• 2013    151 p.   19 €

    La grande Revanche, sous-titré Les Amérindiens à la reconquête de leur destin, vient de paraître aux éditions Autrement. Ecrit par Jean-baptiste Moutet et Julie Pacorel, ce livre raconte comment depuis une vingtaine d’années, les peuples indigènes d’Amérique latine, mènent une nouvelle lutte pour leur liberté, leur dignité et la préservation de leurs cultures.

    Les deux auteurs ont parcouru en tant que journalistes, la plupart des pays d’Amérique latine. Le livre nous promène des Mapuches du Chili, aux Quechuas de Bolivie et d’Equateur, des Guaranis du Paraguay au Tikuna de Colombie ou des Wayuu du Venezuela. Les auteurs nous rapportent leurs rencontres les plus marquantes livrant une série de portraits tout à fait saisissants.

    Mais le livre va plus loin : il dresse un constat argumenté de la situation des peuples autochtones aujourd’hui, retraçant la genèse de leurs luttes et parfois les ambiguïtés et les désillusions qui en sont nées. Ils rappellent le rôle que les églises ont joué, parfois très tôt avec les jésuites et les capucins, et celui des ONG (Organisations non gouvernementales) qui se sont multipliées dans la région andines.

    Certaines ONG, voulant développer un tourisme ethnique, ont parfois totalement folklorisé la vie des communautés. Les auteurs montrent comment l’attitude des organisations caritatives a bouleversé les cultures locales, dans la continuité des hommes d’église. Arrivés dans une communauté isolée de l’Amazonie, les autochtones, loin d’être surpris de leur arrivée, les interrogent : « Vous êtes de quelle organisation ? Vous nous apportez quoi ? »

    Les auteurs nous content le cas de communautés guaranis de l’Alto Parapeti en Bolivie qui jusqu’en 2008 vivaient en esclavage dans de grandes haciendas. La Croix rouge a réussi à faire connaître ces situations et l’OIT (Organisation internationale du travail) a pu forcer les instances nationales à agir. Si ensuite des ONG sont venus apporter des aides, la situation de certaines communautés a empirée car ils n’ont pas encore récupéré leurs terres ou manquent de financements pour leurs semences et ne bénéficient même plus du maigre repas quotidien que le propriétaire de l’hacienda consentait à leur donner.

    Jean-Baptiste Mouttet et Julie Pacorel relèvent enfin le grand malentendu qui a transformé les amérindiens en « écologistes naturels ». Ainsi une revue écologiste française s’appelle Pachamama, un mot qui est devenu le symbole de la lutte écologiste, ignorant le sens profond que les autochtones donnent à ce terme. Non, les peuples andins ne sont pas des saints écologistes, ils ont seulement un lien particulier qui les unit à leur terre, un lien difficile à comprendre pour un occidental urbanisé.

    Au fil du livre, on sent comment après des siècles d’humiliation et de destruction de leur espace naturel, les amérindiens ont développé une méfiance à l’égard de tout projet venu de l’extérieur. Les conflits se multiplient ces dernières années principalement contre des projets miniers ou pétroliers. Beaucoup de pays, l’Equateur, la Colombie, la Bolivie ou le Venezuela par exemple, ont adopté une constitution ou une législation qui affirme reconnaître les droits des autochtones sur leurs espaces ancestraux. Mais leur application se révèle compliquée, et bien souvent, les logiques extractivistes reprennent le dessus, provoquant des affrontements souvent violents et parfois mortels.

    La Grande revanche. Les Amérindiens à la reconquête de leur destin. Jean-Baptiste Mouttet et Julie Pacorel. Avant propos Raoni. Editions Autrement. 151 pages. 19 euros.

     

    La grande revanche des Indiens d’Amérique

     
    Nos anciens correspondants en Amérique Latine signent un premier livre engagé sur les combats des ethnies indiennes en Amérique du Sud.

    Que savons-nous des Indiens d’Amazonie? Sans doute peu de choses, au-delà de la visibilité dont ils bénéficient par intermittence, à travers le combat du grand chef Raoni, ou bien grâce à un bref coup de projecteur après un film comme Avatar.

    Et pour cause: les Amérindiens ne recouvrent pas une seule entité mais des tribus diverses, nombreuses, parfois divisées. Leur point commun? Qu’ils soient Arhuaco, Pumé, Mapuches ou Quéchua, tous subissent les discriminations, assistent à la déforestation de leurs terres, sont parfois réduits en esclavage dans les propriétés agricoles.

    Ancien journaliste de Youphil.com, Jean-Baptiste Mouttet est parti avec sa compagne Julie Pacorel arpenter le continent à la rencontre de ces Indiens à la reconquête de leur destin. Militants, entrepreneurs, étudiants, dirigeants politiques... leur combat passe toujours par une quête de leur propre identité et par la défense de leur territoire.

    Vous pouvez relire les aventures de Jean-Baptiste Mouttet et Julie Pacorel en Amérique Latine sur leur blog “Solidaridad Latina”.

    Approcher les Indiens d’Amérique, nous expliquent les deux journalistes, c’est d’abord renoncer à l’immédiateté et prendre le temps d'écouter un récit qui commence toujours par le commencement: l’arrivée des colons.

    Les belles paroles des sociétés minières

    Pour beaucoup d’Indiens d’Amazonie, la situation n’a pas changé depuis le XVIe siècle. A chaque fois, c’est le même schéma: une entreprise cherche à s’établir, promet le développement d’une région pauvre, la création de quelques emplois à la clé. Le gouvernement donne son aval, une partie de la population locale soutient le projet. Mais rapidement, les richesses sont dilapidées au profit de sociétés minières étrangères.

    Dans cet ouvrage préfacé par Raoni, les deux journalistes analysent notamment la manière dont les ethnies indiennes ont utilisé les médias pour faire connaître leur cause, allant parfois jusqu'à faire preuve d'une rhétorique guerrière face aux sociétés étrangères.

    Les dérives du tourisme communautaire

    Les auteurs n’hésitent pas à poser un regard critique sur l’action des ONG, arrivées dans les année 1980 pour aider les Indiens. Le tourisme communautaire qu’elles développent n’aurait-il pas des effets pervers? Des pans de culture, jugés moins “vendeurs”, sont en effet parfois mis en berne pour satisfaire les touristes occidentaux qui veulent de l’authentique ou tout du moins “un aperçu conforme à l’image qu’ils ont de l’Indien authentique”.

    Les auteurs de ce livre ne se sont pas contentés d’une visite furtive, d’un rapport d’étonnement de deux Occidentaux au sein des tribus indiennes, mais dissèquent avec précision, chiffres à l’appui, les difficultés auxquelles font face les Amérindiens.

    La “reconquête de leur destin” semble en effet compliquée par un “système qui ne reconnaît que le droit individuel et pas les droits collectifs, et qui tend à refuser toute forme de reconnaissance de groupes communautaires”, comme le précise Alexis Tiouka, expert guyanais en droit des peuples autochtones interrogé par les auteurs.

    Radios communautaires et campus au bord d’un ruisseau

    Pour les Indiens, cette reconquête passe avant tout par une plus grande visibilité... auprès des tribus elles-mêmes. En ce sens, le rôle des médias, et notamment des radios communautaires qui décrivent le mode de vie traditionnel des Indiens, est crucial.Tout comme ces universités un peu spéciales, où un professeur torse nu enseigne l’agriculture traditionnelle à des étudiants pieds nus, près d’un ruisseau.

    Une manière de faire (re)vivre la culture indienne, sans sombrer dans le folklore. A coup sûr, un livre indispensable pour découvrir les Amérindiens, au-delà du “mythe du bon sauvage”.

    Photo: Daniel Aguirra, animateur d'une radio communautaire, dans le Nord de l'Argentine, photographié pour l'article"Les médias les boudent, ils créent leur radio."

     


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  • Une nouvelle table ronde s’est tenue hier entre des représentants du gouvernement chilien et des leaders mapuches d’Araucanie. Il s’agit de la seconde rencontre organisée ces derniers jours afin d’analyser la situation dans la région (située à environ 800 km de la capitale), théâtre d’un conflit historique entre les autorités et les natifs autour d’un sujet majeur,  à savoir la possession des terres. 

    Andrés Chadwick

    Les représentants de certaines communautés indigènes comme le porte-parole du Consejo de Todas las Tierras, Aucán Huilcamán, où encore les organisateurs du récent Sommet mapuche Cerro Ñielol, qui réclament entre autres l’autodétermination, n’ont pas été conviés au rendez-vous. Les ministres de l’Intérieur Andrés Chadwick, et du Développement social, Joaquín Lavín, ont fait le déplacement à Temuco pour poursuivre le dialogue avec les dirigeants mapuches, dans le cadre d’une réunion organisée pour évoquer les faits de violence dans la région, mais aussi le problème de la représentativité du peuple natif et sa reconnaissance constitutionnelle. Jeudi dernier (16 janvier 2013), le président de la République chilien, Sebastián Piñera, avait écarté toute possibilité de concéder aux communautés indigènes le droit à l’autonomie et avait même refusé de participer au Sommet auquel il avait été convié.

    Un appel au dialogue mais Sebastián Piñera reste ferme sur ses positions

    « Le Chili est un pays multiculturel, mais nous sommes absolument convaincus que le Chili est un seul pays, une seule nation, nous sommes différents peuples, différentes cultures, mais un seul pays », a déclaré le chef de l’État. De son côté, Aucán Huilcamán conçoit l’autodétermination comme un régime autonome en accord avec les traités signés en 1823 et 1825 qui reconnaissent ce peuple natif comme une communauté à part entière évoluant sur un territoire défini. Lors de la précédente rencontre, un vent de mécontentement avait soufflé, de nombreux représentants natifs dénonçant le déploiement excessif de forces policières dans la région pour endiguer les tensions plus que jamais vivaces. Parmi, les revendications du peuple mapuche, le respect de la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui reconnaît le droit des peuples indigènes à être consultés préalablement avant la mise en place de projets ayant une incidence sur leurs terres ancestrales.

    Communauté mapuche

    Convention 169 « Consultation et participation » :
    « L’esprit de consultation et de participation constitue la pierre d’angle de la convention n° 169 sur laquelle reposent toutes ses dispositions. La convention exige que les peuples indigènes et tribaux soient consultés sur les questions qui les affectent. Elle exige également que ces peuples soient en mesure de s’engager dans une participation libre, préalable et informée dans les processus politiques et de développement qui les affectent ». Depuis son adoption, la convention n° 169 a gagné une certaine reconnaissance bien au-delà du nombre réel de pays qui l’ont ratifiée. Ses dispositions ont influencé bon nombre de documents politiques, de débats et de décisions juridiques au niveau régional et international, ainsi que des législations et des politiques nationales.

    La communauté mapuche s’appuie sur la Convention 169 de l’OIT pour revendiquer ses droits

    Or, comme le soulignent les représentants mapuches, une nouvelle menace plane, l’adoption de la Loi Hinzpeter (actuellement discutée au Congrès en vue de son approbation). Une loi qui ne fera que légitimer la répression des mouvements contestataires par la force, les acteurs de mouvements sociaux seront muselés et leurs actions condamnées mettant un terme à toute forme d’opposition aux décisions prises par le gouvernement. 

    La loi antiterroriste et la loi Hinzpeter clairement remises en cause

    Au titre de l’article 269 de la loi Hinzpeter, peuvent être punis d’une peine de prison de cinq cent quarante et un jours à trois ans ceux qui participent aux désordres de l’ordre public ou quelconques autres actes de violence : « Paralyser ou interrompre un service public comme les communautés hospitalières, les combustibles, les communications, les transports (…) Envahir ou occuper les services ou établissements commerciaux, industriels, éducatifs, religieux, privés ou municipaux (…) Empêcher ou altérer la libre circulation des personnes sur les ponts, les chemins ».

    « Nous voulons donner plus de pouvoirs aux carabiniers chiliens afin qu’ils luttent contre ceux qui agissent lâchement en se couvrant le visage, et portent atteinte à la police chilienne et aux citoyens », a déclaré le président, il y a moins d’une semaine après l’escalade de violence survenu en Araucanie qui a causé une vive émotion,  ajoutant « la loi permettra de renforcer et de rendre plus ferme la législation pour pouvoir combattre ces individus au visage caché ».

    Plus de 800 représentants mapuches réclament l’autodétermination politique de leur peuple et la pleine possession de leurs terres et ont exigé du président chilien qu’il présente ses excuses publiques pour les dommages causés à la communauté au sud du pays depuis des décennies.

    Incendie criminel en Araucanie

    Aucán Huilcamán, porte-parole du Consejo de Todas las Tierras a qualifié le processus historique appelé « Pacification de l’Araucanie » au moyen duquel l’État chilien prétend « culturiser » le peuple mapuche « d’actes de lèse-humanité » et a donc invité le chef de l’État à réparer et à indemniser la communauté pour les dommages causés ces 130 dernières années. En Araucanie résident environ 600 000 mapuches, ils sont confrontés aux entreprises agricoles et forestières qui s’approprient en toute légalité leurs terres.

    Un couple de latifundistas assassiné a ravivé les tensions dans la région

    La région connaît un sérieux regain de tension depuis l’assassinat d’un couple de propriétaires terriens survenu à l’occasion du cinquième anniversaire de la mort de Matías Catrileo (le 4 janvier 2012), un étudiant mapuche tué par la police. Werner Luchsinger et Vivian McKay sont morts dans l’incendie volontaire de leur propriété agricole après une attaque menée par une dizaine d’individus encagoulés. Sur place, des pamphlets faisant allusion à l’anniversaire de la mort de l’étudiant avaient été retrouvés, le ministre de l’Intérieur qualifiant cet assassinat rien de moins que « d’acte terroriste ». Cristian Larroulet, secrétaire général à la Présidence avait même évoqué de possibles ramifications avec des groupes terroristes extérieurs en mentionnant les FARC. Des propos très clairement nuancés (pour ne pas dire contredits) par une déclaration du ministre de l’Intérieur qui a affirmé que « Le gouvernement chilien n’est pas au courant de liens entre les organisations étrangères et des groupes terroristes pro mapuches » .

    Les victimes, l’agriculteur Werner Luchsinger, âgé de 75 ans, et son épouse Vivian McKay ont répliqué face à l’attaque, un suspect blessé par balle dans la région du thorax a été arrêté à 600 m de la propriété, il s’agit de Celestino Córdova Tránsito, âgé de 26 ans et membre de la communauté mapuche Juan Quintrupil. Il a été placé depuis en détention provisoire, le tribunal a donné un délai de six mois pour permettre l’investigation (dont 70 jours d’enquête secrète sous le couvert de la Loi antiterroriste) et établir la culpabilité ou pas du prévenu dans l’incendie volontaire de cette ferme qui a coûté la vie à deux personnes.

    La Loi antiterroriste fut promulguée par Augusto Pinochet sous le régime militaire chilien (1973-1990), plus précisément en 1984 pour faire face à la vague de protestations qui secouait le pays. La loi prévoit l’anonymat des témoins, ce qui rend plus que difficile et hasardeuse la réfutation des accusations et implique également une peine préventive de prison allant jusqu’à deux ans pour les présumés coupables. Le président chilien a déclaré « qu’il appliquerait sans états d’âme toute la rigueur de la loi » précisant qu’il ne s’agit pas d’une lutte contre le peuple mapuche, « mais contre une minorité d’individus violents et terroristes ».

    La communauté mapuche dans sa majorité a condamné l’attaque incendiaire menée contre le couple de latifundistas d’origine suisse  (d’autres attaques du même type ont eu lieu en janvier sans faire, fort heureusement de victimes), la dirigeante Natividad Llanquileo, a cependant accusé l’État de profiter de faits de violence isolés pour « militariser la zone » où vivent les Mapuches.

    Rodrigo Marilaf, qui fut le dirigeant du parti nationaliste mapuche Wallmapuwen, s’est lui aussi opposé à toute forme de violence considérant l’incendie de Vilcún « d’acte barbare » et imputant cette agression à un quelque groupuscule radical.

    Sommet mapuche

    Les natifs réclament au gouvernement chilien la restitution de 5 millions d’hectares au sud du Chili revendiquant la possession légitime de ses terres ancestrales. Les autorités chiliennes ont restitué 650 000 ha, un chiffre jugé dérisoire par les Mapuches qui se sentent spoliés de leurs terres, mais aussi et surtout de leurs droits.

    Cette flambée belliqueuse survient dans un contexte déjà lourd entre autorités et indigènes, le représentant mapuche Fidel Tranamil avait dénoncé sans détour l’État chilien en l’accusant de « commettre un génocide dissimulé envers le peuple mapuche », une déclaration qui apparaissait dans un rapport en octobre 2011 remis à la Commission de soutien au peuple mapuche afin d’attirer l’attention de l’ONU et du Parlement européen sur les abus commis par les autorités chiliennes envers le peuple indigène.

    Les Mapuches (un nom qui signifie « la gente de la tierra » ou « gens de la terre »), soit environ 700 000 individus sur une population totale de 16,5 millions, dénoncent, entre autres, la pression exercée par l’État chilien contre les terres de leur communauté, ils font mention aux multiples expropriations dont ils sont victimes et qui permettent la plantation d’eucalyptus et de pins dont le bois et la cellulose constituent des mannes financières, privant les Mapuches, entre autres, d’accès à l’eau.

    La région d’Araucanie compte un taux de pauvreté de 22, 9% contre 14,4% pour le reste du pays selon une enquête menée en 2011 et le taux de chômage est de 6,9%. Avec la région de BioBio, l’Araucanie est la région la plus pauvre du territoire chilien.


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  • Des Amérindiens manifestent pour leurs droits

    Theresa Spence, la chef d'Attawapiskat, lors d'une conférence de presse à Ottawa, le 11 janvier 2013.

    Plusieurs centaines d'Amérindiens canadiens ont manifesté le 11 janvier à Ottawa pour défendre leurs droits. Le Premier ministre Stephen Harper a pendant ce temps rencontré des chefs autochtones.

    Theresa Spence, la chef d'Attawapiskat, une petite communauté du nord de l'Ontario, qui poursuit une grève de la faim depuis un mois faisant d'elle la figure de proue du mouvement «Idle No More» (Nous ne sommes plus passifs), a notamment refusé de rencontrer Stephen Harper, tout comme les chefs des provinces de l'Ontario et du Manitoba (centre) et des Territoires du Nord-Ouest.

    Ainsi, le chef du gouvernement, entouré de trois ministres et de hauts responsables du ministère des Affaires autochtones, a prononcé un discours ouvrant la rencontre devant le chef national de l'Assemblée des Premières nations Shawn Atleo et une vingtaine de chefs régionaux.

    De nation à nation

    Theresa Spence, et d'autres chefs, avaient demandé que le Gouverneur général David Johnston, représentant de la Couronne britannique, participe à la rencontre aux côtés du Premier ministre, le débat devant porter notamment sur des traités conclus «de nation à nation» avec la monarchie britannique.

    «Nous leur offrons une occasion de régler les promesses non tenues des traités. Et tout ce que nous leur demandons est de tenir cette réunion et de s'asseoir avec nous», a-t-elle dit.

    Rassemblés d'abord autour de son tipi, les manifestants, dont beaucoup arboraient de magnifiques parures de plumes, ont marché jusqu'au parlement fédéral, distant d'un kilomètre, au son de leurs tambours traditionnels et portant les drapeaux multicolores de leurs tribus. Ils ont été rejoints par plusieurs centaines de personnes rassemblées dans les rues environnantes.

    Menaces de blocage

    Avant le début de la manifestation, les chefs amérindiens du Manitoba et de l'Ontario avaient menacé de bloquer les routes et les chemins de fer à partir du 16 janvier si MM. Harper et Johnston ne venaient pas ensemble à leur rencontre, dans un hôtel d'Ottawa.

    Le grand chef du Manitoba, Derek Nepinak, a menacé de «mettre l'économie canadienne à genoux» si les demandes des autochtones ne sont pas entendues. «Nous avons des guerriers qui se lèvent maintenant, qui sont prêts à aller jusque-là», a-t-il ajouté.

    Les autochtones exigent une discussion de fond sur le respect des droits inscrits dans les traités signés avec la Couronne et les conditions de vie dans les quelque 600 réserves du pays.

    Ils voudraient recevoir une partie des redevances que générera dans les années à venir l'exploitation de matières premières sur leurs territoires, dont le développement devrait attirer des investissements de 650 milliards de dollars.

     

     


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  • Faire prendre en compte de manière convenable les droits et problèmes spécifiques des peuples dont le développement et la survie dépendent en grande partie des forêts dans lesquels ils vivent. C’est le but visé par les différentes démarches engagées par le Réseau des parlementaires pour la protection des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (Repar), notamment à travers l’atelier de validation du rapport d’analyse des contributions des acteurs nationaux en vue d’une meilleure prise en compte de la problématique autochtone dans la loi forestière en cours de révision au Cameroun, organisé mercredi 12 décembre dernier dans la salle des Commissions n°3 du palais de Verre de Ngoa Ekellé.

    Il était en effet apparu que la loi forestière promulguée le 20 janvier 1994 présentait des manquements et ne permettait pas d’apporter des solutions appropriées à des questions essentielles à l’instar de la gestion intégrée des ressources, l’utilisation des retombées de la fiscalité forestière, la participation des groupes vulnérables à la gestion des espaces forestiers et autres produits de la forêt, l’accès aux produits de la forêt comme moyen de lutte contre la pauvreté en zone forestière.

    En ouvrant les travaux au nom du président de l’Assemblée nationale, Jean Jacques Zam, le coordonnateur du Repar a rappelé le caractère imminent du dépôt à l’Assemblée national du projet de loi portant révision de la loi de janvier 1994. Pour cela, il est question de veiller à la prise en compte spécifique des droits des peuples autochtones et agir en faveur d’une meilleure reconnaissance de ces droits. La rencontre de mercredi dernier se déroulait en présence des représentants de nombreux départements ministériels, de ceux des Ong intervenant dans le secteur, de la coopération technique allemande et du Bureau international du travail.


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  • La Haute cour a ordonné que 2.000 ha soient rendus à la minorité Semelai. La décision pourrait augurer de rectifications de la loi foncière.

    La bataille avait débuté il y a cinq ans. Depuis que, raconte le Malaysian Insider, un chef de village, contestant la classification de ses «terres ancestrales» en «réserve malaise», avait décidé d’engager des poursuites judiciaires contre les pouvoirs publics. En vertu du principe de discrimination positive faisant la part belle aux Malais, le gouvernement peut en effet décréter que certaines parcelles ne peuvent être possédées que par ces derniers. Mais, le 19 décembre, la Haute cour a donné raison au plaignant et ordonné que les 2.036 ha en litige, situés dans l’Etat de Pahang sur la partie orientale de la Malaisie péninsulaire, soient reclassés, sous un an, en «terres ancestrales». Elle a ainsi reconnu que «les Semelais occupaient et habitaient ces terres bien avant l’arrivée d’autres habitants, y compris les Malais».

    Pour les défenseurs des Orang Asli («peuple originel» en malais), cette décision risque de faire jurisprudence et d’accroître la pression sur le gouvernement. Sans parler de leurs terres déclarées «réserves malaises», les Orang Asli se plaignent d’avoir trop souvent été expropriés au nom du développement, que ce soit pour construire des routes ou des zones résidentielles. «Avec ce précédent, la communauté Orang Asli sera désormais mieux armée dans les conflits fonciers à venir», commente Colin Nicholas, un des militants de cette cause interrogé par le Straits Times de Singapour. «Il sera de plus en plus difficile pour le gouvernement de balayer le dossier sous le tapis.»

    Les peuples autochtones de la Malaisie péninsulaire comptent environ 100.000 personnes, soit 0,5% de la population totale. La plupart continuent de vivre de la forêt, de la chasse et de la cueillette. Divisées en 18 tribus, ils sont pour beaucoup animistes, même si certains se sont convertis à l’islam ou au christianisme. Bien que reconnus comme étant les premiers habitants de ces terres, les Orang Asli n’entrent pas officiellement dans la catégorie des bumiputra («fils du sol») qui, eux, jouissent de divers privilèges. Dans ces régions, la pauvreté y est nettement plus répandue (77% en 2008) et l’accès aux services de santé et au système éducatif plus réduit.


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  • Au travers d'expériences radiophoniques, les peuples indigènes tentent de faire entendre leur voix et de défendre leur culture ancestrale.

     

    Les premières radios communautaires indigènes, Radio Huayacocotla et Radio Teocelo, naissent au Mexique en 1965 sous la forme de radios éducatives liées à l'Église. Elles se développent durant les années 1980 et se multiplient au début des années 1990, soutenue par le mouvement d'autonomie indigène promu par le mouvement zapatiste.

    La radio s'est imposée comme le mode de communication le plus efficace car elle dépasse l'isolement géographique et représente une technologie simple et économique pour les utilisateurs comme pour les producteurs. Elle repose sur la communication orale, principal facteur de transmission culturelle dans des régions fortement marquées par l'analphabétisme.

    Une explosion dans les années 80
    Dans un entretien avec le Petit Journal, le producteur de radio Ricardo Montejano raconte qu'il a créé au milieu des années 1980 des centres de production radiophonique dans une douzaine de communautés indigènes, dont les programmes étaient envoyés aux radios de l'Institut National Indigène (INI). "Ça a fonctionné quelques années mais les fonctionnaires de l'Institut se sont alarmés des contenus politiques des programmes, et m'ont accusé d'en être l'auteur. Ils n'avaient pas idée de ce dont sont capables les indiens" explique-t-il. Peu de temps après, l'INI décida de ne plus diffuser les programmes, mais les communautés se sont organisées pour créer leurs propres réseaux de diffusion.

    Un fort ancrage territorial
    On compte aujourd'hui près de deux cents radios de ce type, qui se différencient des radios commerciales, pirates ou sociales par le processus d'organisation communautaire qui les soutiennent, et les liens forts qu'elles établissent avec les communautés pour lesquelles elles émettent. Giovanna Gasparello, spécialiste de la communication alternative, explique, dans son entretien avec le Petit Journal, que la notion de territoire est essentielle pour comprendre le phénomène: "Les radios communautaires naissent du territoire physique mais aussi culturel, identitaire, et le renforcent à leur tour".

    Gasparello insiste sur le rôle de la participation collective: "Le modèle de ces radios est horizontal et participatif. Il n'y a plus des émetteurs d'un côté et des récepteurs de l'autre, mais des acteurs sociaux qui assument à tour de rôle les deux fonctions".

    Défendre une culture millénaire
    La création et diffusion radiophoniques en langues indigènes permettent la survivance des cultures ancestrales, en récupérant des histoires collectives qui ont été effacées du roman national. Elles permettent également de les réinventer grâce notamment à des programmes de promotion des droits de la femme, comme c'est le cas dans La Voz del Pueblo, radio des montagnes de Guerrero.

    Giovanna Gasparello assure que « d'un point de vue linguistique, la transmission au travers d'une langue indigène maintient son dynamisme et oblige la langue à se renouveler en communiquant des concepts modernes et des évènements actuels ».

    Radio Jën Poj, qui transmet depuis Tlahuitoltepec, dans l'État de Oaxaca, insiste: "Jën Poj signifie 'l'énergie du vent'. Au travers de ce projet, nous cherchons à recréer notre langue en nommant notre réalité avec nos propres mots".

    Face à la volonté historique de l'État mexicain d'intégrer les cultures indigènes sans en reconnaître les spécificités, la radio communautaire est un moyen efficace de promotion culturelle à l'intérieur des communautés mais aussi à l'extérieur. Antoni Castells i Talens, de l'Université de Veracruz, rappelle que "les médias de masse tendent à déshumaniser les indiens, en les présentant comme des victimes passives ou comme des guerriers nobles et courageux. Balayer les stéréotypes constitue alors une stratégie de résistance culturelle".

    "Les ondes aussi font partie du territoire"
    Ces radios se situent dans un vide juridique, entre les concessions commerciales et les permis délivrés aux universités et aux organismes gouvernementaux sans but lucratif. L'idée que "l'autonomie doit être exercée sans demander la permission" est défendue entre autres par Radio Ñomndaa, qui explique que "les ondes aussi font  partie du territoire, au même titre que l'eau ou la terre".

    Pour Ricardo Montejano, le contexte dans lequel s'inscrivent ces expériences de communication est essentiel: "Dans nos pays d'Amérique latine, le pouvoir se fonde sur l'ignorance. Ceux qui font usage de la liberté d'expression sont persécutés, comme mon ancêtre Belisario Dominguez à qui l'on a coupé la langue pour avoir dénoncé le coup d'État de Victoriano Huerta en 1913. Plus récemment  deux jeunes locutrices triqui de la Radio La Voz que Rompe el Silencio ont été assassinées en avril 2008. Même s'il leur a été accordé le prix national de journalisme à titre posthume, ces crimes restent impunis et le juge en charge de l'enquête a conclu qu'il n'y avait pas atteinte à la liberté d'expression".

    Dans ce contexte, les radios communautaires représentent, selon Giovanna Gasparello, "un espace très important pour la reconstitution, reproduction et innovation des cultures et identités collectives indigènes".


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