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Brésil : le ton monte entre les Indiens et le gouvernement
a mort d'un manifestant, tué par la police, ravive les tensions sur la démarcation des réserves indigènes.
AMÉRIQUE LATINE Ignorée pendant des mois par le gouvernement de Dilma Rousseff, la question de la démarcation des réserves indigènes est devenue une bombe à retardement. Dans l'État du Mato Grosso do Sul, le principal front pionnier agricole, dans la région centre-ouest du Brésil, ce sont désormais les armes qui parlent. Tout a commencé le 15 mai, avec l'occupation par des Indiens de l'ethnie Terena d'une ferme à Sidrôlandia détenue par une figure politique locale. La terre avait déjà été reconnue en 2010 par le ministère de la Justice comme relevant du patrimoine ancestral des tribus, mais elle n'avait toujours pas été homologuée par la présidente, qui a le dernier mot sur la question. Dans la foulée, le propriétaire terrien a obtenu de la justice l'évacuation des Indiens par la police militaire et fédérale. L'assaut a été fatal : un Indien a été abattu par les forces de l'ordre, et 28 autres blessés. La tragédie a poussé les Terena à occuper d'autres fermes de la région, installées elles aussi sur des terres qu'ils revendiquent.
Craignant un véritable bain de sang, les propriétaires ayant averti qu'ils étaient armés, et ne quitteraient pas leurs locaux, Brasilia vient de dépêcher une centaine de soldats sur place ainsi que le ministre de la Justice. En face, les Indiens crient à l'abandon par le pouvoir central. Des vingt dernières années, la présidente Dilma Rousseff est en effet celle qui a reconnu le moins de terres aux Indiens.
Selon la Funai, l'agence gouvernementale qui gère les questions liées aux peuples indigènes, Fernando Henrique Cardoso (président de 1995 à 2002) leur a destiné 145 terres (41 millions d'hectares), et son successeur Luiz Inacio Lula da silva (2003-2010), 84 terres (18 millions d'hectares). En deux ans de pouvoir, Dilma a homologué 10 terres, pour un total de 966 000 hectares.
Critiques de l'Église catholique
Certes, alors que les premières démarcations étaient situées en Amazonie, moins disputée, le processus est plus problématique dans l'ouest et le sud, à forte vocation agricole. Le Conseil indigéniste missionnaire (Cimi), lié à l'Église catholique, assure toutefois qu'il s'agit d'une « option délibérée » de la présidente, rappelant que 59 réserves attendent sa signature. La tension est montée d'un cran en mai quand le gouvernement a fait savoir qu'il envisageait de retirer à la Funai la responsabilité de démarquer des terres, estimant que ses critères anthropologiques étant insuffisants.
Brasilia voudrait y associer les ministères de l'Agriculture et de la Réforme agraire, pour prendre en compte l'intérêt économique de ces terres, une décision vivement critiquée par dom Leonardo Steiner, le secrétaire général de la Conférence nationale des évêques du Brésil.
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