•   Luther Standing Bear (Ours Debout) était un chef Sioux Oglala Lakota qui, parmi quelques rares autres tels que Charles Eastman, Élan Noir, et Gertrude Bonnin à avoir occupé le clivage entre le mode de vie des autochtones des Grandes plaines avant et pendant l’arrivée et la propagation ultérieure des pionniers européens. Élevé dans les traditions de son peuple jusqu’à l’âge de onze ans, il a ensuite étudié à l’école de Carlisle en Pennsylvanie, où il a appris la langue et le mode de vie anglais. (Carlisle reste un lieu de controverse dans les milieux autochtones.)

       Ses racines indigènes le laissent dans la position unique d’intermédiaire entre les cultures. Bien que son mouvement à travers le monde de l’homme blanc n’était pas sans « succès », il a eu de nombreux rôles au cinéma à Hollywood, son héritage durable était la protection du mode de vie de son peuple.
    Au moment de sa mort, il avait publié quatre livres et était devenu le chef du mouvement progressiste visant à préserver le patrimoine et la souveraineté des Amérindiens, c’était une voix forte dans l’éducation de l’homme blanc sur le mode de vie des Amérindiens. Voici donc 10 citations du grand chef indien Sioux connu sous le nom de Ours Debout qui perturberont une grande partie de ce que vous pensez savoir sur la culture « moderne ».
     
      
       1) Les louanges, les flatteries, les manières exagérées, et les belles paroles ne faisaient pas partie de la politesse Lakota. Les manières exagérées étaient considérées comme de la mauvaise foi, et ceux qui parlaient constamment étaient considérés comme impolis et irréfléchis. La conversation n’a jamais commencé tout de suite, ou précipitamment.
     
     
       2) On enseignait aux enfants que la vraie politesse devait être définie par des actions plutôt que des mots. Ils n’ont jamais été autorisés à passer entre le feu et la personne âgée ou un visiteur, à parler alors que d’autres parlaient, ou à se moquer d’une personne infirme ou défigurée. Si un enfant essayait de le faire sans réfléchir, un parent le remettait immédiatement dans le droit chemin avec une voix calme.
     
       3) Le silence était significatif pour le Lakota, et l’accord d’un moment de silence avant de parler était fait dans la pratique de la vraie politesse et tenait compte de la règle selon laquelle « la pensée vient avant la parole »… et au milieu de la douleur, la maladie, la mort ou le malheur de quelque nature que ce soit, le silence était la marque de respect… le strict respect de ce principe de bonne conduite a été la raison, sans doute, pour laquelle l’homme blanc l’a faussement qualifié de stoïque. On l’a jugé bête, stupide, indifférent et insensible.
     
     
       4) Les vastes plaines ouvertes, les belles collines qui ondulent et les ruisseaux qui serpentent n’étaient pas « sauvages » à nos yeux. C’est seulement pour l’homme blanc que la nature était « sauvage », seulement pour lui que la terre était « infestée » d’animaux « sauvages » et de peuplades « sauvages ». Pour nous, la terre était douce, et nous vivions comblés des bienfaits du Grand Mystère.
     
      5) Le sentiment de fraternité pour toutes les créatures de la terre, du ciel et de l’eau était un principe réel et actif. Les Lakotas éprouvaient pour le monde des animaux et des oiseaux un sentiment fraternel qui écartait tout danger ; en fait, certains d’entre eux étaient devenus si proches de leurs amis à plumes ou à poils qu’ils parlaient en véritables frères une langue commune.
     
       6) Cette conception de la vie et de ses relations consistait à humaniser et à donner au Lakota un amour respectueux. Elle a rempli son être avec la joie et le mystère de la vie ; elle lui a donné le respect pour toute la vie ; elle lui a fait une place pour toutes les choses dans le système de l’existence avec la même importance pour tous.
     
     
       7) C’était bon pour leur peau de toucher la terre et les personnes âgées aimaient retirer leurs mocassins pour fouler la terre sacrée avec leurs pieds nus. Leurs tipis étaient bâtis sur la terre et leurs autels étaient faits de terre. Les oiseaux qui volaient dans l’air venaient se reposer sur la terre, qui est le lieu de repos final de toutes les choses qui vivent et croissent. Le sol apaisait, fortifiait, purifiait et guérissait. C’est pourquoi le vieil Indien continue à s’asseoir sur la terre au lieu de se redresser et de s’éloigner de ce qui lui donne la force vitale. Le fait d’être assis ou couché sur le sol lui permet de penser plus profondément et de sentir avec plus d’intensité. Il entrevoit plus clairement les mystères de la vie et se rapproche fraternellement des autres existences qui l’entourent.
     
       8) Tout possédait une personnalité, seule la forme différait de nous. La connaissance était inhérente à toutes choses. Le monde était une bibliothèque et ses livres étaient les pierres, les feuilles, l’herbe, les ruisseaux, et les oiseaux et les animaux qui ont partagé, aussi bien avec nous, les tempêtes et les bénédictions de la terre. Nous avons appris à faire ce que l’élève apprend seulement de la nature, et c’était pour sentir la beauté. Nous n’avons jamais déblatéré contre les tempêtes, les vents furieux, les gelées et les neiges . Donc tout ce qui vient, nous devons le régler nous-mêmes avec plus d’efforts et d’énergie , mais sans se plaindre.
     
      
       9) Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le cœur de l’homme éloigné de la nature devient dur. Il savait que l’oubli du respect dû à tout ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l’homme. Aussi maintenait-il les jeunes sous la douce influence de la nature.
     
     
       10) On m’a imposé la civilisation…et cela n’a pas ajouté de connaissance à mon amour incorruptible de la vérité, de l’honnêteté et de la générosité.
     
     
      Source : Winsdom pills via http://alalumieredunouveaumonde.blogspot.com/2015/06/10-citations-dun-chef-sioux-qui-vous.html

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  •   A l'occasion de la journée mondiale des peuples indigènes des Nations-Unies, Survival révèle cinq facettes du génocide

     

    Une femme aché, peu de temps après avoir été capturée et éloignée de sa forêt en 1972, Paraguay.
    Une femme aché, peu de temps après avoir été capturée et éloignée de sa forêt en 1972, Paraguay.

                                                          © A. Kohmann/Survival

    Pour marquer la journée mondiale des peuples indigènes des Nations-Unies, le 9 août 2014, Survival International expose les cas de cinq peuples indigènes qui ont été victimes de génocide au cours du XXe siècle — et attire l’attention sur le fait que d’autres génocides sont encore possibles de nos jours.

    Parmi les peuples indigènes qui ont fait l’objet de violence génocidaire figurent* :

    - Les Aché, Paraguay : dans un procès historique intenté en avril 2014, les Indiens aché ont poursuivi le gouvernement paraguayen pour le génocide qu’ils ont subi. Les Aché ont été décimés par les colons qui organisèrent des raids mortels contre eux, capturèrent les femmes et les enfants pour les vendre comme esclaves dans les années 1950 et 1960.

    - Les Akuntsu, Brésil : en 1985, des enquêteurs du gouvernement ont découvert une maison communautaire qui avait été détruite au bulldozer et la preuve qu’un massacre avait été perpétré à l’encontre de cette communauté akuntsu. La plupart des membres furent assassinés. Seuls cinq d’entre eux ont survécu. Ils sont les derniers témoins de ce génocide silencieux.

    Ces cinq Akuntsu sont les derniers survivants d'un génocide silencieux, Brésil.
    Ces cinq Akuntsu sont les derniers survivants d'un génocide silencieux, Brésil.
      © Fiona Watson/Survival

    - Les Jumma, Bangladesh : l’armée bangladaise et une vague de colons ont mené une campagne génocidaire de meurtres, viols, tortures et incendies des villages jumma. En 1997, un accord de paix a mis fin aux pires des atrocités, mais les meurtres, les incendies de villages jumma, la spoliation deLes Jumma ont été victimes d'une campagne génocidaire aux mains des colons et des militaires au Bangladesh.s terres et les arrestations restent monnaie courante.

    Les Jumma ont été victimes d'une campagne génocidaire aux mains des colons et des militaires au Bangladesh.
    © Mark McEvoy/Survival

    - Les Yanomami, frontière du Brésil et du Venezuela : en 1993, des orpailleurs clandestins ont lancé un assaut sur le village yanomami de Haximú, tuant 16 Indiens, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants. Dans une décision judiciaire sans précédent, quatre des auteurs de ce crime furent reconnus coupables de génocide. 

     

    Les survivants du massacre de Haximú, au cours duquel des orpailleurs ont assassiné 16 Indiens yanomami, portent des urnes contenant les cendres de leurs proches.
    Les survivants du massacre de Haximú, au cours duquel des orpailleurs ont assassiné 16 Indiens yanomami, portent des urnes contenant les cendres de leurs proches.
    © C Zacquini/ Survival
      

    Tant de gens avaient été tués qu’ils n’ont pas pu les enterrer tous et leurs cadavres ont été dévorés par les vautours.’ Des experts brésiliens ont mis en garde contre un ‘nouveau génocide’ si leur territoire n’était pas protégé des bûcherons illégaux et des trafiquants de drogue soupçonnés d’avoir commis ces atrocités.

    Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Les sociétés industrialisées soumettent les peuples indigènes à la violence génocidaire, à l’esclavage et au racisme dans le but de les spolier de leurs terres, de leurs ressources et de leur force de travail au nom du ‘progrès’ et de la ‘civilisation’. Depuis l’époque des ‘grandes découvertes’, les peuples indigènes ont été les victimes innocentes d’une colonisation agressive de leur territoire. En les présentant comme des êtres attardés et primitifs, leurs envahisseurs ont justifié leur extermination cruelle et systématique qui se perpétue jusqu’à nos jours. Il est temps que le génocide prenne fin’.

    Notes aux rédactions :

    - *Cette liste ne se veut pas exhaustive de l’ensemble des cas de génocide qui ont été perpétrés à l’encontre des peuples indigènes durant le XXe siècle
    - Voir ici la définition du génocide des Nations-Unies.
    - Téléchargez des images de la galerie ici.

    Lire en ligne: http://www.survivalfrance.org/actu/10385


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  • Le système des réserves a imposé la propriété collective aux cultures amérindiennes qui n’étaient historiquement pas collectivistes et possédaient des droits de propriété parfaitement définis.

    Par Carlos L. Rodriguez, Craig S. Galbraith et Curt H. Stiles [*], États-Unis.

    amérindiens

    Dans le passé, la plupart des peuples indigènes d’Amérique du nord si ce n’est tous, avaient une croyance forte dans les droits de propriété, et la propriété privée d’une manière générale. Frederick Hodge (1910) considère la propriété privée comme « la norme » des tribus d’Amérique du Nord.

    Julian Steward (1938, 253) estime de même qu’au sein des tribus d’Amérique, la propriété communale était limitée et Frances Densmore (1939) a conclu que la tribu Makah du nord-ouest de la côte Pacifique avait des droits de propriété similaires à ceux de l’Europe. Ces historiens et anthropologues du début du vingtième siècle ont pour eux d’avoir pu interroger directement des membres de ces tribus qui ont vécu sur le territoire américain avant l’époque des réserves.

    À la fin des années 1940, en revanche, ces sources ayant disparu, les mythes et réécritures de l’histoire ont pu prendre le dessus. Au milieu des années 1960, le ton de nombreux livres d’histoire, largement inspirés par des films, des romans et des discours avait radicalement changé (Mika 1995). Un bon exemple de ces arrangements avec la réalité historique peut se trouver dans le très populaire manuel de Baldwin et Kelly de 1965, The Stream of American history, qui affirme que « les Indiens avaient une compréhension floue de la valeur de l’argent, de la propriété de la terre… ce qui a permis à des requins et autres tenanciers de bars de leur extorquer leurs terres » (208). Ces mythes ont été ensuite alimentés par d’autres ouvrages populaires comme Dispossessing the American Indian de Jacobs (1972) qui suggéraient que les Amérindiens considéraient leurs terres et autres biens comme des « dons du ciel » donc non sujets à la propriété privée. Progressivement, on s’est mis à croire de plus en plus que les peuples indigènes d’Amérique du Nord avaient historiquement un mode de vie communautaire, non basé sur la propriété privée mais sur une sorte d’harmonie romantique avec la nature.

    Aujourd’hui encore, des chefs de tribus, des hommes politiques et divers groupes d’intérêt des États-Unis et du Canada perpétuent régulièrement ces mythes lorsqu’ils discutent affaires, économie et entrepreneuriat au cours des Tribal conferences et diverses auditions auprès du congrès (Selden 2001).

    Terry Anderson (1995) attribue les origines de ces mythes aux colons à la recherche de terres pour leurs fermes dans les Grandes Plaines qui ont rencontré des tribus nomades ne considérant pas la terre comme d’une grande valeur. Ces colons ont généralisé par erreur ce manque d’intérêt pour la terre et en ont déduit une absence de droits de propriété au sein de toutes les tribus. On peut estimer que ces croyances ont été largement propagées au dix-neuvième siècle par une armée virtuelle de journalistes de la côte est, de romanciers et d’hommes politiques qui, bien qu’écrivant sur les Amérindiens, n’avaient eu que peu de contacts avec des représentants des tribus. Répétées, amplifiées et déformées, ces perceptions incorrectes ont eu pour conséquence de constituer la base des lois et réglementations ultérieures.

    Le système moderne de bail dans les réserves a largement aggravé le problème. Ce système a institutionnalisé et codifié les légendes avec de dramatiques conséquences pour les entrepreneurs indigènes et leur développement économique.

    Le système des réserves

    Aux États-Unis, le rapport entre ces baux et le système des réserves a été formellement établi par le General Allotment Act de 1887, connu sous le nom de Dawes Act, puis ensuite par l’Indian Reorganization Act de 1934. Ces décisions gouvernementales ont institutionnalisé le système du bail et des droits de propriétés fondamentalement collectivistes, créant de fait les obstacles à une organisation économique efficace.

    Avec le temps, les actions du Congrès et les décisions judiciaires ont créé quatre types d’occupation du terrain dans les réserves : propriété individuelle inconditionnelle (terrain en propriété privée appartenant à des individus), trust individuel (détenus dans les trusts fédéraux pour des individus), trust tribal (détenu dans un trust fédéral pour la tribu), et propriété inconditionnelle simple sur terre tribale (propriété de la tribu non détenue dans un trust fédéral). La plupart des baux modernes dans les réserves sont une combinaison de trusts individuels et tribaux. Les terrains qui étaient utilisés individuellement comme site de logement ou pour des cultures de subsistance sont typiquement devenus des sortes de propriétés personnelles et ont constitué des trusts individuels. Ces actifs ont pu être améliorés, loués ou hérités au sein des membres d’une tribu. Un terrain de trust tribal était géré par un conseil tribal élu.

    Bien que les trusts individuels ressemblent à de la propriété individuelle inconditionnelle, ils sont néanmoins toujours situés au sein des trusts indiens pour lesquels s’appliquent les règlements établis par les différentes lois. Le titre de propriété, par exemple, ne peut pas être transféré. De fait, alors que les trusts individuels peuvent être hypothéqués, ils ne peuvent servir de collatéral. Le revenu dérivé de cet actif, plutôt que l’actif lui-même, devient le collatéral du prêt. Il existe encore d’autres problèmes juridiques associés avec un défaut en cas de crédit ou en cas de revendication sur un terrain de trust individuel. De surcroît, des héritages successifs, en fractionnant les propriétés entre des membres éloignés d’une même tribu, rendent le consensus parfois difficile à obtenir en matière d’utilisation de l’actif comme collatéral.

    Une autre limite a trait aux litiges civils et tribaux. Alors qu’un nombre croissant de recours est déposé relativement aux droits de propriété, aux héritages et divorces, ces actifs sont devenus virtuellement inutilisables en tant que collatéral. Par voie de conséquence, de nombreuses propriétés ont désormais une taille sous-optimale pour le développement agricole.

    Cette augmentation des coûts de transaction a pour effet inévitable une augmentation du coût du capital. De fait, cette inefficacité inhérente a tendance à rendre l’immobilier, pourtant principale source de capital des initiatives entrepreneuriales, virtuellement inaccessible pour cette destination (voir De Soto 2000). Le potentiel d’accumulation de capitaux propres est donc sévèrement limité et de nombreuses terres des réserves restent inutilisées en tant que ressources capitalistiques. L’augmentation du coût du capital freine l’initiative individuelle et la détourne du terrain de trust tribal. Les membres des tribus de troisième ou quatrième génération ont par conséquent au cours du siècle dernier adopté progressivement une perspective plus collective dans la gestion de la propriété immobilière.

    Un autre facteur notablement occulté a trait aux migrations continuelles des membres les plus entreprenants des tribus au sein des réserves. Dans une étude sur les effets induits par le développement des casinos au sein des réserves américaines, Galbraith et Stiles (2003) ont découvert que, d’après les déclarations des anciens des tribus, les indigènes les plus entreprenants avaient quitté les réserves avec leurs familles pour créer des entreprises au sein des villes américaines.

    La marche vers le collectivisme

    imgscan contrepoints 2013-2361 indiensQuelles qu’en soient les raisons, on a constaté une spectaculaire évolution dans les dernières décennies en faveur d’une gestion plus collective au sein des peuples indigènes des États-Unis. Toutefois, nous estimons que le développement du système de bail collectif est contraire non seulement au contexte historique mais aussi à la culture des communautés indigènes.

    De Soto (2000) a affirmé avec force que le développement économique nécessite l’établissement d’institutions protégeant les droits de propriété et installant un système légal suffisamment complexe pour permettre le transfert efficace et le développement de ces droits, de même que la possibilité d’en extraire le bénéfice total. Dans son analyse des problèmes économiques rencontrés par les populations en difficultés économiques d’Afrique du Sud, par exemple, De Soto (2000) estime que les initiatives entrepreneuriales de ces groupes de population sont fortement réduites par leur incapacité à accéder à la plus basique, et pourtant importante, source de capital, leurs terres.

    Plutôt que des « vides juridiques » comme on en constate dans d’autres parties du monde (De Soto 2000), les populations indigènes d’Amérique du Nord sont confrontées à un problème entrepreneurial issu d’une situation de « gel de capital » inhérent au système des réserves. Cette organisation impose la propriété collective à des cultures qui n’étaient historiquement pas collectivistes et possédaient des droits de propriété parfaitement définis, ainsi qu’une propriété personnelle des actifs, ce qui leur permettait d’avoir un vrai sens de l’entrepreneuriat. Ce système crée également des barrières légales qui ont tendance à gonfler les coûts d’organisation et de transaction.

    Il n’est donc pas surprenant de constater que l’activité économique au sein des tribus représente un échec abyssal. Galbraith et Stiles (2003) ont examiné les tribus qui pratiquent l’économie du jeu et celles qui ne la pratiquent pas dans le sud-ouest des États-Unis. Ils ont découvert que le taux de création d’entreprises au sein des tribus qui ne pratiquent pas le jeu est de 0,15 pour 100 adultes de la tribu. Ce taux de création d’entreprise est plus faible que la plupart des économies développées (comparativement, il est de 0,37% au Royaume-Uni et supérieur à 1% aux États-Unis) (Levie et Steel, 2000, Fraser, Allander Institute, 2001).

    Le tableau est encore plus maussade si l’on examine l’emploi dans les entreprises nouvellement créées. En effet, l’immense majorité des entreprises créées au sein des tribus sont des micro-entreprises ou des entreprises de loisir, générant un nombre d’emplois singulièrement plus faible que la plupart des entreprises en développement des pays développés.

    Comment expliquer cette si faible activité entrepreneuriale ? Une des principales raisons se trouve dans le système même des réserves qui institue des barrières aux droits de propriété. Les entreprises non liées au commerce du jeu ne peuvent pas accéder à leurs droits de propriété individuels ou au capital familial. Elles doivent donc opérer à un très faible niveau d’activité économique. En revanche, les commerces liés au jeu, qui tendent à se développer dans de plus importantes proportions, sont protégés par un système quasi-monopolistique permettant d’assurer des rentrées de capital aux casinos situés dans les tribus, ce qui leur assure une certaine protection vis-à-vis des coûts d’organisation et de transaction associés au système des réserves.

    Les anciens peuples indigènes d’Amérique du Nord étaient tout à la fois très entrepreneurs et très sensibles aux forces économiques qui les entouraient mais travaillaient au sein d’un régime à forts coûts de transaction du fait d’un système juridique fragmenté, non uniforme et non standardisé. Ces désavantages économiques ont été institutionnalisés par un système de bail collectif mis en place au dix-neuvième siècle alors qu’il était étranger au contexte culturel, économique et entrepreneurial de la plupart des tribus indigènes d’Amérique du Nord. Ces politiques publiques inadaptées ont empêché les populations indigènes d’explorer le potentiel complet de leurs initiatives entrepreneuriales.

    Malgré cela, depuis une vingtaine d’années, l’énergie qui a été déployée crée maintenant des possibilités, au moins au sein de certaines tribus, pour s’engager dans des activités entrepreneuriales qui pourraient contribuer à leur développement économique. Ces possibilités ont émergé sous plusieurs formes : (a) les monopoles publiques comme les jeux de casino qui ont généré des revenus importants dans certaines réserves, (b) les activités liées à l’environnement, comme notamment la chasse ou la pêche au sein des réserves et (c) la vente de ressources naturelles comme le minerais, le bois et le pétrole qui sont plus facilement exploitées par des sociétés bénéficiant d’une assise économique plus importante.

    Pour les tribus ayant accès à ces possibilités, les améliorations ont été substantielles. Cependant, ces démarches fructueuses doivent équilibrer plusieurs forces opposées : (a) les économies d’échelle réalisées sur la gestion des ressources environnementales, (b) la nécessité pour les entrepreneurs individuels d’avoir un accès plus facile au « capital gelé » et (c) la pression sociale associée aux politiques publiques créées par les distorsions historiques dans la conception des droits de propriété par les tribus indigènes ainsi que sur leur utilisation des ressources naturelles. Le succès dépendra de la capacité du premier facteur à prendre le dessus sur les deux obstacles.


    Article original titré « American Indian Collectivism: Past Myth, Present Reality » publié dans PERC Reports, Vol. 24, No.2, 2006, revue du Property and Environment Research Center.

    [*] Carlos L. Rodriguez, Craig S. Galbraith et Curt H. Stiles sont professeurs à la Cameron School of Business de l’University of North Carolina Wilmington.

    Références :

    Anderson, Terry L. 1995. Sovereign Nations or Reservations? An Economic History of American Indians. San Francisco, CA: Pacific Research Institute for Public Policy.

    Baldwin, Leland, and Robert Kelley. 1965. The Stream of American History, (3rd ed.). New York: American Book Company.

    Densmore, Frances. 1939. Nootka and Quileute Music. Washington, DC: Bureau of American Ethnology, Bulletin 124.

    De Soto, Hernando. 2000. The Mystery of Capital: Why Capitalism Triumphs in the West and Fails Everywhere Else. New York: Basic Books.

    Fraser of Allander Institute. 2001. Promoting Business Start-ups: A New Strategic Formula. Final Report to the Fraser of Allander Institute for Research on the Scottish Economy. Glasgow: University of Strathclyde.

    Galbraith, Craig, and Curt Stiles. 2003. Expectations of Indian Reservation Gaming: Entrepreneurial Activity within a Context of Traditional Land Tenure and Wealth Acquisition. Journal of Developmental Entrepreneurship.

    Hodge, Frederick. 1910. Handbook of American Indians North of Mexico. Washington, DC: Government Printing Offce.

    Jacobs, Wilbur. 1972. Dispossessing the American Indian: Indians and Whites on the Colonial Frontier. New York: Charles Scribner’s Sons.

    Levie, Jonathan, and Laura Steele. 2000. Global Entrepreneurship Monitor. Glasgow: University of Strathclyde.

    Mika, Karin. 1995. Private Dollars on the Reservation: Will Recent Native American Economic Development Amount to Cultural Assimilation? New Mexico Law Review 25(Winter): 23–34.

    Selden, Ron. 2001. Economic Attitudes Must Change. Indian Country Monitor, June 13.

    Steward, Julian. 1938. Basin-plateau Aboriginal Sociopolitical Groups. Washington, DC: Bureau of American.


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    La cérémonie YAKWA des  Enawene Nawa

    La cérémonie YAKWA des  Enawene Nawa

     

    Au début du Yãkwa, les Enawene Nawe construisent des waitiwina (barrages) à travers l’ Adowina (le rio Preto).

    Les barrages sont érigés à l’aide de branchages entrelacés qui forment un treillage dans lequel sont insérés des dizaines de pièges coniques. Ecorces et plantes grimpantes assurent l’assemblage.

    L’Adowina est une bonne rivière pour les witiwina, explique un Enawene Nawe. Les arbres sont hauts et la terre est bonne.

    L’eau est alors aspirée à travers les cônes, piégeant ainsi les poissons qui descendent la rivière après avoir pondu à sa source.

    Le Yãkwa a été reconnu par le ministère de la Culture brésilien comme faisant partie de l’héritage culturel du pays.

    Les poissons sont conservés dans de petits paniers tressés en feuilles de palmiers. Ils sont ensuite transportés au village dans des canoës.

    Une fois le rituel terminé, les barrages sont détruits afin que les poissons puissent à nouveau remonter la rivière pour y pondre. 

    Du sel, du manioc et du miel sont échangés avec les esprits yakairiti durant le somptueux banquet.

    La taille des hommes est ceinte de fibres de palmier, leurs colliers décorés de plumes d’oiseaux exotiques tels que l’ara rouge, le hocco et encore le faucon.

    Ils se déplacent lentement autour d’un cercle, la profonde mélodie des flûtes en bambou accompagnant leurs chants. 


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  • La conquête des Amériques (hernan HORNA)

    2009    216 p.   18 €

    Né au Pérou en 1942, Hernan HORNA a obtenu son doctorat d’histoire à l’université américaine de Vanderbilt, avant d’enseigner à celle de Western Illinois. Depuis 1977, il est professeur et chercheur à la prestigieuse université d’Uppsala en Suède, où il a fondé le département interdisciplinaire d’Histoire latino-américaine, qu’il dirige et qui s’intéresse à une vaste période, de l’Amérique précolombienne à nos jours.

    L’historien Hernan HORNA est un investigateur hors pair dans son domaine. Son érudition se fonde sur un savoir encyclopédique des archives documentaires laissées par les chroniqueurs des conquérants espagnols, disséminées et conservées en divers musées du monde. C’est cette histoire écrite par les Européens qui a marqué notre connaissance historique et notre conscience de la découverte et de la conquête du Nouveau Monde.

    HORNA confronte cette connaissance à une autre, également historique et scientifique, léguée par les peuples autochtones amérindiens mais qui avait sombré dans l’oubli. Il ressuscite enfin les passés inca, maya et aztèque d’une manière qui correspond mieux à la réalité de ces peuples, pour les resituer dans un contexte fort différent de la vision faussée, car largement teintée d’incompréhension et de préjugés, du vainqueur européen. S’appuyant sur le travail d’archéologues, d’anthropologues, de linguistes et d’autres spécialistes qui ne cessent d’annoncer de nouvelles découvertes, il fait émerger des éléments qui contestent les vieilles notions présentant les Aborigènes américains comme étant de « nobles sauvages » vivant dans un paradis perdu, ou des peuples primitifs et isolés, rapidement vaincus par des Européens « supérieurs ».

    Grâce à ce choc de la confrontation des faits historiques, dans une remise en question des anciennes visions du passé de la Conquista espagnole, Horna nous offre une synthèse historique, aussi belle que nouvelle, de ces magnifiques civilisations trop méconnues.

    Son livre fournit également un contexte pour comprendre la résilience des langues, des cultures et des populations autochtones tout au long des XIXe et XXe siècles, ainsi que les exigences posées par leurs dirigeants actuels en termes de reconnaissance et de justice sur les terres s’étendant de l’Alaska à la Patagonie. L’auteur livre une réflexion historique d’une grande modernité, qui permet de mieux appréhender les enjeux politiques de l’Amérique latine d’aujourd’hui.

    « Hernan Horna propose une brève histoire des Amérindiens, qui, sans se détourner entièrement de l’historiographie occidentale, apporte un nouveau regard sur la nature du monde des peuples autochtones précolombiens ainsi que sur leurs adaptations, coexistences et leurs luttes contre la domination coloniale et leur assujettissement par l’Église catholique et l’État après la Conquête… »

    - Hispanic Outlook

    « Hernan Horna explore l’histoire des Aborigènes latino-américains depuis l’époque du tout premier établissement humain jusqu’à la fin de la période coloniale… Son objectif est d’offrir un contre-récit à la tradition qui dénigrait les peuples autochtones, ignorait l’accomplissement de leurs civilisations, et, pire encore, suggérait que la conquête européenne les avait sauvé de leur propre barbarie. Dans cette entreprise, il fournit un catalogue des réalisations des civilisations maya, mexicaine et inca, et fait valoir qu’une constellation unique de facteurs pathogènes, technologiques, et stratégiques a permis la conquête. Il déplore en outre la perte de cultures et de pratiques qui avaient dominé la région avant le XVIe siècle… et dénonce le fait que l’agriculture et l’économie "modernes" ont échoué à nourrir les peuples andins depuis plusieurs siècles. »

    - Alexander Dawson, Journal of World History.

    « Dans sa réévaluation du développement des civilisations de l’Amérique précolombienne, l’historien péruvien Horna (de l’université d’Uppsala) défie les stéréotypes des "Indiens sauvages" en examinant les cultures de la période qui précède le contact jusqu’à la résistance de l’après conquête. Les illustrations incluent des œuvres d’art et d’architecture aztèques, mayas, et incas, une carte des lieux méso-américains cités et la première carte européenne du Pérou. »


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