer ce projet d’accaparement de leurs terres et ont organisé une grande marche le 30 juillet 2011 pour manifester leur mécontentement. Les ressortissants de la Communauté Rurale de Fanaye dans la diaspora (France, Gabon, Etats-Unis) ont manifesté leur désaccord et ont écrit aux autorités pour dénoncer le projet. Les populations ont décidé de s’opposer aux travaux, malgré les intimidations de la gendarmerie qui a eu à emprisonner certaines personnes.

    Malgré les contestations de tout bord, Le PCR avait catégoriquement refusé de fournir les documents relatifs au projet (procès verbal de délibération de la Communauté rurale, document du projet, protocole d’accord, etc.). Pire, le PCR et la société SENETHANOL se sont empressés d’aménager la terre et des forêts entières ont été détruites, à quelques kilomètres de l’emplacement de ce qui devra être «la grande muraille verte ». Pour légitimer le projet et forcer la main, ils ont engagé des jeunes de la localité rémunérés à 4000 FCFA/jour pour la coupe des arbustes et la sécurité de leurs différents sites, prétendant ainsi avoir créé des emplois. Ils avaient également offert 40 billets pour la Mecque! Décidées de mener une bataille judiciaire pour l’annulation de la délibération et l’arrêt des travaux, les populations ont été surprises de constater que les travaux déjà entamés étaient allés au-delà des 300 ha affectés. Le Sous-préfet interpellé à cet effet se refusa de tout commentaire en renvoyant les membres du Collectif venus à sa rencontre vers le PCR. La surprise fût totale quand les populations apprirent qu’en fait, une délibération en date du 27 août 2011 attribuait les 19700 ha restants à la société SENETHANOL sans que le Conseil Rural ait siégé à cet effet.

    En fait, les responsables de SENETHANOL s’étaient présentés dans un premier temps à la perception de Podor pour verser 500 millions FCFA correspondants aux taxes afférentes à l’utilisation des 20.000 ha de terres sur une durée de 15 ans. Mais le percepteur de Podor avait rejeté l’opération car la délibération dont ils disposaient portait sur 300 ha, correspondant à la délibération du 15 juin 2011. Face à ce problème, les responsables de SENETHANOL avaient besoin d’une solution d’urgence car il s’agissait pour eux d’une course contre la montre et non d’un problème de légalité. Le 27 août 2011, il s’était tenu une réunion du conseil rural qui avait pour ordre du jour :

    • Situation d’exécution du projet SENETHANOL
    • Partage d’information (signature de protocole d’accord entre terre des hommes et la communauté rurale ; forum des partenaires)

    Cette réunion, non seulement ne portait pas sur une affectation de terres, mais n’a pu faire l’objet de délibération du fait des désaccords entre les conseillers. Mais puisque qu’il fallait à SENETHANOL une délibération, le PCR l’a pris comme prétexte pour sortir un « procès verbal » portant délibération des 19.700 ha restants, soi-disant votée à l’unanimité des conseillers présents. On se demande alors, comment le Sous-préfet, présent à cette réunion, a pu établir un arrêté portant affectation de terres sur la base d’un tel document ?

    L’entêtement du PCR à vouloir imposer le projet SENETHANOL et la complicité des autorités administratives ont conduit aux violences qui ont eu lieu le mercredi 26 octobre à l’hôtel communautaire de Fanaye, quand le PCR, après avoir convoqué une réunion, s’est présenté avec son garde du corps et plus de 40 nervis tous armés, recrutés par la société SENETHANOL par l’intermédiaire du PCR. Le bilan fut très lourd et s’établit à ce jour à :

    • 2 décès directs (par balles) ;
    • 3 décès (crise cardiaque, suite aux évènements) ;
    • 21 blessés dont 3 ne pourront plus vaquer à leurs occupations habituelles ;
    • saccage de la maison communautaire.

    D’autre part, il est important de noter que le projet SENETHANOL de 20.000 ha (20 km/10 km) occupe 32 % des terres cultivables et parcours bétail de la communauté rurale et correspond à la totalité des terres se situant dans la zone du walo, dans laquelle se trouvent toutes les cultures irriguées de la Communauté Rurale. En plus, il se situe dans une Zone Agro-pastorale à Priorité Elevage (ZAPE), conformément au Plan d’Occupation et d’Affectation des Sols de la Communauté Rurale adopté le 26 Avril 2006 et toujours en vigueur. On dénombre dans cette zone plus de 106.000 bovins et plus de 76.000 ovins et caprins. L’implantation du projet entraînerait naturellement le déguerpissement de cinquante six (56) hameaux et six (06) villages officiels, l’expropriation de populations, et entraînerait la disparition d’espaces de pâture pour le bétail, de champs, de lacs et de forêts classées.

    Incohérence et opacité du Projet de SENETHANOL

    Le projet de SENETHANOL de 20.000 ha (20 km/10 km) occupe 32% de la zone agro-pastorale à priorité élevage de la Communauté Rurale de Fanaye en violation des règles en vigueur et n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable avec les populations. Les documents obtenus via de tierces personnes suite au refus du PCR d’informer les populations révèlent les faits suivants :

    • 20 juillet 2010 : accord de principe du PCR pour attribuer 20.000 ha de terres à la société SENETHANOL pour la culture de patates douces en vue de produire de l’éthanol.

    • 30 mars 2011 : signature du protocole d’accord entre la société SENETHANOL et le PCR Karasse Kane (qui ne sait ni lire ni écrire le français), engageant par cet acte le Conseil rural et toute la Communauté Rurale de Fanaye. Le protocole d’accord est signé par le PCR assisté d’un Monsieur nommé Thierno Ousmane Kane et d’une dame nommée Mariame Datt, tous non résidents de la Communauté Rurale et n’occupant aucune fonction au niveau de la Communauté Rurale de Fanaye leur permettant de signer un quelconque accord ;

    • 30 mai 2011 : le Ministre de l’Agriculture donne un avis favorable à l’attribution des 20.000 ha sous réserve que celle-ci soit progressive et s’étende de 2011 à 2015.

    • 15 juin 2011 : le Conseil Rural, malgré vice de forme, vote l’attribution de 300 ha. La convocation du PCR pour cette réunion portait sur l’attribution d’un terrain d’une superficie de 20.000 ha. Le sous-préfet, représentant l’Etat était présent le jour de la délibération et a conclu la séance en disant : « On a attribué 300 ha, mais on retient le principe de 20.000 ha ». Il a par la suite approuvé la délibération le 20 juin 2011, soit 5 jours seulement de publicité.

    • 27 août 2011 : le PCR établit une délibération attribuant à SENETHANOL les 19700 ha restant, sans décision du Conseil Rural, en violation de la décision du Ministre de l’Agriculture qui exigeait des attributions progressives jusqu’en 2015.

    D’autre part, il faut souligner que l’article VI du « protocole d’accord » entre SENETHANOL et la Communauté Rurale dispose : « La société SENETHANOL s’engage à valoriser ledit terrain dans les deux années suivant l’attribution et à régler à la communauté rurale la somme de 500 millions FCFA sur la durée de la concession, soit 33.333.333 FCFA payable par an au plus tard le 05 janvier de chaque année ». On se demande alors pourquoi la société SENETHANOL s’est empressée de verser d’un seul coût 500 millions au trésor contrairement aux dispositions du « protocole » signé.

    L’examen de ces faits révèlent que :

    • le PCR a toujours agi seul, du juillet 2010 (accord de principe) à août 2011 (établissement d’un faux procès verbal) ;
    • les populations et le Conseil Rural n’ont été informés du projet que le 15 juin 2011, soit près de trois mois après la signature du protocole ;
    • Le Sous- préfet de Thillé Boubacar Ameth Diop a failli dans sa mission de neutralité et de contrôle de la légalité des délibérations du Conseil Rural ;
    • le PCR a violé l’esprit de la loi des collectivités locales en refusant catégoriquement de se concerter avec les populations ;
    • au lieu d’une production de patate douce par la société SENETHANOL comme indiqué dans tous les documents (lettre du ministre de la décentralisation et des collectivités locales, arrêté du Sous - préfet, délibération de la communauté rurale, convocations des conseillers ruraux, plan d’affaire du projet), il s’agit désormais de la production de tournesol pour l’exportation, les résidus des cultures servant à produire du biocarburant ;
    • la société SENETHANOL n’a pas hésité à utiliser des méthodes non orthodoxes pour acquérir des terres, en violation des règles et procédures en vigueur.

    Les populations de la Communauté Rurale de Fanaye estiment qu’il est inimaginable que dans une zone où les gens se nourrissent difficilement, où la majorité des jeunes s’est expatriée, au lieu d’aménager les terres susceptibles de l’être en vu de développer des cultures vivrières, on opte pour la production de biocarburants et de produits destinés à l’exportation, et veuille transformer les jeunes en ouvriers agricoles ou en esclaves, sous le prétexte de valorisation des terres et de création d’emplois. Le projet de SENETHANOL engendrerait d’immenses dégâts, économiques, sociaux et environnementaux. Cinquante six (56) hameaux et six (06) villages officiels devront être déguerpis. Des espaces de pâture pour le bétail, des espaces cultivables, des lacs et des forêts vont tous disparaître.

    Actions du Collectif pour la Défense des Terres de la Communauté Rurale de Fanaye

    Le Collectif pour la Défense des Terres de la Communauté Rurale de Fanaye s’est fixé comme mission de lutter contre l’accaparement des terres de la Communauté Rurale, de sensibiliser les autorités administratives sur le danger du projet de SENENTHANOL et d’œuvrer pour faire régner la paix dans cette localité paisible. Pour bien mener sa mission, le Collectif a tenu des réunions de concertation et de sensibilisation avec les chefs de village, la diaspora, les autorités religieuses et coutumières. Une lettre d’un collectif des chefs de villages fut d’abord adressée le 22 juin 2011 au Président de la République avec ampliation au Sous-préfet, au Préfet, au Gouverneur et à tous les ministères concernés. Une réunion s’est tenue le 30 juillet 2011 à Fanaye en vue de concilier les parties, suivie d’une marche de protestation et de sensibilisation sur les dangers du projet. Le 1er octobre 2011, une autre marche pacifique fut organisée à Fanaye et un mémorandum furent remis aux autorités administratives (Gouverneur, Préfet, Sous-préfet). Le mémorandum fut également transmis par voie de courrier au Ministre des Collectivités Locales, l’informant des dangers potentiels du projet. En prenant toutes ces initiatives, le Collectif cherchait à éviter l’irréparable mais en vain.

    Le 12 novembre 2011, le Collectif s’est rendu à Fanaye, pour présenter ses condoléances et échanger avec les populations suite aux événements meurtriers survenus le 26 octobre 2011.

    Le Collectif compte utiliser toutes les voies de droit et de recours pour l’annulation du projet de SENENTHANOL et fera tout son possible pour que justice soit rendue.

    Conclusion

    Les populations de la Communauté Rurale de Fanaye et Niayene/Pendao font part aux autorités sénégalaises, à l’opinion nationale et internationale, de leur profonde indignation et de leur refus catégorique à l’accaparement de leurs terres par la société SENENTHANOL. Elles jugent inadmissible l’affectation de 32% des terres cultivables et parcours de bétails pour la production de cultures destinées à l’exportation et pour la production de biocarburant, alors que la sécurité alimentaire de la localité (encore moins celle du pays) est loin d’être assurée.

    Contrairement aux prétendus 2500 emplois que devra engendrer le projet, c’est plusieurs milliers d’occupants de la zone qui se retrouveront ainsi sans activités, sans ressources, dans le chômage et le désespoir.

    Les populations de la Communauté Rurale de Fanaye et Niayene/Pendao n’acceptent pas et n’accepteront jamais que leur patrimoine soit bradé. Il appartient à l’Etat Sénégalais de les protéger, de défendre leur liberté et leurs biens, de préserver leur environnement. Elles tiennent les autorités administratives pour complices des événements meurtriers qui ont eu lieu à Fanaye et pour responsables de tout se qui pourrait advenir, si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat pour le retrait du projet.

    Aujourd’hui, Pour retrouver la paix de façon définitive, il faut effacer dans la mémoire individuelle et collective des populations, toutes les causes qui ont donné naissance aux tueries du 26 octobre 2011.

    Compte tenu de tout cela, au nom de la paix, pour la mémoire des disparus et pour panser les blessures physiques et morales, les populations exigent :

    • le retrait pur et simple de ce projet qui se révèle porteur de violences, de désolation et de malentendu entre les familles dans la Communauté Rurale de Fanaye ;
    • l’annulation des délibérations illégales d’affectation des 20.000 ha de terres;
    • la destitution du PCR de Fanaye Karasse Kane et sa poursuite pour faux, usage de faux, abus de pouvoir, incitation à la violence ayant abouti à mort d’hommes ;
    • l’engagement de poursuites judiciaires contre les promoteurs du projet pour destruction de forêts entières et incitation à la violence ayant abouti à mort d’hommes ;
    • la prise en charge des blessés et le dédommagement des familles des victime

    Dakar, le 21 novembre 2011
    Le Collectif pour la Défense des Terres de Fanaye
    Source: PiccMi.com

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  • Le 6 décembre, les Peuples autochtones qui prennent part à la Conférence des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC) ont appelé à un moratoire sur les Programmes de gestion durable des forêts et amélioration des stocks de carbone (en anglais REDD+). Dans une déclaration annoncé à la presse, la  Global Alliance of Indigenous Peoples and Local Communities against REDD and for Life déclare : " REDD+ menace la survie des peuples autochtones et des communautés forestières et pourrait constituer le plus grand accaparement de terres de tous les temps.. Plusieurs études récentes basées sur des recherches en profondeur, démontrent que les peuples autochtones subissent la violation de leurs droits lors de la mise en oeuvre des programmes et des politiques de type REDD+ "

    Berenice Sanchez, du MesoAmerican Indigenous Womens BioDiversity Network au Mexique, affirme que " les supposées garanties sont volontaires, faibles et cachées dans l'annexe. Les projets de type REDD+ violent déjà les droits des peuples autochtones à travers le monde. Nous sommes ici pour demander un moratoire immédiat afin de cesser l'accaparement des terres et les abus causés par REDD+ "

    Le président du Ogiek Council of Elders of the Mau Forest, au Kenya, Joseph K. Towett, ajoute que " Nous supportons un moratoire car tout ce qui blesse nos cousins nous blesse tous et toutes " 

    Marlon Santi, ancien président de la National Confederation of Indigenous Nationalities of Ecuador, affirme quant à lui que " nous sommes ici pour exprimer notre inquiétude quant aux fausses solutions qui font des affaires avec les changements climatiques. Pour les peuples autochtones, le mode de vie que nous maintenons sur nos territoires est sacré. Nous voyons donc les marchés de carbone comme une hypocrisie qui n'empêchera pas le réchauffement climatique. Avec ce moratoire, nous alertons nos peuples à propos des risques qui accompagnent REDD+ : des menaces contre nos droits et ceux de notre Terre Mère, avec les tentatives de transformer nos terres et nos forêts en corbeille à carbone alors que les responsables de la crise continuent de récolter les bénéfices. "

    Un moratoire, immédiatement

    " REDD+, dans sa  mise en oeuvre a prouvé qu'il était un outil inefficace dans la création de modalités de sécurité contraignantes. Nous avons vu les problème qu'il cause et nous les prenons très au sérieux " exprime Tom Goldtooth du Indigenous Environmental Network.

    En se basant sur le principe de précaution, sur des inquiétudes sérieuses quant au respect des droits  humains, quant au respect des droits des peuples autochtones, et sur un volume grandissant d'études signalant l'échec de REDD à protéger les forêts ou a atténuer la crise climatique, la Global Alliance of Indigenous Peoples and Local Communities against REDD and for Life appelle à un moratoire immédiat.

     

    Enquêter sur les violations des droits autochtones

    De plus, dans le document distribué aux médias, ils-elles appellent au Conseil des droits de l'Homme des Nations-Unies, au Haut Commissariat des Instances permanentes sur les questions autochtones ainsi qu'aux organisations de Droits humains d'enquêter et de documenter les violations perpétrées par les projets et politiques de type REDD+, et de se préparer à rapporter, émettre des recommandations et établir des mesures de prévention et de réparation afin de garantir la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones ainsi que des autres instruments et normes.


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  • Le ministre des Affaires indiennes, John Duncan, déposera un projet de loi à la Chambre des communes mardi visant à renforcer la stabilité politique sur les réserves autochtones.

    Ce projet de loi donnerait aux communautés autochtones le droit d'élire un conseil de bande pour un mandat de quatre ans, soit le double de ce qui est permis en vertu de la Loi sur les Indiens, a indiqué une source gouvernementale.

    Plusieurs communautés autochtones ont réclamé ce changement au cours des dernières années en arguant que les dispositions actuelles font en sorte que les élus des communautés autochtones sont constamment en campagne électorale au lieu de s'attaquer à certains problèmes criants.

    « Demain, notre gouvernement déposera un projet de loi afin de créer un système électoral moderne et transparent pour les Premières nations qui le veulent. En faisant cela, nous contribuons à créer un environnement stable et démocratique qui alimentera le développement économique et renforcera la confiance au sein des communautés autochtones », a indiqué une source gouvernementale.

    Cette mesure interviendra alors que la misère que vivent les peuples autochtones fait à nouveau les manchettes. La semaine dernière, le gouvernement Harper a été mis dans l'embarras en raison des graves conditions de vie qui prévalent dans la communauté d'Attawapiskat, en Ontario. Les 2000 habitants de cette communauté située à quelque 500 kilomètres de Timmins vivent dans des conditions carrément insalubres malgré des investissements d'Ottawa frisant les 90 millions de dollars qui ont été faits depuis 2006.

    Le gouvernement Harper a décidé d'imposer une forme de tutelle à la réserve autochtone la semaine dernière.


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  • A Bornéo, les tribus chassées de leur terre face à la modernité

    Sur l'île de Bornéo, les jeunes indigènes chassés de leurs terres au nom du développement économique embrassent la modernité avec avidité. Les anciens, eux, craignent le crépuscule de peuples égarés dans un siècle où les hommes ne valent pas mieux que les arbres.

    Sur l'île de Bornéo, les jeunes indigènes chassés de leurs terres au nom du développement économique embrassent la modernité avec avidité. Les anciens, eux, craignent le crépuscule de peuples égarés dans un siècle où les hommes ne valent pas mieux que les arbres.

    Arrivée à l'âge de quatre ans à Sungai Asap, un village de la partie malaisienne de Bornéo, Lenny Prescially n'a aucun souvenir de son village natal, évacué avant sa submersion par les eaux du barrage hydroélectrique de Bakun, sur la rivière Balui.

    "J'aime vivre à Sungai Asap", clame la jeune fille de 18 ans, de la tribu des Kenyah, les yeux rivés sur l'écran d'un ordinateur public connecté à l'internet.

    Des vieux chasseurs qui continuent de traquer le sanglier, machette au poing, dans les forêts environnantes, elle dit qu'"ils ne connaissent rien". "Il n'y a que les anciens qui veulent vivre comme autrefois".

    Les évacués de Bakun, dont 2.000 Kenyah, ont été relogés à Sungai Asap, une petite ville de l'Etat du Sarawak qui compte aujourd'hui 12.000 habitants de différentes tribus.

    Habitués aux rudes conditions de la forêt primitive, ils y ont gagné un certain confort matériel et sanitaire (eau courante, électricité, hygiène).

    Mais pour le chef des Kenyah, Danny Ibang, l'arrachement des tribus à leur terre a surtout porté un coup mortel à leur culture, à leurs traditions et, in fine, à leur unité.

    "Il y a eu beaucoup de bouleversements sociaux après le barrage de Bakun", déplore-t-il en évoquant les ravages de l'alcool, de la drogue et des grossesses précoces.

    Lancée en 1996, la construction du gigantesque barrage de 2.400 mégawatts fait partie d'un plan de développement engagé par le gouvernement fédéral sous prétexte d'apporter aux quatre millions d'autochtones les droits socio-économiques de la majorité malaisienne: travail, santé, éducation.

    En quelques années, ce territoire riche en ressources naturelles (caoutchouc, bois, cuivre), couvert à 80% par la forêt équatoriale, a vu fleurir concessions forestières et plantations de palmiers à huile --la Malaisie est le premier exportateur mondial d'huile de palme-- là où s'élevait une jungle parmi les plus anciennes de la planète.

    "Le territoire est presque entièrement occupé par les entreprises forestières et les plantations", affirme Mark Bujang, directeur du Borneo Resources Institute, un organisme de défense des peuples autochtones.

    Les communautés locales dénoncent les évacuations forcées, l'expropriation des paysans sans indemnisation, le viol des sépultures.

    Danny Ibang explique que chaque famille de Sungai Asap a reçu un peu plus d'un hectare de sol misérable alors qu'on leur avait fait miroiter huit hectares de terres fertiles.

    En octobre, la tribu des Penan a bloqué des routes d'accès à ses terres pour protester contre la pollution d'une rivière par une société forestière également accusée de déboisement. Les forces de l'ordre ont délogé les manifestants au bout d'une semaine.

    Condamnées à l'indigence, les tribus menacent de répondre par la violence à ce qu'elles perçoivent au minimum comme de la complaisance de la part des autorités locales envers les entreprises.

    "Quand notre terre nous est prise, c'est comme si notre corps se vidait de son sang", enrage Stem Liau, 48 ans, un habitant de Sungai Asap.

    Hasmy Agam, président de la Commission des droits de l'Homme de Malaisie, confie avoir reçu près de 2.000 plaintes pour violation des droits fonciers des autochtones au cours des dix dernières années. Les plaintes, dit-il, sont souvent assorties de menaces.

    Le ministre provincial du Développement du territoire, James Masing, défend sa politique en expliquant que le Sarawak a besoin d'emplois. Il a choisi son camp: "Je suis d'accord avec les jeunes", dit-il.

     


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  •   Les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens de l'environnement

     16 novembre 2011

    awa-fw-c-survival-2_article_columnLes Awá du Brésil ont été anéantis par le projet de développement Carajás financé par la Banque mondiale
    © Fiona Watson/Survival

    Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, les peuples indigènes jouent un rôle décisif dans la préservation des forêts du monde, tandis que les zones de conservation qui les excluent se dégradent.

    Cette analyse montre que le taux de déforestation descend au niveau le plus bas dans les zones protégées où les peuples indigènes peuvent continuer de vivre.

    Dans le monde entier, des millions d'autochtones sont devenus des réfugiés de la conservation, mais la Banque mondiale observe que cette fatalité implique que 'la préservation des forêts s'accomplit aux dépens des moyens de subsistance locaux'.

    Utilisant les données satellite des incendies de forêts comme des indicateurs du niveau de déforestation, la Banque mondiale a constaté qu'entre 2000 et 2008, ce taux se réduisait d'environ 16% sur les terres indigènes.

    80% des zones protégées dans le monde sont les territoires de communautés indigènes qui y vivent depuis des millénaires. Ce n'est pas une coïncidence : les experts reconnaissent de plus en plus la corrélation entre la présence des peuples indigènes et la préservation des forêts.

    Le scientifique Daniel Nepstad estime que les territoires indigènes sont 'le rempart le plus important contre la déforestation de l'Amazonie'.

    Cependant, bien que la Banque mondiale reconnaisse aujourd'hui le rôle crucial des peuples indigènes dans la protection de l'environnement, elle a financé par le passé de nombreux projets controversés menaçant directement leur existence. 
    Le plus connu d'entre eux est le programme Grand Carajás qui a démarré dans les années 1970 après la découverte d'importants gisements de fer au Brésil. Ce projet de développement a eu des conséquences catastrophiques sur les Indiens awá.

    Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré : "Les experts se rendent enfin compte que la préservation des forêts de la planète passe par le respect du droit des peuples indigènes à rester sur leurs terres. Il est navrant de constater que toutes les organisations de préservation de l'environnement n'aient pas encore compris cela. Mises à part les violations des droits de l'homme qu'implique l'expulsion des peuples indigènes, de telles politiques sont totalement contre-productives".

    Référence

    Nelson A, Chomitz KM (2011) Effectiveness of Strict vs. Multiple Use Protected Areas in Reducing Tropical Forest Fires : A Global Analysis Using Matching Methods - PLoS ONE 6(8): e22722. doi:10.1371/journal.pone.0022722


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  • L'Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH) dénonce dans un rapport récent l'exploitation et "l'esclavage" par les Bantous (majoritaires) des populations autochtones dites "pygmées" (minoritaires) au Congo.

    Congo: une ONG dénonce "l'esclavage" des populations pygmées par les Bantous

    "Les peuples autochtones sont considérés par les Bantous comme leurs propriétés au même titre que les bêtes ou animaux domestiques", a indiqué à l'AFP Roch Euloge Nzobo, responsable des programmes de l'OCDH. Il s'exprimait lors de la présentation des résultats d'une série d'enquêtes menée par l'organisation depuis cinq ans, financée par l'Union européenne (UE), sur le mode de vie des autochtones et leurs relations avec les Bantous. "A partir des témoignages recueillis, notre étude montre que les manifestations d'esclavage existent bel et bien au Congo parmi les peuples autochtones", indique l'étude de l'OCDH menée dans quatre départements du Congo: Kouilou (sud), Lekoumou (sud-ouest), Sangha (nord-est) et Likouala (extrême nord) qui connaissent une forte concentration des autochtones. "La discrimination et l'exploitation dont les populations autochtones minoritaires par les Bantous majoritaires souffrent sont encore profondes de nos jours. Et leur survie en tant que peuple distinct ayant droit au respect de leurs droits humains individuels et collectifs en dépend", note encore l'Association. "Dans le nord Congo, ils sont considérés comme des esclaves. Quand on arrive au sud, à quelques exceptions près, la situation est la même", affirmait en août à l'AFP Valentin Mavoungou, directeur général des droits de l'Homme et des libertés fondamentales au ministère de la Justice.


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  • a préservation des forêts constitue un enjeu fondamental pour l’environnement de la Terre. Et selon la Banque Mondiale, les peuples indigènes jouent un rôle décisif dans cette préservation, rapporte Survival, ONG consacrée à la défense des peuples premiers.

    Dans leur tradition et leur façon de vivre, les indigènes ont toujours témoigné d’un grand respect pour leur terre. Le rapport précise que 80% des «écorégions» les plus riches en biodiversité du monde sont habitées par des peuples indigènes. Une «écorégion» a pour caractéristique d'abriter un environnement naturel préservé par les populations indigènes qui y vivent.

    Une récente étude prouve que dans les zones protégées habitées par ces peuples, le taux de déforestation atteint son niveau le plus bas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: entre 2000 et 2008, le taux de déforestation a réduit de 16%.

    Mais cette quête de la préservation présente aussi des limites. Au nom de la «conservation», des millions d’individus sont expulsés de leurs terres. Ces gens deviennent des «réfugiés de la conservation».

    En Tanzanie, le parc de Ngorongoro est des plus célèbres.

    «Cependant, peu de visiteurs savent que dans les années 1970, les expulsions qui ont eu lieu dans la moitié de cette zone —le parc national de Serengeti— ont forcé les résidents maasai et leurs troupeaux à s’entasser dans la zone de conservation de Ngorongoro.» 

    En République démocratique du Congo (RDC), une veuve twa de la région du parc national de Kahuzi-Biega raconte le traumatisme de l'expulsion qui a condamné sa communauté à l'extrême pauvreté:

    «Nous ne savions pas qu’il arrivaient. Puis soudain l’un d’entre eux a forcé la porte de notre maison et a commencé à crier que nous devions partir immédiatement car le parc n’était plus à nous. Je ne comprenais pas ce qu’il disait, car tous mes ancêtres ont vécu sur ces terres.»

    Si la Banque mondiale salue aujourd’hui le rôle des peuples indigènes dans la préservation des forêts, l’institution n’a pas toujours en agi en tenant compte de leurs considérations.

    Stephen Cory, directeur de Survival International, estime que la question des peuples indigènes doit davantage être mise en avant:

    «Les experts se rendent enfin compte que la préservation des forêts de la planète passe par le respect du droit des peuples indigènes à rester sur leurs terres. Il est navrant de constater que toutes les organisations de préservation de l'environnement n'aient pas encore compris cela. Mises à part les violations des droits de l'homme qu'implique l'expulsion des peuples indigènes, de telles politiques sont totalement contre-productives.»


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  • Le Chef national de l'Assemblée des Premières Nations (APN), Shawn A-in-chut Atleo, a déclaré aujourd'hui que tout le monde a un rôle précis à jouer pour faire en sorte que les droits humains fondamentaux soient respectés, y compris les normes internationales relatives aux droits humains autochtones contenues dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (la déclaration de l'ONU). Dans un geste réclamé depuis longtemps par les dirigeants des Premières Nations et des nations autochtones du monde entier, le Canada a ratifié il y a un an la déclaration de l'ONU, revenant ainsi officiellement sur sa position antérieure.

    « La déclaration de l'ONU oblige les États et les peuples autochtones à travailler ensemble dans un esprit de partenariat et de respect mutuel », rappelle le Chef national de l'APN, Shawn Atleo. « Cette obligation crée un nouveau contexte et offre aux citoyens des Premières Nations de ce pays la possibilité de réaliser leur plein potentiel dans tous les domaines, que ce soit dans l'éducation, la santé ou l'économie, et crée les conditions pour y arriver. »

    Comme le faisait remarquer le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, la déclaration de l'ONU « a représenté un moment historique et permis aux États membres de l'ONU et aux peuples autochtones d'accepter leur douloureuse histoire commune et d'avancer de concert sur le chemin des droits humains, de la justice et du développement pour tous. » Au moment de l'adoption de la déclaration, M. Ban Ki-Moon avait appelé les gouvernements et la société civile « à progresser rapidement dans le travail d'intégration des droits des peuples autochtones dans les projets relatifs aux droits humains internationaux et au développement, de même que dans les politiques et les programmes à tous les niveaux, pour faire en sorte que l'idéal sur lequel repose la déclaration devienne une réalité. »

    Après la ratification par le Canada, l'APN et les Premières Nations sont passées de la promotion de la déclaration de l'ONU au travail requis pour mettre en œuvre et faire progresser les droits des Premières Nations. Ces efforts ont compris des campagnes intensives d'éducation et d'information, notamment une importante Webdiffusion, de même que la promotion de mesures et de plans d'action précis.

    L'exemple le plus significatif de telles mesures est l'élaboration d'un Plan d'action conjoint Canada-Premières nations. Le Plan d'action reconnaît que « le Canada et les Premières Nations partagent une relation historique durable fondée sur le respect mutuel, l'amitié et l'appui. » De plus, il fait référence à l'évolution de ces relations, illustrée par des mesures importantes comme l'excuse historique du premier ministre aux anciens élèves des pensionnats indiens, la création de la Commission de témoignage et de réconciliation, la création du Tribunal des revendications particulières et la ratification de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le plan prévoit des mesures importantes qui permettront de faire évoluer cette relation, notamment dans les domaines de l'éducation, des traités, du règlement des revendications, du développement économique et des réformes politiques, et d'enrichir à long terme les peuples des Premières Nations et tous les Canadiens.

    « Les chefs nous ont clairement demandé de faire de la déclaration de l'ONU un guide dans notre action militante et nos efforts. Le respect mutuel et le partenariat qu'appelle la déclaration de l'ONU, ainsi que les normes qui y sont clairement énoncées, influencent tout ce que nous faisons », a expliqué le Chef national Atleo. « Il est tout à fait opportun que l'anniversaire de la ratification par le Canada de la déclaration de l'ONU soit si rapproché du jour du Souvenir. Nos nombreux vétérans étaient et sont toujours de fiers combattants pour la liberté et les droits humains. La ratification de la déclaration de l'ONU représente une autre étape importante de ce combat pour le respect des droits humains. À l'avenir, les Premières Nations auront encore plus de chances de promouvoir leurs droits et leurs responsabilités et d'atteindre des changements durables grâce à la justice et au progrès. »

    On trouvera en ligne de plus amples renseignements sur le travail de l'APN relatif à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones à l'adresse http://www.afn.ca/index.php/en/webinar-the-united-nations-declaration-on-the-rights-of-indigenous-peo

    L'Assemblée des Premières Nations est l'organisme national qui représente les citoyens des Premières Nations au Canada. Suivez l'APN et le Chef national Atleo sur Twitter à @AFN_Updates, @AFN_Comms et @NCAtleo.

    Renseignements :

    Jenna Young, agente de communications, APN,
    613-241-6789, poste 401, cell. : 613-314-8157, ou jyoung@afn.ca

    Alain Garon, agent de communications bilingue, APN, 613-241-6789, poste 382, cell. : 613-292-0857 ou agaron@afn.ca


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  • La Bolivie, qui vient de trouver lundi 24 octobre une issue au conflit l’opposant aux Indiens d’Amazonie, n’est pas le seul pays d’Amérique latine en proie à de fortes contestations de la part de ses peuples indigènes. Ainsi, depuis quelques mois, la question aymara secoue le Pérou, avec notamment la mise en péril d’un trésor du pays : le tourisme.

    Le tourisme, c’est pas le Pérou pour les peuples indigènes !

    Chaque année, le Pérou accueille entre 1,2 et 1,5 millions de touristes. Dans l'imaginaire occidental, ce pays est représenté par un territoire de légendes et des sites archéologiques incas au milieu de paysages exotiques, comme ceux de la forêt amazonienne, et majestueux comme les montagnes andines. Machu Picchu, lac Titicaca, canyon du Colca, Nazca, Manu, etc. : autant de noms qui apparaissent dans les catalogues touristiques du monde entier et qui transmettent l'image d'un pays incontournable pour les globe-trotters. Tous les ans, le succès de la saison touristique au Pérou se joue, en grande partie, pendant les mois de juillet et août. Les destinations les plus importantes pour le tourisme étranger sont regroupées dans le triangle andin formé par les villes d'Arequipa, de Puno et de Cuzco. L'impact du tourisme représente plus de 70% de l'économie locale des villes de Puno et Cuzco notamment.

    Malgré des prévisions optimistes pour la saison touristique 2011, l'industrie du tourisme a subi cette année une belle déconvenue, surtout dans la région du lac Titicaca. La cause de ce déboire ? Le mouvement contestataire des indigènes, et plus précisément le mouvement des Aymaras de la région du haut plateau andin. Héritiers d'une culture ancienne, les Aymaras occupent aujourd'hui un territoire sur le haut plateau andin, partagé entre le Pérou, la Bolivie et le nord du Chili. Le peuple aymara a non seulement survécu à la conquête des Incas puis des espagnols, mais aussi à tous les programmes d'assimilation culturelle mis en place par les différents gouvernements républicains.

    L'identité culturelle aymara a été farouchement préservée tout au long de l'histoire et jusqu'à nos jours, surtout dans la région du lac Titicaca. C'est dans cette région que la culture aymara régit la vie quotidienne des habitants, plus de huit cent mille personnes qui ont conservé une forme de vie traditionnelle avec sa propre langue et ses propres coutumes. Précisément, la reconnaissance de tous ces éléments comme une culture propre et unique, sous la forme de statut de « Nation aymara », a toujours été une demande permanente de cette population, jamais assouvie jusque-là.

    Mais cette revendication n’est pas à l'origine du dernier mouvement de contestation de l’été dernier, qui s’est soldé par la mort de quatre activistes. Le fait déclencheur du mouvement a été la décision du gouvernement péruvien de donner en concession à des grandes entreprises, la plupart étrangères, une partie du territoire du haut plateau andin pour l'exploitation minière. Cette décision, prise sans consultation préliminaire des communautés aymaras qui habitent les zones données en concession, a allumé la mèche du mouvement dont les conséquences, économiques et humaines, sont catastrophiques pour l'une des régions les plus pauvres du Pérou.

    Cette crise révèle une espèce d'antinomie de la mondialisation. D'une part, cette dernière a produit une sorte d’enracinement identitaire car confrontée à d’autres cultures (plus globales, plus puissantes en termes économiques et technologiques), l'identité culturelle d'un peuple se retranche sur ses traditions et coutumes en guise de stratégie de résistance. D'autre part, la mondialisation a produit l'explosion du tourisme mondial grâce à l’essor des moyens de communication et de transport qui ont fait du monde une « aldée globale » toujours plus « proche ». Dans la même logique des choses, l’évolution des moyens de communication et de transmission des données a éliminé virtuellement la distance qui nous sépare des hommes et des femmes « lointains », des peuples indigènes et de leurs cultures.

    Le paradoxe de cette situation est que les acteurs centraux de cette activité ne tirent pas grand profit du tourisme, dont les bénéfices restent dans les mains des intermédiaires et des agents touristiques. La plupart des communautés indigènes, sauf quelques rares exceptions, recueillent des clopinettes pour tout remerciement. Cette mise à l'écart nourrit de plus en plus le sentiment de révolte chez ces communautés indigènes. La concession pour l'exploitation minière des zones localisées sur des territoires appartenant aux communautés indigènes a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Finalement, peu importait la raison, justifiée ou non : il a suffit d'un fait de plus pour que l'enracinement identitaire aymara se transforme en mouvement de résistance et révolte.

    Que ce soit l'activité touristique, le système éducatif, l'exploitation minière ou le système judiciaire, la situation des peuples indigènes au Pérou nécessite une redéfinition intégrale de la politique du pays pour construire un projet national plus juste, respectueux et équitable pour tous ses citoyens. Après Bagua, le mouvement des indigènes de la forêt amazonienne en 2009, le mouvement aymara est la deuxième mise en garde de cet ordre pour le gouvernement péruvien.

    Le tout nouveau président du Pérou, Ollanta Humala, a fait de la question indigène le sujet central de la dernière campagne électorale. De plus, à peine installé, le parlement péruvien a adopté la loi dite « De consulta previa » (Loi sur la Consultation préalable), afin d’être conforme à la Convention 169 relative aux droits des peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants de l'OIT (Organisation Internationale du Travail) dont le Pérou est signataire. Cette nouvelle loi oblige le gouvernement et les entreprises à demander l'accord des communautés indigènes pour la mise en place d'activités économiques sur leurs territoires.

    Même si cette loi est un pas en avant pour la reconnaissance des droits des peuples indigènes, il y a encore beaucoup de chemin a faire pour passer de la simple reconnaissance des droits à l'étape de construction de passerelles culturelles et sociales qui permettent aux populations autochtones de devenir de véritables acteurs du développement du pays. Dans cette perspective, le secteur du tourisme joue un rôle important. Il s'agit de concevoir des projets conjoints avec les communautés indigènes qui leur permettent non seulement de participer aux bénéfices économiques mais aussi d’être parties prenantes de la construction d'une véritable société multiculturelle. Une nécessité urgente pour le Pérou.

     

     


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  • Inde : Kartam Joga, emprisonné pour défendre les droits des Adivasis

    Depuis plus d'un an, Kartam Joga est en prison, poursuivi pour avoir dénoncé les violations des droits humains que subissent les Adivasis. Ces peuples autochtones sont victimes de violations répétées de leurs droits dans le cadre des affrontements entre les forces de sécurité et les milices privées d’une part, et les Maoïstes armés (aussi appelés Naxalites) d’autre part, dans l’État du Chhattisgarh, au centre de l’Inde.

    En 2005, Kartam Joga a été attaqué et blessé par des membres d'une milice locale privée, la Salwa Judum. Depuis, il a orga­nisé des réunions dans les villages pour rassembler des informations sur les atteintes aux droits humains contre les Adivasis (population autochtone), notamment les plus de cinq cents cas d'exécutions extrajudiciaires, les cas de violences sexuelles et de viols, les incendies volontaires de hameaux et de maisons, et le déplacement de six cent quarante-quatre hameaux adi­vasis qui en a découlé.

    Trente mille Adivasis sont toujours déplacés en Inde suite au conflit avec les Maoïstes. En savoir plus sur la situation de la minorité Adivasi.

    Kartam Joga est membre du Parti communiste de l'Inde (PCI) et élu d'un organe du gouvernement local du district de Dantewa­da dans la région de Bastar, État du Chhattisgarh.

    Arrêté le 14 septembre 2010, il est détenu aujourd'hui dans la prison du district de Dantewada. Sous le coup de plusieurs chefs d'inculpation - collaboration avec les Maoïstes dans une embuscade où des membres des forces de police ont été tués et à plusieurs autres attaques armées - il risque une peine allant de dix ans de prison à la peine de mort. Amnesty In­ternational estime que ces chefs d'accusation sont dénués de fondement et uniquement motivés pour des raisons politiques : les autorités de l'État de Chhattisgarh ont décidé d'emprisonner et d'inculper Kartam Joga en réaction aux critiques adressées à l'État du Chhattisgarh par la Cour suprême de l'Inde lors de l'audition de cette requête.

    En 2007, Kartam Joga et deux autres dirigeants du PCI avaient en effet présenté une requête à la Cour suprême de l'Inde concernant les violations de droits humains au Chhattisgarh et l'impunité dont bénéficient les forces de sécurité et la Salwa Judum, impliquées dans des opérations contre les Maoïstes armés depuis 2005. Le 5 juillet 2011, la Cour suprême a jugé que la formation de ces milices anti-maoïstes était « anticonstitutionnelle ». Elle a interdit leur utilisation, soutien et armement par l'État de Chhat­tisgargh ainsi que leur recrutement. Elle a également ordonné aux autorités de mettre en œuvre des enquêtes concernant les plaintes déposées à l'encontre de la Salwa Judum.

    L'emprisonnement et l'inculpation de Kartam Joga sont un exemple flagrant supplémentaire de la façon dont depuis 2005 les autorités du Chhattisgarh ciblent de plus en plus ceux qui cherchent à défendre pacifiquement les droits humains des communautés adivasis.

     


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  • Six cents Indiens et écologistes qui occupaient le chantier de construction du barrage géant de Belo Monte en plein coeur de l'Amazonie pour exiger l'arrêt des travaux ont quitté les lieux après un ordre judiciaire d'expulsion, a déclaré vendredi un porte-parole des manifestants.

    "Nous sommes sortis pacifiquement tel que nous étions entrés. C'était un acte Pacifique pour attirer l'attention sur ce projet de mort pour l'Amazonie", a déclaré à l'AFP, Eden Magalhaes porte-parole du Conseil indigène missionnaire (Cimi), un organisme lié à l'Eglise catholique.

    Jeudi soir la justice de l'Etat amazonien du Para, saisie par l'entreprise Norte Energia -qui fait partie du consortium en charge de la construction du barrage-, a ordonné l'explusion des manifestants qui avaient envahi le chantier à l'Aube et bloqué un tronçon de la route transamazonienne.

     

    "Un juge est arrivé avec la troupe de choc. Après une assemblée, nous avons décidé de partir mais nous avons renforcé notre union et notre résistance au barrage", a souligné M. Magalhaes.

    L'occupation avait pour but d'exiger l'arrêt des travaux ou au moins une suspension le temps de consulter les indigènes et les riverains qui seront déplacés par le barrage, a-t-il précisé.

    D'un coût évalué à 11 milliards de dollars, Belo Monte a une puissance prévue de 11.200 mégawatts, ce qui en fera le troisième barrage le plus important au monde après ceux des Trois-Gorges, en Chine, et d'Itaipu, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay.


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