• Suède : Eleveurs de rennes contre propriétaires terriens

    Le procès qui a démarré, lundi 7 février 2011, devant la Cour suprême de Suède, est déterminant pour l’avenir des Samis de Suède, éleveurs de rennes.

     

    Suède

    Cent quatre propriétaires terriens de la commune de Nordmaling, au nord-est, ont porté plainte, en 1998, contre trois groupes d’éleveurs samis représentant près de cent vingt bergers. Selon ces agriculteurs et propriétaires forestiers, les milliers de rennes des éleveurs samis qui passent les mois d’hiver le long de la côte suédoise se nourrissent abondamment de leurs jeunes plants, causant d’importants dommages économiques. "On n’a pas eu d’autre choix que de porter plainte, explique Berth Hägglund, représentant des propriétaires. Les éleveurs samis ne sont venus dans notre région qu’après Tchernobyl, car en raison du taux élevé de radioactivité, ils ne pouvaient plus vendre leur viande. Il y a eu trop de rennes et ils ont dû trouver de nouveaux pâturages. C’est ainsi qu’ils sont arrivés chez nous." Les éleveurs samis affirment, au contraire, que depuis des générations leurs troupeaux paissent dans cette région. Ils invoquent donc le droit coutumier. "Nous étions sur cette terre bien avant que l’homme blanc ne vienne avec ses lois, déclare Oleg Omma, président de la communauté samie d’Ubmeje Tjeälddie. L’élevage de rennes repose sur la faculté de ces animaux à trouver eux-mêmes leurs pâturages. Ce qui demande beaucoup de surface." En première instance, en 2006, puis en cour d’appel, en 2007, les Samis ont gagné. C’était la première fois. Les autres procès, tous perdus par les bergers, ont mis en grande difficulté financière cette population d’à peine 20000 personnes -dont 3 000 vivent de l’élevage de rennes.

    Un éleveur sami

    En 2010, la Cour européenne de justice avait déjà reproché à la Suède la longueur de ces procès. Dans un rapport remis à la mi-janvier 2011, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, James Anaya, a aussi critiqué la Suède. "Les Samis ne devraient pas avoir besoin de prouver et de défendre leur propre droit coutumier", a-t-il estimé. Il a proposé qu’ils reçoivent une aide juridique lorsqu’ils sont traduits en justice. Dans le cas de Nordmaling, les Samis ont pu prouver qu’ils fréquentaient ces terres de longue date. Pour cela, ils se sont fait aider par des historiens. "J’ai suivi la trace d’une famille samie sur sept générations, raconte ainsi Peter Ericson, un chercheur local. Je peux montrer que l’élevage de rennes s’est pratiqué dans cette zone depuis les années 1750." Quelle que soit l’issue du procès, il fera jurisprudence. Dans certains des procès qui se sont déroulés ailleurs en Suède, les protagonistes ont parfois fait témoigner des archéologues. Objet de ces discussions aux relents parfois racistes : tenter de déterminer qui, des Suédois ou des Samis, avaient les premiers peuplé telle ou telle région du pays.

    Olivier TRUC

    Territoire des Samis

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter