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Course des Indiens d'Equateur pour empêcher l'exploitation pétrolière en Amazonie
Course contre la montre des Indiens d'Equateur pour empêcher l'exploitation pétrolière en Amazonie
QUITO - Des Indiens d'Equateur se sont lancés dans une course contre la montre pour tenter d'empêcher l'exploitation d'une réserve amazonienne, aussi riche en biodiversité qu'en pétrole, alors que le gouvernement n'attend plus que le feu vert du parlement pour lancer les forages.
Affaiblie politiquement, loin de l'aura qui lui permit naguère de renverser plusieurs chefs d'Etat, la Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie) mise désormais sur les urnes pour contrecarrer le plan du président socialiste Rafael Correa.
En août dernier, la principale organisation indigène a déposé une requête devant la Cour constitutionnelle visant à obtenir la convocation d'un référendum sur l'exploitation ou non de Yasuni, une réserve naturelle exceptionnelle d'un million d'hectares, au sud-est de Quito.
Pour le moment, la Cour ne s'est absolument pas prononcée. Sachant que c'est un thème si sensible, d'une énorme importance pour le pays, elle devrait le faire de la manière la plus urgente, a déclaré à l'AFP Humberto Cholango, président de la Conaie.
Selon des conseillers de la Cour, interrogés par l'AFP, la requête est toujours au premier stade de l'examen et elle sera soumise à un débat, si elle est déclarée recevable.
En cas de validation par la haute juridiction, les promoteurs de l'initiative devront s'assurer du soutien de 5% de l'électorat du pays pour qu'un référendum soit organisé. Aucun délai maximum n'est prévu par la loi pour réunir ces signatures.
Un récent sondage de l'institut privé Cedatos Gallup a indiqué que 56% de la population soutient l'exploitation de Yasuni, tandis que 32% la refusent.
Le président Correa a encore maintenu vendredi sa volonté d'exploiter Yasuni au nom de la lutte contre la pauvreté, suite à l'échec d'un appel de fonds international pour éviter cette exploitation.
Réélu en février pour un mandat de quatre ans, il avait annoncé en août son intention de se résoudre à exploiter le pétrole à Yasuni, qui concentre 20% des réserves nationales soit 920 millions de barils, escomptant des revenus supplémentaires de 19,2 milliards de dollars, soit plus de la moitié du budget de cette année.
Environnement contre intérêt national
Nous n'allons pas laisser mourir de faim notre peuple pour pallier l'irresponsabilité des pollueurs de la planète, a déclaré M. Correa, devant un parterre d'élus et d'Indiens d'Amazonie venus l'entendre à Quito.
Près de 30% des Equatoriens vivent encore sous le seuil de pauvreté, selon le dernier rapport de la Banque mondiale en 2011, un taux que le gouvernement se targue d'avoir réduit à 16%, depuis l'arrivée au pouvoir de M. Correa en 2007.
Pour Patricio Rivera, responsable de la politique économique du gouvernement, l'exploitation de Yasuni est quelque chose d'essentiel pour poursuivre cet effort.
Plus petit membre de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), l'Equateur a vu son économie dollarisée en 2000 après une grave crise financière, ce qui rend le pays andin encore plus dépendant de l'entrée de devises.
Même si des compagnies pétrolières ont déjà opéré dans la région amazonienne, des associations indigènes et écologistes craignent que l'exploitation ne provoque des dégâts environnementaux et ne mette en péril la vie de communautés autochtones vivant en isolement volontaire.
La Cour constitutionnelle a même reçu une requête d'une autre association demandant à interdire toute extraction dans le pays.
La loi interdit en principe l'exploitation de ressources naturelles dans des zones protégées mais elle laisse toutefois au gouvernement la possibilité de demander au parlement de lever ce veto au nom de l'intérêt national.
Bénéficiant de la majorité des sièges, le président Correa ne devrait pas connaître de difficulté pour obtenir un vote favorable.
Ce sera sûrement cette année, car nous ne voulons pas traîner en longueur dans cette affaire, a même déclaré à l'AFP Soledad Buendia, l'une des responsables de la majorité parlementaire.
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