• Élections Québec 2012: Le nécessaire accord des peuples autochtones

    Dans un communiqué de presse publié le 23 août et malheureusement passé sous silence par les grands médias, le chef de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, demandait aux partis politiques en lice aux élections du 4 septembre de s’engager à ce que le futur gouvernement tienne un sommet sur le territoire et le développement, dans les cent jours suivant son élection. Le chef de l’APNQL expliquait : « Le dialogue de sourds a assez duré et il faut que les sujets qui intéressent les Premières Nations soient un incontournable pour le parti politique qui deviendra le gouvernement le 4 septembre prochain ».

     

    Comment ne pas écouter cet appel de Ghislain Picard, quand on sait que des sujets comme le développement économique du Nord, l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles et les redevances touchées sur celles-ci - autant de sujets dont les premiers intéressés sont les peuples autochtones - se retrouvent au cœur même des débats électoraux, sans que les Premières Nations soient mentionnées ? Comment continuer à fermer les yeux et les oreilles sur les préoccupations des « peuples invisibles », comme les appelle Richard Desjaardins, qui occupent ce territoire depuis des temps immémoriaux ?

     

    Il est vrai qu’en raison de la Convention de la Baie-James et Nord québécois signée en 1975, le gouvernement libéral de Jean Charest a dû venir à une entente politique avec le Grand Conseil des Cris pour pouvoir aller de l’avant avec son Plan Nord. Cette entente n’empêche pas des désaccords importants, notamment quant au projet d’exploitation d’uranium Matoush dans les monts Otish. Il est également vrai que les autorités politiques inuit se sont, dans un premier temps, montrées favorables au Plan Nord, mais cet accord préalable a de plus en plus de plomb dans l’aile. Les autres peuples touchés par le développement économique du Nord, les Innus, les Atikamekw et les Anishnabe (Algonquins), ont quant à eux été purement et simplement ignorés

     

    Québec solidaire, lui, défend une tout autre position en s’engageant à ce que tout projet de développement économique affectant le territoire des communautés autochtones soit assorti d' « une entente avec ces communautés, sur le type de développement et les modalités qui répondraient à leurs aspirations ».

     

    Québec solidaire s’engage aussi à « faire adopter, sans condition, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l’Assemblée nationale et à l'appliquer ». À son article 27, cette déclaration internationale, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2007 et à laquelle le Canada a finalement accepté d’adhérer du bout des lèvres, après des années d’hésitations, spécifie : « Les États mettront en place et appliqueront, en concertation avec les peuples autochtones concernés, un processus équitable, indépendant, impartial, ouvert et transparent prenant dûment en compte les lois, traditions, coutumes et régimes fonciers des peuples autochtones, afin de reconnaître les droits des peuples autochtones en ce qui concerne leurs terres, territoires et ressources, y compris ceux qu’ils possèdent, occupent ou utilisent traditionnellement, et de statuer sur ces droits. Les peuples autochtones auront le droit de participer à ce processus ».

     

    Reconnaître les droits nationaux et territoriaux des peuples autochtones, obtenir leur consentement pour le développement de leurs territoires ancestraux, conclure des ententes, de gré à gré, d’égal à égal, n’est cependant pas qu’une question de respect de nos obligations internationales. C’est aussi et surtout la seule manière d’assurer des relations pacifiques, harmonieuses, respectueuses, avec des peuples avec lesquels nous cohabitons et avec lesquelles les générations à venir continueront à cohabiter. C’est drôlement plus important que les calculs à court terme, qu’ils soient économiques ou électoraux !


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