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les peuples de l'Arctique
Bien qu’occupant une région très vaste, les peuples dits « arctiques » présentent de nombreux points communs, à commencer bien sûr par leur remarquable adaptation aux conditions de froid extrême et de nombreuses caractéristiques de leur mode de vie traditionnel (outillage, vêtements, organisation sociale, transmission orale etc.). Leur mode de subsistance ancestral est basé, dans la plupart des cas et selon les régions, sur la chasse et la pêche, des mammifères marins en particulier, ou bien sur l’élevage transhumant de rennes.
Les principaux groupes de population dits « arctiques » sont :
- les Inuit, qui sont présents du Groenland à la Sibérie orientale, en passant par le nord du Canada et l’Alaska, et dont font partie les Yupiks d’Alaska et de Sibérie.
- les Samis qui occupent le nord de la Scandinavie et un petit territoire au Nord-ouest de la Russie
- Et une vingtaine de peuples vivant de manière plus ou moins permanente dans l’arctique sibérien russe, dont les Yakoutes d’une part, et ceux que l’on appelle les « Petits peuples du Nord » d’autre part (Aléoutes, Dolganes, Évènes, Évenks, Kètes, Khantys, Koriaks, Mansis, Nénetses, Nganassanes, Selkoupes, Tchouktches, Youkaghirs etc…)
Afin de résister aux diverses pressions exercées sur eux par le changement climatique et les enjeux économiques et géopolitiques de la région, ils sont de plus en plus nombreux à se faire représenter par diverses organisations auprès des organes politiques nationaux et internationaux. On retiendra notamment les six participants permanents au Conseil arctique, soutenus par le Secrétariat des peuples autochtones du Conseil de l’Arctique – IPS. On en dénombre six :
- L’Association Internationale des Aléoutes (Aleut International Association – AIA), qui représente les peuples aléoutes de l’Alaska au Kamchatka.
- L’Arctic Athabaskan Council – AAC, qui défend les droits et les intérêts des peuples Athabaskans (Alaska et Canada) et des gouvernements indigènes de la région.
- Le Gwich’in Council International – GCI, qui représente les communautés Gwich’in d’Alaska et du Canada.
- Le Conseil circumpolaire inuit (Inuit Circumpolar Council – ICC), une ONG transnationale qui représente environ 150 000 personnes dans toute la région circumpolaire nord.
- L’Association russe des petits peuples du Nord (Russian Association of Indigenous Peoples of the North – RAIPON), qui réunit 41 peuples indigènes et représente au total environ 250 000 personnes.
- Le Conseil Sami (Saami Council – SC) qui regroupe différentes organisations de Norvège, Finlande, Suède et Russie
Pour en savoir plus :
Les peuples
Il existe huit pays dits « arctiques » : la Norvège, la Suède, le Groenland rattaché au Danemark, la Finlande, la Russie, les Etats-Unis, le Canada et l’Islande. Dans les régions arctiques de ces pays, les populations autochtones sont largement minoritaires pour 6 de ces pays, d’à peu près la moitié au Canada, et largement majoritaire au Groenland.
Les principaux groupes de population dits « arctiques » sont :
- les Inuit, qui sont présents du Groenland à la Sibérie orientale, en passant par le nord du Canada et l’Alaska.
- les Samis qui occupent le nord de la Scandinavie et un petit territoire au Nord-ouest de la Russie
- et une vingtaine de peuples vivant de manière plus ou moins permanente dans l’arctique sibérien russe : les Yakoutes d’une part, et ceux que l’on appelle les « Petits peuples du Nord », dont chaque population sur le territoire russe ne dépasse pas 50 000 personnes – Khantys, Mansis et Samis (famille finno-ourienne), Énetses, Nénetses, Nganassanes et Selkoupes (famille samodie ou samoyède), Tchouvantses et Youkaghirs (famille youkaghir), Alioutors, Kéreks, Koriaks et Tchouktches (famille luorawetlane), Dolganes (famille altaïque turque), Évènes et Évenks (famille altaïque toungouze), Aléoutes et Inuit (famille eskaléoute) et Kètes, de la famille déné-caucasienne, qui pourraient peut-être avoir un lointain lien de parenté avec les langues basques et sino-tibétaines).
Quelques exemples significatifs :
Inuit est le pluriel de Inuk qui signifie « homme ». Le nom « esquimaux » par lequel ils sont souvent désignés vient en réalité d’une langue qui leur est étrangère. Différentes étymologies ont été envisagées, sans qu’aucune ne puisse être confirmée avec certitude : dans la langue algonquine cree, parlée au Canada, ce terme pourrait signifier « les locuteurs d’une langue étrangère » (Mailhot 1978 ; Mailhot et al. 1980), « les fabricants de raquettes à neige » (Goddard 1984), ou encore « mangeurs de viande crue », une interprétation plus connue mais souvent réfutée par les linguistes. Quoi qu’il en soit ce terme est souvent perçu comme péjoratif, et le Conseil circumpolaire inuit (Inuit Circumpolar Council – ICC) a officiellement adopté la dénomination Inuit en 1977.
Les Inuit sont présents du Groenland à la pointe orientale de la Sibérie en passant par le nord du Canada et l’Alaska, où ils seraient arrivés depuis l’Asie en traversant le Détroit de Béring gelé à partir d’environ 8000 av. J.-C. Ils occupent plutôt les régions côtières et leur mode de subsistance traditionnel est essentiellement basé sur la chasse et la pêche, ce qui fait d’eux l’un des peuples les plus touchés par la diminution progressive de la banquise induite par le réchauffement climatique. Ils sont aujourd’hui environ 150 000, dont 50 000 au Groenland, 50 000 en Alaska, 40 000 au Canada et 1 500 en Sibérie. Leurs langues sont parfois considérées comme un vaste continuum dialectal (l’iñupiak-Inuktitut) ; la variante sud groenlandaise, le kalaallisut, est la première – et à ce jour l’unique – langue eskimo-aléoute à avoir obtenu le statut de langue nationale. Au Canada, les revendications territoriales des Inuit ont conduit à la création d’un territoire fédéral appelé Nunavut (« notre terre »), ainsi qu’une administration régionale dans la région québécoise du Nunavik.
Les Yupik (« homme vrai ») sont les Inuit d’Alaska et de l’extrémité orientale de la Sibérie. On compte environ 24 000 Yupik alaskiens (recensement américain de 2000) et 2500 Yupik sibériens. Une large partie de la population d’Alaska parle encore couramment la langue yupik.
Les Aléoutes, eux aussi rattachés à l’ensemble culturel inuit, occuperaient la région des îles aléoutiennes – entre la Russie et l’Alaska – depuis 70 siècles. Ils sont plus de 2000 aujourd’hui dont 600 en Russie. Il reste en tout environ 500 locuteurs de la langue aléoute, dont seulement 20 parlent les dialectes de l’est. Comme le dit l’Association aléoute internationale, le peuple aléoute est « séparé par des frontières, de larges distances et la ligne de changement de date, mais uni par la Mer de Béring et le Pacifique Nord ».
Les Yakoutes (ou Sakhas) occupent un très vaste territoire de l’est de la Russie comprenant la République de Sakha, un sujet fédéral de la Fédération de Russie. Ils constituent l’un des peuples de Russie les plus importants en nombre avec un total de plus de 300 000 personnes. Leur mode de vie traditionnel est semi-nomade avec l’usage de yourtes, et basé sur la chasse et l’élevage de divers animaux – qui varient selon les régions. Linguistiquement ils sont rattachés à la famille des langues turques, de même que les Dolganes. L’UNESCO a inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité l’épopée yakoute « Olonkho », et alloué une bourse pour la mise en place d’une école nomade afin d’aider à préserver le mode de vie traditionnel yakoute.
Les Tchouktches, qui se désignent eux-même par le nom de Lygorawetlat, vivent en Russie dans le District autonome de Tchoukotka et au nord du Kamtchatka et de la Yakoutie. Ils sont environ 15 000 dont quelques milliers parleraient encore la langue tchouktche, classée comme « sévèrement en danger par l’UNESCO ». Leur mode de subsistance traditionnel est basé, selon la région, sur l’élevage de rennes ou la chasse de mammifères marins.
Les Toungouses : les Evènes, ou Lamoutes (« peuple de l’océan »), occupent un vaste territoire à l’extrême est de la Russie. Ils seraient environ 20 000, dont la moitié seulement parlerait encore la langue évène. Quant aux Evenks, ils seraient environ 30 000 en Russie et autant en Chine. En Russie, ils vivent dans la taïga sibérienne, sur un territoire qui couvre les deux tiers est du pays. Leur mode de vie traditionnel est basé sur la chasse, la pêche et l’élevage de rennes, et une grande partie de la population parle toujours l’evenki. Une école nomade, créée en 2006 grâce aux efforts de l’anthropologue française Alexandra Lavrillier, permet à certains enfants Evenks de suivre leur scolarité sans quitter leur famille et leur culture traditionnelle. Il est à espérer qu’elle serve de modèle pour le développement d’un système d’éducation adapté aux cultures locales…
Les Komis habitent essentiellement le République komie – sujet de la fédération de Russie – et la côte sud-est de la péninsule de Kola au nord ouest de la Russie. Ils seraient pas loin de 400 000. Leur langue, le komi, fait partie de la famille finno-ougrienne – la même que le hongrois, le finnois et le same. La partie la plus septentrionale de la population perpétue toujours le mode de vie ancestral d’éleveurs nomades de rennes.
Les Samis (ou Sames) habiteraient le nord de la Scandinavie depuis l’antiquité ; la communauté scientifique postule même une occupation vieille de plus de 12 000 ans. Ils sont présents sur une vaste région qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège et de la Finlande, et une grande partie de la péninsule de Kola en Russie. Cette région, la Laponie, est classé au Patrimoine mondial matériel par l’Unesco, et l’un des derniers grands sites naturels préservés d’Europe. Cependant la population, elle, est de moins en moins désignée par le terme « Lapons » car il est aujourd’hui souvent perçu comme péjoratif. Le terme choisi pour l’autodétermination est Sàmi ou Saami ; l’usage en français n’est pas encore arrêté entre « Same » et « Sami », mais le premier est souvent utilisé pour parler de la langue, et le second pour désigner le peuple. Leur mode de vie traditionnel est basé la chasse et – plus tardivement – l’élevage de rennes, qui est toujours pratiqué par une partie de la population.
Ils seraient environ 100 000, dont une majorité vivent dans le nord de la Norvège. Ce peuple, bien que minoritaire et transfrontalier, est organisé politiquement : un Conseil sami a été créé en 1956, et il existe des parlements samis dans les trois pays scandinaves depuis les années 1990. Les langues sames, qui font partie de la famille finno-ougrienne au même titre que le komi et le hongrois, et sont parlées par un total de 35 000 locuteurs, sont dans l’ensemble très menacées. L’ONU a publié au début de l’année 2011 un rapport exhortant les gouvernements de Suède, Norvège et Finlande à accentuer leurs efforts afin de préserver ces langues.
Les organisations
Les peuples arctiques se sont adaptés très rapidement au mode de vie « occidental » qui s’est imposé à eux au cours du dernier siècle, mais restent pour beaucoup attachés à leur mode de vie traditionnel et à leur culture qu’ils souhaitent préserver. Ils sont de plus en plus conscients de la nécessité d’être représentés auprès des organes politiques nationaux et internationaux afin de faire valoir leurs droits et de mieux résister aux différentes pressions qui s’exercent sur eux.
Le Secrétariat des peuples autochtones du Conseil de l’Arctique (IPS – Arctic Council Indigenous People’s Secretariat) a pour mission de soutenir les organisations internationales de peuples autochtones qui ont le statut de participant permanent au Conseil de l’Arctique. On en dénombre six :
- L’Association Internationale des Aléoutes (Aleut International Association – AIA), une corporation à but non lucratif basée en Alaska qui représente les peuples aléoutes de l’Alaska au Kamchatka. Elle a été créée par l’Aleutian/Pribilof Islands Association, l’une des treize corporations régionales pour les peuples natifs d’Alaska, et l’Association des peuples autochtones du nord du district aléoute du Kamtchatka (AIPNADKR). Elle se concentre sur le besoin de la population de comprendre les processus mondiaux, tels que le transport de contaminants, l’impact du changement climatique ou les effets de la pêche commerciale sur l’écosystème de la Mer ce Béring. Elle travaille en collaboration avec des gouvernements, scientifiques et autres organisations afin d’améliorer le bien-être du peuple aléoute et de son environnement. L’AIA est aussi consultant auprès du Conseil économique et social des Nations unies.
- L’Arctic Athabaskan Council – AAC, une organisation basée sur un traité international ayant pour but de défendre les droits et les intérêts des peuples Athabaskans (Alaska et Canada) et des gouvernements indigènes auprès des organes internationaux. Il a été créé par une vaste palette de communautés athabaskanes d’Alaska et du Canada, et représente environ 32 000 personnes.
- Le Gwich’in Council International – GCI, une organisation à but non lucratif créée en 1999 par le Conseil tribal Gwich’in (Canada), afin d’assurer la représentation de la Nation Gwich’in auprès du Conseil de l’Arctique, et de jouer un rôle dans les prises de décision concernant la région circumpolaire arctique. Il représente les communautés Gwich’in d’Alaska et du Canada (Yukon et Territoires du Nord Ouest), soit environ 9000 personnes.
- Le Conseil circumpolaire inuit (Inuit Circumpolar Council – ICC), une ONG transnationale fondée en 1977 qui représente environ 150 000 personnes dans toute la région circumpolaire nord. Il représente aujourd’hui quatre organisations régionales Inuit du Canada (Inuvialuit, Labrador, Nunavik et Nunavut), différents groupes au Groenland (groupes militants, ONG et entités politiques), d’Alaska (population Inuit du North Slope Borough, du Northwest Arctic Borough, de la région du Détroit de Béring et de la région du Yukon-Kuskokwim), et de Russie (Conseil régional russe de Tchoukotka créé en 2001, Société Yupik qui représente les Inuit de Tchoukotka). L’objectif de l’ICC est de créer l’unité entre les peuples Inuit afin de mieux défendre leurs objectifs communs au niveau international. Il met l’accent sur l’importance d’une gestion environnementale durable et sur le droit des peuples Inuit aux ressources naturelles de leurs régions. Le CCI a le statut consultatif II (maintenant appelé statut consultatif spécial) auprès du Conseil économique et social des Nations Unies
- L’Association russe des petits peuples du nord (Russian Association of Indigenous Peoples of the North – RAIPON), qui a été créée en 1990 lors du premier congrès des Peuples indigènes du nord. Il réunit 41 peuples indigènes et représente au total environ 250 000 personnes. RAIPON est aussi observateur de l’UNEP Governing Council/Global Ministerial Environment Forum et du World Intellectual Property Organization’s Committee.
- Le Conseil Sami (Saami Council – SC), une ONG Sami qui regroupe différentes organisations de Norvège, Finlande, Suède et Russie. Il a été institué en 1956, date depuis laquelle il veille aux droits et intérêts du peuple Sami dans les quatre pays concernés, dans un souci d’unité de ce peuple dont il cherche à faire reconnaître le statut de Nation.
Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Eskimo
http://inuitcircumpolar.com/index.php?Lang=En&ID=1
http://www.inuit.org/index.php?id=182
http://www.institut-polaire.fr/ipev/documents/les_petits_peuples_du_nord_de_la_russie
http://www.sorosoro.org/le-tchouktche
http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/prb0815-f.htm#leconseil
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/russie-2demo.htm
http://rolexawards.com/en/the-laureates/alexandralavrillier-home.jsp
D'après: http://www.underthepole.com/fr/milieu-polaire/les-peuples-de-larctique/
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