• En Equateur, un référendum approuve l’arrêt de l’exploitation d’un gisement pétrolier dans la réserve amazonienne de Yasuni

    En Equateur, un référendum approuve l’arrêt de l’exploitation d’un gisement pétrolier dans la réserve amazonienne de Yasuni

    Cette terre indigène, qui s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire, constitue une réserve unique de biodiversité. Les défenseurs de l’Amazonie saluent une « victoire historique ».

    Ils ont dit stop. Lors d’un référendum organisé dimanche 20 août 2023, parallèlement à des élections générales anticipées et selon les résultats publiés lundi 21 août, les Equatoriens ont voté à 59 % pour l’arrêt de l’exploitation pétrolière dans le Bloc 43, un gisement emblématique de la réserve amazonienne de Yasuni, dans l’est du pays.

    Réclamée par un groupe environnemental depuis dix ans, cette consultation nationale sur l’avenir du bloc Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), d’où sont extraits 12 % des 466 000 barils produits par jour en Equateur, avait été finalement autorisée en mai par la plus haute juridiction du pays.

     

    La compagnie pétrolière nationale Petroecuador, jusqu’à présent autorisée à intervenir sur quelque 300 hectares du Yasuni mais qui dit n’avoir exploité que 80 hectares, a déclaré lundi dans un communiqué qu’elle se conformerait à la « décision souveraine » des Equatoriens. Le gouvernement, qui s’opposait à cette consultation, estimait les pertes financières à 16,47 milliards de dollars (15 milliards d’euros environ) sur vingt ans si le bloc était révoqué.

    Leonardo DiCaprio et Greta Thunberg saluent le résultat

    Bien que d’autres champs pétroliers soient encore en activité dans le parc Yasuni, le Bloc 43 est devenu un symbole de la démocratie climatique et a attiré l’attention de célébrités mondiales et d’activistes qui ont suivi le référendum de près.

    La star hollywoodienne Leonardo DiCaprio, qui a fait campagne en faveur de l’arrêt de l’exploitation pétrolière, a salué le référendum comme « un exemple de démocratisation de la politique climatique ». L’activiste suédoise Greta Thunberg, également engagée dans le référendum, a écrit sur Instagram : « Voilà ce qu’est l’action climatique. »

     

    Réserve naturelle unique par la richesse de sa biodiversité, le Yasuni s’étend sur près d’un million d’hectares de forêt humide et primaire. Il est aussi une terre indigène : territoire historique des Waorani, il abrite aussi des Kichwa, ainsi que les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri, dernières communautés vivant en isolement volontaire en Equateur et fuyant la civilisation moderne.

    « Aujourd’hui, l’Equateur a fait un pas de géant pour protéger la vie, la biodiversité et les peuples indigènes ! », ont célébré sur le réseau X (anciennement Twitter) les deux principales organisations indigènes du pays, la Confeniae et la Conaie.

    Le groupe environnemental Yasunidos, à l’origine du référendum, s’est félicité d’« une victoire historique pour l’Equateur et pour la planète » : « C’est la première fois qu’un pays décide de défendre la vie et de laisser le pétrole dans le sol. »

    « L’Equateur devient le premier pays au monde à arrêter des forages pétroliers grâce à la démocratie climatique directe », ont également célébré un collectif d’ONG, dont Amazon Frontlines, Yasunidos et Alianza Ceibo. « Le résultat du référendum protège de façon permanente l’un des endroits les plus riches de la planète, marquant ainsi une victoire majeure pour les droits des peuples autochtones, la conservation de la forêt tropicale et la lutte contre le changement climatique », clame un communiqué conjoint.

    Exploitation minière rejetée aussi autour de Quito

    L’exploitation du pétrole est l’un des piliers de l’économie équatorienne – dollarisée – depuis les années 1970. Le pétrole brut, premier produit d’exportation du pays, a généré des revenus de 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) en 2022, soit environ 10 % du PIB.

    Ce sont près de 500 000 barils qui sont produits par jour dans toute la partie amazonienne du pays (Nord-Est). Ce brut est transporté par oléoduc vers la côte Pacifique, et sur des millions d’hectares se succèdent puits, pipelines, tankers, camions-citernes, stations de traitement et torchères enflammées…

     

    Cette industrie s’est révélée une bénédiction pour les caisses de l’Etat et le « développement » du pays, selon les autorités. Mais une malédiction synonyme de dette, de pauvreté et de pollution à grande échelle, accusent les activistes pro-environnement.

    Le président conservateur sortant Guillermo Lasso (au pouvoir depuis 2021) entendait doubler la production nationale. Il quittera le pouvoir en octobre, à l’issue du second tour de la présidentielle anticipée qui verra s’affronter le 15 octobre une candidate socialiste et le fils d’un milliardaire magnat de la banane.

    Dimanche, dans une autre consultation, locale celle-là, les habitants du district métropolitain de Quito ont voté à 68 % pour l’arrêt de l’exploitation minière dans six petites villes de la périphérie de la capitale, dans le territoire du Choco Andino, 287 000 hectares de forêts, déclaré réserve de biosphère par l’Unesco. La zone est souvent décrite comme « le poumon de Quito » et abrite notamment l’ours des Andes.

     


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