• Jeunes filles pygmées

    Au Congo, des jeunes filles pygmées apprennent la couture pour s'intégrer

    Nadège est une autochtone, ou "pygmée" (terme pouvant être connoté péjorativement), une population composée de plusieurs ethnies caractérisées par leur petite taille, répartie sur plusieurs pays d'Afrique centrale.Elle fait partie de 120 filles de 12 à 19 ans inscrites dans le centre d'insertion et d'apprentissage en coupe et couture fondé par les soeurs de la Congrégation de la Sainte famille, qui a la particularité d'accueillir 38 autochtones.Alors que les autochtones n'ont souvent pas accès aux services sociaux de base comme la santé et l’éducation, ces jeunes filles bénéficient de cours gratuits (contre 2 000 FCFA par mois, environ 3,05 euros pour les bantoues).Elles y apprennent "les métiers de tricotage, de broderie, la coupe et la couture et à cela il faut ajouter l'alphabétisation, c'est-à-dire le français, l'arithmétique et l'éducation à la vie", explique la directrice du centre, soeur Eucharistie Obinalé, qui regrette de ne pas avoir "assez d'espace pour accueillir d'autres

    candidats".65% des adolescents de 12 à 15 ans de la minorité pygmée ne sont pas scolarisés, contre 39% à l'échelle nationale, selon l’Unicef.Formant 2% de la population du Congo, les pygmées vivent dans des "conditions de marginalisation extrême", avait relevé le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, James Anaya, lors d'une mission fin 2010, les jugeant "victimes de comportements discriminatoires profondément enracinés".Les relations entre bantous et pygmées ont longtemps été celles de "maîtres et esclaves", selon un universitaire congolais, Dominique Ngoïe-Ngalla.Le Congo a adopté en décembre une loi pour le protection et la promotion de la culture des pygmées.Dans ce centre géré par les religieuses, pas de discrimination apparente.

    "Baakas, Bantous, nous sommes toutes jeunes filles.

    Je ne vois pas pourquoi je dois haïr l’autre", affirme Daphie Kaya, 16 ans, l'une des éleves bantoues (groupe majoritaire).

    Les filles des deux communautés s'asseoient côte à côte."Nous avons cinq séances de cours dans la semaine.

    Le tout se passe souvent bien", reprend Nadège, qui s'exprime en Baaka (la langue des autochtones).Déjà mère d'un enfant, elle "veut terminer sa formation.

    Nous n'apprenons pas seulement un métier, mais à devenir aussi responsable".C'est l'un des objectifs du projet qui veut changer certains comportements, alors que les autochtones se trouvent souvent parents jeunes."Les jeunes filles autochtones sont victimes de discrimination, mais elles ont un autre fardeau : elles sont mères", regrette le Dr Marius Biyékélé, chargé de la protection des enfants à l'Unicef.Au Congo, 50% des autochtones ont leur premier rapport sexuel avant treize ans, contre 31% pour la population générale, selon l'Unicef."Le but visé est de lutter contre le chômage et partant contre l’exode rural.

    (...) L'oisiveté est mère de tous les vices : plus on enseigne quelque chose aux filles autochtones notamment, plus on limite leur vulnérabilité", explique Joseph Ngoma Nababou, directeur régional des Affaires sociales qui soutient le centre avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef)."C'est une école spéciale où l'on retrouve les filles bantoues et autochtones : quoi de plus normal pour régler un problème de supériorité de l'une sur l'autre qui date depuis des siècles?", s'interroge le Dr Biyékélé. 

    Certification forestière - Pour une gestion durable de la forêt

    Madagascar consomme chaque année plus de 21 millions de m3 de bois dont 80% de ce volume sont constitués de bois énergie. Pourtant, le rythme annuel du reboisement effectué ne dépasse guère les 15 000 ha. Malgré de nombreux efforts consentis depuis plusieurs décennies, il est évident que 80% des produits exploités sont issus des activités illicites et que la gestion rationnelle et durable des ressources forestières reste loin d'être une réalité.

    Gérard Rambeloarisoa, le président de l'ICFM (Initiative pour la Certification Forestière FSC à Madagascar), l'a évoqué dans le cadre de la célébration de la Journée Internationale de la Forêt.

    Contrôle de la traçabilité. Mais afin de contribuer à la gestion durable du patrimoine forestier, cette association promeut la certification forestière pour tous les opérateurs opérant dans le secteur.

    C'est le seul système de certification qui est très exigeant en matière de protection de la biodiversité, des droits des peuples autochtones et des travailleurs en conformité avec la législation en vigueur.

    Il s'agit d'un processus reconnu à l'échelle internationale qui permet la gestion durable d'une forêt et des produits dérivés de son exploitation par la mise en place d'une chaîne de contrôle de la traçabilité des flux par une institution tierce indépendante.

    La société SATOB qui travaille dans l'exploitation de bois de pins dans le périmètre de Fanalamanga a déjà obtenu la certification forestière, lui permettant d'accéder facilement au marché international.

    Plans d'aménagement. Notons que la commission de l'Union Européenne vient de décréter que seuls les produits forestiers certifiés peuvent entrer sur son territoire à compter de 2012 en vue de lutter contre les exploitations illicites de la forêt.

    Et pour qu'il y ait une meilleure gestion durable des ressources forestières, les exploitants formels doivent assurer leur approvisionnement à partir des plans d'aménagement des zones. Il faut remarquer que c'est le capital forestier qui est actuellement touché pour satisfaire les besoins en bois de Madagascar.

    La restauration de la forêt et le reboisement n'arrivent pas à suivre ce rythme d'exploitation un peu alarmant. D'où, l'enjeu majeur d'une certification forestière. « Un acheteur des produits forestiers certifiés ne contribue pas à la destruction du patrimoine forestier du pays et favorise entre-temps la gestion durable de nos ressources », a conclu Gérard Rambeloarisoa.

    Les Autochtones et la maladie d'Alzheimer

    Des experts internationaux et canadiens réclament des soins et du soutien plus culturellement appropriés pour les minorités et les Autochtones atteints de la maladie d'Alzheimer Les graves défis auxquels font face les minorités et les Autochtones aux prises avec la démence, y compris les peuples autochtonesdu Canada, seront le sujet de la dernière séance plénière de la 26(e) Conférence annuelle de l'Alzheimer's Disease International de Toronto (ADI). Cette réunion aura lieu le mardi 29 mars à l'Hôtel Sheraton Centre.

    Les minorités et les peuples autochtones doivent affronter de nombreux obstacles afin d'obtenir un diagnostic adéquat et des traitements et soins appropriés en raison de difficultés linguistiques, de différences culturelles et de l'isolation sociale. Dans bon nombre de collectivités, la démence est généralement un problème caché à cause du stigmate ou on l'ignore tout simplement la croyant un élément naturel du vieillissement. Trop souvent, les malades passent à travers les mailles du filet du système de santé et sont laissés seuls face à leurs problèmes émotifs, physiques et financiers.

    Certains pays du monde s'associent pourtant aux populations locales et diverses à forte croissance pour trouver des moyens créatifs de briser ces barrières afin de miser sur la sensibilisation et d'accroître le diagnostic et l'intervention précoces.

    Au Pays-Bas, où l'on compte plus d'un million de migrants turcs et marocains, l'Association Alzheimer néerlandaise a créé une méthode unique pour leur venir en aide qui est fondée sur l'information et l'appui appropriés. L'Association a joué un rôle-clé dans la modification des systèmes de soins locaux et régionaux afin qu'ils puissent offrir aux migrants qui souffrent de démence le soutien nécessaire à tous les niveaux.

    « Les soins multiculturelles prodigués aux personnes atteintes de démence devraient être offerts dans toutes les sociétés multiculturelles », déclare D(re) Nienke van Wezel, une gérontologue de l'Association. « Il ne s'agit pas de seulement traduire les brochures; il faut fournir de l'information précise et culturellement appropriée. »

    « La maladie d'Alzheimer et la démence représentent une nouvelle préoccupation de santé publique pour les peuples autochtones du Canada », explique D(re) Kristen Jacklin, professeure agrégée de la Northern Ontario School of Medicine de l'Université Laurentienne, une autre invitée de la séance de mardi.

    Les facteurs de risque tels que le diabète, les maladies cardiovasculaires, une mauvaise alimentation ainsi que le manque de connaissance et accès aux soins de santé contribuent au taux accéléré de prévalence de démence parmi les Autochtones du Canada. « Il nous incombe de mieux comprendre comment la démence affecte les Autochtones et il est tout aussi important que nous collaborions pour trouver des solutions qui sont appropriées, sensibles et sûres. »

    Au cours de la même séance, Robin Shawanoo partagera ses expériences de travail de première ligne auprès des peuples autochtones. Il est membre de la Première Nation de Kettle et Stony Point près de Sarnia en Ontario. Shawanoo, qui est un travailleur social diplômé en psychologie, exerce les fonctions de coordinateur Premier lien(® )à Oneida of the Thames. Son travail consiste à évaluer et conseiller les membres de la Nation Oneida of the Thames pour la Société Alzheimer de London et Middlesex. Shawanoo expliquera comment il intègre des éléments de culture, tradition et spiritualité pour développer des outils et des programmes qui permettent une meilleure compréhension de la démence au sein de la collectivité et améliorent et élargissent l'accès aux soins.

    Les femmes et filles pygmées dans les oubliettes !

    Elles sont à compter au bout des doigts, les ONG de défense des droits humains et, de la lutte contre le changement climatique qui continuent à hausser le ton pour les droits des peuples autochtonesen général et des pygmées en particulier. Parmi les rares qui se battent encore becs et ongles figure l'ERND, une ONG basée à l'Est. L'unique de son genre qui a compris que pour lutter contre le changement climatique, il faut conscientiser le peuple autochtone, gardien des forêts congolaises.

    Après la série de formation de peuples autochtones sur les droits fonciers, les femmes de cette ONG, veulent à ce que la première Dame de la RDC, Olive Lemba Kabila prenne le devant pour la formation de femmes et filles pygmées.

    Pour ce faire, durant tout ce mois dédié à la femme, ERND, a, partant du thème annuel qui met plus accent sur la formation, demandé à la première Dame de la République, Marie-Olive Lembe Kabila, de s'impliquer personnellement pour la mise en place des structures de formation des femmes et filles pygmées de la RDC.

    «Nous voyons ce que la première Dame fait, nous nous intéressons à sa politique et, nous voulons qu'elle le fasse aussi pour les pygmées. Ils n'ont pas accès à l'école, aux soins de santé adéquats dans des centres d'hospitalisation faute de moyens. Ces femmes là qui mettent au monde comme toutes les autres femmes bantous, doivent être protégées et soutenues.

    Alors, ce sont elles, les gardiennes de nos forêts. Il est certain qu'elles n'ont pas seulement bénéficiés de pagnes, mais elles n'ont pas fêté le 8 mars », a souligné Mme Anny Mbombo membre de ERND.

    « C'est vraiment une honteux et regrettable, lorsqu'on constate qu'aucun groupement de femmes et filles pygmées de la RD Congo n'a pas été associé à la date du 8 mars, afin de célébrer avec les mamans bantoues », s'étonne John Ntabaza, étudiant à l'ISP-Kinshasa.

    Notons par ailleurs, que les premiers habitants de la République Démocratique du Congo, les pygmées, sont, depuis l'accession du pays de Lumumba à l'indépendance, marginalisés. Quelques uns seulement ont fait l'école primaire et secondaire.

    D'après un membre du corps enseignant et membre de l'une des ONG qui défendent les droits de l'homme, joint au téléphone hier soir, dans la localité de Bolenge, à quelques kilomètres de la ville de Mbandaka, dans la province de l'Equateur, il s'avère que moins de quatre-vingt pygmées seulement détiennent depuis 1960 à ce jour, un diplôme d'Etat.

    « Je suis un homme qui a beaucoup voyagé à l'intérieur du pays avec une casquette de chercheur. Il n'y a pas assez des pygmées formés. J'ai eu à voir quelques garçons faire leurs études primaires mais, les filles pas du tout.

    Les femmes et filles pygmées sont nombreuses à Mbandaka. Malgré l'engouement du mois de la femme, elles sont toujours enfermées dans leurs harems et leurs droits méconnus.

    Personne ne tente de les approcher ni de parler d'elles, même pas les politiques qui courtisent les voix des électeurs », a fait savoir M. Mpia Ebota, membre et représentant d'une ONG de droits de l'homme à Bolenge.

    Cependant, maintes fois, il a été demandé au Gouvernement de la République par le biais du Ministère du Genre, Famille et Enfant de tout faire pour que les femmes et filles pygmées soient éduquées comme tout le monde sans discrimination.

    Et ce, sur toute l'entendue du territoire national. Chose qui n'a jamais été faite. Et pourtant, le gouvernement devrait commencer par cette couche vulnérable pour effectivement appliquer la gratuité de l'enseignement surtout au niveau primaire et secondaire.

    Ce qui permettra à la mobilisation d'un grand nombre des pygmées d'aller à l'école. Le camarade Kapeta, enseignant de l'EP Polele de Bolenge, s'est apaisanti longuement là-dessus : « la réussite de la formation des pygmées dépendra de la volonté politique de l'Etat Congolais ».

    Comment le Gouvernement Congolais entrevoit-il l'avenir des peuples autochtones (les pygmées) ? Quelle politique cohérente mettre en place pour assurer leur formation afin que eux aussi puissent être utile à la réalisation des chantiers de la Républiques?

    Qu'attend le Ministère du Genre, Famille et Enfant pour venir en aide les femmes et filles pygmées qui sont des êtres humains créés à l'image de Dieu? Maman Marie-Olive Lembe Kabila, qui a un grand coeur, tendre et prêt à partager, ne voit-elle pas la misère des femmes et filles pygmées?

    Ces questions restent posées et chacun ou chacune dans son secteur respectif, verra de quelle manière prendre le taureau par ses cornes pour aider tant soit peu cette couche vulnérable qui constitue aussi un électorat important.

    Protection des forêts - Greenpeace en guerre contre le cabinet McKinsey

    L'organisation internationale Greenpeace n'y est pas allée par le dos de la cuillère pour rejeter un rapport élaboré par le cabinet conseil Mc Kinsey visant la protection des forêts de la Rd Congo. Le 17 avril 2011,au restaurant la Fleur de sel dans la commune de la Gombe, Jérôme Frignet, chargé de campagne forêts pour Greenpeace, et René Ngongo, conseiller politique et chargé de campagne forêts senior de la même organisation, ont animé un point de presse pour donner leur point de vue sur le rapport McKinsey.

    Les conférenciers ont indiqué que le cabinet McKinsey & Company est mondialement reconnu comme un des plus influents et prestigieux acteurs de l'industrie du conseil. Le cabinet aide un vaste éventail d'organisations, privées ou publiques, à améliorer leur performance et leur compétitivité.

    Le choix de ce cabinet est dicté par le fait que, partenaire habituel des gouvernements ou des groupes transnationaux et disposant d'un réseau très étendu, le cabinet McKinsey est censé offrir des garanties en matière de crédibilité pour les gouvernements des pays forestiers, renforcer leur position dans les futures négociations et faciliter l'accès aux financements internationaux, ont dit les orateurs.

    Parlant du rapport combattu par Greenpeace, Jérôme Frignet et René Ngongo ont dit qu'en fin 2009, le cabinet McKinsey était chargé par le gouvernement congolais de produire une analyse du potentiel REDD (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière) de la Rd Congo.

    Au final, le plan stratégique préliminaire élaboré par le ministère de l'Environnement reprend in extenso les recommandations du cabinet, formulées en moins de 5 semaines.

    Et elles sont en totale contradiction avec l'objectif affiché de protection des forêts et de leurs habitants, prévoyant notamment l'expansion de l'industrie forestière sur 10 millions d'hectares supplémentaires de forêt dense humide, et par conséquent sur les forêts non fragmentées ou dites « intactes », les plus cruciales pour la biodiversité et le climat.

    Les recommandations de McKinsey prévoient aussi des subventions pour l'industrie forestière afin qu'elle limite sa contribution à la dégradation des forêts (750 millions d'euros environ pour le maintien de la situation actuelle) ; plus d'un milliard d'euros annuels à l'horizon 2030 pour l'agro-industrie (huile de palme, etc.) pour qu'elle localise ses opérations en dehors des forêts dense.

    Selon Greenpeace, McKinsey considère les communautés locales comme les principaux moteurs de la déforestation en Rd Congo, et minimise inexplicablement l'impact de l'industrie forestière sur la déforestation et la dégradation.

    René Ngongo a renchéri que dans l'approche McKinsey, il n'est jamais question de communautés forestières, de biodiversité, ou de services rendus par les écosystèmes forestiers.

    Les forêts ne sont envisagées que dans une logique financière, comme source de profit pour des industriels ou de contribution à la balance commerciale des pays concernés. Aucune alternative de développement, plus durable et plus équitable, n'est envisagée.

    Greenpeace a formulé quelques recommandations.

    L'organisation recommande au cabinet McKinsey de rendre publique ses méthodes de calculs, les données utilisées et la façon dont il a élaboré la fameuse « courbe du coût d'opportunité » (cost curve) ;

    Le cabinet doit revoir ses méthodes de comptabilité « carbone », adopter les normes internationales en cours dans l'estimation du carbone contenu dans la biomasse ; intégrer dans ses analyses les données concernant la préservation de la biodiversité et des intérêts des communautés locales et peuples autochtones, comme il est mentionné dans l'accord sur REDD conclu à Cancun, etc...

    Jérôme Frignet a souligné que Greenpeace peut offrir une alternative à l'étude de McKinsey. En vue de garantir sa crédibilité en matière de REDD, la Rd Congo ainsi que les bailleurs de fonds devraient cesser de faire appel au cabinet McKinsey tant que ses erreurs méthodologiques n'auront pas été rectifiées et que demeure l'opacité sur ses méthodes de calcul.

    REDD ne sera vraiment crédible en RDC que s'il protège les forêts non fragmentées ou intactes et que le moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions est maintenu, a dit René Ngongo.

    COLLABORER POUR AMÉLIORER LES CONDITIONS SOCIOÉCONOMIQUES DES AUTOCHTONES À L'ÉCHELLE DU CANADA

    Les ministres provinciaux et territoriaux responsables des Affaires autochtones et les dirigeants des cinq organismes autochtones nationaux se sont réunis aujourd'hui pour la troisième fois depuis 2009, pour discuter des progrès réalisés et des prochaines étapes de leur plan en vue d'améliorer la qualité de vie des Premières nations, des Inuits et des Métis. Le Groupe de travail sur les affaires autochtones (GTAA) assure le leadership dans ce dossier en amenant ses membres à collaborer à la mise en œuvre d'un plan visant à :
        --  augmenter les taux de diplomation des élèves autochtones;
    -- appuyer le développement économique dans les collectivités
    autochtones;
    -- mettre fin à la violence envers les femmes et les filles
    autochtones.

     (Suite)

    Stratégie d'éducation des enfants autochtones

    Un projet de la Stratégie nationale d'éducation des enfants autochtones du Congo a été récemment lancé à Brazzaville et concerne quatre districts du département du Pool au sud.

    Exécuté par l'Association Enfance Créatrice de Développement (ENCRED), le projet vise à relever trois défis spécifiques qui entravent l'éducation scolaire des enfants des peuples autochtones.

    Le premier défi sociologique se résume par l'attitude repoussant des bantous dans les établissements scolaires, constituant ainsi l'une des raisons du décrochage scolaire de ces enfants à partir des cours moyens (CM).

    Le deuxième défi culturel se caractérise par le fait que les enfants autochtones parfois brillants en classe, sont contrains d'interrompre leur scolarité sous la pression de leurs parents, la grande majorité de ces enfants n'étant pas déclarés à l'état-civil.

    Le troisième défi économique et de lutte contre la pauvreté se caractérise, quant à lui, par le fait que de nombreux enfants autochtones sont souvent contraints d'arrêter leur scolarité pour incapacité des parents de pouvoir s'acquitter des contributions financières mensuelles. Certains enfants doivent quitter le village pour se rendre à l'école et en plus de la scolarité, les parents doivent assumer leur substance à distance.

    Cette stratégie de fixe pour objectif de contribuer à la promotion de l'éducation de base des populations autochtones du Congo et de faire que d'ici 2015, plus de la moitié d'enfants, filles et garçons, bénéficient d'un enseignement primaire complet de qualité.

    Fin de la formation sur les relations avec les Autochtones

    Le contrat de Bonnie Couchie a pris fin après la première des six séances prévues dans son contrat visant à offrir une formation sur les relations avec les Autochtones au personnel de divers ministères du gouvernement de l'Ontario. Les évaluations de cette première séance ont révélé des commentaires tels que la nécessité d'une formation « exempte des éternelles plaintes sur les précédentes injustices historiques », ainsi que des éloges à l'endroit de Mme Couchie pour son travail « intéressant et instructif ». La participation de son co-animateur non autochtone a également suscité des avis partagés, provoquant des commentaires du type « était-ce la première fois qu'il voyait les documents? ».

    Une semaine plus tard, le contrat de Mme Couchie a été résilié à l'initiative du ministère des Affaires municipales et du Logement. Toutefois, les services de son co-animateur ont été retenus à condition de « mettre à jour ses connaissances ». Mme Couchie est titulaire d'une maîtrise portant sur les études autochtones, possède des dizaines d'années d'expérience à titre de facilitatrice et d'animatrice indépendante d'atelier et a enseigné les études autochtones dans six établissements postsecondaires différents.

    Au cours de l'audience du Tribunal des droits de la personne de l'Ontario sur cette première journée de formation, l'un des témoins interrogés a confirmé que certains participants à l'atelier « ont exprimé une hostilité au cours de la formation ». La vice-présidente du Tribunal des droits de la personne, Jennifer Scott, a conclu que Mme Couchie faisait l'objet « d'un passage au crible, d'une accusation disproportionnée et d'une réaction exagérée comparativement à son co-animateur. » La vice-présidente a également souligné que le ministère « était prêt à prendre des mesures pour améliorer la piètre intervention de la personne non autochtone, mais n'était pas prêt à prendre des mesures pour améliorer l'intervention de la personne autochtone. » Le Tribunal des droits de la personne de l'Ontario a ordonné au ministère de verser 20 000 $ à Mme Couchie en dommages-intérêts généraux. http://www.canlii.org/en/on/onhrt/doc/2011/2011hrto689/2011hrto689.pdf 2011 HRTO 689 (en anglais)

    « À titre de citoyenne autochtone, chaque aspect du traitement discriminatoire dont j'ai été l'objet m'a profondément affectée », a déclaré Mme Couchie. « La résiliation discriminatoire de mon contrat a également eu pour effet de nuire à l'amélioration des relations avec les peuples autochtones, l'objectif même de l'organisation de la formation », a-t-elle ajouté.

    Amy Britton-Cox, l'avocate de Mme Couchie dépêchée par le Centre d'assistance juridique en matière de droits de la personne a déclaré ceci : « La décision du Tribunal met en évidence la nature de la discrimination systémique, où les convictions irréfléchies orientent les décisions en matière de recrutement et de renvoi. »

    Réflexions sur les implications de la cartographie participative et macro-zonage pour les communautés locales

    Pour préserver les droits des populations autochtones et locales en matière de zonage forestier, la Société civile environnementale réfléchit sur la possibilité de compléter le macro-zonage adopté par le gouvernement par le micro-zonage.

    « Cartographie participative et Macro-Zonage en RDC : Quelles implications sur la tenure foncière et forestière pour les communautés locales et peuples autochtones »? Tel est le thème de l'atelier ouvert le mercredi 27 avril 2011 à l'Hôtel Sultani par le ministre de l'Environnement José Endundo.

    Organisé par le Réseau ressources naturelles (RRN) avec l'appui de Rights and resources initiatives (RRI) et The Rain Forest Foundation Norway (RFN), l'atelier a, entre autres l'objectif d'influencer la prise en compte préalable de l'approche cartographique participative avant toute décision d'affectation des terres en RDC.

    A travers cet atelier, la Société civile environnementale entend également saisir l'opportunité du fonds du FIP pour financer la cartographie participative des droits au regard de son lien avec l'aménagement du territoire.

    Elle profite également de l'attention de la communauté nationale et internationale sur la REDD et de l'imminence de la tenue de la mission FIP pour influencer l'opinion sur la nécessité du financement du micro-zonage ainsi que la prise en compte des droits des communautés sur des terres. En même temps, l'atelier devra aboutir à un plan stratégique de plaidoyer pour le suivi de zonage en RDC.

    Pourquoi tenir un tel atelier en ce moment ? En effet, dans le cadre de la réforme forestière, le gouvernement de la RDC a adopté l'approche de macro-zonage en lieu et place du micro-zonage comme le souhaitent les acteurs de la Société civile environnementale qui est très préoccupée par le sort des populations locales et autochtones dans ce processus, notamment en ce qui concerne leurs droits sur les terres.

    Avec le macro-zonage, la Société civile craint la non prise en compte des droits des communautés locales et autochtones dans le processus qui doit également être participatif. Cette crainte est d'autant plus réelle avec la levée du moratoire annoncé par le ministre de l'Environnement.

    « La Société civile environnementales dont le Réseau Ressources Naturelles considère que cette approche peut représenter un danger dans la non prise en compte des droits des communautés locales et peuples autochtones à la tenue forestière et foncière.

    Etant donné que les préalables pour la sécurisation des droits des populations sur les terres n'est pas à l'ordre du jour dans le macro-zonage, il y a encore risque que cette levée du moratoire anéantisse purement et simplement ces mêmes droits des populations », a déclaré le coordonnateur du RRN Joseph Bobia dans son mot de circonstance.

    Il a souligné que le programme de zonage ou le plan d'aménagement ou d'affectation des espaces en RDC paraît en ce moment très capital au regard non seulement de l'exploitation durable ou non des ressources naturelles mais aussi et surtout par rapport à la reconnaissance des droits des populations locales et autochtones sur les espaces de vie et de production qu'elles occupent coutumièrement depuis de millénaires.

    Selon lui, ce programme ne peut être que participatif, car c'est le soubassement préalable des reformes de différents secteurs des ressources naturelles.

    Ouvrant les travaux de l'atelier, le ministre de l'Environnement a salué l'initiative du RRN qu'il a inscrite dans le cadre de l'effort que toute la République a engagé en ce qui concerne les questions relatives aux ressources naturelles, à la REDD, à la participation de la population et à l'implication de tous les acteurs dans le processus.

    Pour José Endundo, ce genre de réflexion contribue à la transparence dans la gestion des ressources naturelles. Il soutient également toute démarche allant dan l'intérêt de la population au processus.

    Le leader des Tatars de Crimée plaide pour une autonomie ethnique

    Début favrier 2011, le président du Medjlis (Conseil exécutif) des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev,  a appellé à créer une région autonome tatare dans la péninsule ukrainienne, annonce mardi le journal ukrainien Glavred.

    "Il s'agit de rétablir le statut dont la région disposait avant la déportation (du peuple autochtone - ndlr). En 1921, une région autonome tatare a été créée en Crimée pour la population autochtone qui y habitait. Après la déportation des Tatars en 1944, elle a été naturellement supprimée. Maintenant, la population est de retour sur son territoire et la question de rétablir l'autonomie ethnique se pose à nouveau", a déclaré M.Djemilev dans une interview accordée au journal ukrainien.

    Selon l'intéressé, le Tatar de Crimée doit devenir une des langues officielles de la future entité. En outre, la représentation adéquate des autochtones au sein des structures de pouvoir doit être garantie.

    "Il faut également adopter des mesures visant à protéger la culture, la langue et les valeurs historiques de la population autochtone", a annoncé M.Djemilev.

    Victimes de la répression stalinienne, les Tatars de Crimée ont été accusés d'être des collaborateurs nazis pendant la Seconde guerre mondiale et déportés en masse en Asie centrale et dans les régions lointaines de l'Union soviétique, le 18 mai 1944.

    Selon le dernier recensement de la population réalisé en 2001, les Tatars de Crimée représentent 12,1% des habitants de la péninsule.

    Des entreprises et investisseurs internationaux prennent parti pour l’avenir de la forêt boréale

    Les signataires de l'importante Entente sur la Forêt Boréale Canadienne (EFBC) ont dévoilé aujourd'hui le nouveau Forum des Entreprises pour la Forêt Boréale, une table ronde formée de participants à l'EFBC, de grandes entreprises et d'investisseurs qui s'intéressent particulièrement à la conservation de la forêt boréale. La composition du groupe reflète une variété de secteurs représentant les grandes régions qui s'approvisionnent de la forêt boréale, notamment le Canada, les États-Unis et l'Europe.

    L'objectif du Forum des Entreprises pour la Forêt Boréale est de surveiller étroitement les progrès de la mise en oeuvre de l'Entente, de fournir une validation externe du processus, de défendre les solutions proposées par l'Entente et de jouer un rôle actif dans deux grandes tables rondes d'intervenants qui seront mises sur pied une fois les éléments écologiques de l'Entente achevés.

    Les membres actuels du Forum représentent des revenus de plus de 140 milliards de dollars; on y retrouve Axel Springer, Bâtirente, le Globe and Mail, Hearst Corporation, Indigo Books & Music, Kimberly-Clark, Limited Brands, Lowes, Office Depot, RONA, SHARE, Staples, Time Inc. et VDZ.

    « Les préoccupations des clients et des investisseurs quant aux menaces environnementales qui touchent la forêt boréale ont été décisives pour l'industrie et les groupes environnementaux dans l'atteinte de l'entente initiale », a déclaré Mélissa Filion, responsable de campagne forêt chez Greenpeace. « Les participants au Forum fourniront une orientation précieuse et nous rappelleront notre responsabilité envers nos engagements en matière de conservation. »

    Selon Richard Garneau, président et chef de la direction d'AbitibiBowater, « les participants au Forum représentent un marché qui demande de plus en plus de produits de la plus grande qualité au plan de l'environnement et nous sommes heureux de compter sur leur appui pour transformer cette vision en réalité ».

    « Chez Rona, nous sommes fiers de nous joindre au Forum des Entreprises pour la Forêt Boréale. Le Forum nous permettra de travailler avec d'autres parties prenantes, notamment des ONG respectés, qui partagent un objectif commun : la conservation de la forêt boréale », a expliqué Éric Paradis, vice-président, Commercialisation pour RONA.

    « La signature de l'Entente sur la Forêt Boréale Canadienne représente un jalon historique dans le débat entourant l'exploitation de la forêt », selon Yalmaz Siddiqui, directeur de la Stratégie environnementale chez Office Depot. « Mais comme c'est le cas pour beaucoup d'accords, cette signature n'est pas une fin en soi; ce n'est qu'un début. En tant qu'entreprise qui utilise des produits forestiers canadiens, nous voudrions que tous les signataires continuent à s'engager de façon positive et comptons travailler avec eux pour atteindre les résultats escomptés de l'Entente. »

    L'EFBC est une entente historique conclue par neuf organismes environnementaux, entre autres Greenpeace, Canopée et ForestEthics, et 21 sociétés membres de l'Association des produits forestiers du Canada (APFC), qui vise la conservation de grandes étendues de la vaste forêt boréale canadienne, à protéger le caribou forestier, une espèce menacée, et à appuyer une industrie forestière vigoureuse pour les collectivités qui en dépendent.

    Les entreprises membres de l'APFC se sont engagées à suspendre l'exploitation forestière sur près de 29 millions d'hectares de forêt boréale afin d'élaborer des plans de conservation pour le caribou forestier, tout en maintenant les approvisionnements en fibre essentiels pour éviter d'interrompre les activités des usines. Toutefois, les promesses réelles de l'EFBC résident dans l'établissement de grandes aires protégées et dans l'application des meilleures pratiques d'aménagement forestier dans un paysage beaucoup plus vaste. À cette fin, l'EFBC formulera des recommandations de solutions à l'intention des gouvernements des Premières Nations et des gouvernements provinciaux.

    Les signataires de l'Entente croient que la conservation des forêts et la compétitivité des entreprises nécessitent une participation réelle des peuples autochtones et de leurs gouvernements. Les signataires se sont engagés à ce que cette participation se fasse de manière respectueuse de ces droits, de ce titre ainsi que de ces intérêts et aspirations autochtones.

    Le Forum des Entreprises pour la Forêt Boréale se réunira tous les six mois. La prochaine réunion aura lieu en mai 2011 et aura comme objectif de prendre connaissance du premier rapport de vérification indépendante et de fournir une orientation pour les prochaines étapes.

    L'Entente sur la Forêt Boréale Canadienne a été annoncée en mai 2010 et sa mise en oeuvre s'échelonnera sur les trois prochaines années.

    Le désert romanesque; INTERVIEW DE SYLVIE CROSSMAN

    Femme au parcours exceptionnel - entre le foisonnement intellectuel de la Californie des années 1970 et le désert australien - Sylvie Crossman est aujourd'hui éditrice et écrivain. Rencontre avec cette passionnée des sociétés aborigènes dont le dernier roman 'Soeurs de peau' résonne comme un hommage.

    Normalienne, elle a fréquenté Henry Miller qui lui a même dédicacé un ouvrage. Elle a été correspondante auMondeen Australie, commissaire d'exposition, éditrice, écrivain ( 'Le Nouvel Age' au Seuil), etc. Ainsi, interviewer Sylvie Crossman , c'est un peu comme côtoyer l'espace d'un instant la diversité, la curiosité et l'intelligence. Enthousiaste et éloquente lorsqu'elle parle des sociétés aborigènes, elle n'en reste pas moins exaltée au sujet de sa propre vie. Le personnage est à la hauteur de son roman, juste, charismatique et sincère.

     C'est dans un hôpital de brousse en plein coeur de l'Australie que commence votre amour de la culture aborigène ?

    J'ai créé le poste de correspondant duMondeà Sydney. Mon époux(Jean-Pierre Barou, ndlr)et moi avons visité avec notre fils le désert afin de rencontrer les aborigènes. Nous avons eu un très grave accident de voiture que je raconte en partie dans mon livre. Le soir les aborigènes - qui refusaient les soins - reprenaient l'hôpital en main avec des cérémonies. Ce fut une introduction très forte dans la culture de ce peuple. A notre sortie, nous avons eu envie de retourner dans le désert.Les grands initiés ont accepté pour la première fois de révéler les secrets, les signes sacrés qui pour eux sont des actes de propriété sur la terre. C'est la plus vieille tradition picturale au monde. Ils l'ont fait pour lutter, dans les années 1970, contre une tentative d'assimilation du gouvernement qui essayait d'extirper la racine noire de ces populations.Les aborigènes ont accepté de peindre sur nos propres supports - des toiles avec de l'acrylique - leurs secrets ancestraux. A ce moment d'appauvrissement de l'art contemporain, les marchands d'arts ont considéré cet art aborigène comme de l'art abstrait et l'ont invité sur le marché. En France, on a organisé une première exposition d'art aborigène au musée Fabre à Montpellier. Elle a eu un succès fou. Mais loin d'être uniquement esthétique, on apprend qu'au-delà de la mémoire, ces oeuvres révèlent des savoirs. Elles sont des mains tendues vers nous, censées enseigner les choses différemment. Après une série d'expositions, nous avons décidé de créer, en septembre 1996, les éditions Indigène, pour publier les catalogues.

    Pourquoi le terme "indigène" est-il aujourd'hui considéré comme péjoratif ?

    Il peut être contesté. Mais à l'époque on l'a utilisé à la manière des Anglo-Saxons, à savoir "qui viennent de la terre". Pour reprendre les mots de mon ami Jean Lacouture , on a"redonné une noblesse au motindigène". Je n'ai jamais eu de sentiments négatifs face à ce terme.

    Votre roman évoque la condition des aborigènes en Australie. Comment pourrait-elle se définir ?

    Aujourd'hui, c'est probablement le peuple "premier, le plus radicalement opposée au mode de vie et de développement des Occidentaux. Pour eux, être au monde, c'est être nomade et créer. Ils pensent que nous vivons dans un monde qui est une création. Leur mission est de suivre les pas de ce créateur et de préserver ce capital de beauté, de richesses et de plénitude dont ils ont hérité. Ces sociétés sont dans une autre réalité que la nôtre. Elles ne sont pas dans un avant du monde occidental.

    Vous auriez pu écrire un essai. Pourquoi préférer le roman ?

    La réalité aborigène est tellement peu connue que l'on pourrait s'imaginer que c'est un roman ethnographique, le roman d'une culture. Or, ce n'est pas comme ça qu'il faut le percevoir. Tout d'abord, on ne peut entrer en contact avec eux qu'en s'immergeant dans une forme artistique.Le roman offre, par sa plasticité, un terrain dans lequel on peut tester de nouvelles connexions de consciences. Et le roman contemporain permet la mise en scène de la conscience. Yourcenar disait"Dans le roman on essaie de faire de la magie sympathique", c'est-à-dire se transposer en conscience à l'intérieur de quelqu'un.Moi, je ne pouvais rentrer en contact, développer un lien sincère avec les aborigènes qu'à travers la forme romanesque. En réalité, ces personnages sont violemment romanesques. Aujourd'hui dans le désert, il y a encore des crimes rituels, des histoires fortes, des destins singuliers. A l'inverse de l'essai, le roman permet de rentrer en émotion avec quelqu'un, dévoilant ainsi quelque chose de la conscience.

    Vous faites preuve d'empathie...

    Il y a une sorte de "sous-texte" au roman. Le personnage de Sarah est également dans une histoire à la recherche d'une issue. Il y a des problématiques dans ma vie et même dans mon travail d'auteur qui se sont dénouées grâce à ce roman. Des personnages de ce roman m'ont pris la main comme Ruby ou Emily. J'ai eu beaucoup de mal à écrire un peu comme une expérience douloureuse qui en définitive m'a transformée. Essayer d'entrer en connexion avec des êtres aussi éloignés dans l'espace mental que les aborigènes me semblait être un beau défi romanesque.

    Votre écriture relie également l'immanence de la nature et des corps à la transcendance du sacré cérémonial ou de l'équivoque de la sensualité ?

    L'immanence est la grande définition de ces sociétés. Elles sont "en soi", elles ne sont pas dans une distanciation, dans un dédoublement.C'est ce qui entretient la difficulté de percevoir ces cultures "premières" dans leur spécificité parce qu'elles sont en actes en permanence.Un aborigène est aussi bien dans le présent, dans le passé que dans le futur. Leur notion de temps est beaucoup plus vaste que chez nous. Le présent ne vaut pour eux que validé, fondé par le passé.

    C'est un roman sur la liberté mais à travers la figure féminine ?

    Je pense que les femmes, par leur ancien statut de minorité, sont plus dans une recherche d'intériorité aux dépens de valeurs extérieures - le pouvoir, l'argent, les lois du sang - qui limitent le cheminement intérieur. La femme, en rupture socialement avec ces valeurs et encline à une démarche d'intériorité, offrira plus aisément cette liberté et cette reconquête. Aujourd'hui, les femmes n'ont plus à prouver leur égalité avec les hommes. Elles cherchent plutôt à fonder quelque chose à partir de valeurs spécifiquement féminines.

     L'art est important dans votre roman, une manière pour les aborigènes de révéler la richesse de leur culture. Ne craignez-vous pas qu'il y ait une réappropriation de cet art sacré par le regard purement esthétique de l'Occidental ?

    Il y a eu des débats extrêmement complexes dans les sociétés aborigènes à ce sujet. Les premières oeuvres montrées étaient publiques, elles se réalisaient en dehors des cérémonies secrètes accessibles aux seuls initiés.En réalité, on ne peut voir que ce que l'on sait voir. Un profane qui regarde une oeuvre sacrée ne perçoit que l'apparence. S'il n'a pas les codes, les clés, il n'en reste qu'à une vision esthétique, superficielle.D'une certaine manière, ça protège le sacré et le mystère des oeuvres aborigènes. Le plus important reste l'autorisation qui est donnée par un aîné lors du cérémonial de l'initiation. En plus de recevoir la charge de protéger la terre, on lui dévoile le motif sacré, correspondant à cette propriété et équivalant à une autorisation. Beaucoup d'anthropologues pensent que certaines oeuvres - comme elles sont réalisées sur des toiles avec de la peinture acrylique, par exemple - ne sont pas authentiques. Jamais un aborigène ne dirait cela. Pour lui, à partir du moment où le signe existe, l'oeuvre est authentifiée par le motif de la transmission et de l'autorisation. Ce qui prouve encore l'audace de ces sociétés qui ne sont ni froides ni figées.

    Vous ne devez pas aimer les caricatures exotiques ou le folklore autour de la culture aborigène ?

    Longtemps, on a entretenu cette rupture erronée entre le monde occidental censé incarner la raison et les sociétés aborigènes rivées à une pratique du surnaturel. Pourtant pour survivre dans le désert, il faut un maximum de raison. Ce qui est fascinant aujourd'hui, ce sont ces dialogues entre les grands initiés et nos scientifiques, notamment en matière de neurologie. On a par exemple prouvé scientifiquement qu'avec la méditation, on pouvait contrôler son système immunitaire. Des travaux récents de neurologie ont démontré que si la partie émotionnelle du cerveau est entravée, cela a des conséquences graves sur la prise de décisions. Ainsi, la scission entre l'émotion et la raison est encore désavouée. Dans ces sociétés aborigènes, on ne remplit pas sa conscience, on ne la bourre pas de savoirs, mais on la cultive comme on travaillerait un muscle pour qu'elle soit en capacité de ressentir, d'éprouver et d'agir de la manière la plus vaste possible. La conscience est mise en condition de recevoir le monde.

    Que voulez-vous dire aux lecteurs avec ce roman ?

    Que ce n'est pas un roman exotique. C'est l'histoire de deux femmes dans le désert australien. Un désert qui a autant de réalité que le macadam parisien. Il est vaste et en même temps porteur car il appelle à une réévaluation de nos valeurs, de nos modes de vie. Aujourd'hui, on a besoin de réunifier les consciences. Il n'y a pas de hiérarchie - comme le font croire la politique, l'art ou la religion -, le monde est une vaste unité, une communauté de consciences. Si les gens arrivaient à dialoguer de conscience à conscience, on serait dans un monde un peu plus ouvert à la hauteur de l'humain...

    un Amérindien sur le sentier de la politique

    Le premier Amérindien de la nation crie québécoise en piste pour entrer au parlement canadien est sur un petit nuage. Tandis que son parti social-démocrate NPD monte en flèche dans les sondages, il a déjà franchi un obstacle: la chasse à l'oie sauvage.

    Sur les rives de l'énorme lac encore gelé de Mistassini - à près de 1.000 km au nord de Montréal, la glace fond en juin - dans le village indien cri presque homonyme de Mistissini, Romeo Saganash prêche les convaincus.

    Mais au départ, l'appui naturel des autochtones à ce juriste, figure de proue de la nation crie, risquait de se heurter à un mur: le début de la chasse à l'oie sauvage qui s'ouvre le 1er mai... à la veille du scrutin.

    Pour beaucoup de Cris, peu portés sur la politique, le choix serait facile. "Dans les communautés, on sent déjà l'effervescence, on prépare les traîneaux et les armes", explique à l'AFP Romeo Saganash, encore svelte à 49 ans, et à qui ses lunettes, son jean élimé et ses cheveux noirs descendant bas sur la nuque donnent un air d'universitaire sportif.

    Heureusement pour lui, la commission électorale a autorisé le vote par anticipation, avant ce que les Cris, majoritairement anglophones, appellent la "goose break", "pause oie".

    "Il est très important qu'un des nôtres soit candidat et je suis fier et ému de le voir venir ici", déclare Noah Coonishish, membre du Conseil de la Nation Crie de Mistissini. "Et j'espère que beaucoup de Cris iront voter".

    Ils sont environ 18.000 au Québec. Un poids non négligeable dans la circonscription d'Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou qui, grande comme une fois et demie la France, compte 102.000 habitants.

    Romeo Saganash, directeur des relations avec le Québec du Grand Conseil Cri, est connu au-delà de la province francophone pour avoir participé à l'ONU à l'élaboration de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Il affronte désormais dans une course à quatre les candidats du Bloc Québécois, du parti conservateur et du parti libéral.

    En rencontrant ses électeurs dont les visages impassibles contrastent avec son sourire chaleureux, Saganash, parfaitement trilingue, répète en français, en anglais et surtout en cri : "Ne votez pas pour moi simplement parce que je suis Cri, votez parce que vous appuyez mes positions".

    Et celles du Nouveau parti démocratique (gauche) qui fait une percée historique et inespérée dans les sondages.

    A Mistissini, où l'on débarque sur une autre planète, avec des panneaux routiers en alphabet cri, les pick-ups américains rutilants et les bâtiments communautaires modernes n'y changent rien, Saganash apporte un souffle de politique internationale.

    "Le Québec a un rôle de leader mondial en matière des droits des autochtones", souligne-t-il devant le Conseil de la nation crie. Pour preuve: des habitants de Nouvelle-Calédonie lui ont demandé conseil pour négocier avec la société minière canadienne Falconbridge (rachetée par l'anglo-suisse Xstrata en 2006).

    Cela ne l'empêche pas d'aborder des problèmes locaux qui attendent des solutions, comme l'insuffisance des logements.

    Reste que les autochtones sont minoritaires dans sa circonscription. Le fait d'être Amérindien réduit-il ses chances, comme l'a dit le député sortant, souverainiste du Bloc Québécois ?

    Des habitants de la ville de Chibougamau, voisine de Mistissini, démentent d'une seule voix. "C'est un homme qui connaît bien la région, c'est important", dit une vendeuse dans un magasin d'alimentation. "Je ne vote pas selon la couleur" de la peau.

    La maire de Chibougamau, Manon Cyr, le confirme implicitement. "Notre municipalité était traditionnellement proche du Bloc, mais l'arrivée de M. Saganash a changé la donne", reconnaît-elle.

     

    Le rapport des Etats-Unis sur les droits de l’homme dénonce la situation des Penan

    Le récent rapport des Etats-Unis sur les droits de l’homme met en lumière la lutte des Penan du Sarawak (partie malaisienne de l’île de Bornéo) pour protéger leurs forêts contre l’exploitation forestière.

    Ce rapport, qui émane du département d’Etat américain, fait état des plaintes émises par les organisations indigènes de droits de l’homme concernant l’octroi, par le gouvernement du Premier ministre du Sarawak Taib Mahmud, des terres penan aux ‘compagnies d’exploitation forestière et aux projets de développement en échange de faveurs politiques et financières’.

    Au pouvoir depuis 30 ans, Taib Mahmud a remporté les élections la semaine dernière. Des milliers de Penan ne possédant pas de carte d’identité n’ont pas pu voter.

    Le rapport indique que ‘les compagnies d’exploitation forestière ont harcelé et même menacé les leaders penan’ et que ‘les employés de deux d’entre elles…ont régulièrement abusé sexuellement de femmes et jeunes filles penan’. Un ministre du gouvernement a confirmé les faits, mais aucune poursuite n’a été engagée contre leurs auteurs.

    Les chasseurs-cueilleurs penan luttent contre les compagnies d’exploitation forestière pour protéger leurs dernières forêts. Une femme penan a confié à Survival : ‘Notre terre et notre rivière ont été détruites par les compagnies d’exploitation forestière, par les plantations de palmiers à huile. Elles ne nous ont apporté que détresse et souffrance’.

    Les tribus de Bornéo interdites de vote lors des prochaines élections

    Ne possédant pas de carte d’identité, des milliers de membres de la tribu penan ne pourront pas voter lors des élections qui auront lieu samedi prochain au Sarawak (la partie malaisienne de l’île de Bornéo).

    Ce scrutin crucial déterminera si l’actuel Premier ministre Taib Mahmud se maintiendra ou non au pouvoir qu’il exerce depuis 30 ans.

    Le gouvernement de Taib Mahmud a bradé les terres des Penan aux compagnies d’exploitation forestière qui ont détruit une grande partie des forêts dont ils dépendent pour leur survie. Peu d’entre eux, cependant, auront la possibilité d’exprimer leur vote.

    Les cartes d’identité sont délivrées gratuitement aux particuliers qui en font la demande avant l’âge de 12 ans, mais la plupart des Penan ne font cette démarche qu’une fois adultes et doivent alors payer une amende. Des fonctionnaires corrompus et des intermédiaires sans scrupule leur font généralement payer jusqu’à cent dollars pour obtenir des papiers. De nombreux Penan venus en ville de leurs lointains villages pour faire la démarche, finissent par abandonner après plusieurs tentatives infructueuses.

    ‘Il nous est très difficile d’obtenir une carte d’identité. Nous ne savons pas pourquoi, mais ce n’est pas faute d’en avoir fait la demande’, se lamentent les Penan.

    Les chasseurs-cueilleurs penan luttent contre les compagnies d’exploitation forestière pour préserver leurs dernières forêts. Ils font régulièrement appel à l’opinion publique internationale pour dénoncer la déforestation qui les prive du gibier et des plantes comestibles dont ils se nourrissent.

    Sans carte d’identité, les Penan ne sont pas reconnus comme citoyens malaysiens, ils sont donc soumis à des tarifs beaucoup plus élevés dans les hôpitaux publics et de manière générale, toute démarche officielle, y compris avec la police, leur est extrêmement pénible.

    Des fermiers démasqués depuis l’espace

    Au Paraguay, de riches propriétaires terriens ont été pris la main dans le sac par des images satellite montrant qu’ils ont abattu près de 4000 hectares de forêts habitées par des Indiens isolés.

    Les entreprises brésiliennes River Plate S.A. et BBC S.A. ont été interceptées au cours d’une opération secrète menée par les autorités de l’Etat et les Indiens dans la région du Chaco, au nord du Paraguay, qui abrite les Ayoreo-Totobiegosode, le dernier groupe d’Indiens isolés d’Amérique du Sud vivant en dehors du bassin amazonien.

    La plupart des forêts ancestrales des Indiens ont été abattues par les propriétaires terriens pour y élever du bétail.

    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.

    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.

    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
     
    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
     

    Les Ayoreo déjà sédentarisés s’inquiètent du sort des membres de leur groupe qui vivent encore isolés dans la forêt.

    Ojnai, un Ayoreo nous a confié : ‘Je suis extrêmement inquiet parce que personne ne sait exactement où se trouvent les groupes isolés qui vivent encore dans la forêt. Ma sœur se trouve parmi eux. C’est pour cela que nous ne voulons pas que les étrangers continuent de détruire la forêt avec leurs bulldozers’.

    L’Institut national paraguayen de l’Indien (INDI) a récemment annoncé qu’une parcelle de 34 000 hectares, rachetée aux éleveurs de bétail, serait restituée aux Ayoreo à une date non encore précisée.

    Les négociations avec d’autres compagnies, dont l’entreprise brésilienne Yaguarete Pora ont jusqu’ici échoué, les magnats du bétail refusant de revendre les terres ancestrales des Ayoreo qu’ils ont spoliées.

    Tout comme les Totobiegosode, les propriétaires terriens ne peuvent plus se cacher. Grâce aux images satellite, il est désormais pratiquement impossible que la déforestation à grande échelle puisse passer inaperçue. Mais les autorités doivent agir avant qu’il ne soit trop tard et prendre toutes les mesures pour enrayer cette déforestation sauvage’.

     

     (Suite)

    Alstom participe à la destruction de l’Amazonie et des peuples indigènes

    La compagnie française Alstom a signé un contrat d’environ 500 millions d’euros avec la compagnie brésilienne Norte Energia pour la fourniture d’équipements destinés au complexe hydroélectrique de Belo Monte. Alstom sera à la tête d’un consortium regroupant les compagnies Voith (allemande) et Andritz (autrichienne).

    S’il est construit, le barrage de Belo Monte sera le troisième plus important au monde et menacera la vie et les modes de vie de milliers d’Indiens vivant dans la région du Xingu y compris des Indiens isolés extrêmement vulnérables. Il dévastera près de 1 500 km2 de forêt et déplacera de 20 000 à 40 000 personnes.

    Le barrage qui a été abondamment critiqué, notamment par l’évêque du Xingu, Erwin Kräutler, lauréat du prix Nobel alternatif, et par le réalisateur James Cameron, fait actuellement l’objet d’une bataille judiciaire autour de la licence environnementale nécessaire à sa construction. La Commission interaméricaine des droits de l’homme vient de demander au gouvernement brésilien de suspendre la construction tant que les communautés indigènes n’auront pas été consultées et de prendre les mesures nécessaires pour protéger les Indiens isolés qui vivent dans la région.

    Le barrage a également provoqué de vives manifestations de mécontentement de la part des Indiens et de leurs sympathisants dans le monde entier. Survival a appelé Alstom à dénoncer son contrat.

    Si Alstom se targue de respecter ‘les lois, les réglementations et autres obligations en vigueur’, des pays où elle est établie, le barrage de Belo Monte enfreint la Constitution brésilienne et la Convention 169 de l’Organisation Internationale du travail que le Brésil a ratifiée, les populations affectées n’ayant pas donné leur consentement à ce projet. L’évêque Erwin Kräutler alertait récemment l’opinion internationale sur le fait que ‘la construction de Belo Monte était fondée sur l’illégalité et le déni de dialogue avec les populations affectées’.

     

    Gordon Brown condamne la ‘destruction scandaleuse’ des forêts du Sarawak

    L’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown a lancé un appel urgent à faire cesser la ‘destruction scandaleuse’ des forêts tropicales du Sarawak avant qu’il ne soit trop tard. Dans le quotidien britannique The Independent du 10 mars 2011, il décrit la déforestation au Sarawak (partie malaisienne de l’île de Bornéo) comme ‘probablement le plus grand crime environnemental de notre temps’.

    Le Premier ministre du Sarawak, Taib Mahmud, se prépare à des élections très controversées qui auront lieu le 16 avril. Au pouvoir depuis plus de 30 ans, il a activement promu la déforestation massive des territoires indigènes.

    Les forêts du Sarawak abritent de nombreux peuples indigènes, dont les chasseurs-cueilleurs penan, qui dépendent de la forêt pour leur survie. Les Penan tentent de résister à la déforestation en érigeant des barrages routiers. La plupart de leurs forêts ayant déjà disparu, il leur devient difficile de trouver leur nourriture.

    Dans des zones où tout le bois commercialisable a déjà été coupé, les compagnies défrichent les parcelles restantes pour faire place aux plantations, notamment de palmiers à huile, ce que Gordon Brown qualifie de ‘cauchemar environnemental qui ne montre aucun signe de répit’.

    Un Penan, dont la forêt a totalement disparu, a confié à Survival : ‘La vie est très difficile pour nous maintenant. Les gens de notre village sont affamés car ils ne peuvent plus compter sur la forêt pour se nourrir. Ce sera encore pire lorsque tous nos territoires seront convertis en plantations de palmiers à huile’.

    Gordon Brown conclut en lançant un appel à une action concertée de la communauté internationale : ‘Le courage qui anime les peuples indigènes du Sarawak nous donne une chance d’arrêter la déforestation. Si nous échouons maintenant, nous ne serons pas seulement coupables de péché ou d’omission, mais nous serons complices de la destruction de l’avenir d’un peuple par des gens bien trop avides pour ne voir dans les arbres que le profit qu’ils peuvent en tirer.

    Gordon Brown a raison, le monde ne doit pas rester silencieux et permettre la destruction de la forêt des Penan au nom du profit et de l’avidité. Sans leurs forêts, les Penan n’ont aucun avenir’.

    La délicate situation des Bushmen

    Les Bushmen, population dispersée entre plusieurs Etats africains tels que le Botswana, la Namibie, l’Afrique du Sud ou encore l’Angola, sont depuis plusieurs années victimes d’immigration forcée. En effet, si leur principale réserve naturelle, le Kalahari central, leur procurait à la fois du gibier pour la chasse ainsi que des sources d’eau, le gouvernement botswanais a découvert que ce lieu cachait également d’importants gisements de diamants. Dès lors, la population a été chassée de ses terres, les grandes vagues d’immigration forcée ayant eu lieu successivement en 1997, 2002 et 2007. Survival fait état de leur situation actuelle.


    Forcés de vivre pendant des années en dehors de leur habitat naturel qu’était cette réserve, les Bushmen dépendent aujourd’hui quasiment exclusivement de l’aide alimentaire apportée par le gouvernement. Ceux-ci sont même interdits de chasse, et encourent la mort s’ils ne respectent pas cette interdiction. Après leur terre, c’est donc peu à peu leurs coutumes, leurs habitudes, leurs rites et leur culture que les Bushmen sont en train de perdre. En 2006, ils ont ainsi intenté un procès au gouvernement botswanais afin de recouvrir l’accès à leurs terres, procès qu’ils ont gagné, le juge ayant décrété que l’éviction des Bushmen était « illégale » et « anticonstitutionnelle », et qu’ils jouissaient ainsi du droit de retourner librement vivre dans leur réserve. Depuis lors, le gouvernement le leur fait payer, et les brime jour après jour, en leur interdisant notamment la pratique de la chasse ainsi que de tirer l’eau d’un puits qu’ils utilisaient pourtant depuis des décennies.
    C’est ainsi que le conflit qui les opposait au gouvernement concernant leur accès aux sources d’eau les a menés au tribunal. Ils ont perdu leur procès en 2010 et se sont ainsi vus interdire l’accès à leur puits, le juge ayant déclaré que « si les Bushmen vivaient dans l’inconfort, ils ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes », mais, appuyés par Survival, ils ont fait appel. C’est ainsi que ce dossier a été mis entre les mains de la Cour d’appel du Botswana. Si la requête des Bushmen a été largement soutenue à la fois par les Nations Unies et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, le gouvernement a, pendant toute la durée du procès, continué ses persécutions envers ce peuple, leur interdisant même le simple accès à la Réserve de Kalahari, qui n’était autorisé qu’exclusivement aux titulaires d’un permis. C’est ainsi que le leader du mouvement Bushmen, qui, accompagné de son avocat, s’était rendu sur ces terres à la suite d’une audience concernant le droit à l’eau, a été arrêté et conduit en prison pour une nuit.
    Le procès sur l’eau s’est donc tenu fin à la fin du mois de janvier 2011, et une nouvelle victoire a pu être fêtée par les Bushmen, puisque la Cour d’appel du Botswana a condamné les agissements du gouvernement envers ce peuple. C’est ainsi que les décisions suivantes ont été rendues : les Bushmen ont le droit d’utiliser leur ancien puits dont l’accès leur avait été interdit par le gouvernement, ont également le droit d’en forer de nouveaux. D’autre part, l’attitude du gouvernement à leur égard a été qualifiée de « traitement dégradant » et le gouvernement a l’obligation de prendre à son compte les charges financières induites par le procès.
    Il est dont à espérer maintenant que cette décision de justice soit respectée par le pouvoir en place qui, même s’il détient d’importantes exploitations diamantifères dans la Réserve de Kalahari, doit développer une cohabitation pacifique avec les Bushmen. Mais, pour l’heure, cette décision judiciaire représente un grand progrès pour les droits de l’Homme dans le pays.

    La lutte des Indiens Achuar, Shiwiar et Sapara en Amazonie équatorienne

     

    Carte Zéro Déforestation

    Aux côtés des 45.000 indiens Shuar et 90.000 Kichwa, trois ethnies beaucoup plus petites luttent depuis 1992 pour la reconnaissance de leurs droits : les Achuar (6.000), les Shiwiar (1.200) et les Sapara (1.700), soit au total près de 9.000 indiens peuplant 1.400.000 hectares de forêt primaire situés à la frontière avec le Pérou à 100 km du front de colonisation et de déforestation en Equateur.

     

    D’une superficie équivalente à trois départements français, ces forêts anciennes sont menacées par les projets du gouvernement qui souhaite notamment étendre sa zone d’exploitation pétrolière vers le sud, après avoir été contraint par les mouvements écologistes d’« épargner » le Parc National du Yasuni, situé juste au nord. Leur avenir va se jouer dans cette décennie !

     

    Pour tous ces peuples jusqu’alors oubliés, l’espoir est né en 1992 lors des célébrations des 500 ans de la découverte du Nouveau-Monde. Partout en Amérique latine durant cette année-là, les autochtones s’unissent et manifestent pour revendiquer à l’inverse, cinq siècles d’oppression et de colonisation. Ainsi, lors du Sommet de la Terre de Rio, la voix des amérindiens (et une autre vision du monde) se fait entendre pour la première fois. Dans la foulée, les indiens d’Equateur se soulèvent et paralysent le pays en Octobre 1992. Ils obtiennent des titres fonciers communautaires sur une partie de leurs territoires ancestraux, mais ce sont surtout les Kichwa, initiateurs de ces manifestations qui en profiteront le plus.

     

    Durant la décennie 2000, les orientations politiques pluri-nationalistes (et avant-gardistes) de l’Equateur se révèlent, dans la pratique, difficiles à mettre en œuvre surtout en Amazonie où les indiens occupent de vastes étendues encore vierges et riches en ressources économiques. Avec une densité démographique proche de 0.5 habitant/km², c’est un vaste espace de développement économique que l’Equateur s’apprête à enterrer !

    Un pas en avant, deux pas en arrière, l’Etat traîne alors les pieds pour concéder aux indiens ce qu’il a ratifié en 1998. Et dans ce combat, il aurait très bien pu gagner si les enjeux écologiques n’avaient pas pris au fil des années une importance croissante. Aujourd’hui les nationalités autochtones d’Equateur se sont organisées et continuent plus que jamais la lutte pour protéger leurs forêts. Elles reçoivent l’appui d’ONG internationales oeuvrant contre la déforestation et le changement climatique. Le mot d’ordre est lancé : avant de reboiser, il est urgent de préserver les forêts encore intactes !

    Le cas des indiens Shiwiar est exemplaire. Aidés par l’association française Arutam Zéro Déforestation, ils revendiquent depuis 2006, 120.000 hectares. Ils ont passés toutes les étapes de ce processus (délimitation GPS leur territoire, cartographie, rédaction et dépôt du dossier technique) et attendent enfin le décret d’application. Et pourtant rien n’est acquis, il leur faut maintenant des avocats pour faire valoir leurs droits fonciers. Or cela représente un coût qu’ils ne peuvent assumer.

    Zéro Déforestation est un élan de solidarité pour la reconnaissance des titres fonciers des indiens d’Amazonie équatorienne. Grâce à votre aide, de vastes espaces naturels, riches en biodiversité, seront ainsi préservés d’une exploitation outrancière, qu’elle soit forestière, minière, pétrolière ou agricole.

     

    La gestion des dernières forêts primaires d’Amazonie par les Indiens eux-mêmes est un droit fondamental reconnu par la Charte des Droits de l’Homme et inscrit dans la Déclaration des Peuples Autochtones à l’ONU.

     

     

    Wikileaks: Un câble secret révèle que le Pérou avait admis avoir falsifié des certificats forestiers

    Selon un câble diplomatique de l’ambassade des Etats-Unis révélé par WikiLeaks, le gouvernement péruvien a secrètement admis que 70 à 90% de ses mahogany (sorte d’acajou) exportés avaient été illégalement abattus.

    Par ailleurs, le gouvernement péruvien est parfaitement informé du ‘blanchiment’ de l’exploitation forestière illégale à travers la ‘falsification de documents et l’abattage des essences dures en dehors des limites des concessions, en échange de pots-de-vin’.

    Cette révélation risque de mettre dans l’embarras plusieurs magasins de matériaux nord-américains qui nous ont confessé continuer d’importer des essences précieuses en provenance d’Amazonie. Les enseignes Home Depot, Lowe’s et Lumber Liquidators ont confirmé qu’elles commercialisaient des articles en mahogany.

    Dans ce câble, qui date de 2006, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis au Pérou, James Struble, évoquait ‘les estimations non officielles de l’INRENA’, l’institut national des ressources naturelles.

    Les commentaires de l’ambassadeur donnent une image accablante de la mauvaise gestion de la forêt au Pérou. Selon le télégramme qui insiste sur le rôle décisif du pays dans le marché forestier illégal, les Etats-Unis ont importé 88% des essences dures péruviennes destinées à l’exportation en 2005. La majeure partie de l’exploitation du mahogany péruvien en danger reste aujourd’hui destinée au marché nord-américain.

    Cette révélation fait suite à la récente explosion médiatique internationale suscitée par l’exploitation forestière illégale au Pérou, des bûcherons ayant envahi des régions protégées forçant les Indiens isolés qui y vivent à fuir de l’autre côté de la frontière, au Brésil.

    Les bûcherons constituent une grave menace pour les Indiens murunahua isolés qui risquent d’être décimés par les maladies du monde extérieur ou par des conflits avec d’autres Indiens isolés qui acceptent difficilement de se voir envahir, même par d’autres Indiens.

    Survival a exhorté le gouvernement péruvien à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection efficace du territoire des Murunahua.

    Ce câble diplomatique montre de manière alarmante que les autorités péruviennes étaient parfaitement informées de l’ampleur de l’exploitation forestière illégale, qu’elles ne l’admettaient pas et qu’elles n’ont presque rien entrepris pour la faire cesser. Il est effarant de constater que, cinq ans après l’émission de ce câble, la déforestation illégale systématique continue au Pérou et les territoires habités par des Indiens extrêmement vulnérables ne sont toujours pas efficacement protégés. Les consommateurs nord-américains et européens avisés ne se laisseront pas abuser par une rhétorique qui tend à démontrer que le mahogany péruvien est exploité de manière durable. De tels arguments ne valent pas mieux que le papier utilisé pour les écrire.

    Peuples autochtones d’Afrique centrale : la longue marche vers la reconnaissance

    Pygmées baaka, mbenzélé, babongo, batwa...Venus de toute l’Afrique centrale, des représentants des peuples autochtones se réunissaient à Impfondo, dans le département de la Likouala, au nord de la République du Congo, du 16 au 19 mars. Avec des délégués de leurs gouvernements, des élus, des responsables d’ONG, d’institutions internationales et d’entreprises, ils participaient au FIPAC 2 (Forum international sur les peuples autochtones d’Afrique centrale) qui, trois ans après la première édition organisée dans la même localité, avait pour thème : « Droits des peuples autochtones et dynamiques de la conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo ».
      « Nous sommes exploités ! Pour travailler une parcelle 6 à 12 ha, nous sommes payés avec quelques habits, quelques "bâtons de cigarette". D’autres nous donnent un peu d’argent : 2000 à 3000 francs [1] », dénonce Benjamin Ngola. Pour ce jeune pygmée originaire de Centrafrique, il n’était pas question d’être abusé par les propriétaires terriens comme l’étaient ses parents. Scolarisé jusqu’à la classe de sixième, il a profité de ce bagage pour partir s’installer au Congo où il exerce depuis trois ans la profession d’enseignant à Enyele, dans le département de la Likouala. Cependant, il estime qu’il n’est toujours pas considéré à l’égal des autres hommes, et rêve d’un ailleurs où la vie serait meilleure et les préjugés moins tenaces.
     
    Du fait de leur petite taille et de leur mode de vie, les pygmées ne jouissent pas des mêmes droits que les autres ethnies, principalement bantoues, peuplant l’Afrique centrale. Une discrimination millénaire largement dénoncée lors de la seconde édition du FIPAC (Forum international sur les peuples autochtones d’Afrique centrale), qui s’est tenue à Impfondo. Plus de 500 personnes ont fait le déplacement. Et huit délégations des Etats de la sous-région [2] ont participé à l’événement organisé par le pays hôte, sous la coordination de la COMIFAC (Commission des forêts d’Afrique centrale) et de la CEAC (Commission économique des Etats d’Afrique centrale).
     
    Au cœur de la forêt équatoriale, dans un village de briques et de bois encore inachevé, conçu pour la circonstance par le premier architecte autochtone certifié du Congo, Parfait Dihoukamba, les discussions sont allées bon train. A l’issue de leurs travaux, les participants répartis dans sept panels, ont accouché d’une longue liste de recommandations, dont l’essentiel tient dans : l’accès des autochtones aux services sociaux et administratifs de base (santé, éducation, logement, enregistrement à l’état civil, justice), leur insertion dans les instances institutionnelles et politiques, la garantie de leur accès aux ressources forestières, le partage des richesses forestières et minières prélevées sur les territoires qu’ils occupent, la promotion et le respect des lois les protégeant sur les plans national et international.
     
    Des avancées encourageantes

    « Il y a eu une prise de conscience tardive de nos gouvernements vis-à-vis d’une population qui était considérée comme des sous-hommes », juge Parfait Dihoukamba, qui est aussi coordinateur du RENAPAC (Réseau national des populations autochtones du Congo). Mais, optimiste, il estime que « le FIPAC est le début d’un processus qui ne peut être arrêté ». Un avis que partage Kapupu Diwa Mutimanwa, coordonnateur du REPALEAC (Réseau des peuples autochtones d’Afrique centrale). Le Burundi réserve depuis 2005 un quota au sein des deux chambres du Parlement aux pygmées batwa, la République centrafricaine a ratifié le 24 décembre 2009 la convention 169 de l’OIT (Organisation internationale du travail) relative aux peuples indigènes et tribaux, la loi du 25 février 2011 garantit la promotion et la protection des populations autochtones de la République du Congo… Une succession de décisions qui, selon M. Diwa Mutimanwa, prouve que la cause des pygmées progresse en Afrique centrale. Il pense cependant que l’émancipation et la reconnaissance des peuples autochtones dépend étroitement de leur niveau de scolarisation. « Si je fais tout ce que je fais maintenant, c’est parce que j’ai étudié. On manque de cadres ! », diagnostique le coordinateur du REPALEAC, pour qui le débat sur l’acculturation induite par la fréquentation des établissements scolaires est secondaire.
     
    Les représentants des peuples autochtones comme le ministre congolais de l’Economie forestière, de l’Environnement et du développement durable, Henri Djombo, sous la houlette duquel a été organisé l’événement, ont martelé que l’institutionnalisation du FIPAC était nécessaire, car elle permettrait de mener avec une plus grande efficacité le combat pour la reconnaissance et le respect des droits des peuples autochtone à l’échelle de l’Afrique centrale. Une institutionnalisation inscrite parmi les recommandations des panelistes qui ont planché pendant la durée du forum, mais qui devra attendre que les Etats concernés la ratifient. « On ne doit plus se regarder en chien de faïence, mais se porter assistance mutuelle », déclarait Henri Djombo lors de la clôture du FIPAC 2. Les inégalités existant entre bantous et pygmées disparaîtront-elle un jour ? Pour l’amérindienne Pauline Soukhai, ministre des affaires autochtones du Guyana, invitée à Impfondo, l’exemple de son pays est encourageant. Aujourd’hui, les Amérindiens, représentant 10% de la population, participent à la vie de la nation aux niveaux les plus élevés, puisqu’ils dirigent trois ministères sur dix-sept. « C’est un gros challenge pour tous les pays d’Afrique centrale, mais c’est possible », a-t-elle déclaré, insistant sur « la nécessité d’un partenariat entre autochtones et gouvernements ». Pour évaluer les progrès de leur action, les participants du FIPAC se sont donnés rendez-vous dans deux ans, au Congo ou dans un autre pays de la sous-région qui accepterait d’accueillir la troisième édition du forum, s’il parvenait à se pérenniser.
     

    Qui sont les pygmées ?
    Disséminés dans toute l’Afrique centrale, les pygmées seraient plus de 300 000. Au Congo, par exemple, ils représenteraient 10% de la population, soit environ 40 000 personnes. Des évaluations à prendre avec des pincettes, car aucune statistique fiable n’existe sur leur nombre. Ils sont divisés en plusieurs groupes. Dans la région des grands lacs, au Rwanda, au Burundi, en Ouganda, en République Démocratique du Congo vivent majoritairement les Batwa et Bambuti. A l’ouest, au Congo, Gabon, Centrafrique et Guinée équatoriale, on trouve les Bagyeli, Bakola, Bakoya, Baaka, Aka, Babenjelle, Babongo et plusieurs autres tribus. Nomades, ils vivraient encore majoritairement dans la forêt, de la chasse, de la pêche, d’un peu d’agriculture et de travaux effectués au bénéfice des peuples sédentaires qu’ils côtoient – et souvent les exploitent, profitant de leur méconnaissance de la valeur numéraire du travail. Mais ils sont eux-mêmes de plus en plus nombreux à se sédentariser. Ils sont officiellement appelés « autochtones », depuis qu’une déclaration des Nations unies, en 2007, a recommandé ce terme à la place de « pygmée », jugé péjoratif. Ce dernier est issu du mot grec « pygmaios » signifiant haut d’une coudée. Il demeure le plus fréquemment employé pour les désigner. D’autres populations d’Afrique centrale, telles que les Peuls bororo, sont classées parmi les « autochtones ». Un terme qui a du mal à faire l’unanimité dans la sous-région où nombre de Bantous jugent, qu’à la différence des Européens arrivés en Amérique à la fin du XVIe siècle seulement, leur longue présence en Afrique centrale justifierait qu’ils soient aussi qualifiés d’« autochtones ».  (Suite)

    l’Ethiopie aux prises avec un scandale international

    Près de 400 organisations ont signé une pétition contre le plus haut barrage d’Afrique qui a été remise aux ambassades d’Ethiopie en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis le 22 mars pour marquer la journée mondiale de l’eau. 

    Au moins huit tribus éthiopiennes et près de 300 000 riverains du célèbre lac Turkana sont menacés par le barrage de Gibe III sur la rivière Omo.

    L’ouvrage qui, selon le gouvernement éthiopien est achevé à 40%, perturbera le phénomène de crues naturelles indispensables aux systèmes agricoles traditionnels des tribus de l’Omo. Si les autorités prétendent aujourd’hui qu’une ‘crue artificielle’ résoudra le problème, la compagnie de construction du barrage avait annoncé l’an dernier sa volonté d’amener progressivement les tribus à ‘passer d’une agriculture irriguée par les crues naturelles à des systèmes agricoles plus modernes’.

    Un tel changement imposé, écartant la solution de crue artificielle déjà inadéquate, sans aucune garantie de moyens alternatifs de survie, s’avérera probablement désastreux.

    Un chasseur-cueilleur kwegu a déclaré : ‘Nous dépendons des poissons, ils sont notre bétail. Si les crues de l’Omo disparaissent, nous mourrons’.

    Le gouvernement éthiopien a par ailleurs affecté 180 000 hectares de terres de la vallée de l’Omo à l’investissement agricole dont certaines se trouvent sur les territoires des tribus nyangatom, karo et mursi.

    Les tribus n’ont pas été consultées sur ce barrage, ni sur les changements qu’il impliquera sur leur mode de vie ou sur l’octroi de concessions situées sur leur territoire à des investisseurs étrangers, violant ainsi la Constitution éthiopienne.

    La Banque européenne d’investissement et la Banque africaine de développement ont toutes deux décidé de ne pas financer le barrage. Si les banques chinoises de commerce et d’industrie et Exim financent déjà certaines parties du projet, l’Ethiopie a besoin de trouver de nouveaux financements. Le gouvernement italien étudie actuellement la possibilité d’investir dans le barrage et l’Ethiopie est récemment devenue le plus important bénéficiaire de l’aide au développement britannique avec un engagement de 2 milliards de dollars sur quatre ans.

    Survival International, International Rivers, la Campagne pour la réforme de la Banque mondiale, Counterbalance Coalition et Friends of Lake Turkana se sont associées pour lancer la pétition qui appelle le gouvernement éthiopien à ‘suspendre le projet du barrage de Gibe III sur la rivière Omo tant que les peuples affectés par ce projet n’auront pas donné leur consentement libre, préalable et informé.  Si le gouvernement endigue les eaux des tribus de la vallée de l’Omo et octroie leurs terres à des étrangers, elles ne survivront pas. Le gouvernement est en train de promouvoir l’industrialisation à outrance aux dépens des peuples les plus vulnérables du pays.
     

    Transition Lula – Dilma : Perspectives pour les peuples indigènes

    Le 18 janvier, invitées par AYA, une quarantaine de personnes étaient réunies à la salle "Chico Mendes" de la Maison des Associations de Genève, pour échanger avec l'indigéniste et sociologue Silvio Cavuscens, sur la situation des peuples indigènes brésiliens au moment du changement de présidence de la république. Il y avait-là des membres des organisations de coopération qui ont, ou ont eu, Silvio comme partenaire : E-Changer, Terre des Hommes Genève/Suisse, Mouvement pour la Coopération Internationale - MCI, mais aussi les membres du collectif qui avait organisé la campagne "Démarcation des Terres indigènes" entre 2003 et 2006. Et, bien sûr, plusieurs de ses amis de jeunesse.

    "Côtoyer les peuples indigènes et ne pas respecter leurs cultures, cela revient à toucher sans sentir, regarder sans voir et écouter sans entendre !" Tel est le titre que Silvio a donné à sa présentation. Il a rappelé comment la diversité est l'une des caractéristiques des peuples indigènes du Brésil : plus de 700'00 indiens appartenant à 235 peuples, utilisant 172 langues différentes.

    Au niveau institutionnel, il a souligné l'importance de la Constitution de 1988 qui a rompu avec la vision intégrationniste au profit de la reconnaissance de la spécificité des peuples indigènes et de l'importance de leurs organisations. Il a d'abord rappelé les priorités du gouvernement Lula, notamment : l'amélioration des conditions économiques de la nation, réduire le taux de pauvreté, valoriser le Brésil au niveau international et les alliances internes nécessaires à la gouvernance du pays.

    En 2002, la coalition qui a soutenu la candidature de Lula à la présidence de la république a publié un programme de gouvernement concernant les peuples indigènes. Y figurent notamment, la volonté de dialogue, la démarcation des terres indigènes, la restructuration de la Fondation Nationale de l'Indien - FUNAI. Au terme de huit ans de gouvernement Lula, le bilan est mitigé : désarticulation de la politique indigéniste entre divers ministères, manque de dialogue, méconnaissance de la réalité indigène entraînant l'application de mesures inadaptées. Le Programme d'Accélération de la Croissance - PAC, mis en oeuvre par le gouvernement, a des impacts négatifs sur l'Amazonie et les peuples indigènes de la région en raison de nombreux ouvrages inscrits au programme : routes, usines hydroélectriques (Belo Monte, Jirau), gazoducs, etc. Par ailleurs, la violence à l'égard des peuples indigènes reste bien réelle.

    Silvio a évoqué ce que les peuples indigènes attendent du nouveau gouvernement, par exemple, l'adoption du Statut des peuples indigènes, la consolidation du Secrétariat spécial de santé indigène - SESAI, l'arrêt des travaux d'infrastructures qui ont un impact direct ou indirect sur les Terres indigènes, la création d'un Conseil national de politique indigéniste...

    Cette note a été publiée dans le bulletin "AYA Info" No 58, de l'association "Appui aux indiens Yanomami d'Amazonie" - AYA - 15, Chemin de la Vi-Longe  -  CH - 1213 Onex / Genève - CCP 17-55066-2

    Venezuela 26.02.2011. La loi sur les langues indigènes est un instrument de revitalisation

    Alors qu’il existe des peuples indigènes qui parlent leur langue, ils la perdent peu à peu à cause de la pénétration culturelle inhérente au modèle de société capitaliste.

    La représentante indigène Noheli Pocaterra, a relevé qu’entre les projets impulsés en 2009 à l’Assemblée nationale, la loi sur les langues indigènes est un instrument qui a une histoire et des antécédents.

    Elle a rappelé qu’en 2001-2002, la réflexion tournait autour d’une loi d’éducation et d’utilisation des langues indigènes comme mécanisme de travail.

    « Malheureusement, la loi d’éducation n’a pas été approuvée à cette époque et par conséquent notre loi a été également paralysée, malgré le fait que nous avions fait une consultation dans tout le pays » a-t-elle affirmé.

    Ella a rappelé qu’une série d’accords entre la Commission d’Education et la Commission des Peuples indigènes du Parlement national, « nous on sollicités pour qu’au lieu d’élaborer une loi d’éducation indigène, nous l’intégrions comme un chapitre ou article de la loi sur l’éducation »

    Une loi sur les langues indigènes a été présentée ultérieurement et approuvée à l’Assemblée nationale.

    La finalité de cet instrument légal – a-t-elle expliqué – est la revitalisation, car il y a des peuples indigènes qui parle leur langue, mais peu à peu ils la perdent, à cause de la pénétration culturelle inhérente au modèle de société capitaliste « qui nie encore l’utilisation de nos langues indigènes, qui les voit comme des dialectes ou qui simplement nous sous-estime »

    L’Homme moderne vient-il d’Afrique de l’Est ou du Sud ?

    D’après une étude génétique sur des populations africaines, le berceau de l’Humanité serait plutôt l’Afrique du Sud où l’on rencontre encore aujourd’hui une très grande diversité génétique.

    L’Homme moderne, c’est-à-dire Homo sapiens, semble bien être apparu en Afrique et plus précisément en Afrique de l'Est. C’est l’hypothèse admise aujourd’hui et qui avait été étayée, notamment, par l'analyse génétique du programme Genographic. Elle vient d’être remise en cause par une équipe d’anthropologues des États-Unis après une étude conduite dans plusieurs peuples de chasseurs-cueilleurs d’Afrique du Sud (comme les Bushmen Khomani, adeptes de la langue à clics, en Afrique du Sud) et dans des populations d’Afrique du Nord (notamment les Massaï au Kenya).

    Chez ces vingt-sept populations, les chercheurs ont analysé 580.000 SNP (Single Nucleotide Polymorphism), des petites variations au sein de l’ADN, très communes, qui représentent les neuf dixièmes de la différence génétique entre deux personnes. Les résultats viennent d'être publiés dans la revue Pnas. Verdict : les résultats obtenus penchent du côté d’une origine sud-africaine des groupes ethniques actuels.

    Une histoire plus complexe ?

     

    Selon eux, les six populations subsahariennes de chasseurs-cueilleurs partagent un ancêtre commun distinct des ethnies agricultrices. Les auteurs eux-mêmes soulignent cependant que leur étude porte sur un petit nombre d’individus (47 personnes pour les Bushmen par exemple).

    Ils concluent tout de même à une variété génétique remarquablement élevée pour les chasseurs-cueilleurs d’Afrique du Sud, en particulier les Khomani et les Bushmen de Namibie. Schématiquement, la diversité génétique diminue du sud au nord de l’Afrique, ce qui situerait au sud du continent l’origine des populations humaines.

    S’exprimant dans BBC News, l’anthropologue britannique Chris Stringer émet un doute sur la conclusion, arguant que les peuples actuels de chasseurs-cueilleurs sont issus de populations bien plus vastes dont le territoire était très étendu et qu’il est donc difficile de remonter 60.000 ans plus tard à une origine géographique précise.

     (Suite)

    La lutte des Indiens Achuar, Shiwiar et Sapara en Amazonie équatorienne

    Aux côtés des 45.000 indiens Shuar et 90.000 Kichwa, trois ethnies beaucoup plus petites luttent depuis 1992 pour la reconnaissance de leurs droits : les Achuar (6.000), les Shiwiar (1.200) et les Sapara (1.700), soit au total près de 9.000 indiens peuplant 1.400.000 hectares de forêt primaire situés à la frontière avec le Pérou à 100 km du front de colonisation et de déforestation en Equateur.

     

    D’une superficie équivalente à trois départements français, ces forêts anciennes sont menacées par les projets du gouvernement qui souhaite notamment étendre sa zone d’exploitation pétrolière vers le sud, après avoir été contraint par les mouvements écologistes d’« épargner » le Parc National du Yasuni, situé juste au nord. Leur avenir va se jouer dans cette décennie !

     

    Pour tous ces peuples jusqu’alors oubliés, l’espoir est né en 1992 lors des célébrations des 500 ans de la découverte du Nouveau-Monde. Partout en Amérique latine durant cette année-là, les autochtones s’unissent et manifestent pour revendiquer à l’inverse, cinq siècles d’oppression et de colonisation. Ainsi, lors du Sommet de la Terre de Rio, la voix des amérindiens (et une autre vision du monde) se fait entendre pour la première fois. Dans la foulée, les indiens d’Equateur se soulèvent et paralysent le pays en Octobre 1992. Ils obtiennent des titres fonciers communautaires sur une partie de leurs territoires ancestraux, mais ce sont surtout les Kichwa, initiateurs de ces manifestations qui en profiteront le plus.

     

    La montée en puissance des autochtones qui représentent un tiers de la population en Equateur oblige le pays à réviser sa constitution en 1998. Celle-ci reconnaît l’existence de 13 nationalités autochtones dont les Achuar, Shiwiar et Sapara. Elle officialise notamment l’éducation bilingue et la santé inter-culturelle, mais surtout ouvre la porte à la restitution par voie légale de tous les territoires occupés par les indiens. C’est le début de l’autonomie pour tous ces peuples opprimés depuis des siècles.

    Durant la décennie 2000, les orientations politiques pluri-nationalistes (et avant-gardistes) de l’Equateur se révèlent, dans la pratique, difficiles à mettre en œuvre surtout en Amazonie où les indiens occupent de vastes étendues encore vierges et riches en ressources économiques. Avec une densité démographique proche de 0.5 habitant/km², c’est un vaste espace de développement économique que l’Equateur s’apprête à enterrer !

     

    Un pas en avant, deux pas en arrière, l’Etat traîne alors les pieds pour concéder aux indiens ce qu’il a ratifié en 1998. Et dans ce combat, il aurait très bien pu gagner si les enjeux écologiques n’avaient pas pris au fil des années une importance croissante. Aujourd’hui les nationalités autochtones d’Equateur se sont organisées et continuent plus que jamais la lutte pour protéger leurs forêts. Elles reçoivent l’appui d’ONG internationales oeuvrant contre la déforestation et le changement climatique. Le mot d’ordre est lancé : avant de reboiser, il est urgent de préserver les forêts encore intactes !

     

    Le cas des indiens Shiwiar est exemplaire. Aidés par l’association française Arutam Zéro Déforestation, ils revendiquent depuis 2006, 120.000 hectares. Ils ont passés toutes les étapes de ce processus (délimitation GPS leur territoire, cartographie, rédaction et dépôt du dossier technique) et attendent enfin le décret d’application. Et pourtant rien n’est acquis, il leur faut maintenant des avocats pour faire valoir leurs droits fonciers. Or cela représente un coût qu’ils ne peuvent assumer.

     

    Zéro Déforestation est un élan de solidarité pour la reconnaissance des titres fonciers des indiens d’Amazonie équatorienne. Grâce à votre aide, de vastes espaces naturels, riches en biodiversité, seront ainsi préservés d’une exploitation outrancière, qu’elle soit forestière, minière, pétrolière ou agricole.

    Peuples autochtones du Congo

         Sous le patronage du président Sassou Nguesso, la ville d'Impfondo, chef-lieu du département de la Likouala au nord Congo, abrite du 16 au 19 mars la 2ème édition du Forum international sur les peuples autochtones d'Afrique centrale. A quelques jours de l'événement, le ministre de l'Economie forestière, Henri Djombo, a fait le point global des préparatifs à la presse.

    Le FIPAC est une rencontre des représentants des Etats de l’Afrique Centrale, du Réseau des Peuples Autochtones d’Afrique Centrale (REPALEAC), des réseaux nationaux des peuples autochtones d’Afrique Centrale, des partenaires au développement, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, de la société civile, du secteur privé…

     

    Cette réunion a pour but de réfléchir et de trouver des solutions adéquates aux questions de protection et de promotion des droits et libertés, de la culture des peuples autochtones d’Afrique centrale et de leur prise en compte pour la gestion durable de l’écosystème du bassin du Congo.
    La première édition de cette rencontre a permis entres autres, de décider de l’organisation de ce forum tous les trois ans au même endroit, sous la coordination de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), une institution spécialisée de la Commission Economique des Etats de l’Afrique centrale(CEEAC).
    Pour la 2ème édition, les préparatifs vont bon train, a dit le ministre Henri Djombo. Le site d’Impfondo qui représentait un grand enjeu, ce défi serait relevé. << Tout est presque arrangé : la construction de la salle des conférences pouvant abriter 300 à 400 personnes, la salle de réunion, le réfectoire, les dortoirs, la salle d’exposition et l’amphithéâtre…>>, a précisé le ministre.

       Henri Djombo a rassuré les journalistes qu’à partir de demain, tous les ouvrages seront disponibles pour le forum.

    Plusieurs délégations, selon l’orateur, ont déjà annoncé leur participation. On compte une dizaine de pays africains, des partenaires au développement, des organisations sous régionales comme la CEEAC, la COMIFAC, les réseaux nationaux des peuples autochtones. Henri Djombo a ajouté que << des dispositions viables sont prises pour le transport des délégations étrangères de Brazzaville à Impfondo. >>
    Au sujet de la thématique centrale << Droits des peuples autochtones et dynamiques de conservation de la biodiversité dans le bassin du Congo, >> le ministre a laissé entendre que, le gouvernement accordait une attention particulière à la question des peuples autochtones et a pris un certain nombre de mesures en vue de la reconnaissance et de l’émancipation des communautés autochtones vivant sur l’ensemble du territoire congolais. Il a cité en référence la constitution du Congo qui reconnaît les mêmes droits à tous les citoyens sans aucune discrimination de race, de langue, d’origine sociale et ethnique.
      A cela, le ministre a ajouté la promulgation par le parlement, le 25 février dernier, de la loi portant promotion, protection et émancipation des peuples autochtones. Selon lui, c’est une première loi prise en faveur des peuples autochtones. << C’est une première loi au monde >>, a t’il conclu.
     
    Estimés à 300.000 individus, les peuples autochtones représentent environ 10% de la population congolaise. Longtemps considérés comme des citoyens de seconde zone, ils constituent la couche la plus marginalisée et la plus vulnérable. On distingue plusieurs groupes d’autochtones repartis sur l’étendue du Congo. Il s’agit des Babongos dans le département de la Lékoumou, du Niari et du Kouilou ; les Atwas dans le département des Plateaux ; les Aka et les Baaka dans les départements de la Cuvette-Ouest, de la Cuvette, de la Sangha ; les Babi dans le département du Pool et les Babenga ou Baaka dans le département de la Likouala.

    Afrique centrale/Culture : 500 délégués attendus au Forum des peuples autochtones à Impfondo

    Près de 500 délégués sont attendus à la deuxième édition du Forum international sur les Peuples Autochtones d'Afrique Centrale (FIPAC2) qui aura lieu du 16 au 19 mars prochain à Impfondo, dans le département de la Likouala, à environ 1000 km au nord-est de Brazzaville, a appris Xinhua jeudi de source proche des organisateurs au ministère congolais de l'Economie forestière.

    Placé sous le patronage du président congolais, Denis Sassou Nguesso, le FIPAC 2 se tient sur le thème central : « Droits des peuples autochtones et dynamiques de la conservation de la biodiversité dans le Bassin du Congo ».

    Le FIPAC est une rencontre des représentants des Etats de l' Afrique centrale, des institutions internationales, de la société civile, et des collectivités locales. Cette rencontre a pour but de réfléchir et de trouver des solutions adéquates aux questions de protection et de promotion des droits et libertés, de la culture des peuples autochtones d'Afrique centrale et de leur prise en compte pour la gestion durable de l'écosystème du Bassin du Congo.

    La première édition de cette rencontre en avril 2007 a permis, entre autres, de décider de l'organisation de ce forum tous les trois ans au même lieu, sous la coordination de la Commission des Forêts d'Afrique Centrale (COMIFAC), une institution spécialisée de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC).
     

    La rencontre GoodPlanet : Emilie Barrucand, ethnologue en Amazonie

     
     
     

    GoodPlanet est allé à la rencontre d’Emilie Barrucand. Elle est la fille adoptive du chef amazonien Raoni. Depuis dix ans, Emilie Barrucand partage sa vie entre la France et le Brésil, dans le village du grand cacique, en plein cœur de l’Amazonie. Avec lui, la jeune ethnologue de 30 ans a tissé des liens indéfectibles. Comme avec tous les membres de la communauté qui la considèrent désormais comme une des leurs.

    En France, elle a créé l’association Wayanga ("chamane" en kayapo) ; au Brésil, elle intervient régulièrement auprès de la FUNAI (Fondation de l’Indien au Ministère de la justice brésilienne) et entame un long travail d’archivage pour les aider à conserver leur patrimoine culturel et la mémoire des anciens. Un travail de longue haleine nécessitant beaucoup de patience, d’écoute, et de présence sur le terrain.

    Vous côtoyez, depuis dix ans, les peuples autochtones d’Amazonie. Quel bilan dressez-vous de la situation sur le terrain ?

    La déforestation continue de gagner cruellement du terrain. En survolant la région du Mato Grosso par images satellite, on distingue clairement un bloc vert, les terres autochtones, et tout autour, des étendues de jaune, à perte de vue, les monocultures de soja, qui appauvrissent la biodiversité et mettent en péril la vie de ces peuples. Le projet de bitumage de la BR163, qu’on appelle "l’autoroute du soja", est quant à lui en stand by mais il peut, à tout moment, revenir sur le tapis. Tout comme ce projet de barrage du Belo Monte contre lequel les Indiens luttent depuis près de trente ans. Sa construction sur le fleuve Xingu –traversant de nombreuses terres autochtones– entrainerait de terribles inondations et un déséquilibre de l’écosystème. Une catastrophe pour ces peuples chasseurs, pêcheurs, cueilleurs. Le projet, ajourné dans les années 80, est de nouveau d’actualité. Ce qui est contraire à la convention 169 de l’OIT que le Brésil a signé, depuis, pour s’engager à protéger les peuples autochtones des agressions extérieures.

    Pensez-vous que la visite de Raoni "chez les Blancs" pourrait faire annuler le projet ?

    Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour éviter la construction de ce barrage. Le discours de Raoni, relayé par les médias occidentaux peut faire plier le gouvernement brésilien. Dans les années 80, Sting avait joué un rôle essentiel dans l’ajournement du projet, en apparaissant dans les médias à ses côtés pour dénoncer les conséquences néfastes de ce barrage. 
     

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