• Pygmées, acteurs des élections au Rwanda

    Les Pygmées, acteurs des élections au Rwanda

    Au Rwanda, les Batwa ont participé pour la première fois aux préparatifs de l’élection présidentielle du 9 août. Le jour du scrutin, certains sont même observateurs. Ils espèrent que cette participation favorisera leur intégration.

    - Pour la première fois, les Pygmées Batwa (moins de 2 % de la population) participent pleinement à ces préparatifs. Jadis, ils étaient indifférents aux élections, car exclus par les autres communautés qui les considéraient comme anormaux à cause de leur mode de vie. Aujourd’hui, certains d’entre eux apprennent la poterie à Kigali, dans une coopérative moderne et aussi à lire et à écrire pour pouvoir voter. Assis dans l’atelier, Joseph est de ceux-là : "Je sais écrire quelques mots en kinyarwanda. J’espère pouvoir lire sur le bulletin de vote". Françoise Mukakarara, volontaire enseignante dans cette coopérative, confie : "Nous espérons que les 20 membres qui apprennent à lire auront acquis des connaissances leur permettant de voter tout seuls". Alphonsine, de la même coopérative, affirme que les Batwa de sa localité (Kacyiru, à Kigali), ont tous leur carte d’électeur et leur carte d’identité, indispensables pour voter.

    "Des Rwandais comme les autres"

    Dans la province du Sud, les Batwa se sont également préparés soigneusement. Omar, un nouvel électeur, explique : "La plupart d’entre nous sont inscrits sur la liste électorale. Ceux qui n’ont pas encore leur carte de vote ne sont pas nombreux. Et, d’ici peu, ils l’auront". Au sud et au nord du pays, des Batwa présents dans des coopératives ont même été désignés par les partis politiques comme observateurs des élections. Tereraho A., chef du village de Kagina, au Sud du pays, veut que les représentants de sa communauté soient dignes de cette confiance : "Ca nous a fait plaisir de voir que certains d’entre nous ont eu ce privilège. Avant, cela ne se passait pas ainsi".

    S’ils ont pu s’impliquer autant dans ces élections, c’est grâce aux efforts de certains d’entre eux qui sont allés à l’école et mobilisent leurs voisins par des réunions régulières. Les autorités locales jouent aussi un rôle important dans la sensibilisation de cette communauté pour l’intégrer aux autres peuples du pays. "Nous avons compris que nous sommes des Rwandais comme les autres. Dans les villages, lors des réunions, on nous invite et on réfléchit avec les autres sur le développement de la localité", se réjouit Amran R, habitant du district de Kamonyi au Sud. Pour lui, le fait que le chef de village soit un des leurs, les a plus motivés à s’acquitter de leurs devoirs de citoyen. "Il nous informe sur tout ce qui se passe. Avant, personne ne s’occupait de nous", poursuit-il.

    Problèmes non résolus

    Mafubo Marie-Louise, secrétaire exécutive de la cellule de Kagina, souligne qu’obtenir la participation active des Batwa est un processus de longue haleine. "Certains sont actuellement des conciliateurs (juges communautaires, Ndlr), d’autres des autorités locales ". Elle ajoute que certains d’entre eux ont reçu une vache destinée à aider les pauvres à pratiquer l’élevage. D’autres ont eu un logement grâce aux différents programmes de lutte contre la pauvreté. Omar confie : "Avant, nous étions montrés du doigt comme si nous étions anormaux. Nous ne bénéficiions de rien de l’État. Cela justifiait notre indifférence à l’égard de la vie politique". Il se félicite que maintenant, leurs enfants aillent à l’école et que certains adultes dirigent des structures locales. Ce qui, il y a cinq ans, n’était encore qu’un rêve.

    Toutes les difficultés de cette communauté n’ont cependant pas été résolues d’un coup de baguette magique… Eux qui vivaient auparavant dans la forêt ont encore des problèmes pour accéder à la terre. Par ailleurs, même s’ils commencent à apprendre la maçonnerie ou le petit commerce, ils souhaiteraient moderniser et faire reconnaître leurs métiers traditionnels. "Nous aimerions que le prochain président organise des formations pour que nous puissions mettre nos produits sur le marché international", suggère Omar. Benurugo F. formule une autre requête au prochain chef de l’État : "Nous aimerions qu’il fasse la promotion de l’éducation universitaire de nos enfants. Nous n’avons actuellement pas les moyens de les scolariser jusqu’à l’université". Pour les Batwa rwandais, se marier avec quelqu’un d’une autre ethnie reste par ailleurs impossible. Ils sont donc conscients que leur participation aux élections n’est qu’un premier pas. Mais, un premier pas dans la bonne direction.

    Les peuples autochtones doivent être mieux protégés par les Etats

    Les peuples autochtones continuent de souffrir « du racisme », « d'un manque de soins de santé » et « de la pauvreté » et il faut mieux les protéger, a déploré lundi le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à l'occasion de la Journée internationale des populations autochtones.

    « Dans beaucoup de sociétés, leur langue, leur religion et leurs traditions culturelles sont stigmatisées ou occultées », a déclaré Ban Ki-moon dans un message.

    Le premier rapport jamais établi par les Nations Unies sur l'état des peuples autochtones a été publié en janvier 2010 : « il donne des statistiques alarmantes », s'inquiète le Secrétaire général.

    Dans certains pays, les peuples autochtones sont 600 fois plus exposés au risque de contracter la tuberculose que le reste de la population. Dans d'autres pays, un enfant autochtone peut s'attendre à mourir 20 ans plus tôt qu'un de ses compatriotes non autochtones, indique le rapport de l'ONU.

    « C'est aux peuples autochtones qu'on doit d'avoir préservé une grande partie de l'histoire culturelle de l'humanité. À eux seuls, ces peuples parlent la grande majorité des langues existant dans le monde et ont hérité, avant de les transmettre, d'une profusion de connaissances, de formes artistiques et de traditions religieuses et culturelles », a expliqué Ban Ki-moon en soulignant que l'ONU réaffirme son « attachement à leur bien-être ».

    La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2007 par l'Assemblée générale, propose une liste des principales mesures que les gouvernements devraient adopter pour l'amélioration « des relations avec les peuples autochtones » et pour la protection de « leurs droits fondamentaux ».

    Cette année, le thème de la Journée internationale des peuples autochtones, est le cinéaste autochtone qui, « par son œuvre, ouvre une embrasure sur ces populations, leur culture et leur histoire », a dit le chef de l'ONU.

    « Le travail de ces cinéastes nous montre leurs systèmes de croyance et leur philosophie; il capte à la fois la vie quotidienne et l'esprit des peuples autochtones. Au moment où nous célébrons leur contribution, j'appelle les gouvernements et la société civile à honorer l'engagement qu'ils ont pris de faire progresser partout dans le monde la situation des peuples autochtones », a-t-il conclu.

    La Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a également déploré lundi la situation des peuples autochtones qui voient leurs droits fondamentaux bafoués. « Non à la complaisance, les peuples autochtones continuent de souffrir », a-t-elle affirmé.

    « Les violations continues des droits des peuples autochtones, dans toutes les régions du monde, méritent notre plus grande attention et action », a-t-elle affirmé.

    « Le décalage entre les principes énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et leur mise en œuvre demeure important, car les peuples autochtones continuent de souffrir de la discrimination, de la marginalisation dans des domaines tels que la santé et l'éducation, la pauvreté extrême, la négligence de leurs préoccupations environnementales, la dépossession de leurs terres traditionnelles et l'exclusion de la participation effective aux processus de prise de décisions », a déploré la Haute commissaire.

    « Nous devons redoubler nos efforts afin de construire un véritable 'Partenariat dans l'action et la dignité' - le thème choisi par l'Assemblée générale des Nations Unies pour la deuxième décennie internationale des peuples autochtones - comme nous travaillons ensemble à la pleine réalisation des droits affirmés dans la Déclaration sur les droits des peuples autochtones pour la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones dans le monde », a dit Navi Pillay. « Tenir cette promesse est notre obligation », a-t-elle conclu.

    De son côté, le Rapporteur spécial pour les populations autochtones, James Anaya, a exhorté les États à engager « des réformes légales et pragmatiques » pour améliorer le quotidien de ces peuples.

    « Les populations autochtones continuent de voir leur terres traditionnelles envahies par des acteurs puissants guidés par le profit ce qui les empêchent de continuer de vivre selon un mode de vie durable », a expliqué le Rapporteur spécial.

    « Mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones amènera une justice historique à ces populations trop souvent ignorées par l'humanité », a dit l'expert indépendant.

    Il a appelé les États à respecter « l'égalité, l'auto-détermination et le respect de la diversité ».

    Les peuples indigènes à Terra Madre

    Comme vous le savez certainement déjà, les peuples indigènes seront indiscutablement les invités d'honneur de Terra Madre 2010. C'est eux qui donneront le "la" lors de la journée d\ouverture, et les discours de la cérémonie seront prononcés dans la langue maternelle des représentants de certaines des communautés indigènes les plus significatives du monde. Par cette action, nous espérons attirer l'attention sur la multitude et la variété de leurs langues et de leurs cultures et sur l'inestimable diversité dont ils sont les gardiens en associant ces valeurs à la biodiversité, aux savoirs que Slow Food défend et aux modes de vie équitables, car plus proches de la nature et respectueux de ses ressources. Des savoirs et des connaissances qu'une grande partie de la culture occidentale a délaissés, et dont elle doit à nouveau se rapprocher.

    De nombreux représentants de populations indigènes seront présents à Terra Madre : des Sami du nord de l'Europe aux Berbères d'Afrique du Nord, des Maoris de Nouvelle-Zélande aux Mapuche du Chili, des Guarani ou des Satéré-Mawé du Brésil aux Seri d'Asie Centrale, sans oublier les Peul et les Konso venus d'Afrique.

    Slow Food au Brésil avec les Satéré-Mawé

    Certains de ces peuples accompagnent Slow Food depuis longtemps. Par exemple, deux Sentinelles ont été mises en place avec les Sateré-Mawé : le nectar de canudo et le warana natif.

    Le guarana, ou warana en langue indigène, signifie "début de toute connaissance". Il est cultivé depuis des siècles dans l'Amazonie brésilienne, dans la région comprise entre le rio Tapajós et le rio Madeira. C'est ici que se trouvent les forêts ancestrales dans lesquelles les indiens Mawé se déplaçaient en disséminant une espèce végétale avec laquelle ils vivaient en symbiose, une liane qui fut ensuite classifiée au XVIIIe siècle par le botaniste Christian Franz Paullini comme Paullinia cupana, varieté Sorbilis. Parler de culture dans le cas des Mawé est incorrect : en effet, il s'agit davantage de semi-domestication. Dans la forêt, les Mawé honorent les Mères du Waranà, des lianes sauvages pouvant atteindre les 12 mètres de haut. Ils recueillent les jeunes pousses nées des graines tombées au pied des lianes, les transplantent dans des clairières, les font pousser en buisson et les rendent productives.

    Il en va tout autrement pour le nectar de canudo. La légende raconte que lorsqu'Anumaré Hit monta au ciel, transformé en soleil, il invita sa sœur Uniawamoni à le suivre. Celle-ci commença par hésiter, mais elle choisit finalement de rester sur la terre ferme sous forme d'abeille afin de prendre soin, avec les Sateré-Mawé, des forêts sacrées de guarana. Cette légende témoigne, génération après génération, de ce que les anciens Mawé savaient déjà et que nous redécouvrons aujourd'hui : c'est-à-dire que les abeilles sauvages sans dard (mélipones appartenant à des dizaines d'espèce, regroupées en deux grandes familles : les mélipones et les trigones) sont responsables de la pollinisation d'au moins 80 % des espèces végétales de la forêt amazonienne. Sans le patient labeur de ces ouvrières de la nature, la forêt serait menacée de disparition. Pourtant, leurs ruches sont depuis toujours l'objet de convoitises, en raison de leur miel très demandé (pour chaque demi-litre de miel sauvage obtenu de manière destructrice, c'est une colonie entière qui est détruite). Les Sateré-Mawé ont décidé depuis de nombreuses années de suivre, avec des techniques un peu plus modernes, la tradition ancestrale de méliponiculture des Mayas qui protégeaient les abeilles en les élevant dans des troncs d'arbres. Les Sateré-Mawé, quant à eux, les placent dans des ruches faites de caissons construits en bois local. La Sentinelle est née afin de préserver les abeilles canudo et la forêt amazonienne, mais aussi dans le but d'apporter aux Sateré une nouvelle ressource économique.

    Les exemples comme celui-ci sont nombreux. Derrière chacun d'eux se cache une culture ancestrale, indissociablement liée à un territoire donné qui en constitue la composante fondamentale.

    Bienvenue dans ma tribu n'est plus bien reçu

    "Bienvenue dans ma tribu" est persona non grata chez nombres de défenseurs des peuples indigènes. Cependant, ce ne sont pas les seuls à être choqués par le ton irrespectueux de l'émission...

    Si l'émission Bienvenue dans ma tribu fait des émules, ce n'est pas à cause de ses audiences mais de la polémique qu'elle suscite.

    Effectivement, certaines ONG se mobilisent et dénoncent la vision péjorative et simpliste portée sur les tribus.

    Rien à voir avec le très réussi Rendez-vous en Terre inconnue qui aborde de façon respectueuse et enrichissante les rencontres entre peuples.

    Ainsi, le groupe Stop à bienvenue dans ma tribu a écrit :

    "Arrêtons la diffusion de 'Bienvenue dans ma tribu', proposée par TF1, émission qui offre une vision tronquée de la vie des peuples indigènes en omettant l'essentiel des défis que doivent relever ces tribus.

    Tout d'abord épinglée pour la définition des peuples indigènes donnée dans son émission 'Bienvenue dans ma tribu', TF1 persiste à offrir un spectacle navrant de quelques touristes franchouillards en mal d'exotisme, au cœur de peuples autochtones ayant aujourd'hui beaucoup de mal à faire respecter leurs propres droits aux yeux du monde.

    Nous souhaitons vivement que cette injure cesse et que les spectateurs décident de porter un peu plus d'attention aux réalités de ces peuples, plutôt qu'aux nouveaux people créés pour cette émission de bas niveau."

    Même son de cloche pour l'ONG Survival International qui défend les peuples indigènes.

    Cette organisation s'est fendue d'un petit mot à Alexandra Laroche-Joubert pour dénoncer les stéréotypes alimentés par l'émission.

    En effet, le mot "primitif" y est utilisé à tout va et certains soulignent des commentaires aux accents post-colonialiste.

    Face au contenu plus que navrant du programme, Samuel Montigaud, un élève en anthropologie souhaite même "engager une action pour faire retirer de l’antenne ce programme".

    On ne peut qu'approuver...

    L’énergie ‘verte’ détruit les peuples indigènes – nouveau rapport

    Pour marquer la journée des peuples indigènes des Nations-Unies, Survival International a publié un nouveau rapport qui révèle les impacts dévastateurs du boom de la construction de barrages sur les peuples indigènes.

    A partir d’exemples pris en Asie, en Afrique et aux Amériques, le rapport de Survival intitulé ‘Serious Damage’ dévoile le coût caché de l’électricité dite ‘verte’ produite par les barrages hydroélectriques géants.

    La construction des barrages connaît actuellement dans le monde un essor démesuré. A elle seule, la Banque mondiale finance 211 projets de ce type pour un montant de 11 milliards de dollars.

    Leur impact sur les peuples indigènes est extrêmement néfaste. Les Enawene Nawe du Brésil ont appris que les autorités brésiliennes avaient l’intention de construire 29 barrages sur leurs rivières. Ailleurs en Amazonie, les territoires de cinq groupes d’Indiens isolés vont être affectés par des barrages.

    Au Sarawak, la tribu des Penan est menacée d’expulsion pour faire place à un barrage et plusieurs peuples indigènes d’Ethiopie deviendront dépendants de l’aide alimentaire si la construction d’un barrage sur la rivière Omo n’est pas arrêtée. Un membre de la tribu kwegu de la vallée de l’Omo déplore : ‘Notre terre n’est plus bonne à rien. Ils ont retenu l’eau et nous connaissons maintenant la famine. Ouvrez le barrage et laissez l’eau couler’.

    Des centaines d’Indiens du Brésil se rassembleront cette semaine pour dénoncer le barrage très controversé de Belo Monte qui menace la terre et les moyens de subsistance de plusieurs groupes indiens.

    Les chargés de campagne de Survival sont disponibles pour interview.

    Télécharger le rapport (en anglais).

    Un expert des Nations-Unies demande aux gouvernements de faire respecter les droits indigènes

    L’expert des Nations-Unies sur les peuples indigènes, le Pr James Anaya , a exhorté les gouvernements à respecter les normes internationales en matière de droits indigènes.

    S’exprimant lors de la Journée internationale des peuples indigènes, le Professeur Anaya a déclaré : ‘Les peuples indigènes continuent de voir leur terres ancestrales envahies par de puissants acteurs à la recherche de richesses à leur seul profit, privant ainsi ces peuples de ressources vitales’.

    La Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples indigènes établit des principes importants que les pays doivent appliquer. Presque tous les gouvernements les ont aujourd’hui adoptés, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ayant cette année retiré leurs objections premières . Le Canada s’est engagé, cette année aussi, à adopter la Déclaration et les Etats-unis sont en train de revoir leur position.

    Cependant, le Professeur Anaya a souligné que ‘la Déclaration est aujourd’hui davantage un rappel de ce qui reste à entreprendre… qu’une réflexion sur ce qui a été réalisé sur le terrain’.

    Il a ajouté : ’L’application fidèle de la Déclaration doit être l’objectif principal à la fois des gouvernements du monde entier, du système onusien et des autres acteurs’.

    Bien que la Déclaration représente des normes importantes de droit international, elle n’est pas contraignante. il faudrait  que les gouvernements ratifient la seule législation internationale contraignante, la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail sur les droits des peuples indigènes.

    Récemment, la République centrafricaine est devenue le premier pays africain à signer la Convention. Le Nicaragua a suivi peu après ; devenant le 22e pays à le faire.

     

     

    Une volonté politique mise à rude épreuve

    Ce texte a été écrit par Ghislain Picard - Chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, le  16 août 2010

     Est-il besoin de voyager longtemps pour découvrir un territoire inconnu? Une frontière invisible sépare l'univers des non-Autochtones de celui des Premières Nations, méconnues dans leur histoire, leur quotidien, leurs valeurs, leurs faiblesses et leurs forces, leur désespoir et leurs espoirs. Partir à la découverte de cette destination peu fréquentée, tel est l'objectif de la productrice du Wapikoni mobile, Manon Barbeau, et de Ghislain Picard, chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, qui se livrent une correspondance sur ces communautés.


    Chère Manon,

    Tu reprends dans ta dernière lettre le thème de l'identité, et je crois saisir que nous avons tous deux compris que c'est inévitable, quels que soient le peuple et ses aspirations les plus profondes, l'affirmation identitaire est un préalable, et c'est cela que nous devons chercher à renforcer chez nos plus jeunes, et sans doute aussi chez nos moins jeunes.

    Je me permettrai ici de faire référence à une expérience qui est très proche de mon coeur et qui touche trois de mes petits-enfants qui ont commencé la prématernelle en immersion mohawk, l'année dernière. Le matin venu, la première chose qu'ils font à leur arrivée en classe est de réciter en mohawk une invocation à la création. À mon avis, nous devons essayer de multiplier ce type d'initiatives propres à la réalité de chacune de nos nations, cultiver ce sentiment d'appartenance qui nous était jadis naturel.

    Loin de moi l'idée de prétendre que la solution se trouve uniquement dans ce seul réflexe de réappropriation de ce que nous sommes. À l'affirmation identitaire et nationale, il faut ajouter toutes les étapes d'un grand projet visant la reconstruction de nos sociétés puisque c'est vraiment de cela qu'il s'agit. Tu nous le rappelles d'ailleurs à travers tes propres expériences, à travers tes références au cinéaste Hugo Latulippe que tu te permets de citer et qui témoigne d'une assez bonne compréhension des épreuves que nos peuples ont subies.  (Suite)

    Peuples autochtones et Banque mondiale

    Selon une étude récente de la Banque mondiale, les gains économiques et sociaux réalisés par les peuples autochtones d'Amérique latine au cours de la dernière décennie restent décevants. Bien qu'ils se fassent mieux entendre sur la scène politique, les peuples autochtones restent le groupe le plus pauvre de la société, le moins bien éduqué et le plus exposé à la maladie et à la discrimination.

    L'étude, qui a pour titre Peuples autochtones, pauvreté et développement humain en Amérique latine : 1994-2004, passe en revue les conditions sociales dans les cinq pays d'Amérique latine où la population autochtone est la plus importante (Bolivie, Équateur, Guatemala, Mexique et Pérou) et leur évolution au cours de la dernière décennie, que les Nations Unies avait déclarée en 1994 comme étant la Décennie internationale des peuples autochtones.

    « Au cours de la dernière décennie, le pouvoir politique des peuples autochtones de la région s'est certes renforcé, et ces derniers sont certes mieux représentés sur la scène politique, mais les résultats en termes de réduction de la pauvreté sont encore loin de ceux que nous espérions atteindre lorsque nous avons commencé cette recherche, » dit M. Gillette Hall, économiste à la Banque mondiale et co-auteur de l'étude.

    L'étude nous apprend que les peuples autochtones représentent 10% de la population de la région, et constituent le groupe défavorisé le plus important d'Amérique latine. Si l'incidence de la pauvreté en Amérique latine est élevée, elle est particulièrement grave et profonde parmi les populations autochtones.

    En Bolivie et au Guatemala, par exemple, la pauvreté affecte plus de la moitié de la population totale mais près des trois quarts de la population autochtone. En Équateur, environ 87% de la population autochtone est pauvre, un pourcentage qui atteint 96% dans les zones rurales en altitude. Au Mexique, l'incidence de la pauvreté extrême dans les zones à prédominance autochtone, qui était il y a 10 ans 3,7 fois supérieure à celle des municipalités non autochtones, l'était 4,5 fois en 2002. Au Pérou, 43% des ménages pauvres sont autochtones.

    Autres constats du rapport :

    • Les populations autochtones n'ont enregistré que peu de gains en termes de réduction de la pauvreté au cours de la décennie des peuples autochtones (1994-2004).
    • Les peuples autochtones se relèvent plus lentement que les autres des crises économiques.
    • L'écart de pauvreté des peuples autochtones est plus important, et a mis plus longtemps à se rétrécir au cours des années 1990.
    • Le fait d'être autochtone augmente pour un individu la probabilité d'être pauvre, et cette corrélation n'a pas changé depuis le début de la décennie.
    • En termes du nombre d'années d'école, les peuples autochtones restent défavorisés, mais l'écart par rapport au reste de la population se rétrécit. Cependant, les résultats éducatifs chez les peuples autochtones sont nettement inférieurs à ceux du reste de la population, ce qui indique des problèmes de qualité dans l'enseignement.
    • En termes d'accès aux soins de santé de base, les peuples autochtones, en particulier les femmes et les enfants, restent défavorisés.

    « Les taux de pauvreté sont plus élevés parmi les populations autochtones, et diminuent plus lentement, ce qui constitue un fait particulièrement déplorable sur un continent qui s'est juré de réaliser l'Objectif de développement pour le millénaire de diminuer de moitié la pauvreté pour 2015, » dit Harry Patrinos, économiste à la Banque mondiale et co-auteur de l'étude.

    Pour améliorer les résultats en matière de réduction de la pauvreté chez les peuples autochtones de la région, le rapport recommande d'améliorer le capital humain en se concentrant sur quatre domaines précis.

    1. Augmenter le nombre d'années d'école et améliorer la qualité de l'enseignement en mettant en place des programmes éducatifs bilingues et biculturels, de façon à progressivement rattraper l'écart actuel.
    2. Assurer une plus grande responsabilisation dans la prestation des services sociaux destinés aux peuples autochtones en demandant une participation plus active de la part des parents et de la communauté, et en assignant au système de prestations des objectifs précis et une vision claire.
    3. Promouvoir un accès égal aux soins de santé pour les peuples autochtones en mettant en place un programme du type « Head start », centré sur les problèmes de santé maternelle et infantile.
    4. Améliorer la collecte des données de façon à mieux identifier les populations autochtones et à mieux suivre leurs progrès dans le temps.

    Cette étude, récemment publiée par la Banque, met à jour les constats d'un livre publié en 1994. Indigenous People and Poverty in Latin America par George Psacharopoulos et Harry Patrinos (1994) À l'époque (début des années 1990), ce livre, dont la parution coïncidait avec le début de la Décennie internationale des peuples autochtones, constituait la référence en matière de conditions de vie des peuples autochtones d'Amérique latine.

     
     

    Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale examine le rapport d'El Salvador

    La délégation annonce la fin d'une politique de non-reconnaissance et d'oubli des peuples autochtones suite à l'arrivée au pouvoir de l'actuel Président

    Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a examiné, le 3 août le rapport d'El Salvador sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

    Présentant le rapport de son pays, M. Alfonso Avelar, Directeur de la Direction des peuples autochtones au Secrétariat de l'intégration sociale d'El Salvador, a notamment annoncé qu'en vertu d'un accord signé la semaine dernière, toutes les personnes appartenant aux peuples autochtones qui, en raison de la répression de 1932, avaient dû changer de noms, pouvaient désormais récupérer leurs noms et prénoms autochtones. Ainsi, le Gouvernement du Président Mauricio Funes manifeste-t-il son engagement en faveur du dédommagement moral des peuples autochtones. Avec la présidence de Mauricio Funes, la politique de non-reconnaissance et d'oubli des peuples autochtones a pris fin, a insisté M. Avelar, qui a notamment attiré l'attention sur la convocation, en octobre prochain, du premier Congrès national autochtone. Au nombre des défis à relever, il a notamment cité la nécessité d'obtenir un consensus de la part des organisations autochtones afin d'élaborer des politiques publiques et de faire en sorte que les mesures de dédommagement moral permettront aux peuples autochtones de trouver confiance en l'État et de déclarer leur condition d'autochtone lors du recensement de 2012.

    La délégation salvadorienne était également constituée de représentants du Ministère de l'éducation, du Ministère des relations extérieures, ainsi que de M. Byron Fernando Larios López, Représentant permanent d'El Salvador auprès des Nations Unies à Genève et d'autres membres de la Mission. Elle a fourni aux experts des compléments d'information s'agissant, essentiellement, de la situation des autochtones dans le pays, faisant part, notamment, de la volonté du Gouvernement salvadorien d'adhérer à la Convention n°169 de l'Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Nombre de membres du Comité ont pris acte du changement profond de la politique de l'État salvadorien, du moins en ce qui concerne la population autochtone.

    Présentant des observations préliminaires, le rapporteur du Comité pour l'examen du rapport d'El Salvador, M. Alexei Avtonomov, s'est dit conscient des changements politiques en cours en El Salvador et qui sont très importants. Il a exprimé l'espoir que les recommandations qui seront adressées à El Salvador seront utiles, en particulier dans le cadre des mesures que le Gouvernement sera appelé à prendre en faveur des peuples autochtones – qui ont connu une situation extrêmement grave en El Salvador.

    La lauréate du Prix Nobel Maude Barlow condamne le gouvernement botswanais pour son refus d'accès à l'eau aux Bushmen

    L'ex-conseillère des Nations unies sur les questions de l'eau et lauréate du Prix Nobel, la canadienne Maude Barlow, a condamné le gouvernement botswanais pour avoir refusé l'accès à l'eau aux Bushmen, premiers habitants du pays.

    Le gouvernement avait scellé les puits des Bushmen après les avoir expulsés de la Réserve du Kalahari central en 2002, mais quatre ans plus tard, ils avaient gagné un procès devant la Haute Cour botswanaise qui avait jugé que les Bushmen, ayant été expulsés de manière illégale et anticonstitutionnelle, avaient le droit de retourner dans la réserve, indique-t-on samedi dans un communiqué.

    La condamnation de Maude Barlow survient une semaine, après que les Nations-Unies aient déclaré l'eau comme un droit fondamental de l'Homme et deux semaines, après le verdict de la Haute Cour du Botswana statuant que les Bushmen du Kalahari ne pouvaient pas avoir accès à un point d'eau situé dans leur territoire.

    "Le monde entier est témoin que l'un des pays africains les plus prospères refuse à ses premiers habitants le droit de forer un puits alors qu'il promeut l'exploitation minière et des camps de safaris quelques kilomètres plus loin", a dit l'ex-conseillère des Nations unies sur les questions de l'eau.

    La résolution de l'Assemblée générale adoptée, le 28 juillet dernier, par ses 192 membres stipule que "l'accès à l'eau est essentiel à la pleine jouissance de la vie et à la protection des droits de l'homme".

    122 Etats ont voté en faveur de la résolution, alors que 41 autres se sont abstenus, dont le Botswana.

    Bolivie : socialisme et indigénisme

    Le socialisme et l’indigénisme en Bolivie : acculturation, État et modernité face à la proposition du Vivre Bien (Buen Vivir) Une analyse critique du processus bolivien comme exemple de la tension grandissante entre les gouvernements du Socialisme du XXI siècle et les mouvements indigènes. 

    L’Amérique Latine est devenue un référent théorique et pratique de lutte contre le capitalisme. Une lutte qui fondamentalement se réalise à partir de cadres théoriques et pratiques très différents. D’un côté, le Socialisme du XXI siècle, à partir de la reformulation des thèses classiques liées à la prise du pouvoir étatique, cette proposition s’est développée dans différents pays. De l’autre, ces luttes qui mettent l’accent sur la nécessité de construire une autre forme de pouvoir "antinational" , “depuis le bas”, et parmi celles-ci celles que met en avant la proposition indigène comme possibilité de changement structurel qui va bien au-delà du contexte purement ethnique.

    Dans le texte présent nous essaierons de développer une analyse critique du processus bolivien comme exemple de la tension grandissante entre les gouvernements du Socialisme du XXI siècle – dans le discours duquel la proposition andine a été assimilée – et les mouvements indigènes sur son aspect constructions de pouvoirs antinationaux .

     (Suite)

    Journée internationale des peuples autochtones : des cinéastes donnent une dimension supplémentaire

    Une année après que la superproduction cinématographique Avatar ait conféré trois dimensions à l’affrontement entre l’exploration des ressources minérales et le style de vie sensibilisé à l’environnement, les ouvrages des producteurs de films originaires des communautés autochtones seront mis au premier plan lundi prochain pour marquer la Journée internationale des populations autochtones du monde.

    Quatre films d’origine autochtones– tournés par des cinéastes reconnus originaires de l’Amérique du Nord et du Sud et de l’Europe du Nord– montreront les luttes, les traditions et les pratiques environnementales des communautés autochtones, telles que les perçoivent et agissent les membres de la communauté eux-mêmes. Trois de ces quatre films sont disponibles en ligne et seront projetés lundi prochain au siège des Nations Unies à New York.

    Un de ces films, « Sukumi – On the ice » (Sukimi – Sur la glace), par le metteur-en-scène Andrew Okpeaha MacLean, raconte l’histoire d’un chasseur Inuit qui conduit son attelage de chiens sur les espaces glacés de l’Arctique à la recherche de phoques et finit par devenir témoin d’un meurtre. Le film de MacLean a obtenu le Prix du jury pour les courts-métrages au Festival du cinéma de Sundance en 2008.

    Une autre production d’origine suédoise, « Curte-Nillas », est un bref film d’animation racontant les efforts que déploie le super-héros Sámi pour protéger et défendre les droits du peuple Sami qui se bat contre les autorités. Les films « Marangmotxingo Mïrang / From The Ikpeng Children To The World » (Marangmotxingo Mïrang / Présent des jeunes Ikpeng au monde) du Brésil et « Taino Indians Counted Out Of Existence » (Indiens Taino exclus de l’existence) de Porto Rico explorent le patrimoine culturel et remettent à l’esprit des histoires oubliées.

    Cette année-ci, la Journée internationale des peuples autochtones, qui sera célébrée le 9 août, vise à diffuser la connaissance des modes de vie de quelques uns des 370 millions d’autochtones vivant dans le monde, en mettant à l’honneur les styles de vie les plus sensibles à l’environnement, communs à beaucoup de ces groupes.

    La Journée internationale précède une cérémonie qui aura lieu le mois prochain à New York, au cours de laquelle 14 représentants de communautés autochtones de l’Afrique, de l’Asie et du Pacifique, de l’Amérique latine et des Caraïbes recevront des prix pour leurs efforts de conservation de la biodiversité et de promotion de moyens de subsistance durables dans les régions équatoriales.

    Les représentants, qui recevront le Prix Équateur 2010, sont parmi les 25 groupes qui ont été proclamés au début du mois vainqueurs de l’Initiative Équateur menée par les Nations Unies pour leur impact, leur partenariat créatif, l’autonomisation de leur communauté ainsi que l’inclusion sociale et l’égalité entre les sexes qui les animent. Chaque groupe recevra un prix de 5 000 dollars, tandis que cinq autres recevront une « reconnaissance spéciale » et des prix d’un total de 20 000 dollars.

    « Nous avons beaucoup à apprendre des peuples autochtones dans les efforts que nous déployons pour protéger la diversité des écosystèmes de la planète et les espèces sur lesquelles nous dépendons tous », a déclaré Mme Veerle Vandeweerd, Directrice du Groupe Environnement et Énergie du PNUD. « Les projets autochtones gagnants du Prix Équateur démontrent l’importance des connaissances traditionnelles et la façon dont le bien-être humain et le développement sont intimement liés à la bonne santé de l’environnement ».

    Parmi les projets autochtones récompensés se trouvaient un centre de ressources agro-forestières au Cameroun, une entreprise de plantes médicinales au Kenya, un projet d’efforts pour la conservation marine au Yémen, un projet de mise sur pied d’un conseil pour la protection des droits de propriété foncière en Bolivie et un projet de réseau d’éco-tourisme au Mexique. D’autres projets autochtones provenaient du Bénin, du Cambodge, de l’Équateur, de l’Indonésie, de Madagascar, du Mexique, du Nigeria, du Sénégal et de l’Ouganda.

    « Obtenir une reconnaissance au niveau mondial nous donne l’occasion de donner une nouvelle envergure à notre travail », a déclaré M. Cecilio Solís Librado, président du réseau de tourisme indigène du Mexique (Mexican Indigenous Tourism Network), qui a reçu un prix pour son rôle de soutien aux petites entreprises autochtones organisant des visites respectueuses de l’environnement à travers le Mexique. « Nous avons l’occasion d’envoyer un message à d’autres institutions et de partager notre culture et notre territoire, ainsi que notre mode de vie et de pensée ».

    La Journée internationale des populations autochtones du monde a été lancée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1994 et sera célébrée tous les ans pendant une période de deux décennies se terminant en 2015.

    Présentant un message à propos des quatre metteurs-en-scène en vue des célébrations du 9 août, M. Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré : « Leurs œuvres ont su saisir les images de la vie courante et l’esprit qui anime les communautés autochtones. Au moment où nous honorons ces contributions, je lance un appel aux gouvernements et à la société civile pour qu’ils remplissent leur engagement de faire progresser le statut des peuples autochtones partout dans le monde ».

    Pour obtenir plus d’informations, veuillez accéder à :

    www.un.org/esa/socdev/unpfii/index.html

    www.undp.org/partners/civil_society/empowering_indigenous_peoples.shtml

    www.EquatorInitiative.org

    Journée internationale des peuples autochtones

     

    Aujourd'hui 9 août, c'est la journée mondiale des peuples autochtones. 

    http://www.un.org/depts/dhl/dhlf/indigenous/index.html

    Terres maudites

    Il n’est jamais bien bon de vouloir vivre sur des terres et d’en profiter lorsqu’elles représentent une quelconque source de richesse. Les habitants du Nord-Kivu, en République Démocratique du Congo, en sont de longs témoins. Sur le continent africain ils ne sont malheureusement pas isolés. Du Libéria au Sierra Léone, Charles Taylor, actuellement jugé à La Haie, ne s’est jamais encombré de populations qui ont le souci de vivre dans des régions convoitées. Si en République Démocratique du Congo, c’est le Coltan ce minerai indispensable à la fabrication de nos gadgets électroniques, qui est la malédiction principale, les massacres de l’ancien président libérien ont été stimulés, pour partie, par les diamants. Mais tout cela parait bien lointain pour les consommateurs de ce Coltan et de ces diamants que nous sommes. Les médias, dans un même mouvement, ne s’intéressent à ces hécatombes que si l’audience est assurée. Comme par exemple lorsque le mannequin Naomi Campbell sera appelé à témoigner le 5 août prochain au procès de dictateur libérien...   Les habitants du Zimbabwe et du Botswana vivent aussi ces malédictions. La brute épaisse qu’est devenue au fil des embargos Robert Mugabe, ne fait pas dans la dentelle, et pour les mêmes raisons que son ex-alter ego libérien. En juin 2006, des diamants sont extraits d’une mine à l’est du Zimbabwe, tout près de la frontière mozambicaine. Le site d’extraction de Marange, dans le district de Mutare, est devenu le lieu d’une prédation violente, opérée principalement par l’armée et la police zimbabwéennes.   Lorsque le site de Marange s’est révélé rentable, en juin 2006 donc, Mugabe a interdit à la compagnie britannique ACR, qui venait d’en obtenir l’exploitation, tout accès au lieu. Et a invité ses compatriotes à s’improviser "chercheurs de diamants". Sa proposition a évidemment été prise au sérieux chez des populations très pauvres. Femmes et enfants participèrent à cette ruée, tandis que les trafiquants affluèrent de tous les coins du continent, voire de plus loin.   Immanquablement l’avidité de tous a transformé la région en un sinistre "Far West" et le gouvernement s’est montré résolu à arrêter tout cela. Non pas pour protéger ses compatriotes, mais parce qu’il y avait là un manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Et comme la trésorerie nationale du Zimbabwe se confond avec celle des ministres proches du président et bien sûr avec celle du président lui-même, c’était une affaire d’importance pour le pouvoir. La suite de l’histoire était écrite d’avance. En novembre 2006, une première opération de police fut lancée contre les "chercheurs de pépites" et uniquement contre eux. Le nombre de morts, de blessés par balle, de viols et violences en tous genres ne sera sans doute jamais connu. En tout cas cela permis au gouvernement de reprendre peu à peu la main sur les diamants : Les mineurs furent obligés dorénavant de se regrouper en coopératives, sous la "protection" de policiers, à récompenser naturellement. Et inévitablement les trafics redoublèrent. Que le gouvernement ne trouva pas encore assez avantageux. Alors en octobre 2008, une seconde opération de police, cette fois conjointe avec l’armée, fut engagée, qui laissa des centaines de morts derrière elle. Le résultat fut concluant cette fois : les champs de diamants sont désormais supervisés par l’armée et la police et les creuseurs soumis au travail forcé. Des enfants d’à peine dix ans sont contraints de fouiller la terre à mains nues, onze heures par jour. La manne s’est transformée en malédiction et quelques pépites ont projeté cette région dans un sombre esclavage.   Robert Mugabe a-t-il voulu cela ? En tout cas une partie des revenus des mines provisionnent maintenant directement l’élite de la ZANU-PF, son parti politique, et il est peu probable que cet argent vienne au secours d’une économie en crise chronique depuis des années.   La faillite de la gestion de ces revenus miniers n’empêche pas au Zimbabwe de croire désormais en sa bonne étoile et de revendiquer une place à la hauteur de son voisin occidental. Le Botswana tient en effet une partie de sa richesse de l’exploitation de ses mines de diamants.   Justement, à l’instar du despote d’Harare, le président botswanais, Ian Khama qui tient d’une main de fer son pays, n’est pas très tendre avec ceux qui gênent ses "business plan". A moins que la justice de son pays soit responsable des décisions qu’elle prend. Elle vient en effet de rendre un jugement étonnant et malheureux.   Depuis 1997, les Bushmen du Kalahari sont expulsés de leurs terres ancestrales par les autorités du pays. Ces dernières justifient ces déplacements forcés par la nécessité de sortir ces pauvres arriérés du sous-développement. L’arrêt que vient de rendre la haute cour de justice contrarie cette volonté d’Etat, tout en interdisant à ceux qui retourneront vivre dans le Kalahari de creuser des puits. Puits que les autorités avaient fait sceller en 2002 pour pousser les Bushmen à l’exil. Cette victoire judiciaire parait dès lors bien aventureuse : Le Kalahari est une des régions les plus arides du globe et l’accès facile à l’eau est vital.   Pourquoi tant de haines envers une population d’à peine 1000 individus ? Malheureusement la raison est encore la même : Les diamants, encore les diamants. Dans les années 1990 des gisements ont été découverts précisément sur les territoires convoités, et le Botswana a besoin de toujours plus de devises pour garder son titre de miracle économique africain. Ce qui suppose, pour ce pays un peu moins corrompu que son voisin, tout autant de réalisme ou de cynisme, c’est selon.   Trente milles ans de vie et d’histoire Bushmen dans le Kalahari mérite sans doute quelques considérations. Mais qui peut aujourd’hui jeter la pierre aux autorités du Botswana ? La jouissance immédiate n’a besoin d’aucune maturité et les Bushmen ne sont décidemment plus de ce monde. La seule vie sauvage qui est rentable n’est plus la leur depuis longtemps, mais celle des antilopes et autres guépards. Qu’ils laissent donc la place aux touristes agités et au commerce. Car comme l’a déclaré le vice-président du Botswana, Festus Mogae : "Comment pouvons-nous continuer à avoir des créatures vivant à l’âge de pierre à l’époque des ordinateurs ?".   La violence infligée aux Bushmen est certainement plus douce que celle subie par les creuseurs de Marange mais l’issue, encore une fois, est prévisible : misère et alcoolisme auront le dernier mot d’un peuple trop vieux sans doute pour comprendre le progrès.   SylvainD.    Dernière minute : Une plainte vient d’être déposée contre le gouvernement du Royaume-Uni au motif que ce dernier ferme les yeux sur le commerce de minerais en République Démocratique du Congo que des sociétés britanniques feraient avec des mouvements de rebelles armés. Surprenant, non ?

    Des Indiens nomades émergent de la forêt pour prouver leur existence

    Des Indiens de la tribu awá ont manifesté durant trois jours en Amazonie brésilienne, du 1er au 3 août, afin de démontrer qu’ils existent et d’exiger que leurs terres soient protégées contre les invasions.

    L’événement, intitulé ‘Nous existons: terre et vie pour les chasseurs-cueilleurs awá’, est coordonné par le CIMI, organisation brésilienne des droits des peuples indigènes, l’Eglise catholique locale et plusieurs groupes autochtones.

    Une centaine d’Indiens awá sont attendus pour participer à la manifestation. Pour la plupart, ce sera la première fois qu’ils quitteront leur forêt.

    La manifestation, qui aura lieu à Ze Doca, une ville proche du territoire awá, dans l’État de Maranhão en Amazonie orientale, est organisée en réponse aux affirmations de la mairie de la localité selon lesquelles les Awá n’existeraient pas.

    Les Awá sont l’un des deux groupes de chasseurs-cueilleurs nomades restants au Brésil. Plus de 60 d’entre eux n’ont aucun contact avec le monde extérieur et sont gravement menacés par les exploitants forestiers illégaux.

    Bien que les terres Awá aient été légalement reconnues, les Indiens sont la cible des bûcherons qui percent des routes au bulldozer dans les forêts et des colons qui chassent le gibier dont ils dépendent, les exposant à la maladie et à la violence.

    Un juge fédéral avait statué en juin 2009 que tous les envahisseurs devaient quitter le territoire awá dans les six mois à venir. Toutefois, cette décision ayant depuis été suspendue, la déforestation et les invasions sont en forte progression.

     ‘Nier l’existence des peuples indigènes est une absurdité qui appartient au passé colonial. C’est également un crime : refuser qu’ils existent et ils n’existeront pas, ils disparaîtront comme tant d’autres tribus brésiliennes avant eux. Si le Brésil veut être considéré comme une nation de premier plan, il ne doit plus tolérer de tels outrages’.

    Les Na’vi d’Avatar à Londres pour stopper la mine de Vedanta

    Deux Na'vi du film ‘Avatar’ de James Cameron se sont rendus le 28 juillet 2010 à l’assemblée générale de la compagnie minière britannique Vedanta Resources qui se tenait à Westminster. Ils ont ainsi rejoint l’organisation de soutien aux peuples indigènes Survival International dans une manifestation contre le projet minier controversé de Vedanta sur la montagne sacrée de la tribu des Dongria Kondh en Inde. La tribu des Dongria Kondh a été décrite comme ‘la réelle tribu d’Avatar’ leur situation étant très proche de celle du film à succès de James Cameron.

     

     

     

    Martin Horwood, député et président du groupe parlementaire inter-partis sur les peuples indigènes, a également assisté à l'assemblée générale.

    Vedanta Resources est majoritairement détenue par le milliardaire indien Anil Agarwal.

    Le mois dernier, Vedanta a essuyé trois importants revers qui remettent en cause son projet d'exploitation minière. Le ministre indien de l’Environnement et des Forêts a ordonné une enquête sur les droits territoriaux des Dongria; le Premier Secrétaire de l’Etat d’Odisha a ordonné une enquête complémentaire sur le même sujet et le groupe néerlandais d'investissement PGGM a annoncé avoir vendu sa participation dans Vedanta en raison de ses

    Présence Autochtone sur la Place des Festivals de Montréal

    André Dudemaine, directeur artistique du festival, est heureux de dévoiler la programmation des activités extérieures gratuites du 20e festival Présence Autochtone qui se dérouleront du 6 au 8 août 2010 sur la Place des Festivals.   Sous un tipi géant, se déploiera le plus grand wampum au monde alors que la place sera, l’espace d’un week-end, transfigurée par l’art amérindien et ses symboles animaliers.    Dans ce décor vibrant, prendront place des performances inoubliables: les Boréades de la danse Loto-Québec, avec des danses amérindiennes du Canada de la Bolivie et du Mexique; deux projections-concerts de Nanook of the North, accompagnées de chants de gorge inuit, avec 8 concertistes sur scène sous la direction de Gabriel Thibaudeau, compositeur de renommée mondiale; des démonstrations des arts et métiersissus du plus loin de l’occupation humaine de l’Amérique; et, pour terminer, en collaboration avec Amnistie internationale, des paroles de sagesse pour vivre en harmonie avec la Terre Mère. Ce dernier volet permettra d’interpréter en direct la refondation de la ville de Montréal selon un cérémonial qui mettra l’accent sur les aspects méconnus de la démocratie iroquoise (qui influença les rédacteurs de la Constitution des États-Unis). Stuart Myiow Jr. et Yvan Bombardier personnifieront Maisonneuve et un chef amérindien qui présideront les négociations. Dans un second temps, Lesvia Vela, Bartolo Alvarez et Charles Coocoo, représentants des Nations amérindiennes d’ici et d’Amérique centrale, manifesteront l’attachement des peuples premiers à la Terre-Mère et livreront des messages de sagesse et de paix.

    Horaire

    Le vendredi 6 août et le samedi 7 août à 21 h sur la scène Loto-Québec : projection de Nanook of the North de Robert Flaherty accompagnée d’un octuor incluant des interprètes inuit de katajak (chants de gorge) sous la direction de Gabriel Thibaudeau.

    Le samedi 7 août de 15 h à 20 h sur la scène Loto-Québec : Boréades de la danse – Loto Québec avec des troupes de danse de la Bolivie, du Canada et du Mexique.

    Le dimanche 8 août de 10 h à 15 h, La promenade des artisans. Sculpture sur bois et sur pierre, vannerie et sparterie, taille de silex, perlage, de multiples facettes des métiers traditionnels des Premières Nations.

    Toutes ces activités seront présentées gratuitement dans le cadre des vingt ans du festival Présence autochtone, les 6, 7 et 8 août 2010, sur la Place des festivals.

    Programmation du 20e Festival Présence autochtone au www.nativelynx.qc.ca

    Aide aux ASHANINCAS

         La branche humanitaire d’Avhice, qui soutient l’action de Jéromine Pasteur en faveur d’un clan d’Indiens d’Amazonie péruvienne, a remis un chèque de 5 000 euros à Chaveta

       Article de Jean-Pierre Nowak paru dans Sud Ouest, le 20 janvier 2010.

    Chaveta_LaurentBir   L’association Chaveta a été créée par l’exploratrice Jéromine Pasteur pour répondre à l’appel au secours lancé par 4 000 Indiens Ashàninkas d’Amazonie péruvienne.

       La branche humanitaire de l’association Avhice a décidé de soutenir son action en remettant un chèque de 5 000 euros au président Laurent Bir.

       La directrice de la bibliothèque, Hélène Michenaud, a donné lecture de la lettre transmise par Jéromine Pasteur : « J’ai eu la chance d’être intégrée au sein d’une famille ashàninkas qui m’a demandé de les aider à apprendre à lire et à compter pour affronter ceux qui cherchaient à les envahir, pour se battre sur le même terrain que ceux qui cherchaient à les détruire et ainsi tenter de subsister au coeur de la grande forêt autrement que dans la misère et le mépris de tous. Pour cela ils m’ont demandé des écoles. Depuis, sept écoles ont été mises en place grâce à nos donateurs. Pour information, de la capitale, il faut 10 heures d’autobus pour atteindre la ville de Satipo, puis 1 à 2 jours de pirogue et pour finir 2 à 3 jours de marche pour atteindre le campement. Au nom des 186 enfants ashàninkas et leurs parents, je vous adresse de profonds remerciements pour votre aide et le travail de soutien que vous avez accompli. »

            Saint-Loubès sans frontière

       Le président d’Avhice branche humanitaire, Thierry Herpin, a dit sa fierté de soutenir cette action.

       Il a également annoncé la dissolution de cette branche qui sera transformée en association indépendante, sous le nom de Saint-Loubès sans frontières. Elle continuera les projets commencés, ainsi qu’à récolter des fonds, en organisant des lotos et une grande soirée théâtre. Elle est ouverte à toute personne souhaitant animer et faire grandir SLSF dans la fraternité et la bonne humeur.

       Le maire, Pierre Durand, a félicité l’association qui avait déjà fait un énorme travail au Maroc et au Sénégal. « Nos pays riches ont d’énormes responsabilités et toutes les démarches à but humanitaire doivent être aidées. Je suis confiant, car il y a maintenant une prise de conscience au niveau international. »

     Source:http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/840600 /mil/5611255.html?auth=d6c958d4&cHash=771455c528

        Posté par Jeromine le Dimanche, 14 février, 2010 à 3:14  

    De l'eau pour les buhmen

         URGENT

        L’interdiction d’accès à l’eau prononcée contre les Bushmen du Botswana suscite l’indignation

        Un juge botswanais a statué que les Bushmen de la Réserve du Kalahari central n’avaient pas le droit de forer un puits. Cette décision les condamne à parcourir 380 km pour s’approvisionner en eau dans une des régions les plus arides du monde.

        Les touristes visitant la réserve qui séjourneront au lodge Wilderness Safaris jouiront d’une piscine et d’eau à profusion, tandis que le projet diamantifère de Gem Diamonds bénéficiera de toute l’eau nécessaire à son exploitation – à condition de ne pas en fournir aux Bushmen.

        Le porte-parole bushman Jumanda Gakelebone se désespère : ‘Si nous n’avons pas d’eau, comment allons-nous vivre ?’

        Ecrivez au président botswanais Ian Khama : op.registry@gov.bw pour lui exprimer votre indignation. Si cette boîte ne fonctionne plus, écrivez une lettre postale dont vous trouverez un modèle sur notre site internet

          Survival International (France)
               18 rue Ernest et Henri Rousselle

                    75013 Paris    France 

                                                T +33 (0)1 4241 4762            
    www.survivalfrance.org

    Populations indigènes : une perspective australienne

    Introduction

    Les populations indigènes d'Australie se subdivisent en deux groupes principaux : les Aborigènes et les Indigènes du détroit de Torres. Au sein des deux groupes, il existe d'importantes différences linguistiques et culturelles. Il est à la fois dangereux et difficile de tenir des propos généraux au sujet de ces groupes, étant donné que certains d'entre eux partagent des valeurs et pratiques culturelles communes, et que pour d'autres ce n'est pas le cas.

    Lorsque la colonisation a commencé en Australie, en 1788, toutes les communautés indigènes et linguistiques ne furent pas affectées de la même manière. Certaines subirent immédiatement la violence des premiers contacts et la mort due aux maladies importées, tandis que d'autres restèrent relativement à l'abri du contact avec les Blancs pendant quelques décennies. Si aujourd'hui, en Australie, il existe des similitudes entre les communautés indigènes éloignées, rurales et urbaines, les effets historiques de la colonisation sur les populations indigènes de ce pays sont malgré tout très variés.

    Comparaisons avec d'autres populations indigènes

    Il existe quelques similitudes importantes entre les populations indigènes d'Australie et celles de Nouvelle-Zélande et d'Amérique du Nord et les régions où l'anglais demeure la langue dominante. Les Européens colonisèrent ces pays en imposant des valeurs culturelles occidentales et un certain Christianisme. Cependant, une différence significative sépare l'Australie d'autres pays. Aucun traité n'a jamais été signé entre les peuples indigènes d'Australie et leurs colonisateurs.

    En dépit de cette différence, les similitudes ont permis ces dernières années une plus grande communication et une plus grande collaboration entre les populations indigènes de ces pays. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et les États-Unis font aujourd'hui partie des nations les plus riches, les plus dotées en ressources et les plus développées du monde. Une partie de leurs populations, composée d'indigènes subit les effets de la colonisation de façon similaire si on les compare à la population dominante. Elles ont toutes une plus faible espérance de vie, un taux d'incarcération, de suicides et de chômage élevé, elles abusent de l'alcool, sont en état de dépendance économique et ont des maladies chroniques précoces. Les peuples indigènes dans ces pays partagent certaines formes de pauvreté qui sont liées à de grandes inégalités sociales. Ces disparités sont très manifestes en Australie.

    L'Australie, comme d'autres pays possédant des peuples indigènes, a son histoire de discrimination et de racisme. En Australie, la législation en vigueur stipule que la discrimination se basant sur des critères raciaux est illégale. Cependant, le racisme continue de se manifester de bien des façons. Il s'exprime à travers les attitudes des gens, dans les politiques gouvernementales et dans la façon dont les services ordinaires d'éducation, de santé et les services sociaux sont administrés. Ces formes de racisme manifestent un désir de domination et d'assimilation à l'égard de ceux qui sont différents. Les Australiens d'origine étrangère ont eu du mal à nouer avec les peuples indigènes une relation fondée sur leurs droits de premiers occupants de la terre et sur la reconnaissance et le respect de ces mêmes droits.

    Quels sont les facteurs qui font qu'aujourd'hui les peuples indigènes sont « les plus exploités et les plus marginalisés du monde » ?

    Les indigènes d'Australie sont les plus pauvres de l'ensemble de la population en raison de l'héritage colonial. Indigènes et non-indigènes essaient tous de comprendre, et de se mettre d'accord sur toutes les implications de cet héritage, et sur la manière dont tout héritage peut être reconnu et corrigé. Ne pas avoir un traité, ne pas avoir de droits constitutionnels ni de reconnaissance, implique que les peuples indigènes ne parlent pas d'une même voix politique et économique. Si leur nombre croît plus vite que le reste de la population australienne, il s'élève néanmoins actuellement à peine à plus d'un demi-million, ce qui équivaut à moins de 3 % de la population totale.

     (Suite)

    Pas d'accés à l'eau pour les Bushmen

    Coup dur pour les les Bushmen. la Haute Cour botswanaise, a rendu un verdict refusant l'accès à l’eau aux Bushmen du Kalahari. Cette annonce a suscité une vive indignation.
     

    Coup dur pour les les Bushmen. la Haute Cour botswanaise, a rendu un verdict refusant l'accès à l’eau aux Bushmen du Kalahari. Cette annonce a suscité une vive indignation.

    Lors de l'audience, qui avait eu lieu le 9 juin dernier, mais dont le verdict n'a été rendu que la semaine dernière, le juge a statué que les Bushmen n’avaient pas le droit d’accéder au puits d’eau situé sur leur territoire dans la Réserve du Kalahari central – une des régions les plus arides de la planète –, ni d’en forer un nouveau.

    Un verdict assommant pour les Bushmen qui tentent de survivre dans le désert sans aucun accès à l’eau depuis que le gouvernement botswanais a scellé leur puits en 2002 dans le but de les chasser de la réserve.

    En 2006, la Haute Cour avait jugé que les évictions forcées des Bushmen étaient illégales et anticonstitutionnelles et des centaines de Bushmen avaient ainsi pu retourner sur leurs terres, peut on lire dans un communiqué de presse.

    Les Bocihimans sont les plus anciens habitants de l’Afrique australe où ils vivent depuis au moins 20 000 ans. Leur habitat est le vaste désert du Kalahari. Ils se définissent comme « ceux qui suivent l'éclair » en se déplaçant en fonction des pluies pour se nourrir de fruits, de racines et de gibier. La dénomination Bochiman fut introduite par les Boers. San est une dénomination plus politiquement correcte et fut introduite par les Namaquas.

    Ce peuple nomade de chasseurs-cueilleurs occupait jadis toute l'Afrique australe. L'arrivée successive des Bantous, agriculteurs sédentaires, et des Hottentos vivant d'élevage et parlant une langue de la même famille, a décimé cette population et l'a repoussée vers des terres de plus en plus ingrates. L'arrivée des Hollandais (Boers) et huguenots au XVIIe siècle puis des Britanniques acheva de les réduire à la misère en les chassant de leurs terres ancestrales. Au XVIIIe siècle, les fermiers se regroupaient en milice (kommando) qui lancèrent des expéditions punitives sur les Bochimans.

    Aujourd'hui relégués sur l'une des terres les plus ingrates du monde, le Kalahari, les Bochimans risquent encore de devoir migrer pour le motif avoué du gouvernement du Bostwana de les intégrer aux bienfaits de la civilisation mais, selon les intéressés, pour laisser la place à la prospection diamantaire que projetterait la De Beers.

    En 1991, le Bostwana Christian Council a publié un rapport à propos d'une affaire concernant des Bochimans suspectés de chasser sur une propriété privée et qui ont été appréhendés et torturés par des gardes des parcs nationaux.

    En 1997, beaucoup furent expulsés de chez eux dans le Kalahari et ceux qui sont restés ont subi des diminutions draconiennes de leur territoire de chasse, un harcèlement continuel et des tortures. Au début de l'année 2002, le harcèlement s'est intensifié : les pompes à eau ont été détruites, les réserves d'eau vidées dans le désert et la chasse et la cueillette interdites. Pratiquement tous les Bochimans ont alors été expulsés de la Réserve du Kalahari mais un grand nombre d'entre eux est depuis retourné sur leurs terres et beaucoup d'autres veulent en faire autant.

    Les raisons de cette expulsion mises en avant diffèrent grandement selon les parties. Le gouvernement botswanais mettait en avant le fait que les Bochimans ne vivaient plus selon leurs traditions, élevant du bétail et troublaient ainsi l'équilibre écologique de la réserve. L'ONG britannique Survival International soupçonne quant à elle des intérêts liés aux mines de diamants. En 2006, un tribunal botswanais a reconnu l'illégalité et l'inconstitutionnalité de l'expulsion des Bochimans de la réserve animale du centre du Kalahari. Le gouvernement ne semble cependant pas enclin à leur faciliter la tâche, il n'a pas obligation de rétablir les services de base dans la région (eau).

    Fin 2007, Les Bochimans ont annoncé au Botswana qu'ils intenteraient un nouveau procès au gouvernement s'ils ne peuvent retourner sur leur territoire. Le 21 juillet 2010, l’annonce du verdict de la Haute Cour botswanaise refusant l’accès à l’eau aux Bushmen du Kalahari a suscité une vive indignation

    En dépit du verdict, le gouvernement a interdit aux Bushmen de rétablir leur puits, les exposant à des conditions décrites par le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les peuples indigènes, James Anaya, de déplorables et dangereuses en raison du manque d’accès à l’eau’. Au même moment, Wilderness Safaris a ouvert un lodge de safaris avec piscine et bar au cœur du territoire bushman et le gouvernement a fait forer de nouveaux puits dans la réserve pour approvisionner la faune sauvage en eau avec le soutien financier de la Fondation Tiffany & Co. Il est également interdit aux Bushmen d’approvisionner en eau leurs familles vivant dans la réserve, peut on lire dans un communiqué de presse.

    Jumanda Gakelebone, porte-parole bushman, a déclaré à cet effet : "C’est une très mauvaise nouvelle. Si nous n’avons pas d’eau, comment allons-nous vivre ? La Cour nous a rendu notre terre, mais sans le puits ; sans eau, notre vie est impossible".

    Améliorer la santé des Autochtones

    Une professeure de l’EMNO participe à une collaboration internationale sur la formation médicale afin d’améliorer la santé des Autochtones

    Des chercheurs canadiens, australiens et néo zélandais s’allient pour explorer des questions de santé

    L’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) a le plaisir d’annoncer la participation de Kristen Jacklin, Ph. D. à une nouvelle grande collaboration internationale visant à améliorer le traitement des maladies chroniques chez les patients autochtones.

    Les scientifiques exploreront les similitudes entre les peuples autochtones et les questions de santé. Ils examineront notamment le diabète et sa prévalence dans les communautés autochtones dans le but d’améliorer la santé dans ces populations.

    Mme Jacklin, co-chercheuse principale, estime que cette étude pourrait être bénéfique pour les Autochtones du Nord de l’Ontario souffrant de diabète. Elle souligne que même si des recherches menées dans cette région évaluent le degré de soins prodigués aux Autochtones, il n’en existe aucune aussi poussée que celle-ci qui a pour but d’améliorer les résultats en matière de diabète en fournissant des soins cliniques appropriés et respectueux de la culture.

    L’EMNO se joint à trois universités du pays (University of Calgary, Queen’s University et University of British Columbia) pour constituer l’équipe canadienne participant à cette étude échelonnée sur cinq ans qui est intitulée : « Educating for equity : Exploring how health professionnal education can reduce disparities in chronic disease care and improve outcomes for Indigenous populations ».

    Selon l’autre co-chercheur principal, le Dr Lindsay Crowshoe de l’University of Calgary, le fardeau des maladies chroniques dans les peuples autochtones des trois pays est plus lourd que chez leurs homologues non autochtones. La raison peut être en partie l’accès limité aux soins de haute qualité. Cette étude a pour but de faire mieux comprendre les conséquences des différences dans la prise de décision clinique, les communications et l’intervention auprès des patients et des familles sur les résultats pour la santé des patients autochtones.

    L’étude est subventionnée par l’International Collaborative Indigenous Health Research Program, créé et financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Health Research Council of New Zealand et le National Health and Medical Research Council of Australia.

    Les IRSC verseront la contribution canadienne qui se chiffre à 1,25 million de dollars. « Je suis très heureux que des chercheurs de quatre universités canadiennes se soient alliés à des collègues australiens et néo-zélandais pour se pencher sur la question de la formation des cliniciens de manière aussi vaste et en insistant sur la culture, a déclaré M. Malcom King, Ph. D., directeur scientifique à l’Institut de la santé des Autochtones (ISA) des IRSC. Par l’entremise de l’ISA, les IRSC sont déterminés à travailler avec les peuples autochtones pour créer les outils nécessaires pour répondre à leurs problèmes de santé uniques ».

    Les autres principaux chercheurs canadiens sont les Drs Michael Green (Queen’s University), Betty Calam, Kendall Ho et Mme Leah Walker (University of British Columbia).

    M. Rhys Jones, Ph. D., de l’University of Auckland, et la professeure Helen Milroy de l’University of Western Australia s’occuperont des aspects internationaux de l’étude. Chaque pays explorera un aspect différent de la formation médicale, et les équipes se réuniront régulièrement au cours des cinq prochaines années pour partager leur expertise et comparer le financement dans les pays.

    Depuis dix ans, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) contribuent à l'amélioration de la santé des Canadiens et des soins qui leur sont offerts. À titre d'organisme du gouvernement du Canada chargé d'investir dans la recherche en santé, les IRSC aident à la création de données probantes qui permettent d'améliorer les traitements, la prévention et les diagnostics, et qui mènent à de nouveaux produits et services, ainsi qu'à un système de santé renforcé et axé sur le patient. Formés de 13 instituts reconnus à l'échelle internationale, les IRSC soutiennent plus de 13 000 chercheurs et stagiaires en santé dans tout le Canada.

    La Nouvelle-Zélande doit améliorer la situation des Maoris

    Le Rapporteur spécial pour les populations autochtones, James Anaya, a appelé vendredi le gouvernement de la Nouvelle-Zélande à améliorer la situation de la population maorie et à continuer de chercher des solutions « adéquates aux défis auxquels ces populations sont confrontées ».

    « J'ai pu observer différents aspects positifs dans le paysage légal et politique de la Nouvelle-Zélande tout autant que les difficultés actuelles liées aux Maoris », a déclaré James Anaya au terme d'une visite dans le pays.

    « Les inégalités de conditions sociales et économiques sont extrêmes pour les Maoris, ce qui se manifeste dramatiquement par l'incarcération continue et persistante d'un grands nombre d'individus maoris », a-t-il ajouté en soulignant que ce « déni des Droits humains pour les Maoris » doit cesser.

    L'expert indépendant a par ailleurs salué le récent soutien de la Nouvelle-Zélande à la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. « Cette Déclaration a pour but de réparer les conséquences actuelles de la négation historique des droits d'auto-détermination des peuples autochtones », a-t-il précisé.

    James Anaya a encouragé le pays à mettre en application le Traité de Waitangi signé en 1840 qui pose les bases de l'auto-détermination du peuple maori. Ce traité « est l'un des exemples les plus importants dans le monde » qui tente de répondre aux doléances des peuples autochtones.

    « Cependant, lors de ma visite j'ai entendu des plaintes sur le processus de mise en oeuvre du Traité », a-t-il déploré. Selon l'expert, le manque de négociations a provoqué un manque de transparence pour l'appropriation et le contrôle de territoires par les Maoris.

    Enfin, James Anaya exhorte le gouvernement de la Nouvelle-Zélande à assurer le respect des principes consacrés par le Traité de Waitangi. « D'après ce que j'ai pu observer, les principes du Traité sont vulnérables au bon vouloir politique », a-t-il conclu.

    Émilie Barrucand, la fille de Raoni

            Pour cette jeune ethnologue, l’action se passe là-bas, dans la forêt. Avec son association, Wayanga, soutenue par la fondation Albert II de Monaco, Émilie Barrucand apporte son appui aux Kayapos afin de sauvegarder leur culture ancestrale.

         Depuis dix ans, Émilie Barrucand partage sa vie entre la France et le Brésil, dans le village du grand cacique, en plein cœur de l’Amazonie. Si la jeune française parle aujourd’hui couramment leur langue, son premier séjour chez les Kayapos n’a pas été de tout repos. Émilie se souvient : « Je ne comprenais ni leur langage, ni leurs coutumes, ni leurs blagues. Je croyais parfois qu’ils me menaçaient. J’ai mis du temps à réaliser qu’ils avaient en fait beaucoup d’humour. Et qu’ils s’amusaient. Qu’ils me testaient ! ».

                     « Le destin »

        À l’âge où toutes les petites filles jouent à la poupée, elle se passionne pour les peuples autochtones et « la grande forêt ». À 15 ans, Tristes tropiques, le plus célèbre livre de Claude Levi-Strauss, scellera son destin. Cette fois, c’est sûr, elle veut consacrer sa vie à défendre les peuples indigènes d’Amazonie. L’idée ne la quittera plus. Elle rencontre Raoni en 2001 lors de son passage en Europe pour sensibiliser « les Blancs » à l’avenir de l’Amazonie et lui expose son projet de soutien aux peuples autochtones. Décidant de lui faire confiance, Raoni l’invite à le suivre en terre kayapo. « Le destin ! », lance-t-elle, comme pour tenter d’expliquer l’inexplicable. Après quatre longs mois d’immersion sous la canopée, Émilie Barrucand parvient à se faire accepter de tous les leaders politiques indigènes : Kayapo, Pareci, Irantxe, Bororo, Juruna…

                      Bébé en écharpe, à la kayapo

        De retourn en Franc, elle crée l´association Wayange, « chamene » en kayapo. Objectif : défendre les droits, les terres et la culture de ces peuples. Une démarche encouragée à quatre reprises par différents prix (Défi Jeune, Bourse de l´Aventure, Bourse Créavenir et, plus récemment, le Prix Conscience). En France, Émilie écrit un livre, Wayanga, l´Amazonie en sursis (Cherche Midi-2005) et, au Brésil, elle entame un long travail d’archivage pour aider les Indiens à conserver leur patrimoine culturel et la mémoire des anciens. « Ce sont toujours eux qui me disent ce qu’ils souhaitent réaliser. Je ne leur impose aucun projet. Je suis juste un instrument à leur service », précise l’ethnologue. Elle revient tout juste d’un séjour de trois mois dans la « grande forêt ». Pas seule cette fois, mais avec son fils de 3 mois qu’elle a tenu à présenter, sans tarder, à sa « seconde famille ». Bébé en écharpe -à la kayapo-, carnet de notes dans une main, enregistreur dans l’autre, elle garde la même détermination. « Les Indiens d’Amazonie sont toute ma vie. Je me suis engagée à tout faire pour les aider. Jamais je ne pourrai les abandonner. »

                       L’interview d’Émilie Barrucand par Audrey Mouge.

         Comment est né ce projet d’archivage du patrimoine culturel kayapo ?
         C’est Raoni qui me l’a demandé. Il est très préoccupé par l’avenir de son peuple. Les Kayapos ont vu ce qui est arrivé aux peuples autochtones d’Amazonie qui ont glissé vers notre monde. Ils ont suivi le modèle blanc. Ils ont perdu leurs terres, leur culture et doivent aujourd’hui faire face à des problèmes de délinquance, d’alcoolisme ou de suicide.

         Comment avez-vous procédé ?
         J’ai collecté les mémoires de Raoni, mais aussi celles d’autres chefs kayapos des villages voisints. Un travail colossal qui m’a permis de mettre à leur disposition une collection de CD rassemblant plus de trente heures d’enregistrement : chants, danses, mythes, cérémonies, histoires… Je leur ai également rapporté des archives photos et vidéos témoignant de leurs premiers contacts avec les Blancs. Ces films les ont beaucoup émus et ont créé une vraie dynamique commune autour du projet.

        Qu’allez-vous faire de ces archives ?
         Toujours conformément aux souhaits des Indiens kayapos, un Centre de préservation de la culture mebengokre (nom originel du peuple kayapo), financé par mon association Wayanga, va prochainement être construit, dans le respect de l’architecture locale. Les Kayapos pourront ainsi conserver, sur leurs propres terres, toutes ces archives en un lieu unique protégé de l’humidité, de la chaleur, des insectes et de la poussière.

        En quoi la préservation de la mémoire des anciens peut aider à la survie des peuples kayapos ?
         Les Indiens n’ont jamais eu un comportement prédateur envers la forêt. La protection de l’environnement fait partie intégrante de leur culture. Préserver la mémoire des anciens, c’est préserver leur rapport à la terre et perpétuer la tradition de pratiquer une gestion durable de la nature. C’est aussi inciter les jeunes kayapos à perpétrer ce mode de vie. Résister aux sirènes du monde moderne. Et les encourager à assurer la relève.

        Pour continuer à mener ses projets, Wayanga a besoin de votre soutien :

       Association Wayanga
               26, rue Damrémont
                       75018 Paris
                         www.planetattitude.com

    L'inquiétude quant aux droits des peuples autochtones plane sur le lancement du partenariat REDD+ au moment où les négociations des Nations Unies reprennent

    Le partenariat intérimaire REDD+ a été lancé à Oslo le 27 mai 2010 avant la reprise des négociations de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Bonn, du 31 mai au 11 juin 2010. Cinquante délégués des gouvernements des pays REDD et des pays donateurs ont adopté une déclaration qui comprend les principes et les modalités de travail de la nouvelle initiative de partenariat intérimaire REDD+. Le respect des droits des peuples autochtones et le soutien à la mise en œuvre des garanties actuellement discutées au sein de la CCNUCC ne figurent pas parmi les principes du partenariat, et à ce jour le processus a manifestement manqué de transparence et de participation.     Le partenariat intérimaire REDD+ (Interim REDD+ Partnership)crée un espace pour les gouvernements et les institutions qui s'engagent en faveur de la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts (REDD) afin qu'ils puissent partager des informations et des expériences, et développer des instruments garantissant la cohérence et l'efficacité. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Japon seront les premiers à co-présider le partenariat, et seront suivis du Brésil et de la France en 2011. Le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier (FCPF) et UNREDD se chargeront des tâches de secrétariat.

    Le respect des droits des peuples autochtones et le soutien à la mise en œuvre des garanties actuellement discutées au sein de la CCNUCC ne figurent pas parmi les principes du partenariat, et à ce jour le processus a manifestement manqué de transparence et de participation. Il a été affirmé que le partenariat ne sapera pas les progrès au sein de la CCNUCC. Toutefois, jusqu'à la mise en place effective d'un fonds climatique avec un mécanisme REDD, la préparation se fera sous l'égide du partenariat intérimaire REDD+, formellement à l'extérieur du système des Nations Unies.

    Les gouvernements accélèrent la cadence : une première réunion technique du partenariat aura lieu au Brésil en juillet, alors que Nagoya accueillera la deuxième réunion officielle en octobre, en même temps que la Conférence des parties (CdP10) de la Convention sur la diversité biologique (CDB). Entre-temps, aucun progrès significatif en matière de REDD n'a été réalisé lors de la réunion du Groupe de travail spécial de l'action concertée à long terme au titre de la Convention (AWG-LCA) à Bonn. L'Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques et technologiques (OSASTT) de la CCNUCC a adopté un document contenant un projet de conclusions sur la REDD, axé sur le renforcement des capacités pour l'application des méthodologies du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui ignore les recommandations de la CdP15 de la CCNUCC visant au développement d'une approche en faveur de l'engagement des peuples autochtones dans la surveillance, l'établissement de comptes rendus et la vérification (MRV). Un document informel (comprenant un texte sur la REDD) a été présenté par le président du Groupe de travail spécial de l'action concertée à long terme (AWG-LCA) pour encourager de nouvelles négociations en août et en octobre.  
     
    Acronymes
    AWG-LCA Groupe de travail spécial de l'action concertée à long terme au titre de la Convention
    CdP Conférence des parties
    CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
    FCPF Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier (de la Banque mondiale)
    OSASTT Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques et technologiques (de la CCNUCC)
    REDD+ Réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement - Plus
         

    Les Pygmées nous mettent en garde

    Les membres des communautés pygmées du Cameroun ont lancé un message clair à la suite des discussions du sommet de Copenhague sur le changement climatique : leurs droits sur leurs forêts doivent être respectés.

    Selon l’ONG Forest Peoples Programme, les Pygmées baka, bagyeli et bakola craignent que les projets visant à combattre le changement climatique ne les excluent de leurs forêts et déplorent que le changement climatique affecte déjà leurs forêts.

    L’un des éléments centraux des négociations internationales en cours sur le changement climatique est le processus REDD visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts. Les projets réalisés dans le cadre du REDD pourraient contribuer à protéger les forêts et les communautés qui en dépendent, mais seulement s’ils sont développés avec la pleine participation des peuples concernés et s’ils incluent leurs droits à la terre.

    La dernière version de REDD, REDDplus, s’attache à la conservation, à la gestion des forêts et à l’augmentation des stocks de carbone qui sont source d’inquiétude pour les peuples indigènes. Les Pygmées ont souffert à la fois de la déforestation de leurs terres et des programmes de conservation qui les en ont exclus.

    Les communautés pygmées du Cameroun annoncent qu’elles n’accepteront le processus REDD que si leurs droits territoriaux et leur droit au consentement libre, préalable et informé sur les projets qui les concernent sont respectés et que si elles reçoivent des parts équitables des bénéfices de ces projets.

    ‘Si nous parlons de conservation, alors les Baka sont les meilleurs protecteurs de la nature. Nous vivons ici depuis des temps immémoriaux et les forêts n’ont pas disparu. Ceux qui prétendent aujourd’hui préserver les forêts sont ceux qui les pillent. Nous assistons chaque jour à l’abattage de larges pans de notre forêt. N’est-ce pas ce même gouvernement qui autorise cette destruction ?’ Daniel Njanga, Cameroun.

    Pillage du bois amazonien à cause de la demande américaine

    Selon un nouveau rapport de l’organisation environnementale Upper Amazon Conservancy, des exploitants illégaux d’acajou sont en train de piller les territoires des Indiens isolés d’Amazonie péruvienne.

    Le rapport indique que cette exploitation destructrice constitue la ‘preuve que le Pérou ne parvient pas à honorer ses engagements environnementaux et forestiers inscrits dans l’Accord de libre échange (ALE) signé en 2009 avec les Etats-Unis’, parce que ‘plus de 80% de l’acajou péruvien [est] exporté aux Etats-Unis’. Le rapport de l’UAC a été rendu public un mois après que la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton se soit rendue au Pérou pour rencontrer le président Alan Garcia et ait affirmé que ‘les États-Unis et le Pérou s’unissent pour protéger l’environnement’.

    Le rapport révèle également comment les exploitants forestiers se jouent des autorités péruviennes et nord-américaines en prétendant que l’acajou a été légalement abattu. L’exploitation ‘se poursuivra tant que le gouvernement américain ne refusera pas de manière unilatérale l’acajou douteux du Pérou’, peut-on lire.

    Le rapport de l’UAC contient les photos d’un camp de bûcherons et de l’abattage d’acajous dans la réserve Murunahua censée être destinée à l’usage exclusif des Indiens isolés du sud-est du Pérou. Il révèle que l’exploitation forestière est ‘généralisée’ dans la réserve, et qu’un ‘vaste réseau de chemins d’exploitation’ utilisé par ‘plus d’une douzaine de tracteurs’ relie la réserve à l’un des principaux affluents de l’Amazone.

    Les Indiens isolés de la réserve ‘n’ont pas de défenses naturelles contre les maladies transmises par les étrangers et sont menacés par tout type de contact’, explique le rapport. Il dénonce également que l’exploitation forestière viole la ‘Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction’ (CITES), qui vise à protéger l’acajou.

    La réserve Murunahua a récemment été fermée aux compagnies pétrolières et gazières en raison des menaces que fait peser la prospection sur la vie des Indiens isolés qui y vivent.

    Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd’hui : ‘Il est intolérable que les citoyens américains continuent d’acheter du bois d’acajou péruvien si son exploitation met la survie des Indiens isolés en danger’.

    Télécharger le rapport (en anglais).

    Sous les sables bitumineux de l’Alberta : Or noir contre peuples premiers canadiens

    A force de cadeaux fiscaux, d’absence de régulation et de laxisme environnemental, les conservateurs au pouvoir en Alberta ont transformé, avec l’aide d’Ottawa, le nord de la province en un supermarché du pétrole sale au profit des multinationales et du voisin américain. La forêt boréale est sacrifiée, tout comme les premières nations de la région.

    Une seule « route de glace », ouverte de la mi-décembre à la mi-mars, traverse cinq rivières gelées et conduit à Fort Chipewyan, à 700 kilomètres au nord d’Edmonton, la capitale de l’Alberta. En dehors de l’hiver, il faut faire le voyage à bord d’un petit avion pour rejoindre cette province de l’ouest du Canada. Comptoir de traite de la fourrure fondé en 1788, «  Fort Chip » fut la première colonie britannique en Alberta. Malgré sa vue imprenable sur le lac Athabasca et ses îles boisées, l’unique hôtel est à vendre depuis des années — le tourisme n’a jamais décollé. Les journalistes qui viennent jusqu’ici le font rarement pour la beauté ou l’intérêt historique du site, mais pour le taux alarmant de cancers : 30 % de plus que la moyenne provinciale [1] . Pour beaucoup, le suspect numéro un se trouve à 230 kilomètres en amont, là où la rivière Athabasca serpente au milieu d’immenses mines à ciel ouvert et de 130 kilomètres carrés de bassins de décantation de l’industrie pétrolière.

    Ici se joue en effet la plus grande ruée vers l’or noir de l’ère moderne : plus de 170 milliards de barils, soit la deuxième réserve mondiale, sont enfouis sous la forêt boréale, sur une superficie équivalant au quart de la France. L’extraction et la transformation de ces sables bitumineux [2] nécessitent des quantités indécentes d’eau (cinq barils pour un de pétrole) et provoquent des dommages irréparables à l’environnement.

     (Suite)

    Bolivie : Indigènes contre indigènes

    En Bolivie, un grand mouvement indigène s’élève contre le gouvernement de Evo Morales, sur fond de projet de route vers le Brésil, passant au milieu de la forêt amazonienne. Au delà du débat politique —conserver la forêt intacte, ou favoriser le développement économique— ce mouvement indigène dévoile des craquelures dans le soutien d’ordinaire sans faille des organisations indigènes au gouvernement de Evo Morales, premier indien président de Bolivie. Même si on peut toujours s’interroger sur la noblesse des motivations des dirigeants de la CIDOB (qui ont la réputation d’être corrompus et de mener un grand train, bien loin de ceux qu’ils sont censés représenter), il s’agit d’une épreuve pour le gouvernement qui se montre souvent très rigide face aux critiques, même de son propre camp.

     (Suite)

    Les Pygmées aujourd'hui

       
    Histoire des Droits de l’Homme, pas du Pygmée

        Dans l’échelle des valeurs sociales et mentales de la plupart des voisins des Pygmées, ceux-ci se situent entre le chimpanzé et l’Homme. C’est ainsi.
        Ils n'ont d'ailleurs, en général, pas de carte d'identité.

        Les exceptionnels programmes d’éducation menés auprès d’écoliers et d’adultes "Grands Noirs"  pour leur prouver le contraire, et faire évoluer les mentalités, ne changent guère la donne.

        Traités comme des serfs, voire comme des « biens » par les populations, généralement bantoues, les Pygmées sont PARTOUT victimes de graves violations des droits de l’homme, dans les neufs pays où ils vivent, de la façade atlantique à la région des Grands Lacs.

        Les pires violations (meurtres, viols, tortures,...), guerre permanente oblige, sont surtout situées au Congo et en RDC (ex Zaïre), pays où le Pygmée n’y a jamais été recensé.
    Son éventuelle soudaine disparition du paysage n’émeut pas vraiment personne.

        Les autres violations (servage, violences physique, spoliation, mépris, injustice,..) sont unanimement répandues partout où le Pygmée vit.
       Ambiance...



                                                                                           Cuisine de singes

         « Les pygmées sont « de la petite viande qui parle »
     (adage zaïrois).

        Oubliés de l’Histoire, abandonnés par les Etats, les Pygmées n’ont droit en général à rien.
        Ni école, ni dispensaire, ni justice, ni droits civiques, ni même accès à la pompe à eau du village.
        Considérés comme des sous-hommes, ils sont absents de tous les secteurs, économique, politique, culturel.

        Les rares programmes les concernant consistent toujours à les sédentariser (éducation, agriculture, élevage), au lieu de viser à les maintenir, et c’est encore parfois possible ( !), dans des forêts préservées.

        Ainsi, encensés par les grandes ONG de sauvegarde de l’environnement pour leur culture de la conservation de la nature, les Pygmées n’en sont pas moins expulsés – sans ménagement ni indemnisation des forêts de leurs ancêtres en raison de la création de réserves et de parcs nationaux, au Congo, au Zaïre, au Cameroun….parfois protégées par ces mêmes ONG !!!

       Vu l’ « accueil » pour le moins odieux qui leur est réservé hors de leur forêt, nombreux sont ceux qui pensent comme ce Pygmée zaïrois qui a décidé de retourner y vivre avec toute sa famille : « C’est vrai que les éléphants, les buffles et les antilopes, nos cibles favorites, ont été décimés. Mais tout n’a pas disparu. Nous allons nous recycler dans la chasse aux taupes, aux boas….Nous ne pouvons pas vivre avec des gens qui ne nous aiment pas et qui se moquent de nous. »

     (Suite)

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