• Le Conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a exhorté mardi les autorités judiciaires du Guatemala de mener à bien les procès contre l'ancien chef d'État, José Efraín Rios Montt, et l'ancien chef des services de renseignement, José Mauricio Rodriguez Sanchez, afin d'établir clairement les responsabilités dans les atrocités commises entre 1960 et 1996.

     

    MM. Montt et Rodriguez sont accusés de génocide et de crimes contre l'humanité pour des violations systématiques des droits de l'homme de la population Maya Ixil du département de Quiche, au Guatemala, entre 1982 à 1983. D'après la Commission de clarification historique, formée au lendemain de l'accord de paix en 1996 et soutenue par l'ONU, un génocide a été perpétré à ces dates.

     

    Le 18 avril dernier, un juge d'une Cour de première instance a demandé la suspension du procès à l'encontre des deux accusés, alors qu'il était sur le point d'être conclu. Jugeant cette décision illégale, le panel des juges qui préside le procès l'a suspendu le temps que la Cour constitutionnelle se prononce à ce sujet.

     

    « J'appelle les autorités judiciaires à agir de façon responsable et à prévenir toute tentative d'ingérence, d'entrave à la justice ou de manipulation, susceptibles de porter préjudice à la crédibilité de la justice guatémaltèque », indique M. Dieng dans un communiqué de presse.

     

    « Les victimes des atrocités commises lors de la guerre civile au Guatemala et leurs familles ont suffisamment patienté pour obtenir justice. J'espère qu'ils n'auront plus longtemps à attendre, ni à craindre un déni de justice », souligne-t-il, rendant également hommage au courage des victimes ayant témoigné.

     

    M. Dieng a également salué le travail assidu des avocats et des organisations de la société civile pour rassembler et analyser des éléments de preuve à charge contre MM. Montt et Rodriguez, ainsi que celui du bureau du Procureur et de tous ceux qui ont œuvré à mettre fin à l'impunité pour les crimes commis lors de la guerre civile.

     

    Un représentant du Conseiller spécial pour la prévention du génocide était présent lors des séances des 18 et 19 avril, compte-tenu de l'importance particulière de ce procès.

     

    « C'est la première fois qu'un ancien chef d'État est inculpé pour génocide par une juridiction nationale. Avec ce procès, le Guatemala a établi un précédent historique qui devrait servir d'exemple pour tous les États ayant manqué à leur responsabilité de poursuivre les individus coupables de violations graves et massives des droits de l'homme », se félicite M. Dieng.

     

    « Ce procès permettra au Guatemala de consolider le processus de paix et d'établir la confiance entre les différents communautés de la population. Une telle confiance et la crédibilité des institutions sont indispensables pour la prévention de violations à venir », ajoute-t-il.


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  •   Nous sommes les Anciens des Masaï de Tanzanie, l’une des plus anciennes tribus d’Afrique. Le gouvernement vient d'annoncer qu’il prévoyait d’expulser des milliers de familles de nos terres pour permettre aux touristes de tuer lions et léopards. Les expulsions peuvent commencer d'un instant à l'autre.

    Masai en dangerL’an dernier, lorsque nous avons entendu parler de ce projet pour la première fois, près d’un million de membres d’Avaaz s'étaient mobilisés pour nous aider. La tempête médiatique que vous avez créée a forcé le gouvernement à abandonner ses projets pendant plusieurs mois. Mais le président a attendu que l’attention des médias retombe pour relancer ce projet qui vise à nous déposséder de nos terres. Aujourd’hui encore, nous avons besoin de votre aide de toute urgence.

    Le président Kikwete ne se soucie pas de nous, mais on a vu qu'il était sensible à la pression médiatique et citoyenne -- la votre! Nous n'avons peut être que quelques heures. S’il vous plaît, nous avons besoin de votre mobilisation à nos côtés pour défendre nos terres, notre peuple et nos majestueux animaux. Parlez-en autour de vous avant qu’il ne soit trop tard. Cet appel représente notre dernier espoir:

    http://www.avaaz.org/fr/avec_les_masai_b_fr/?bvVpjbb&v=23511

    Notre peuple vit sur ces terres en Tanzanie et au Kenya depuis des siècles. Nous respectons les animaux et vivons dans le respect de notre délicat écosystème. Mais depuis des années, le gouvernement cherche à gagner de l’argent en mettant nos terres à la disposition des émirs et des rois du pétrole pour qu’ils y organisent leurs safaris meurtriers. En 2009 déjà, les autorités ont tenté de nous expulser pour faire place à ces expéditions de chasse. Nous avons résisté. Nous avons été arrêtés et brutalisés par centaines. L’an dernier des princes fortunés ont tiré sur des oiseaux depuis des hélicoptères. Ces crimes vont à l’encontre des valeurs de notre culture.

    Aujourd’hui, le gouvernement annonce qu’il va raser une grande partie de notre terrain pour créer un soi-disant « corridor biologique pour la faune sauvage », mais nous ne sommes pas dupes: il s’agit d’une ruse pour sacrifier nos majestueux animaux aux entreprises qui organisent les chasses pour touristes fortunés. Le gouvernement prétend que ces nouvelles dispositions sont un compromis, mais leurs conséquences sur le mode de vie de notre peuple seront désastreuses. Nous serons déplacés par centaines, et nous perdrons nos maisons et les terres sur lesquelles vivent nos animaux.

    Le président Kikwete sait que cette affaire pourrait susciter la controverse chez les touristes qui se rendent en Tanzanie et représentent une source de revenus essentielle. Il craint donc pour l’image de son pays. Si nous pouvons organiser une mobilisation mondiale plus forte encore que l’an dernier, si nous mettons la Tanzanie sous le feu des médias, il devra réfléchir à deux fois. Soutenez-nous maintenant pour demander à Jakaya Kikwete d’arrêter de vendre son pays:

    http://www.avaaz.org/fr/avec_les_masai_b_fr/?bvVpjbb&v=23511

    Cette spoliation de nos terres pourrait signifier la fin des Masaï dans cette partie de la Tanzanie. Nombreux sont ceux qui déclarent préférer mourir plutôt que d’être déracinés. Au nom de notre peuple et des animaux qui paissent sur nos terres, soutenez-nous pour faire changer d’avis notre président.

    Avec espoir et détermination,

    Les Anciens Masaï du district de Ngorongoro

    SOURCES

    Vous ne partirez plus en safari (Courrier International)
    http://www.courrierinternational.com/article/2010/02/11/vous-ne-partirez-plus-en-safari

    Chassés de leurs terres, les Masaï de Tanzanie sont menacés (Rue89)
    http://www.rue89.com/2010/06/27/chasses-de-leurs-terres-les-masai-sont-menaces-156143

    Des Maasai expulsés et incarcérés pour faire place à des concessions de chasse (Survival France)
    http://www.survivalfrance.org/actu/4887">http://www.survivalfrance.org/actu/4887">http://www.survivalfrance.org/actu/4887


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  •   L’histoire de Karapiru, la vie en fuite

     

     

     

    Dans sa langue natale, son nom signifie ‘Faucon’. Cependant, même avec l’acuité visuelle que ce nom évoque, Karapiru n’aurait jamais pu prévoir la tragédie qui s’est abattue sur son peuple, la tribu awá du nord-est du Brésil. Il n’aurait jamais pu imaginer que ce jour-là il devrait fuir et s’enfoncer dans la forêt pour sauver sa vie, une balle lui brûlant le dos, sa famille décimée par des hommes de main armés. Il n’aurait pas pu non plus se douter que ce jour violent serait le premier d’une décennie de solitude et de silence.

    La terre ancestrale de Karapiru se trouve dans l’Etat du Maranhão, bordée à l’ouest par les denses forêts amazoniennes et à l’est par le Cerrado, une savane riche en biodiversité. Pour les Awá, la terre n’a qu’un seul nom : Harakwá, ou ‘l’endroit que nous connaissons’.

    Les 460 membres de la tribu awá vivent principalement de la chasse (pecari, tapir ou singe) et de la cueillette (baies, fruits et noix sauvages). Ils se nourrissent aussi de miel qu’ils récoltent dans les nids d’abeilles perchés au sommet des grands arbres. Les chasseurs se déplacent dans la forêt avec des arcs de près de deux mètres de long, souvent la nuit, en éclairant le chemin à l’aide de torches faites de résine d’arbre. Mais toute nourriture n’est pas bonne à prendre, ainsi le vautour, la chauve-souris ou le paresseux à trois orteils, sont interdits.

    Un chasseur awá aux aguets
     
    Un chasseur awá aux aguets
    © Survival

    Les Awá élèvent beaucoup d’animaux de compagnie, souvent les petits des animaux qu’ils viennent de chasser devenus orphelins et ils partagent leur hamac avec les coatis et leurs mangues avec les perruches vertes. Les femmes nourrissent même au sein les singes hurleurs et les capucins et sont réputées pour allaiter de petits cochons.

    L’année awá est divisée en saisons des ‘pluies’ et de ‘soleil’. La pluie est contrôlée par des créatures célestes, les ‘maria’ qui sont les maîtres de grands réservoirs dans le ciel. Quand la lune est pleine, les hommes, leurs cheveux noirs tachetés de blanc par du duvet de vautour royal, communient avec les esprits par des chants qui les amènent dans un état de transe, lors d’un rituel sacré qui dure jusqu’à l’aube.

    Cérémonie awá
     
    Cérémonie awá
    © Survival

    Pendant des siècles, leur mode de vie a été en parfaite symbiose avec la forêt tropicale. Puis, au cours de quatre décennies, ils ont été témoins de la destruction de leur terre natale – plus de 30% de l’un de leurs territoires a été rasé – et du meurtre de leur peuple par les karaí, ou non-Indiens. Aujourd’hui, ils sont non seulement l’une des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs du Brésil, mais également l’une des tribus les plus menacées au monde.

    La terrible histoire de Karapiru a véritablement commencé il y a 45 ans avec une découverte due au hasard, lors d’une étude aérienne des ressources minérales de la région effectuée par des géologues nord-américains. Lorsque l’hélicoptère eut besoin de faire le plein, le pilote décida d’atterrir sur un haut sommet dénué d’arbres des monts Carajás. L’un des géologues remarqua des pierres gris-noir sur le sol qu’il reconnut aussitôt comme étant du minerai de fer. En réalité, sous ses pieds, le sol était jonché de ce qu’un magazine de géologie désignerait plus tard comme ‘une couche épaisse de Jaspilite et des lentilles d’hématite dure’. Pour les profanes, cela signifie que les prospecteurs venaient de mettre la main sur l’un des dépôts de fer les plus riches de la planète.

    Leur découverte donna rapidement lieu à un gigantesque projet de développement, le Projet Grand Carajás, financé par les Etats-Unis, le Japon, la Banque mondiale et la CEE. Il englobait un barrage, une fonderie d’aluminium, des usines de production de charbon de bois et des fermes d’élevage de bétail. Les routes qui furent ouvertes détruisirent des pans entiers de forêt primaire et une voie ferrée de 900 kilomètres qui traverse le territoire awá pour atteindre la côte fut construite pour transporter les ouvriers et le minerai. Mais le joyau de ce titanesque projet industriel était un immense gouffre creusé dans le sol – si grand qu’il pouvait être vu de l’espace – et qui deviendrait, avec le temps, la plus grande mine à ciel ouvert du monde.

    La mine et la voie de chemin de fer de Carajás ont donné le départ à l'invasion du territoire awá  
    La mine et la voie de chemin de fer de Carajás ont donné le départ à l'invasion du territoire awá
    © Peter Frey/Survival

    Le Projet Grand Carajás était dévastateur pour l’environnement et les Indiens qui vivaient dans la région, en dépit du fait qu’en échange d’un prêt d’un milliard de dollars, les financeurs avaient demandé au gouvernement brésilien de garantir que les territoires indigènes seraient délimités et protégés.

    Mais il y avait une fortune à tirer de la forêt qui fut vite envahie par une ruée de colons de toutes sortes, d’éleveurs et de bûcherons. Des excavateurs gigantesques creusaient la terre, déchirant les couches de sol et de pierres pour atteindre le minerai, bauxite et manganèse. Les rivières furent contaminées et des arbres centenaires furent abattus et brûlés. Le noir de la cendre de charbon avait remplacé le vert profond du feuillage de la forêt : Harakwá est devenu une représentation polluée, traumatisante et boueuse de l’enfer.

    Pour les prospecteurs, les Awá n’étaient rien de plus qu’un obstacle entre eux et ce trésor ; une nuisance primitive qui devait tomber en même temps que les arbres. Les Awá étaient pris en étau entre eux et les dollars que les cailloux généreraient.

    Ils ont donc entrepris de les anéantir.

    Pour arriver à leurs fins, certains étaient très inventifs : plusieurs Awá sont morts après avoir ingurgité de la farine mélangée à un insecticide anti-fourmi, ‘cadeau’ d’un fermier local. D’autres n’hésitaient pas à tirer sur les Indiens, là où ils se trouvaient – à la maison, devant leurs familles, Karapiru en a été victime.

    De ses propres mots

    Karapiru se souvient de la tragédie dont sa famille a été victime

    Karapiru croyait qu’il était le seul membre de sa famille à avoir survécu à ce massacre. Les assassins avaient tué sa femme, son fils, sa fille, sa mère, ses frères et ses sœurs. Un autre de ses fils avait été blessé et capturé.
    Profondément traumatisé, Karapiru s’échappa dans la forêt, une charge de grenaille de plomb dans le bas de son dos. ‘Je n’arrivais pas à guérir ma blessure. Je ne pouvais rien mettre dessus et je souffrais beaucoup’, a-t-il raconté à Fiona Watson, de Survival. ‘Les plombs me brûlaient le dos et je saignais abondamment. Je ne sais pas comment ma blessure ne s’est pas infectée. Mais j’ai réussi à échapper aux Blancs’.

    Au cours des dix années qui suivirent, Karapiru n’eut de cesse de fuir. Il marcha plus de 600 kilomètres à travers les collines boisées et les plaines de l’Etat du Maranhão, traversant les dunes de sable des restingas et les larges cours d’eau qui abondent dans la région.

    Il était terrifié, affamé et seul. ‘C’était très dur’, a-t-il raconté à Fiona Watson, ‘Je n’avais pas de famille pour m’aider et personne à qui parler’. Il réussit à survivre en mangeant du miel et de petits oiseaux, des perruches, colombes et grives à ventre rouge. La nuit, lorsqu’il dormait dans les hautes branches des grands copaiba, parmi les orchidées et les lianes, il entendait le cri des singes hurleurs dans la canopée. Et quand le chagrin et la solitude devenaient trop pesants – ‘parfois je n’aime pas me rappeler tout ce qui m’est arrivé’ – il se parlait doucement à lui-même, ou fredonnait pendant qu’il marchait.

    Plus d’une décennie après avoir assisté au meurtre de sa famille, Karapiru a été surpris par un fermier à la périphérie d’un village dans l’Etat voisin de Bahia. Il marchait dans une parcelle de forêt qui avait été brûlée, en portant une machette, quelques flèches, des récipients d’eau et un gros morceau de cochon sauvage boucané.

    Karapiru suivit le fermier jusqu’au village, où il trouva refuge chez un homme en échange de menus travaux. La nouvelle se répandit vite qu’un homme solitaire, un Indien ‘inconnu’ qui parlait une langue que personne ne comprenait, était sorti de la forêt.

    Il était un homme qui avait passé dix ans à ‘fuir de tout’ sauf de son chagrin. ‘J’étais très triste’, raconte-t-il. Mais tout comme il n’aurait jamais pensé qu’il endurerait de longues années de souffrance, ‘Faucon’ ne pouvait prévoir le bonheur qu’il ressentirait bientôt.

    A suivre…  (2 vidéo sur le site de Survival)

    Par Joanna Eede

     

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  • La Constitution canadienne reconnaît trois groupes de peuples autochtones – les Premières Nations, les Inuit et les Métis. Ces trois groupes distincts ont leur propre histoire ainsi que leurs propres langues, pratiques culturelles et croyances. Au Canada, plus d'un million de personnes se sont déclarées comme Autochtones lors du Recensement de 2006.

    Pendant la rivalité coloniale entre la France et la Grande-Bretagne, divers groupes des Premières Nations s'allient à l'une ou à l'autre des puissances européennes. Les deux pays tentent de conclure des alliances solides avec les Premières Nations dans le but de renforcer leur contrôle militaire en Amérique du Nord.

    Après la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne, une proclamation royale est entérinée afin de définir la nouvelle structure administrative des colonies britanniques en Amérique du Nord. Pour les Autochtones du Canada, la Proclamation royale de 1763 est le fondement de la reconnaissance de leurs droits ancestraux sur les terres et les ressources.

    Après la guerre de 1812, alors que le rôle militaire des peuples des Premières Nations a décliné aux yeux des administrateurs britanniques, de nouvelles idées et stratégies concernant cette relation ont commencé à se répandre. Tandis que des traités étaient en cours de négociation dans l'Ouest, une loi a été promulguée en 1876. Cette loi aura des répercussions profondes et durables sur les Premières Nations dans tout le Canada. Les lois existantes qui avaient une incidence sur les Autochtones établis dans tout le Canada ont été fusionnées pour former l'Acte des Sauvages de 1876. La nécessité de « civiliser » les Premières Nations est devenue le centre des lois, puis les politiques et les modifications par la suite apportées à la Loi sur les Indiens se sont faites de plus en plus coercitives et contraignantes pour la vie des membres des Premières Nations.

    Selon le libellé du paragraphe 91(24) de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, qui précise que la responsabilité du gouvernement fédéral se limite aux « Indiens » et n'inclut aucun autre groupe autochtone, les Inuit des Territoires du Nord-Ouest ne tombent pas sous la responsabilité de ce qui était alors le département des Affaires indiennes. Après plusieurs décennies de pressions de la part du gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral prend officiellement la responsabilité des Inuit en 1939.

    En 1982, la population métisse, dont les ancêtres sont des membres des Premières Nations et des Européens, figure parmi les trois groupes auxquels la Charte canadienne des droits et libertés confère des droits ancestraux et issus de traités.

    Relation découlant des traités

    Les puissances coloniales européennes et les Premières Nations d'Amérique du Nord avaient tous une longue tradition de diplomatie et de rapports fondés sur des traités établie au cours des siècles qui ont précédé l'arrivée des Européens. Les protocoles et engagements diplomatiques entre les Européens et les peuples autochtones ont rapidement donné lieu à une nouvelle dynamique de conclusion de traités qui a adopté et adapté des aspects de chaque culture.

    Au Canada, l'établissement des traités a eu des répercussions vastes et de longue durée. Les traités que la Couronne a signés avec les peuples autochtones depuis le XVIIIe siècle ont permis de façonner le Canada tel que nous le connaissons. En fait, une grande partie du territoire du Canada est visé par des traités. Il serait légitime de dire que, sans sa longue histoire de conclusion de traités, le Canada n'aurait sans doute pas les frontières géographiques qu'il a aujourd'hui.

    Ce processus d'établissement de traités entre Autochtones et non-Autochtones, qui a évolué sur une période de plus de 300 ans, découle des premières relations diplomatiques entre les Européens qui sont arrivés au pays et les Autochtones. Ces premiers accords constituaient un processus de collaboration négocié qui portait principalement sur la protection et le bien-être de ces derniers. À mesure que les deux parties ont forgé des alliances militaires, elles ont commencé à façonner le Canada. Ces rapports diplomatiques ont constitué les premières étapes d'un long processus qui a mené aux ententes de règlement de revendications territoriales globales qui existent actuellement entre l'État et les groupes autochtones.

    À l'heure actuelle, on reconnaît environ 70 traités qui constituent le fondement de la relation entre la Couronne et 371 Premières Nations, qui comptent plus de 500 000 membres.


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  • "Les Himbas font leur cinéma" film

    Les Himbas font leur cinéma

    • Réalisateurs : Solenn Bardet
    • Format : PAL
    • Langue : Français
    • Région : Région 2 (Ce DVD ne pourra probablement pas être visualisé en dehors de l'Europe.
    • Rapport de forme : 1.78:1
    • Nombre de disques : 1
    • Studio : Gedeon
    • Date de sortie du DVD : 2 novembre 2012
    • Durée : 90 minutes

     

     

     DVD bilingue français-anglais (film de 52' et bonus de 40') en vente au profit des Himbas 15€ (+ 3€ de frais de port = 18 € pour France métropolitaine). Pour commande en nombre et pour l'étranger, frais de port communiqués sur demande à  kovahimba@gmail.com

      Quand un peuple premier prend son image en main...

    Las d'être filmés par les caméras du monde entier sans jamais avoir leur mot à dire, une vingtaine de Himbas de Namibie décident de se mettre en scène pour la caméra : cérémonies et relations aux ancêtres, secrets de beauté et dangers de la modernité, recettes de cuisines... Avec humour et sensibilité, loin des clichés habituels, les Himbas nous font découvrir leur monde !

    La réalisation d'un film sur eux-mêmes est pour ce peuple de tradition orale une première. C'est aussi l'aventure d'hommes et de femmes à la fois ancrés dans leurs traditions et tournés vers l'avenir qui ont décidé de devenir acteurs et découvrent le plaisir de se raconter, de jouer, d'inventer.

    Le film a été diffusé pour la première fois en mai 2012 sur France 5. Il est également présenté dans de nombreux festivals (Etonnants Voyageurs, Présence Autochtone à Montréal, Globe-Trotters, Le Grand Bivouac, etc.

    En Namibie, un groupe d'Himbas des deux sexes et de tous âges ont décidé de mettre en scène leur monde pour en faire un film et témoigner ainsi de leur identité : moments clefs de leur histoire, vie quotidienne, cérémonies et relations aux ancêtres, attraits et dangers de la modernité, mutations subies et choisies. La réalisation d'un film sur eux-mêmes sera pour les Himbas, peuple de tradition orale, une première. C'est aussi l'aventure d'hommes et de femmes tout à la fois ancrés dans leurs traditions et tournés vers l'avenir qui vont découvrir le plaisir de se raconter, de jouer, d'inventer, avec des moyens qui jusqu à présent ne leur ont livré qu'une image superficielle d'eux-mêmes. "

    Par Coline Beuvelet

    Dans Les Himbas font leur cinéma, ils s’amusent comme des fous à mimer leur quotidien, le déroulé d’une cérémonie de mariage ou des funérailles. Ils font les acteurs avec une conviction réjouissante, une bonne humeur contagieuse. On reprochera sans doute à Solenn Bardet d’imposer sa propre subjectivité dans certaines séquences (par exemple, une parodie de nos pubs pour shampooing). Reste que ce film annihile la distance qui, a priori, nous sépare des Himbas : on y voit moins des membres de tribus “primitives” que des hommes et des femmes dans toute leur humanité.

    Solenn Bardet commente des séquences de ce film :

    « Muhapikwa est ma meilleure amie himba. Nous nous connaissons depuis presque vingt ans. Je suis arrivée chez les Himbas en 1993. C’était un rêve de gamine, depuis toute petite je voulais partir seule en Afrique. A 18 ans, j’ai donc pris un avion pour l’Afrique du Sud et de fil en aiguille, je suis arrivée chez les Himbas. Je ne savais rien d’eux mais comme j’étais toute seule, sans rien, sans famille, sans bétail, les Himbas se sont sentis responsables de moi et très rapidement j’ai été adoptée par l’oncle et la tante de Muhapikwa.

    En vingt ans, les Himbas et moi avons vu arriver de nombreuses équipes de tournage. Je me souviens d’un hiver où nous en avons compté douze dans la région. De tous les continents : Corée, Brésil, Canada, Finlande… J’ai moi-même fait le guide pour Rendez-vous en terre inconnue ou Ushuaïa.

    Comme la plupart de ces équipes ne reviennent jamais montrer le film réalisé, depuis 2007, tous les ans je récolte tous les films faits sur les Himbas que j’ai pu trouver et je les projette aux Himbas. Rapidement, les Himbas ont été très critiques. Ils se demandaient pourquoi ils parlaient si peu dans ces films, pourquoi c’était toujours une voix off étrangère qui parlait à leur place (et qui en plus disait parfois des choses fausses), pourquoi on les voyait toujours faire la même chose.

    Moi-même, il m’est arrivé dans certains de ces films de ne pas reconnaître des Himbas avec qui j’avais pourtant vécu plusieurs mois. J’ai compris au bout d’un moment que c’était la manière dont ils étaient filmés qui me les rendait étranges et lointains. J’ai l’impression que, bien souvent, ces films montrent plus la projection des réalisateurs sur les Himbas que les Himbas eux-mêmes. Ils réduisent les Himbas au statut d’éleveur, ils les présentent comme de “bons sauvages”, mais sans vraiment toucher à leur humanité. Or les Himbas sont évidemment bien plus que cela. C’est ce que nous avons essayé de montrer avec notre film. »

    Pour plus d’information sur le film : le site de l'association Kovahimba  (avec des extraits du film)

    L’association Kovahimba a pour but d’aider les Himbas, peuple nomade de Namibie, à protéger et à valoriser leur culture ancestrale.

     

    "Les Himbas font leur cinéma" film

     

    Le VOYAGE KOVAHIMBA : 15 au 30 août 2013 // Immersion en pays himba

      Les Himbas qui ont participé au film "Les Himbas font leur cinéma !" ont décidé d'accueillir un groupe de 8 voyageurs auxquels ils feront partager, avec l'aide de Solenn Bardet, leur culture et leur mode de vie. L'association Kovahimba organise ce voyage à titre bénévole. Les bénéfices reviennent entièrement aux Himbas. En participant à ce voyage, vous apporterez votre contribution à la mise en oeuvre d'un développement initié localement et vous aiderez les Himbas à réaliser leurs projets. Les Himbas recevront ces 8 voyageurs privilégiés en invités ! Un peuple vous attend. Ce voyage de quinze jours sera aussi pour vous, l'occasion de découvrir les sites exceptionnels du Kaokoland, au nord de la Namibie.

     


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  • La parution du déjà mythique GENESIS de Sebastião Salgado est attendue pour début avril dans deux éditions : SUMO et Grand Public.  Salgado a réuni dans ce livre, des images qui nous montrent la nature, les peuples indigènes et les animaux dans leur splendeur. En utilisant uniquement la photographie en noir et blanc, il a créé une sorte de tissu visuel d’une texture si complexe que mêmes les plus petits détails semblent se développer à l’infini.

    En 1970, à 26 ans, Sebastião Salgado se retrouve par hasard avec un appareil photo entre les mains pour la première fois. En regardant dans le viseur, il a une révélation: brusquement, la vie prend sens. À partir de ce jour-là — même s’il lui a fallu des années de travail acharné avant d’acquérir l’expérience nécessaire pour pouvoir vivre de son travail de photographe — l’appareil photo est devenu l’outil par lequel il interagit avec le monde. Salgado, qui a «toujours préféré la palette claire-obscure des images en noir et blanc» a pris très peu de photos couleur avant d’abandonner définitivement.

    (c) Sebastião Salgado. Genesis

    Élevé dans une ferme au Brésil, Sebastião Salgado éprouve un amour et un respect profonds pour la nature. Il est particulièrement sensible à la manière dont les êtres humains sont affectés par les conditions socio-économiques dévastatrices dans lesquelles ils vivent. Des très nombreux reportages produits par Salgado au cours de sa carrière, se détachent  trois grands projets menés sur une longue période : La Main de l’homme (1993) sur les modes de vie en cours de disparition des travailleurs manuels dans le monde ; Exodes (2000), hommage rendu aux migrations de masse provoquées par la faim, les désastres naturels, les dégradations de l’environnement et la pression démographique ; Genesis, sa nouvelle œuvre, aboutissement de huit années d’expéditions épiques pour redécouvrir les montagnes, les déserts et les océans, les gens et les animaux qui ont jusque là encore échappé à la pression de la société moderne – la terre et la vie sur la planète des origines. « Quelque 46% de la planète vivent encore au temps de la Genèse, nous rappelle Salgado. Nous devons préserver ce qui existe. » Le projet Genesis, mené avec l’Instituto Terra fondé par Lélia et Sebastião Salgado, veut montrer la beauté de notre planète, et revenir à une période précédant les dommages qu’elle a subis, pour mieux préserver le futur.

    Au cours de 32 voyages, à pied, en petit avion, en bateau, en canoë et même en ballon, sous une chaleur extrême ou un froid polaire et dans des conditions parfois dangereuses, Salgado a réuni des images qui nous montrent la nature, les peuples indigènes et les animaux dans leur splendeur. En utilisant uniquement la photographie en noir et blanc, il a créé une sorte de tissu visuel d’une texture si complexe que mêmes les plus petits détails semblent se développer à l’infini.

    Que découvre-t-on dans Genesis ? Les espèces animales et les volcans des Galápagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de l’Antarctique et de l’Atlantique-Sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions, les léopards et les éléphants d’Afrique ; la tribu isolée des Zo’é au fond de la jungle amazonienne ; le peuple Korowaï vivant à l’âge de pierre en Papouasie occidentale ; les éleveurs de bétail nomades Dinka au Soudan ; les nomades nénètses et leurs troupeaux de rennes dans le Cercle arctique ; les communautés mentawai des îles à l’ouest de Sumatra ; les icebergs de l’Antarctique ; les volcans d’Afrique centrale et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le rio Juruá en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l’Alaska… Pour avoir passé tant de temps et consacré tant d’énergie et de passion à la réalisation de cette œuvre, Salgado a pu écrire de Genesis  que c’était « sa lettre d’amour à la planète ».

     

    Contrairement à l’édition limitée SUMO, conçue comme un portfolio grand format zigzagant autour de la planète, l’édition grand public présente une sélection différente de photographies organisées en cinq chapitres géographiques: Aux confins du Sud, Sanctuaires, Afrique, Terres du Nord et Amazonie et Pantanal. Chacune à sa manière, l’édition collector comme l’édition grand public — toutes deux conçues et réalisées par Lélia Wanick Salgado — rendent hommage au projet Genesis de Salgado, aussi grandiose qu’exceptionnel.

     

     

    L’exposition «Genesis» sera présentée dans les lieux suivants:

    Musée d’Histoire Naturelle de Londres, Grande-Bretagne, du 11 avril au 8 septembre 2013

    Jardin Botanique, Rio de Janeiro, Brésil, de mai à août 2013

    Musée de l’Ara Pacis, Rome, Italie, du 9 mai au 3 septembre 2013

    Musée Royal de l’Ontario, Toronto, Canada, du 4 mai au 25 août 2013

    Maison Européenne de la Photographie (MEP), Paris, France, du 25 septembre 2013 au 5 janvier 2014

    SESC Belenzinho, São Paulo, Brésil, de septembre à novembre 2013

    Musée de l’Élysée, Lausanne, Suisse, du 20 septembre 2013 au 5 janvier 2014

    Autres, du 8 Mars 2013 au 8 Mars 2013.

     


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  • Mapuche signifie “peuple de la Terre” en mapudungun (langue parlée par ce peuple indigène).

    Leur histoire

    Avant l’arrivée des Espagnols sur le continent, ils occupaient un vaste teritoire de part et d’autres de la Cordillère des Andes. De la province de Buenos Aires au sud de la Patagonie en passant par le Chili, ce peuple sédentaire vit de la chasse, de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage au sein d’une société organisée détenant ses propres codes. Ni l’empire inca, ni les conquistadors espagnols parviendront à les soumettre et les dominer, ce sont d’ailleurs les seuls indigènes à conserver leur totale autonomie. Les Mapuches réussiront à mettre en place des frontières permettant de limiter leur territoire  (Patagonie, Chaco et une vaste partie de la Pampa). 

    Arrive alors en 1860 un aventurier français répondant au nom de Orélie Antoine de Tounens se passionant pour ce peuple. Vivant en immersion avec eux, il se proclame roi de Patagonie et se lance dans la création d’un Etat à part entière. Il crée un drapeau, une constitution et un hymne. Alertés de cela, les Chiliens décident de contre-attaquer et tuent des milliers de Mapuches dont le roi en place.

     

    Photo – Source: talcahuanofotos

    Qui sont les Mapuches ?

    On compte pas moins de 600 000 Mapuches au Chili (soit 4% de la population) et 200 000 en Argentine à l’heure actuelle. Incessantes victimes des gouvernements dictatoriaux, Pinochet et Videla se dédient à les chasser des terres souveraines. En 1994 l’Argentine reconnaît enfin la présence de peuples indigènes sur son territoire et officalise le bilinguisme. Les Mapuches restent un peuple très bien organisé avec des associations, des confédérations et le désir de conserver leur identité culturelle plus que jamais.

    Pratiquant une culture de tradition orale, ils vénèrent les esprits des ancêtres et ne possèdent pas de lieux de recueillement. Bons guerriers, ils manient l’arc et le javelot avec aisance et s’adonnent à un sport proche du hockey: le palín.

    Vous reconnaîtrez ce peuple par l’explosion de couleurs qui saute aux yeux dès que vous les apercevez. Les femmes arborent de gros colliers, des broches, des boucles d’oreilles, des bracelets ou encore des diadèmes faits d’argent et de tissus. Les hommes affectionnent leur cheveux et tout ce que l’on peut y poser dessus.

    Voilà un bel exemple d’une communauté qui a su préserver ses traditions !


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  •   Dans ce pays d’Afrique australe, le « Peuple d’ocre » a vu disparaître le braconnage sur son territoire grâce aux « Conservancies », un système unique qui mêle gestion environnementale, chasse et tourisme.

     Les Himbas se font gardiens du temple de la faune de NamibieAssise devant sa minuscule hutte en branchages et boue séchée, Zehenewa Tchisutwa raconte à son mari sa mésaventure matinale. Comme chaque jour, à l’aube, elle a parfait l’enduit rouge sur son corps, revêtu sa coiffe et sa ceinture en peau de chèvre et, ainsi, presque nue, s’en est allée, avec le bétail familial, parcourir les dix kilomètres qui la séparent du premier point d’eau. Mais, à son arrivée – oh ! frayeur ! – un autre animal assoiffé occupait déjà la place. « C’était un rhinocéros noir ! Pendant que je dispersais mes bêtes, je me suis adressée à lui. Je lui ai dit que je le laissais volontiers se désaltérer le premier, car je n’oublie jamais combien il est essentiel pour nous, Himbas, et que je reviendrais plus tard avec mes vaches et mes veaux. Puis, je me suis enfuie à toutes jambes ! »

    Les Himbas se font gardiens du temple de la faune de NamibieLes rencontres insolites, voire dangereuses, entre fermiers et faune sauvage, sont fréquentes sur le territoire aride et rocailleux de la Conservancy d’Orupembe, « territoire de conservation » situé dans l’extrémité nord-ouest de la Namibie. Sur cette vaste plaine de 3 500 km2, encerclée de montagnes basaltiques et traversée de lits de rivières asséchées, les pâturages sont rares et l’eau, une denrée précieuse. Mais accepter de côtoyer, et même de partager, leurs ressources vitales avec hyènes, guépards et rhinocéros, en échange des rentrées financières que ceux-ci leur rapportent, c’est le choix que les Himbas – aussi appelés Peuple d’ocre – d’Orupembe ont fait en 2003, au titre du système namibien des Conservancies, une politique de gestion de la faune sauvage unique au monde. De fait, en 1996, soit à peine six ans après son indépendance, la Namibie, pays largement désertique, grand comme une fois et demie la France, prend le contrepied de ses voisins africains en matière de préservation des espèces en danger. Au lieu de développer les parcs nationaux et les réserves privées, elle décide d’octroyer la propriété d’une partie du territoire national, avec les animaux sauvages qui la peuplent, aux populations locales, dont la mission est d’en assurer la préservation. En échange, celles-ci se voient promettre d’importantes rentrées financières, grâce aux contrats de chasse et de tourisme qu’elles sont libres de passer, sans aucun droit de regard ou de retenue de la part du gouvernement central.

    Récompenses internationales

    « En fait, l’histoire des Conservancies a commencé dans les années 1980 », rappelle Garth Owen-Smith. Ce militant écologiste de 68 ans, Namibien d’origine sud-africaine, et sa femme, Margaret Jacobsohn, anthropologue namibienne, sont les instigateurs de ce système original de gestion de la faune sauvage, qui leur a valu depuis moult récompenses et marques de reconnaissance internationales. A l’époque, rhinocéros et éléphants sont en voie d’extinction, en raison d’un braconnage massif. Le pays, alors en proie à des sécheresses répétées, ne parvient plus à nourrir ses quelque 2 millions d’habitants, tandis que l’administration sud-africaine de l’apartheid, qui a pris les rênes de la Namibie, a accordé les meilleures terres à une poignée de fermiers blancs. Le commerce illégal d’ivoire procure un formidable revenu de substitution et, dans les villages, les braconniers font figure de héros, leurs actes relevant du défi à l’occupant.

    En 1983, le couple débarque dans la province du Kaokoveld, dans le nord-ouest du pays, où le braconnage fait le plus de ravages, avec l’idée de renverser la tendance. Il n’a alors que la force de ses arguments pour convaincre la population de protéger sa faune afin d’en tirer profit à une échéance, toutefois, encore imprécise. Pourtant, l’argument passe, car il représente, pour ces populations rurales, dénuées de toute autre ressources que celles fournies par leur environnement, l’occasion de reprendre possession de celui-ci. En outre, c’est leur redonner un rôle, une dignité et une identité, bafouée jusque-là par une administration sud-africaine oppressive, qui les a destitués de tout droit de chasse, leur interdisant de fait de se nourrir à partir d’animaux encore en abondance, comme les antilopes ou les phacochères.

    Vaste consultation populaire

    Les Himbas se font gardiens du temple de la faune de NamibieL’étape psychologique étant franchie, les deux militants peuvent engager, dans les villages les plus touchés par le fléau, la création de brigades anti-braconnage qu’ils rémunèrent, à l’époque, de leurs deniers personnels. Parallèlement, pour éviter tout retour à une tentation de chasse aux animaux gros buveurs d’eau, leur ONG, l’IRDNC (Développement rural intégré et protection des ressources naturelles), avec le soutien du WWF, creuse des points d’eau en dehors des zones habitées. « Comme tout un chacun, ici, nous espérions l’indépendance rapide de la Namibie. Mais, pour notre projet, elle était, en outre, essentielle, pour que celui-ci concrétise vite ses promesses », se souvient Margaret Jacobsohn. L’arrivée d’un nouveau régime en Afrique du Sud – celui du Président Frederik de Klerk, décidé à mettre fin à l’apartheid – marque l’arrêt de vingt-trois ans de combats contre la Swapo (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain), le mouvement de libération de Namibie. Au lendemain de l’indépendance, en 1990, le parti accède au pouvoir.

    « La Swapo s’est montrée immédiatement ouverte à notre projet. Cela correspondait à ses idéaux, celui de redonner du pouvoir aux Namibiens. Toutefois, c’était un acte courageux que de prendre le risque d’octroyer aux populations la responsabilité de préserver la faune sauvage, car tout aurait pu mal tourner. Et puis, au même moment, nos voisins prenaient le chemin inverse, avec une centralisation de la politique de conservation », précise l’anthropologue. Plus audacieux encore, selon elle, surtout dans un contexte africain peu démocratique, est la vaste consultation populaire qui s’engage, et à laquelle l’IRDNC apporte son assistance. Les questions posées ? Comment entendez-vous assurer cette mission de préservation ? Comment imaginez-vous protéger vos familles, vos récoltes et votre bétail des animaux dangereux ? Comment espérez-vous tirer des revenus de la faune sauvage ? Quelles sont vos aspirations en termes de développement ?

    76 Conservancies en 2012

    Une année de ce processus débouche, en 1996, sur la loi qui donne naissance aux Conservancies, créées les unes après les autres, sur la base d’une demande émanant des communautés villageoises, et dont la délimitation géographique est également décidée collectivement. De deux la première année, le nombre de Conservancies est passé à 76 en 2012, ce qui signifie qu’en incluant les deux parcs nationaux que compte la Namibie, c’est près de la moitié du pays (42 %) qui est aujourd’hui zone protégée pour la faune sauvage ! « Depuis vingt-cinq ans, il n’y a pas eu un seul rhinocéros abattu dans les Conservancies, alors que dans les autres pays d’Afrique australe, les problèmes de braconnage ont repris. Nous sommes le seul pays au monde où la faune sauvage croît en dehors des parcs nationaux », s’enorgueillit Garth Owen-Smith.

    Un rhinocéros à 50 mètres

    Les Himbas se font gardiens du temple de la faune de NamibieDans leur vieux 4x4 qui ne craint plus les éboulements rocheux et les arbres morts en travers de la piste, Henry Tchimbiru et Kakuurisa Otchivinda, deux des trois gardes antibraconnage de la Conservancy d’Orupembe, traquent de leurs jumelles l’un des trois rhinocéros présents sur le territoire. Ils ont pris note de l’incident ayant provoqué la frayeur de la jeune fermière himba, plus tôt le matin, pour délimiter leur zone de recherche. Au bout de près de trois heures à suivre les traces et les déjections fraîches de l’animal, les deux rangers trouvent Katuuru, un magnifique mâle de 6 ans, endormi à seulement 50 mètres d’eux. Henry évalue son périmètre de déplacement dans la journée et griffonne quelques notes dans le registre destiné à cet effet. « Notre rôle n’est plus celui de faire la chasse aux braconniers, car il n’en existe plus. Depuis que la faune leur appartient, les Himbas en prennent soin. En revanche, dans une région aussi sèche que la nôtre, animaux sauvages et domestiques sont en concurrence pour l’eau et les pâturages. Aussi, en fonction de ce que nous observons quotidiennement des mouvements des espèces sauvages, nous dirigeons les fermiers de la Conservancy vers un coin ou un autre de la plaine », explique le ranger.

    Toutefois, malgré leurs efforts de « médiation », les conflits entre Himbas et faune surviennent de temps à autre, nécessairement. A Orupembe, on compte en moyenne 100 têtes de bétail perdues chaque année entre les crocs d’un félin. « Constater les décès, cela fait partie aussi de nos interventions, explique Kakuurisa. Lorsqu’un fermier a perdu l’une de ses bêtes, nous nous rendons sur place pour vérifier qu’il avait bien pris les mesures préventives recommandées, comme celles d’éviter le vagabondage de ses bêtes près d’un point d’eau au crépuscule, ou bien celle de leur mise dans un enclos, la nuit. Car c’est à partir de notre constat que seront déclenchées les compensations. »

    Pour assurer la pérennité du processus, la politique des Conservancies se devait en effet d’inclure un système de réparation. Au départ, il s’agissait d’une assurance souscrite par chaque Conservancy, à partir de ses rentrées annuelles, complétées par de l’argent de donateurs internationaux. Puis, il y a deux ans, dans un souci d’équité, le gouvernement namibien a décidé de reprendre la charge de l’assurance et de distribuer annuellement 60 000 dollars namibiens (6 000 euros) à chacune d’entre elles. « A la fin de l’année, on fait les comptes, et chaque fermier reçoit, en fonction de la taille de la bête perdue – vache, chèvre ou mouton –, un montant en proportion de la somme totale », précise Henry.

    Attirer des chasseurs

    A l’ombre d’un acacia, pendant que son bétail s’abreuve au puits, Uriparo Nujigere fait ses comptes. « L’an dernier, nous avons empoché 140 000 dollars namibiens (14 000 euros) de revenus. Ce qui est beaucoup, en proportion de notre petit nombre : seulement 400 Himbas sur tout le territoire. C’est le tourisme qui nous rapporte le plus », commente le président de la Conservancy d’Orupembe. En sus du campement qu’elle a elle-même construit, la communauté abrite deux lodges privés qui, selon les principes en vigueur, ont obligation de signer un partenariat avec la Conservancy, visant à reverser une partie des bénéfices et à promouvoir le recrutement de personnel local. « Une partie de ces revenus sert à payer les salaires des rangers et des employés du campement communal. Nous utilisons une autre partie pour assurer les repas des enfants dans notre école, et une troisième partie pour l’organisation de nos fêtes traditionnelles. Il reste enfin une petite somme que nous distribuons individuellement à chacun. Dans les années à venir, nous espérons bien attirer plus de chasseurs car nous avons du bon gibier, et la chasse, ça rapporte », ajoute-t-il, malicieux.

    Les deux rangers ont rejoint le président de la Conservancy sous son arbre et lui rendent compte de leur patrouille du jour. « Notre rôle est essentiel dans l’allocation des quotas de chasse aux Conservancies par le gouvernement, intervient Henry. Nous participons au recensement de la faune sauvage qu’organisent, chaque année, en juin, les autorités. En fonction de la croissance par espèce, celles-ci décident du nombre de bêtes pouvant être abattues. La chasse paraît être un acte antipréservation, mais pas ici, en Namibie, où elle est pratiquée de manière durable. »

    Effluves citronnés

    Sur la colline avoisinante, un groupe de femmes s’affaire autour d’arbustes épineux. Il s’agit de commiphoras, produisant une résine aux effluves citronnés, dont les Himbas se sont toujours parfumées et qu’aujourd’hui elles recueillent pour le compte d’une société française. « Cette collecte a rapporté 70 000 dollars namibiens (7 000 euros) aux 64 femmes qui l’ont pratiquée. C’est énorme ! Aujourd’hui, celles-ci sont rompues aux négociations avec les tour-opérateurs et ont su faire valoir leurs droits dans cette entreprise-là », précise Uriparo Nujigere. « C’est aussi le résultat de la politique novatrice de l’Etat namibien qui, après ceux sur la faune, a concédé la totalité de ses droits de propriété sur la flore et les forêts à des populations locales ayant, depuis quinze ans, fait preuve d’une bonne gestion environnementale. Au final, nous avons plus que gagné notre pari, conclut Margaret Jacobsohn, car au-delà d’une préservation qui fonctionne, les Conservancies ont permis de créer, dans un pays africain largement rural, une société civile forte. C’est du jamais vu ! »


    Sources de cet article

     Le site (touristique) de la Conservancy

     Le site de l’ONG IRDNC

     Bande-annonce du film Les Himbas font leur cinéma

      La rédactrice :   Corinne Moutout

    Tout au long de l’année 2013, vous retrouverez dans les pages de « Terra eco » les rencontres de Corinne Moutout, qui s’est lancée, en famille, dans un tour du monde journalistique. Elle entend témoigner de quelques-unes des milliers d’initiatives qui émergent et qui contribuent, chaque jour, à construire un monde durable. Ce périple l’emmènera dans pas moins de onze pays. Première étape : le Sénégal. Retrouvez aussi ces reportages dans l’émission « C’est pas du vent », sur l’antenne de RFI : www.rfi.fr/emission/cest-pas-vent


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  • Une nouvelle fois, les explorations pétrolières risquent de mettre en péril la survie de groupes d’Indiens isolés dans la forêt péruvienne. L’affaire a été portée à l’attention des organisations par l’Indepa, le Département des affaires indigènes du gouvernement péruvien, qui a évoqué au cours d’une réunion avec celles-ci le projet de suppression de la réserve. Survival International ne cesse depuis lors de tenter d’élucider ce projet et d’obtenir un engagement gouvernemental clair et décisif quant à l’abandon de celui-ci.


    Dès que la controverse a été déclenchée, Survival International a contacté le ministre péruvien de la culture, qui a officiellement annoncé que la réserve Murunahua, remise en question par le projet d’exploration pétrolière, ne serait pas fermée, qu’il ne s’agissait que de rumeurs. Il s’est également engagé à prendre des mesures pour protéger les Indiens isolés. Cet engagement a été perçu comme une grande victoire pour l’ONG Survival International, habituée à faire pression sur des gouvernements pour forcer ceux-ci à respecter les droits des peuples indigènes. Mais la joie aura été de courte durée.

    En effet, quelques jours à peine après que le ministre de la Culture eut pris l’engagement de protéger cette réserve d’Indiens isolés, le Département des affaires étrangères a annoncé l’intention du gouvernement péruvien d’ouvrir les réserves d’Indiens isolés aux compagnies pétrolières. Ce choix intervient quelques jours à peine avant la mise en place du nouveau gouvernement. De nouvelles lois permettraient effectivement à l’État d’accorder aux compagnies pétrolières et gazières un accès libre aux réserves, quels que soient les risques engendrés pour les Indiens isolés.

    Pourtant, les législations péruvienne et internationale indiquent que les populations indigènes doivent être consultées sur tout projet affectant leurs territoires. Malheureusement, le mode de vie même de ces Indiens empêche l’application de ce principe.

    Ce projet n’est pas isolé et d’autres Indiens pourraient se voir dépossédés de leurs terres au profit de compagnies pétrolières, pour le bénéfice de l’État. Survival International s’emploie à faire respecter le droit des Indiens isolés, et appelle à la cessation de tout projet d’exploration pétrolière pouvant leur nuire. L’association met en avant le risque réel d’extinction qui plane sur ces peuples, et en appelle au gouvernement à protéger cette population. Sans ces Indiens isolés, l’existence même du Département des affaires indigènes deviendrait obsolète.


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  • L'Institut Brésilien de Géographie et de Statistique - IBGE a publié les premiers résultats du recensement de la population effectué entre le 1er août et le 31 0ctobre 2010. Le Brésil comptait 190'755'800 résidents au 1er août 2010. Ils étaient 169'799'200 en 2000, soit une augmentation de près de 21 millions d'habitants (+12,34%) au cours de cette période.

    À l'occasion de ce comptage, 817'900 personnes se sont déclarées "Indigènes". Elles étaient 734'000 lors du précédent recensement, soit une augmentation de 83'900 personnes, une progression de 11,43%. Les indigènes représentent maintenant 0,43% de la population brésilienne.

    Ils sont les plus nombreux (168'680) dans l'État d'Amazonas, où ils représentent 4,8% de la population. Les 49'600 indigènes de l'État de Roraima représentent 11% de la population de cet État : c'est la plus forte proportion enregistrée dans le pays. 315'180 indigènes habitent dans des zones urbaines (38,5%) et 502'780 dans des zones rurales (61,5%).

    L'Amazonie légale* compte près de 25,5 millions d'habitants, soit 13,35% de la population du pays. Les indigènes y sont près de 383'700, soit 1,5% de la population de cette partie du Brésil, mais près de 47% de tous les indigènes du Brésil. En Amazonie légale, 19% des indigènes habitent dans des zones urbaines et 81% dans des zones rurales.

    Lors du recensement de 1991, il avait été dénombré 294'000 indigènes représentant 0,2% de la population brésilienne. L'augmentation de 150% constatée entre 1991 et 2000 est essentiellement due au nombre d'indigènes qui vivaient dans des zones urbaines, notamment dans le sud du Brésil qui, précédemment, avaient été classés dans d'autres catégories.

    Ce recensement est à situer dans le contexte historique. En avril 1500, l'amiral portugais Pedro Álvares Cabral débarque sur le site de Porto Seguro, au sud de l'actuelle ville de Salvador. C'est le début de la colonisation du Brésil par les Portugais. Variable selon les sources, le nombre des "natifs" vivant alors sur l'actuel territoire brésilien est estimé entre 2,3 et 5 millions. La colonisation a failli entraîner l'extermination complète de ces "Peuples premiers". Les raisons de cette tragédie sont bien connues : asservissement, maladies, mauvais traitements, accaparement des terres, massacres**, etc.

    On compte actuellement un peu plus de 230 peuples différents, parlant encore près de 180 langues. Une véritable richesse culturelle !

    Si certains peuples sont en contact avec les Blancs depuis cinq siècles, d'autres n'ont eu ce contact que beaucoup plus tard. Il existe encore plusieurs dizaines de groupes isolés. Tout récemment, ce 21 juin, la Fondation Nationale de l'Indien - FUNAI a confirmé l'existence d'un nouveau groupe d'indiens isolés dans la Vallée du Javari à l'ouest de l'État d'Amazonas.

    Dans sa dernière "Newletter", l'association Survival France a mis en ligne une vidéo (3'34") sous-titrée en français, enregistrée en 2010 montrant un groupe d'indiens isolés vivant dans la région du rio Envira, non loin de la frontière avec Pérou. Il est possible de visionner cette vidéo au bas de cette note.

    ***

    * L'Amazonie légale est constituée de neuf États : Acre, Amapá, Amazonas, Mato Grosso, Pará, Rondônia, Roraima et Tocantins et d'une partie du Maranhão,

    ** L'un des derniers massacres reconnu comme génocide par la justice brésilienne concerne les Yanomami. En juillet 1993, des garimpeiros (orpailleurs) ont massacré une douzaine de femmes, jeunes et enfants Yanomami, dans le village de Haximu (État de Roraima). Ces évènements sont décrits en détail par Bruce Albert dans le livre coécrit avec Davi Yanomami "La chute du ciel" (p. 627) aux éditions Plon - Paris.

    Image : tableau du peintre brésilien Oscar Peraira da Silva représentant le débarquement de Cabral à Porto Seguro

    Pour en savoir plus (en portugais) :

    Pour visionner la vidéeo de Survival :  http://www.uncontactedtribes.org/videobresil

    Cette note a été publiée dans "AYA Info" No 61, de l'association "Appui aux indiens Yanomami d'Amazonie" - AYA - 15, Chemin de la Vi-Longe  -  CH - 1213 Onex / Genève - CCP 17-55066-2


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  • À l’heure actuelle, 120 collectivités autochtones doivent faire bouillir leur eau avant de la boire. Dans certains cas, cette situation dure depuis plus de 10 ans. Il serait inconcevable de laisser une telle situation perdurer dans un grand centre, mais c’est pourtant la réalité quotidienne de milliers d’Autochtones.

    En 2005, un rapport de la commissaire à l’environnement et au développement durable soulignait que les réserves autochtones n’ont pas de loi ou de règlement qui régit l’approvisionnement en eau potable. Pourtant, 10 ans plus tôt, Affaires indiennes et du Nord canadien et Santé Canada avaient déjà fait savoir que le quart des systèmes de distribution d’eau des réserves posaient de graves risques pour la santé et la sécurité.

    Selon l'Institut Polaris et l’Assemblée des Premières Nations, le gouvernement fédéral serait en grande partie responsable de la situation, car il aurait mal aménagé les puits et les systèmes de filtration et se serait par la suite soustrait à sa responsabilité de les entretenir et de les réparer.

    Au mois de mai 2010, le gouvernement conservateur a déposé au Sénat le projet de loi S-11, connu également sous le titre Loi concernant la salubrité de l’eau potable sur les terres des Premières nations.

    À première vue, ce projet de loi et son règlement semblent répondre aux besoins des Premières nations et constituer un premier pas important vers l’accessibilité des services d’eau potable pour toutes les collectivités autochtones. Or, ce n’est aucunement le cas. En fait, ce projet de loi vise à refiler la responsabilité du gouvernement fédéral relativement à l’approvisionnement en eau potable aux leaders des Premières Nations sans prévoir l'octroi de fonds et de ressources pour ce faire.

    Voici ci-dessous d'autres lacunes importantes du projet de loi :

    • Malgré ce qui est stipulé dans le préambule de ce projet de loi, il n'y a pas eu de processus de consultation approfondi avec les collectivités des Premières Nations.
    • Le projet de loi permet au Canada d'appliquer toutes les lois provinciales aux Premières Nations comme lois fédérales.
    • Le projet de loi permet au cabinet d'abroger les droits de traité – ce qui contrevient directement l'article 35 de la Loi constitutionnelle.
    • Le Canada aura le pouvoir de forcer les Premières Nations à conclure des ententes avec des tierces parties pour la gestion des systèmes d'aqueduc des collectivités des Premières Nations.
    • Le Canada aura le pouvoir de confier à une tierce partie son pouvoir judiciaire, juridique et administratif pour mettre en œuvre le projet de loi et son règlement.
    • Le Canada aura le pouvoir de déterminer les tarifs des services d'eau potable sur les réserves, sans aucun rôle décisionnel pour les gouvernements des Premières Nations.

    Le projet de loi S-11 est mort au Feuilleton le 25 mars 2011 alors que Stephen Harper a été trouvé coupable d'outrage au Parlement et que son gouvernement a été dissout. On prévoit que ce projet de loi sera présenté de nouveau.

    Que puis-je faire?

    • Écrivez aux députés concernés. Dites-leur que, pour vraiment remédier au problème d'eau, le projet de loi devrait :
    • prévoir des ressources et des fonds suffisants pour la mise en place des infrastructures nécessaires;
    • soutenir la formation et la certification d’opérateurs de systèmes d’aqueduc choisis parmi les membres des Premières nations;
    • mettre en œuvre des procédés de traitement d'eau plus efficaces du fait qu'il s'agit d'une responsabilité du gouvernement fédéral et non des Premières Nations;
    • assurer une scolarisation et une formation adéquates pour les membres des Premières Nations afin de les habiliter à mettre en place des processus décisionnels au sujet du traitement de leurs propres ressources en eau potable.

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  • Le gouvernement péruvien entend fermer une réserve d'Indiens jusqu'alors protégée située près de la frontière avec le Brésil. Depuis plusieurs années, des bucherons illégaux envahissent cette région et menacent alors les indigènes de la réserve Murunahua.

    Proche de la frontière brésilienne, la réserve d'Indiens Murunahua avait pour but de protéger le peuples indigènes de la région. En février, le gouvernement avait annoncé vouloir collaborer avec le Brésil pour mieux protéger cette zone, mais comme le déplore l'association de protection des peuples indigènes Survival sur son site Internet, le département des affaires indigènes (INDEPA) a aujourd'hui l'intention de fermer la réserve Murunahua, pensant qu'elle n'abrite plus d'Indiens isolés.

    Or l’organisation américaine Upper Amazon Conservancy (UAC) a récemment observé et prouvé la présence d'Indiens dans la zone, de même qu'elle a dénoncé la coupe illégale de bois dont ils sont victimes, et l’existence de cinq campements de bûcherons à l’intérieur de la réserve. Pour Survival, cette situation est le fait d'une manoeuvre des autorités péruviennes. Celles-ci auraient fermé les yeux sur la coupe illégale de bois. La présence de ces bucherons ayant fait fuir nombre d'indigènes, le gouvernement a ensuite estimé que la réserve n'abritait plus d'indigènes, et pouvait donc être fermée. "Les Indiens isolés qui vivent dans cette réserve sont les victimes involontaires d’une manœuvre cynique des autorités péruviennes. Le gouvernement n’ayant rien fait pour empêcher l’invasion massive de bûcherons, les Indiens ont vraisemblablement fui au Brésil – et maintenant il annonce la suppression de la réserve puisque les Indiens n’y vivent plus… J’espère que tous ceux qui ont été touchés par les images diffusées en février manifesteront leur indignation au gouvernement péruvien devant un tel projet", explique Stephen Corry, le directeur de Survival International.

    Pour l’ancien expert des Indiens isolés au département des affaires indigènes du gouvernement brésilien, Jose Meirelles, "il est totalement absurde de supprimer cette réserve". L'homme se dit "prêt à parier que cette décision est étroitement liée aux intérêts de l’exploitation forestière et pétrolière".


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  • Il y a 8 peuples autochtones au Costa Rica, pour une population totale de 104 143 personnes, soit environ 2,4% de la population nationale. Beaucoup vivent dans 24 territoires autochtones juridiquement reconnus liés à des titres de propriété, ainsi que sur des terres traditionnellement occupées, mais qui ne sont actuellement pas reconnues ou pour lesquelles ils ne possèdent pas de titres de propriété. La plupart des territoires des peuples autochtones ont été occupés massivement et illégalement par des personnes non-autochtones, notamment dans certains cas extrêmes où 98% de la terre sont détenus par des personnes non-autochtones.

    La reconnaissance des territoires autochtones débuta à la fin des années 1930 et l’occupation illégale de ces territoires est attestée au moins depuis les années 1960, lorsque des rapports officiels de l’État reconnurent que la situation était grave et urgente. Malheureusement, aucune action concrète n’a toutefois été prise pour s’attaquer à ce problème. En 1977, le Costa Rica adopta la Loi autochtone, qui stipulait que ces territoires étaient « inaliénables et imprescriptibles, non-transmissibles et réservés exclusivement aux communautés autochtones ». Néanmoins, les actions et les omissions du Costa Rica enfreignent son droit national et ses obligations internationales, puisqu’elles approuvent implicitement cette occupation illégale. Ces actions et omissions ont eu de graves conséquences pour les peuples autochtones, qui ne peuvent exercer pleinement leurs droits de propriété et jouir de ces droits, tout comme d’autres droits connexes.

    Des études[1] indiquent qu'il s’agit d’un problème d'envergure nationale, puisque 6087 personnes non-autochtones occupent illégalement 43% (142 386,77 hectares) des terres attribuées légalement aux peuples autochtones. Dans deux territoires seulement sur les 24 territoires autochtones, les peuples autochtones possèdent 100% des terres pour lesquelles ils détiennent des titres ; dans cinq territoires (20,75%), ils détiennent entre 75 et 90% des terres ; dans quatre territoires (16,66%), ils possèdent entre 58 et 60% des terres ; et dans six territoires (25%), ils possèdent entre 32 et 50% des terres. Dans les sept territoires restants (29,16%), ils détiennent moins d’un quart des terres pour lesquelles ils possèdent des titres de propriété, et dans trois de ces territoires ils possèdent moins de 10% des terres.

    Au cours de l'année écoulée, les peuples autochtones et leurs leaders ont été attaqués uniquement pour avoir demandé la protection de leurs droits fonciers. Depuis février 2012, la haine raciale et les tensions envers les peuples autochtones ont donné lieu à deux tentatives d’assassinat sur des leaders autochtones (Pablo Sibas Sibas du peuple teribe et Sergio Rojas, leader des Bribri de Salitre), alors que plus de vingt personnes ont été gravement blessées. La tentative d'assassinat contre Sergio Rojas a été en partie provoquée par le Conseil municipal de Buenos Aires, qui l’a déclaré persona non grata. Récemment, le 6 janvier 2013, trois membres des Bribri de Salitre, non-armés et pacifiques, qui ont participé à la récupération des terres occupées illégalement sur leurs territoires, ont été attaqués à minuit par des assaillants non-autochtones armés. Wilbert Ortiz a été touché par un coup de feu à la jambe, Marcos Obando Delgado a été blessé par une machette, son dos a été profondément lacéré et deux de ses doigts ont été sectionnés, enfin Mainor Ortiz Delgado a également été blessé par une machette et torturé avec une tige en fer chaude, ce qui a marqué sa poitrine à vie. Il est certain que ces attaques ont causé de graves traumatismes physiques et psychologiques.

    Suite à cette attaque, l’Ombudsman national du Costa Rica et le bureau de pays des Nations Unies ont publié un communiqué de presse conjoint[2] qui condamne ces actes de violence et exhorte l’État à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la vie et l’intégrité physique de toutes les personnes impliquées dans le conflit. Ils ont lancé un appel afin que « ces situations soient résolues par des moyens pacifiques, dans le respect du cadre juridique et des droits des personnes autochtones à leur territoire ».

    Ces actions violentes et atroces à l’égard de personnes autochtones et de leurs leaders sont sans précédent dans l'histoire récente du Costa Rica et sont symptomatiques du fait que l’État a négligé de prendre adéquatement en compte la question des droits fonciers, malgré les demandes des peuples autochtones et les recommandations des organes internationaux des droits humains, tels que le CERD des Nations Unies et le Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones.



    [1] Pour plus de renseignements et chifres, voir (en anglais seulement): http://tinyurl.com/as7feb6

    [2] http://www.pnud.or.cr/index.php?option=com_content&view=article&id=1510:preocupacion-por-los-hechos-de-violencia-ocurridos-en-el-territorio-indigena-de-salitre&catid=49:reduccie-la-pobreza-desigualdad-y-exclusi&Itemid=101 (en espagnol uniquement)


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  • L'Association burundaise " Unissons-nous pour la promotion des Batwa" (UNIPROBA) a lancé mercredi à Bujumbura le projet pour la promotion de l'égalité des sexes des peuples autochtones "Batwa" du Burundi de 200.000 USD.

    Ce projet de deux ans, financé par ONU FEMMES, a pour finalité la participation des femmes autochtones burundaises dans les organes de prise de décision au niveau local, et garantir une protection sociale des femmes batwa des milieux ruraux, a précisé Mme Libérate Nicayenzi, présidente de l'UNIPROBA.

    Les femmes autochtones Batwa du Burundi rencontrent beaucoup de défis qui limitent leur participation équitable dans les organes de prise de décision, ainsi que leur jouissance des droits politiques, civils, économiques et sociaux, au même titre que les hommes Batwa, a-t-elle dit.

    En effet, a-t-elle noté, ces femmes ne sont pas engagées au niveau civique car elles se considèrent comme des citoyens de seconde zone.

    L'autre défi est le manque de leadership local qui permettrait de soulever les problèmes auxquels elles se heurtent dans leur vie quotidienne.

    Par ailleurs, les Batwa et plus particulièrement les femmes Batwa, sont victimes de plusieurs violations à cause de l' ignorance des droits et au manque des ressources financières, a fait remarquer Mme Nicayenzi.

    Ils ne peuvent pas facilement accéder à la justice pour demander réparations, indemnisations, ou poursuites des auteurs de ces violations.

    Les femmes autochtones sont victimes des violences basées sur le genre. Elles font des mariages illégaux, sont congédiées au gré de leurs maris et s'adonnent aux travaux manuels qui sont mal ou non rémunérés, a-t-elle signalé.


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  • La première chaîne de télévision autochtone a été officiellement lancée le 8 décembre 2012 avec le soutien de l’Etat argentin. Wall Kintun TV est présentée comme un espace de parole des mapuches de Bariloche qui prétend interpeller et impliquer la population de toute la région qui jusqu’à présent ne pouvait recevoir que la chaîne 6 du groupe Clarín critiquée pour ne pas traiter l’information locale.

    La responsable de production Inalén Antillanca a indiqué que Wall Kintun (qui signifie « chercher autour de soi » selon les sources consultées) prétend être un canal interculturel diffusant des émissions culturelles sur la réalité et l’actualité du peuple mapuche. Selon son directeur Diego Pereyra, la chaîne offre des programmes pour enfants en langue mapuche, propose des films sur les droits humains, des entrevues, des débats et des informations sur les peuples autochtones d’autres provinces argentines.

    La majorité des journalistes de la chaîne sont de jeunes mapuches de Bariloche expérimentés et formés dont beaucoup d’entre eux ont présenté ou produit des émissions radiophoniques.

    La direction de la chaîne espère pouvoir s’autofinancer par la vente d’espaces publicitaires et le sponsoring local. Toute la production utilisera des logiciels gratuits.

    Wall Kintun TV a été créée dans le cadre de la loi 26 522 sur les Services de Communication Audiovisuelle connue comme la Loi sur les Médias promulguée en octobre 2009 et dans la suite de créations de radios autochtones. Cette loi a remplacé la loi sur la Radiodiffusion n°22 285 adopté par la dictature militaire en 1980 et est présenté par l’Etat comme le signe d’une démocratisation des moyens de communication en Argentine.

    Pour en savoir plus: http://sogip.wordpress.com/


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  • Le 26 février 2013, à Paris Hôtel Marriott Rive Gauche en présence de Wilson Pastor, ministre des Ressources Naturelles Non Renouvelables équatorien, les entreprises Françaises sont conviées à prendre part au 11ème appel d'offre pétrolier lancé par l'équateur sur le centre-sud de l'équateur.
    Les peuples et nationalités indiennes qui vivent sur les territoires ancestraux concernés s'opposent fermement à ce 11ème appel d'offre et appellent à la conscience des entreprises pétrolières françaises.

     

    [26 Février 2013]

    Ce 11ème appel d'offre est une atteinte à leurs droits collectifs garantis par la Constitution et les Traités Internationaux relatifs aux Droits Humains. Par ailleurs, le processus de "consultation" des peuples indiens ne respecte pas les standards internationaux relatifs à la Consultation Préalable, Libre et Informée (CPLI) établis para la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) lors de la sentence du “Cas Sarayaku” en juillet 2012

    Lettre ouverte de la CONFENIAE à la communauté internationale et aux entreprises pétrolières publiques et privées

    La Confédération des Nationalités Indigènes de l'Amazonie Equatorienne (CONFENIAE) et nos alliés de la Nation Achuar d'Equateur (NAE), la Nation Shiwiar, Sapara, Shuar, le peuple ancestral de Huito, le peuple originaire Kichwa de Sarayaku (TAYJASARUTA), l'association des Femmes Waorani d'Equateur, exprimons notre refus catégorique du processus de promotion internationale du 11ème appel d'offre pétrolier, qui concerne le centre-sud de l'Amazonie équatorienne, qui affectera nos territoires ancestraux.

    Demande d’annulation du 11e appel d’offre pétrolier
    Lors de nos déclarations antérieures, nous avons exigé l'annulation de l'appel d'offre pétrolier car il représente une atteinte à la nos droits collectifs garantis par la Constitution et les Traités Internationaux relatifs aux Droits Humains. Nous demandons aux entreprises pétrolières publiques et privées du monde entier de NE PAS PARTICIPER au 11ème appel d'offre pétrolier, ce projet pétrolier affecte les territoire ancestraux indigènes ce qui constitue une violation des droits de sept nationalités indigènes d'Equateur.

    Non respect de la Consultation Préalable, Libre et Informée
    La “socialisation” du projet pétrolier réalisée dans les communautés, qui se veut être une Consultation Préalable des peuples et nationalités concernées, ne respecte pas les standards internationaux relatifs à la Consultation Préalable, Libre et Informée établis para la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme lors de la sentence du “Cas Sarayaku”, sentence qui n'a pas encore été prise en compte par l'Etat Equatorien. Ce qui démontre bien que les projets pétroliers ne respectent pas les droits des communautés indigènes. L'histoire se répète... Nous appelons la communauté internationale à nous soutenir et à rester vigilants en se solidarisant avec les Peuples et Nationalités Indigènes de l'Amazonie Equatorienne afin que notre cosmovision, nos forêts tropicales et nos espace de vie, qui sont en danger à cause du 11ème appel d'offre pétrolier, soient préservés et respectés.
    Franco Viteri, Président de la Confédération des Nationalités Indigènes de l'Amazonie Equatorienne (CONFENIAE) Jaime Vargas, Président de la Nationalité Achuar del Ecuador (NAE) Fernando Santi, Président de la Nationalité Shiwiar del Ecuador (NASHIE) Manari Ushigua, Président de Fédération Binacional Zapara Ecuador – Perú (FEBZEP), Manuel Maiche, Président de la Nation Shuar del Ecuador (NASHE) Darío Jaramillo, Président du Peuple Ancestral de Huito José Gualinga, Président du Peuple Originaire Kichwa de Sarayaku Manuela Ima, Présidente de l'Association de Femmes Waorani d’Equateur (AMWAE) Francisco Shiki, Président de la Fédération Interprovinciale de Centres Shuar (FICSH) Cristóbal Jimpikit, Fédération de la Nation Shuar de Pastaza (FENASHP)


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  • L'enquêteur correctionnel du Canada, Howard Sapers, est d'avis que le système carcéral fédéral n'offre pas les mêmes chances aux détenus autochtones qu'aux non autochtones et que la situation empire, même 20 ans après l'adoption d'une loi pour rectifier le tir.

    En conférence de presse à Ottawa, M. Sapers a fait part du contenu de son rapport, déposé jeudi à la Chambre des communes, sur la surreprésentation des Autochtones dans les pénitenciers fédéraux, ainsi que sur le sous-financement et la sous-utilisation des mesures prévues pour ces détenus dans la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, promulguée en 1992.

    Les Autochtones forment environ 4 % de la population totale du Canada, mais selon les plus récents chiffres, ils représentent près du quart des hommes incarcérés et environ le tiers des femmes incarcérées dans les établissements fédéraux. Ce nombre passe à 55 % au Pénitencier de la Saskatchewan et à plus de 60 % au pénitencier Stony Mountain, au Manitoba.

    De façon générale, les détenus autochtones ont de plus longues peines, passent davantage de temps en isolement, ont moins de chance de bénéficier tôt d'une liberté conditionnelle et sont plus à risque de voir cette liberté révoquée pour des délits mineurs.

    Le rapport examine ensuite comment le système carcéral applique deux articles de loi. L'un permet le transfert, dans des établissements communautaires autochtones, de détenus qui seraient autrement envoyés en établissement fédéral, tandis que l'autre permet aux communautés autochtones de participer à la remise en liberté d'un délinquant. Ces outils sont rarement utilisés, a constaté M. Sapers.

    Peu de mesures appliquées

    Seulement 68 places dans quatre pavillons de ressourcement ont été créées depuis 1992, pour appliquer l'article sur les établissements communautaires. Même à plein rendement, ces places ne pourraient accueillir que 2 % des Autochtones détenus en établissement fédéral. De plus, trois des quatre installations sont situées dans des réserves, alors qu'une majorité de délinquants autochtones sont mis en liberté en milieu urbain.

    Pour ce qui est de l'implication de la communauté, M. Sapers souligne que le processus est enlisé dans l'administration et mal compris de toutes parts. Il ajoute que parmi les 19 000 employés de Service correctionnel Canada, seulement 12 agents coordonnent le processus dans tout le Canada.

    L'enquêteur correctionnel recommande d'augmenter de façon importante le financement accordé aux programmes de réinsertion dans la communauté. Il suggère aussi de créer un poste de sous-commissaire des services correctionnels aux Autochtones, de créer des formations auprès des forces de l'ordre pour qu'elles soient mieux équipées pour intervenir auprès des Autochtones et de mieux inclure les aînés des communautés autochtones qui accueillent un délinquant remis en liberté conditionnelle.

    Le système carcéral accomplit ses visées, selon Ottawa

    Accusé à la Chambre des communes de ne pas prendre la crise au sérieux par le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair,  le premier ministre Stephen Harper a d'abord rappelé que les prisonniers avaient « été déterminés coupables d'actes criminels par des cours indépendantes », avant d'ajouter : « Les Autochtones sont malheureusement plus souvent victimes de crimes violents que les autres Canadiens. C'est la raison pour laquelle [...] nous prenons au sérieux notre responsabilité de protéger la société canadienne ».

    Le ministre récemment nommé aux Affaires autochtones, Bernard Valcourt, s'est inquiété pour les victimes des prisonniers autochtones, se disant incapable de commenter les données sur leur surreprésentation carcérale. « Je ne peux pas expliquer ça, je ne suis pas devin », a-t-il lancé, renvoyant la question à son collègue de la Sécurité publique.

    Le ministre Vic Toews n'a pas précisé s'il acceptait les recommandations, mais dans une déclaration transmise à Radio-Canada, il a affirmé que le système carcéral corrigeait  les comportements criminels.

    Le porte-parole néo-démocrate en matière de sécurité publique, Randall Garrison, a accusé les conservateurs au pouvoir de ne pas avoir su transférer des responsabilités aux communautés autochtones censées accueillir des délinquants. Il a fait valoir qu'il s'attendait en plus à des compressions visant le système correctionnel dans le prochain budget.

    Quant à son collègue et ancien leader cri Roméo Saganash, il a affirmé que le premier ministre Harper ne connaissait pas le dossier. « Cela démontre une chose évidente : ça en prend encore beaucoup plus, des rencontres entre les chefs autochtones et le premier ministre du Canada. »

    Jonathan Rudin, un des coauteurs du rapport Par-delà les divisions culturelles : un rapport sur les Autochtones et la justice pénale au Canada, déposé par la Commission royale sur les peuples autochtones en 1996, a parlé d'un manque d'engagement et de ressources de la part du gouvernement et des services correctionnels. Selon lui, le fait d'avoir un programme ne suffit pas; encore faut-il qu'il ait un effet. Sinon, il ne devrait pas être offert, croit l'expert en justice autochtone.

    Alors que l'Association des libertés civiles de Colombie-Britannique utilisait le terme « raciste » pour décrire le système correctionnel canadien, le président par intérim de la Commission canadienne des droits de la personne, David Langtry, a décrit les problèmes relevés par le rapport comme étant « sérieux et troublants ».

    Pour sa part, Shawn Atleo, grand chef de l'Assemblée des Premières Nations, a fait valoir qu'il était temps que le système pénal s'arrime avec les communautés autochtones pour réinsérer les repris de justice et prévenir la récidive.

    Le dépôt du rapport spécial de l'enquêteur est un geste rare. Un tel document n'a été produit qu'une seule autre fois, il y a 20 ans, et il avait mené à l'établissement d'une commission royale d'enquête sur le traitement des femmes emprisonnées. Le vieil établissement carcéral pour femmes de Kingston, en Ontario, avait été fermé par la suite.

     

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  • Les femmes pygmées sont quasiment exclues du système de soins périnatals congolais et accouchent le plus souvent à leur risques et périls, rapporte une étude du ministère congolais de la Santé et du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) présentée mardi 12 mars 2013 à Brazzaville.

    Selon cette étude réalisée en 2012, 93% des Congolaises en général accouchent dans un centre de santé, contre 4% seulement de femmes pygmées désignées dans le document comme femmes autochtones.

    Cette étude concerne les régions de la Likouala, de la Sangha (nord), des Plateaux (centre) et de la Lékoumou (sud-ouest) qui hébergent l'essentiel des 43.500 pygmées représentant à peine 2% de la population congolaise.

    Les consultations prénatales sont fréquentées par 94% des Congolaises enceintes en général mais par seulement 37% des autochtones enceintes, a expliqué à l'AFP David Lawson, représentant de l'UNFPA au Congo.

    D'après l'étude, 45% de Congolaises utilisent des méthodes contraceptives, tandis que les autochtones ne sont que 25% à le faire en raison de difficultés d'accès à la planification familiale.

    Alors que la moitié des autochtones déclarent ne pas avoir d'informations sur le VIH/sida dans un pays dont le taux de séroprévalence est de 3,2%, les études montrent que 99% des Congolais sont informés de l'épidémie et des modes de prévention.

    Les Pygmées vivent généralement en forêt ou à la périphérie des villages. Ils dépendent de la chasse, de la pêche et de la cueillette. En 2011, le Congo a promulgué une loi portant protection et promotion de leurs droits mais qui attend toujours ses textes d'application.

    Brazzaville a abrité du 11 au 15 mars une réunion préparatoire de la 12ème session de l'Instance permanente de l'ONU sur les peuples autochtones qui doit se tenir en mai à New York.


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  • Banque mondiale, peuples autochtones et normalisation

    GERMOND-DURET Céline. Banque mondiale, peuples autochtones et normalisation.

    Paris/Genève, Karthala/IHEID. 279 pages, 2011

    Cet ouvrage met en évidence la logique de normalisation qui sous-tend les interventions de développement. L'auteure se penche sur la Banque mondiale, acteur incontournable du développement, et sur les répercussions de ses projets sur les peuples autochtones, à travers l'analyse des cas soumis à son Panel d'inspection. Ce mécanisme, mis en place par la Banque elle-même, permet d'examiner, à la suite de plaintes de populations locales, la conformité de ses actions avec ses propres politiques et procédures. II est ainsi montré que les effets des interventions de développement ne doivent pas se comprendre qu'en termes d'efficacité ou d'inefficacité, puisqu'elles peuvent aussi engendrer des transformations sociales renforçant ou engendrant des conflits sociaux. En analysant d'une part les mécanismes d'apprentissage et de responsabilisation de la Banque, et d'autre part des projets affectant des peuples autochtones, l'ouvrage fait ressortir des éléments récurrents dans la pratique du développement. La minimisation d'effets secondaires et la pratique relevée sont mises en relation avec un macrodiscours du développement dominant, qui semble répondre plus largement à une logique de normalisation des sociétés.

    Dans cet ouvrage, issu de recherches menées dans le cadre d’une thèse de doctorat, l’auteure s’intéresse, dans une perspective critique, aux politiques de développement telles qu’elles sont pensées et mises en place par la Banque Mondiale. L’approche adoptée vise à dépasser l’analyse en termes de succès ou d’échec de programmes ou de politiques en matière de développement, pour s’interroger sur les effets secondaires plus ou moins néfastes qui leur sont inhérents. Ainsi, loin de s’arrêter sur l’efficacité (ou non) des interventions de développement qui représentent l’objectif principal de la Banque, l’auteure pousse l’analyse au-delà des évaluations quantitatives. Elle s’interroge sur les conséquences (sociales, environnementales, politiques, etc.) de différents projets axés sur l’aide aux populations défavorisées et, en particulier, les peuples autochtones ; conséquences qui, par ailleurs, n’ont souvent pas été prévues au moment de la conception des projets.

    En focalisant son analyse sur les peuples autochtones, Céline Germond-Duret s’attache à montrer comment les macrodiscours du développement se construisent sur une logique de normalisation qui envisage les sociétés sur un axe d’opposition : la normalité étant considérée comme relevant des sociétés développées, alors que les « autres » — moins ou peu développées — sont renvoyées à une situation d’anormalité. Perçues comme situés « à l’extérieur » du système (au sens restreint de « système économique »), les populations particulièrement vulnérables, telles que le sont les peuples autochtones, doivent faire l’objet d’entreprises de développement visant à leur faire abandonner leurs activités traditionnelles peu productives pour pouvoir être intégrées au marché. La normalisation, entendue ici comme « développement économique », a donc pour objectif de transformer (« améliorer ») les systèmes productifs « traditionnels » (considérés comme « arriéré[s], irrationnel[s] et gaspillant inutilement [l]a main-d’œuvre » (p. 71)) pour les rendre économiquement plus performants. L’auteure s’intéresse aux conflits ou au renforcement de situations conflictuelles « parmi des peuples autochtones ou entre des peuples autochtones et d’autres composantes de la société » (p. 24) qui sont avant tout considérés comme « secondaires » au vu des objectifs économiques posés comme prioritaires par la Banque Mondiale. Elle analyse ainsi leur l’impact sur la cohésion des populations autochtones au travers de quatre « vecteurs » qui sont à comprendre comme des « effets intermédiaires » (p. 63) : (1) les déplacements de population ; (2) les modifications de l’activité et de l’organisation économique ; (3) les transformations sociales et politiques et (4) l’abandon de coutumes et de modes de vies particuliers.

    Pour construire son argumentation, Céline Germond-Duret procède à une analyse de discours basée sur un corpus de documents émanant de la Banque et de son Panel d’inspection indépendant, ainsi que sur des entretiens avec des collaborateurs de ces deux institutions. De plus, nombre de rapports et de documents émanant d’autres acteurs (ONGs, organisations autochtones, etc.) ont été dépouillés. Elle nous montre à travers l’analyse d’un corpus textuel « comment les peuples autochtones sont représentés, ou construits, d’une manière telle qui impliquera tel comportement à leur égard et telle solution spécifique à ce qui est considéré comme leurs ‘problèmes’ » (p. 118). Après un chapitre qui pose le cadre théorique de l’analyse critique du développement dans lequel l’auteure s’inscrit et qui nous renseigne quant aux méthodes qu’elle a utilisées pour construire et analyser son corpus, elle décrit en détail les différentes conceptions du développement qui ont eu cours au sein de la Banque, ainsi que les manières particulières dont ont été prises en compte les populations autochtones depuis les années 1980 (adoption d’une directive opérationnelle en 1991 remplacée en 2005 par une politique opérationnelle). Elle termine ce deuxième chapitre par une présentation détaillée du Panel d’inspection qui a été créé en 1993 pour répondre aux critiques qui lui étaient adressées. Lorsque cet organe indépendant se penche sur des plaintes de populations affectées par des projets, il ne peut toutefois que se prononcer sur des manquements potentiels ou la non-conformité des projets avec leurs objectifs et évaluer la responsabilité de la Banque dans les dommages subis. L’auteure attire notre attention sur l’opacité, la technicité et les faiblesses de ces processus particulièrement lourds et compliqués à mettre en place, qui ne débouchent, au final, même pas sur la rédaction de recommandations (celles-ci étant du seul ressort de la Direction de la Banque). Par ailleurs, peu de plaintes (53 pour la période comprise entre 1994 et 2009, cf p. 106) ont été traitées par le Panel d’inspection au regard des milliers de projets financés. Céline Germond-Duret a ainsi pu mener une étude exhaustive des 22 plaintes impliquant des peuples autochtones. Même si l’auteure précise qu’ : « [i]l s’agit de montrer non pas que des problèmes sont survenus, puisque les cas portés devant le Panel sont précisément des cas de projets où des problèmes sont apparus, mais que les effets négatifs subis par les peuples autochtones correspondent aux vecteurs [cf. ci-dessus] que nous avons proposés et qui entraînent l’émergence d’une situation conflictuelle » (p. 179), on regrettera l’absence de réflexions plus poussées autour de la particularité du corpus étudié puisque ce dernier se limite à des situations conflictuelles. Si de tels cas peuvent être considérés comme emblématiques, ils le sont justement au titre de leur inadéquation avec les objectifs de la Banque et ce point aurait gagné à être débattu théoriquement. En effet, au vu des nombreuses remarques de l’auteure au sujet de la technicité des processus et des efforts particuliers que les populations affectées par des projets de la Banque doivent déployer pour que leurs plaintes soient prises en compte, on est en droit de se demander si nombre d’effets négatifs ne sont tout simplement pas dénoncés par des populations — comme les peuples autochtones — qui n’ont pas les ressources juridiques et économiques suffisantes pour déposer une plainte.

    Le troisième chapitre est consacré à la manière dont les Pygmées Bakola/Bagyeli sont perçus par les populations non-autochtones et les ONGs (autochtones ou non). Dans le quatrième chapitre, l’auteur procède à l’étude détaillée du cas de l’oléoduc Tchad-Cameroun qui a affecté les populations Pygmées par la destruction de ressources naturelles essentielles, ce qui a conduit à un processus de sédentarisation sans toutefois que leurs droits fonciers ne soient assurés. La construction de l’oléoduc était fortement controversée et elle a impliqué un grand nombre d’acteurs durant les différentes étapes de sa mise en place, tout comme elle en mobilise encore actuellement beaucoup dans le cadre de son exploitation. Si certains considèrent ce projet comme une réussite, puisque l’oléoduc a été construit et qu’il fonctionne, l’auteure nous détaille les failles de communication et d’information qui ont ponctué les processus de consultation des populations autochtones concernées qui n’ont à aucun moment pu exercer leur droit au consentement libre, préalable et informé. Le mode de vie des Pygmées ainsi que leur habitat traditionnel ont été affectés par ce projet de développement sans que ces populations n’aient été indemnisées correctement pour les dommages causés alors que la Banque devait justement garantir à la fois la protection de l’environnement et la bonne gestion du projet, c’est-à-dire s’assurer que l’argent du pétrole soit utilisée de manière adéquate.

    Le chapitre 5 est consacré à la généralisation des résultats obtenus à partir du cas de l’oléoduc par une analyse comparative de 13 projets affectant des peuples autochtones sur différents continents et ayant fait l’objet de plaintes auprès du Panel d’inspection. On regrettera ici que l’analyse des projets se présente plus comme une juxtaposition d’exemples visant à vérifier, ou infirmer, si les impacts des projets sur les populations locales correspondent aux vecteurs d’analyse élaborés dans la partie théorique. Cependant, la répétition d’éléments saillants de disfonctionnement met en évidence les conclusions de l’auteure, à savoir que la Banque ne semble pas apprendre de ses erreurs. Avant de conclure, Céline Germond-Duret revient sur les documents d’évaluation produits par la Banque pour montrer, à l’aune des exemples proposés, comment la rhétorique utilisée contribue à affirmer le nécessaire « développement » de tous les peuples.

    Cet ouvrage contribue, de par son approche critique, à renseigner sur les raisons pour lesquelles, en dépit de moyens financiers massifs destinés à réduire la pauvreté, celle-ci ne diminue cependant que lentement. Bien écrit, ce livre se lit agréablement tout en présentant parfois certaines longueurs inhérentes à la description détaillée des institutions ou des instruments qui sont analysés. On regrettera que dans sa conclusion — qui se présente comme une synthèse des propos remettant en dialogue les différentes parties de l’ouvrage et une justification des limites de la recherche — l’auteure n’ait pas pris plus de liberté pour discuter et interpeller la Banque Mondiale et les processus de normalisation qui se déroulent en son sein. Focalisée autour de certains constats : technicité, opacité, trop grande confiance en elle-même exprimée par la Banque, etc., on a parfois l’impression que l’argumentation « tourne en rond » au détriment d’un élargissement de la problématique et de l’élaboration de questions programmatiques qui permettraient d’envisager de nouvelles analyses ou angles d’approche. Ce travail se basant essentiellement sur une analyse documentaire et sur des entretiens menés avec des cadres de la Banque ou du Panel d’inspection, les anthropologues regretteront l’absence de tout travail in situ au Cameroun ou au sein de populations autochtones, travail qui aurait certainement permis à l’auteure de « faire parler » les personnes directement affectées par la construction de l’oléoduc.

     


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