Selon les dénombrements officiels, un troupeau de rennes, qui était autrefois le plus grand du monde, a été réduit à une infime portion de sa taille originale.
Le troupeau de la rivière George, au Canada, évalué autrefois à 8 à 900 000 têtes, n’en comptait plus l’été dernier que 27 600.
Le déclin dramatique et sans précédent de leur troupeau a suscité la vive préoccupation des peuples indigènes de la région qui craignent pour leur survie.
Un ensemble de facteurs caractérise ce déclin, que des ministres du gouvernement ont qualifié de ‘considérable et terrifiant’.
Les rennes, appelés caribous en Amérique du Nord, tiennent une place centrale dans la vie et la culture de nombreux peuples indigènes des régions sub-arctiques. La baisse de 63% de leur population ces deux dernières années les a profondément traumatisés.
George Rich, un aîné innu du nord-est du Canada, a confié à Survival : ‘ L’exploitation et l’exploration minières à outrance est l’une des principales causes de la disparition des caribous. La compagnie Quest Minerals a, par exemple, récemment annoncé qu’elle projetait de construire une route qui traversera le cœur de l’aire de mise bas du caribou et que des hélicoptères et des avions survoleront la zone pour atteindre les sites d’exploration’.
Les projets industriels canadiens ont détruit une grande partie des pâturages, affectant gravement les routes migratoires des caribous.
Le déclin du troupeau a conduit certains biologistes à désapprouver les pratiques de chasse des Innu qui ont vivement réagi. Ainsi Georg Rich a-t-il fait valoir : ‘Le gouvernement nous accuse toujours, nous les peuples indigènes, mais il oublie que nous coexistons depuis des générations avec les caribous et que nous avons une profonde relation avec eux’.
Les Innu appellent à un meilleur contrôle de leurs territoires et de leurs ressources et demandent à être partie prenante dans les décisions qui affectent leurs terres et les animaux qui y vivent.
Il est facile de reprocher aux peuples indigènes de pratiquer la surchasse puisqu’ils n’ont généralement pas la possibilité de se défendre de ces accusations. Mais il a été largement prouvé qu’ils sont les meilleurs gardiens de leur environnement. Quand les gouvernements et les scientifiques le comprendront-ils enfin ? Nous devons commencer à écouter ce que les peuples indigènes ont à nous dire sur les problèmes qui affectent leurs propres terres : ils le savent mieux que quiconque’.